Sukeban

Sukeban (スケバン/女番/スケ番) est un terme japonais utilisé le plus souvent pour désigner les gangs de jeunes adolescentes délinquantes. Toutefois, le terme peut parfois être utilisé uniquement en référence à une chef de gang et non à un gang dans sa globalité[1]. Le terme sukeban est apparu pour la première fois au Japon, dès 1960, et représente un nom équivalent féminin au terme banchō (番長), terme désignant quant à lui les gangs délinquants exclusivement masculins, n'acceptant aucune femme en tant que membre active du gang.

Dès les années 1970, la vague des gangs banchō commence petit à petit à s'atténuer. En effet, les gangs de délinquants se font de plus en plus rares et le terme devient totalement démodé vers le début des années 1980. C'est précisément à cette période que des gangs sukeban vont commencer à apparaître à travers le Japon.

Véritable phénomène culturel et social au Japon, les sukeban sont également associées directement au féminisme. En effet, elles sont symboles de nouveauté et d'émancipation de la femme au sein d'une société japonaise sexiste et accordant peu de place au rôle des femmes[2]. Jake Adelstein, spécialiste dans le domaine du crime au Japon, déclare « Dans la culture nippone, généralement sexiste et dominée par les hommes, il est très étrange de voir que des gangs de femmes aient existé. » ou encore « Le monde s'ouvrait alors au féminisme, et peut-être que les gens avaient enfin réalisé que les femmes avaient le droit d'être aussi stupides, téméraires, et frivoles que les hommes. »[3]

Caractéristiques

Fonctionnement

Dans les années 1970, les sukeban étaient réputées pour leur violence et pratiquaient surtout les vols à l'étalage et d'autres actes délinquants du même type, sans grande gravité. Les cas de crimes graves tel que le meurtre étaient alors assez rares voire inexistants. Néanmoins, des conflits entre gangs rivaux persistaient et les cas de bagarres ainsi que représailles n'étaient pas rares. Au cours des années 1980, les activités criminelles des sukeban atteignirent un taux si élevé que la police japonaise prit l'habitude de les surnommer "omens of downfall" (soit présage de la chute en français)[4]. Malgré la volonté de la part des autorités japonaises de réprimer ces gangs, vers les années 1980-1990, le Japon connait une récente réapparition de système de gang s'inspirant des sukeban.

Les sukeban étaient soumises à des règles strictes et des codes de conduite bien définis, différents selon les gangs. Si une des membres ne respectait pas ces règles, elle était immédiatement soumise à des punitions relevant la plupart du temps du lynchage. La punition la plus répandue en cas d'infraction aux règles du gang était sans doute les brûlures corporelles infligées par des cigarettes. Néanmoins les degrés de violence des punitions variaient en fonction des fautes commises. La plupart du temps, les punitions étaient infligées en cas d'irrespect face aux membres supérieures du gang, de rapprochement avec un gang rivaux, d'adultère avec le petit-ami d'une des membres du gang ou de prises de drogues. Cependant, les sukeban avaient la réputation d'être dotées d'une grande morale et d'une fidèle loyauté. Les cas de punitions étaient alors peu courants[3].

À noter que les gangs sukeban sont très hiérarchisés. De manière générale, on compte toujours une ou plusieurs cheffes dans chaque gang et chacun d'entre eux possède sa propre hiérarchie.

Les gangs comportaient un nombre de membres plus ou moins important selon les régions. Le gang sukeban le plus important à ce jour était connu sous le nom de Kanto Women Delinquent Alliance, ayant compté environ 20 000 membres. Ce chiffre très important élève ce gang au même titre que les yakuzas, plus grande organisation criminelle au monde, tant sur le plan de son organisation que sur le plan de sa notoriété au Japon dans les années 1970 à 1980[4].

Exemple d'un sailor fuku traditionnel, une des bases du style vestimentaire de l'imagerie populaire des Sukeban.

Style vestimentaire

Les sukeban sont avant tout des adolescentes, scolarisées pour la plupart. Dans l'imagerie populaire japonaise, elles portent ainsi toujours des uniformes scolaires traditionnels japonais (tel le célèbre sailor fuku, uniforme couramment porté par les collégiennes et lycéennes nippones). Pour la jeunesse japonaise des années 1970, l'uniforme scolaire était avant tout symbole de tradition.

Cependant, il était très courant que les membres des gangs retouchent à leur manière leurs uniformes scolaires, en portant de très longues jupes, en raccourcissant leur chemises et en retroussant leurs manches mais aussi en ajoutant au tissu des slogans en kanji ou des symboles permettant d'affirmer leur appartenance à tel ou tel gang. Il n'était pas rare que des sukeban dissimulent également des rasoirs ou des chaines métalliques en dessous de leurs jupes, simples objets de défense ou d'attaque. Certaines pouvaient également cacher une partie de leurs visages à l'aide de masques afin d'éviter toute reconnaissance par les autorités[réf. souhaitée]. Les modifications capillaires étaient aussi communes (décoloration, permanentes…) mais pas le maquillage, qui restait très léger[5].

Dans la culture populaire

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Depuis les années 1970, l'image des sukeban est devenue une image relativement populaire au sein de la culture japonaise. Ainsi on retrouve de nombreux personnages incarnant des sukeban que ce soit dans des films, des séries ou encore les mangas. Dans les films classés "Pink" (Pinku eiga) on trouve Girl Boss Guerilla (en) ou Sukeban (film) (en) (1972), ou Le Pensionnat des jeunes filles perverses (1973). Dans les mangas et anime, les sukeban sont devenues des personnages populaires dans les années 1970 à 1980 dans les seinen, mais aussi dans Sukeban Arashi, Sukeban Deka, YajiKita Gakuen Dōchūki ou Hana no Asuka-gumi!, quatre shōjo populaires comprenant majoritairement des sukeban comme personnages principaux.

Dans les années 1980 et 1990, on trouve des sukeban (ou d'anciennes sukeban) dans le shōjo Kimagure Orange Road (Madoka Ayukama), dans les shōnen City Hunter (Sayaka), Le Collège fou, fou, fou, New Cutey Honey, Sailor Moon (Sailor Jupiter) ou encore Détective Conan (Midori, la femme de l'inspecteur Juzo Megure).

Dans les années 2000 et 2010, des personnages de sukeban apparaissent encore dans les mangas et anime : Onidere (Saya), Fruits Basket (Arisa Uotani), Ōkami-san (Ryoko Ōkami), Enfer et Paradis (Maya), Ikki Tousen (Kanu), Gokusen (Kumiko), Beelzebub (Aoi Kunieda), Inazuma Eleven GO: Galaxy (Mizukawa Minori), La Fille des enfers (Aya Kuroda), Girls und Panzer (Shark Team), Zombie Land Saga (Saki), Kill la Kill (Ryuuko Matoi est décrit comme une délinquante s'inspirant du personnage de Sukeban Deka), Magical Girl Site (Sarina Shizukume, Erika Kaijima et Ai Kawano), Oresama Teacher (Mafuyu Kurosaki), Confidential Confessions, Durarara!! (Haruko, Youko et Akie) etc.

Des sukeban sont aussi présentes dans les jeux vidéo : Nekketsu Kōha Kunio-kun avec Misuzu, Shenmue, ou encore Project Justice: Rival Schools 2 avec Aoi Himezaki.

Références

  1. (en) « The Japanese Slang Jiko », sur www.angelfire.com (consulté le )
  2. (en-US) « The Sukeban Gang Of Female Thugs In Japan Gives 'Girl Power' New Meaning », Elite Daily, (lire en ligne, consulté le )
  3. « Comment des gangs d’écolières ont semé la terreur au Japon », sur Vice (consulté le )
  4. (en) « Culture: Sukeban: Japanese Girl Bosses & Girl Gangs », sur Weird Retro (consulté le )
  5. (en) « Remembering Japan’s badass schoolgirl gangs », Dazed, (lire en ligne, consulté le )
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