Suprémacisme blanc
Le suprémacisme blanc est une idéologie raciste, fondée sur l'idée de la supériorité de ceux parmi les humains dont la peau est perçue comme blanche par les autres ou par eux-mêmes par rapport aux autres humains[1]. Plus largement, ils considèrent la civilisation occidentale comme dominante et supérieure aux autres.
Notion
La notion de « suprématie blanche », parmi les théories suprémacistes en général, est enracinée dans l'ethnocentrisme et un désir d'hégémonie[2], et a fréquemment conduit à des violences contre les individus considérés comme « non blancs ». Des groupes défendant la « suprématie blanche » peuvent être rencontrés dans de nombreux pays et régions où la population est à prédominance « blanche », dont l'Amérique du Nord, l'Europe, la Russie, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et l'Amérique latine.
La législation de nombreux pays et des conventions internationales interdisent les propos racistes et les organisations qui les défendent.
Mouvements
Europe
Les termes indo-européen et aryen s'imposent dans les années 1810. Dans le cadre de la colonisation britannique apparaît l’expression « suprématie blanche ». La conception racialiste naît au croisement du développement des États coloniaux et des théories scientifiques contemporaines. À la fin du XIXe siècle, le racisme est pour l’historien Nicolas Lebourg « une réaction dans tous les sens du terme » : c’est une impulsion à l’encontre de l’évolution du monde qui fait se côtoyer de nombreuses ethnies et une aspiration à le « restaurer »[3].
Des groupes nordiques et germaniques considèrent les habitants du nord de l'Europe (Scandinaves, Allemands, Britanniques et Néerlandais) comme étant supérieurs à ceux du sud, de l'est et aux peuples non européens[réf. souhaitée].
Amérique
Aux États-Unis, le Ku Klux Klan (KKK) est un groupe associé au mouvement suprémaciste comptant jusqu’à quatre millions d’adhérents en 1920[4]. D'autres groupes défendent une « pureté génétique », et ne se limitent pas à la couleur de peau[5]. Ces groupes sont ainsi fréquemment antisémites et néonazis[5]. Pour préserver "la pureté" de la race blanche le gouvernement américains interdit les mariages entre blanc et non-blanc jusqu'en 1967. Le mariages entre blancs et non blancs sont autorisés par le Civil Rights Act de 1964, qui met fin à la ségrégation raciale aux États-Unis.
Afrique
En Afrique du Sud les mariages entre blanc et non-blancs sont interdits jusqu'en 1985 par le Prohibition of Mixed Marriages Act, voté par le gouvernent du régime d’apartheid du président Daniel François Malan.
Ouvrages littéraire et scientifique européen
Au XIXe siècle, les élites politiques et intellectuelles tentent de fonder historiquement et scientifiquement, la suprématie de la race blanche, donnant au concept de races une ampleur jusqu'ici jamais observé dans l'histoire de l'humanité. Promouvant la race blanche au sommet des autres races désormais définies par leur couleur, jaune, noire, rouge et blanche.
C’est à Arthur de Gobineau que l’on doit le premier livre dédié en Français s'appuyant sur la science pour tenter de prouver de façon inédite, la hiérarchie des races, avec au sommet la races blanche. Dans son ouvrage Essai sur l’inégalité des races humaines[6],[7], paru en deux livraisons, entre 1853 et 1855, il écrit : « Les deux variétés inférieures de notre espèce, la race noire, la race jaune, sont le fond grossier, le coton et la laine, que les familles secondaires de la race blanche assouplissent en y mêlant leur soie tandis que le groupe arian, faisant circuler ses filets plus minces à travers les générations ennoblies, applique à leur surface, en éblouissant chef-d'œuvre, ses arabesques d'argent et d'or.»[6],[7].
Emmanuel Kant ébauchera une hiérarchie raciale formalisée dans son œuvre anthropologique Géographie physique[8],[9]. Il y écrit, «Dans les pays chauds, les hommes mûrissent plus vite à tous égards, mais ils n'atteignent pas la perfection des zones tempérées. L'humanité atteint la plus grande perfection dans la race des Blancs. Les Indiens jaunes ont déjà moins de talent. Les Nègres sont situés bien plus bas.»[8],[9]. Kant ajoute que les Blancs «possèdent toutes les impulsions de la nature dans les affects et les passions, tous les talents, toutes les dispositions à la culture et à la civilisation et peuvent aussi promptement obéir que gouverner. Ils sont les seuls avançant toujours à la perfection»[8],[9].
Impact géopolitique
Le suprématisme blanc associé à la colonisation par les Européens, de l'Afrique, de l'Asie, des Amériques et de l'Océanie impact violemment les population non-blanches du monde entier. La supériorité de la race blanche induit sa mission civilisatrice, principal argument des hommes politiques européens, souhaitant convaincre le peuple de la nécessité de mener des guerres coloniales et d'aller émigrer vers les colonies.[10] Jules Ferry alors ministre dit en 1885 "Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures"[10],[11].
Notes et références
- (en) Stephanie M. Wildman, Privilege Revealed : How Invisible Preference Undermines America, New York et Londres, NYU Press, , 240 p. (ISBN 0-8147-9303-7, lire en ligne), p. 87
- (en) Mistry, Reena (1999). Can Gramsci's theory of hegemony help us to understand the representation of ethnic minorities in western television and cinema? Institute of Communications Studies, Leeds University
- Nicolas Lebourg, « Aux sources du suprémacisme: haïr son prochain comme on s’aime soi-même », sur mediapart.fr, (consulté le )
- (en) « Ku Klux Klan », (consulté le )
- (en) White Supremacy Groups Groupes suprémacistes blancs.
- Joseph-Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines, Paris, Hanovre-Rumpler, (lire en ligne)
- Arthur de GOBINEAU, « Essai sur l’inégalité des races humaines » (consulté le )
- (de) Emmanuel Kant, Géographie physique, Allemagne, (lire en ligne)
- Jamelle Bouie, « Les idées des Lumières ont façonné les questions de race et de suprématie blanche », (consulté le )
- Jules Ferry, « Jules Ferry (1885) : Les fondements de la politique coloniale (28 juillet 1885) » , sur https://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/jules-ferry-28-juillet-1885, (consulté le )
- Michel FRANCOIS, « Jules Ferry et les « races inférieures » », (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Enquête de Daniel Schweizer au sein des réseaux d'extrême droite : « programme TV Arte »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Portail de la politique
- Portail de la société