Sūtra du Cœur

Le Sūtra du Cœur (sanskrit : प्रज्ञापारमिताहृदय / Prajñāpāramitā Hṛdaya, chinois simplifié : 心经 ; chinois traditionnel : 心經 ; pinyin : Xīnjīng ; Wade : Hsin¹ching¹ ; cantonais Yale : Sam¹ging¹, japonais : 般若心経 Hannya Shingyô; vietnamien: Bát-nhã tâm kinh ou Tâm Kinh) , texte central du bouddhisme mahāyāna, est probablement le texte bouddhique le plus connu et l’un des plus importants[1] ; il est fréquemment récité par des moines et des bouddhistes laïcs.

Pour les articles homonymes, voir Cœur (homonymie).

Il est appelé « Sūtra du Cœur » car il contient le cœur de l'enseignement de la Prajnaparamita. C’est le plus court des soutras Prajñāpāramitā, un ensemble de textes de longueur très variable écrits entre le Ier siècle av. J.-C. et le VIe siècle ap. J.-C., dont le thème principal est la Perfection de la Sagesse (aussi appelée Sagesse parfaite, Connaissance transcendante, ou Sagesse transcendante, Prajñā), à savoir la vacuité (śūnyatā en sanskrit) de toute chose et de tout phénomène, ce qui ne veut pas dire leur non-existence, mais leur absence de caractère substantiel, fixe et permanent.

Origine

Sūtra du Cœur, calligraphie de Ouyang Xun (557-641)
Sūtra du Cœur en écriture siddham, BNF.

La version la plus connue est la traduction de Xuanzang datant du milieu du VIIe siècle. Ce moine chinois est le premier à donner ce titre de « Sūtra du Cœur[2] ». Selon la biographie rédigée par son disciple Huili (慧立), Xuanzang aurait appris le soutra auprès d’un malade au Sichuan en remerciement d’un bienfait, et il l’aurait souvent récité durant son voyage vers l’ouest[3].

La version de Xuanzang est dite « courte ». Il en existe une version un peu plus longue comprenant une introduction comme dans un soûtra classique décrivant l’assemblée présente et le Bouddha s’adressant à Avalokiteśvara.

Le fait qu’il contient un mantra amène en général à le ranger dans la catégorie des textes Prajñāpāramitā tardifs influencés par le tantrisme ; il est d’ailleurs classé comme tantra dans certaines éditions du Kangyour[4] et a porté le nom de dharani (traductions attribuées à Zhi Qian et Kumārajīva) parallèlement à celui de sutra. Fumimasa Fukui a proposé que le terme xin (cœur) utilisé par Xuanzang dans son titre soit l’abréviation de xinzhou (心咒), « dharani »[5]. Mais « Sūtra du Cœur» n'est pas considéré aujourd'hui comme un texte tantrique par la plupart des praticiens modernes.

Les opinions diffèrent quant à sa date de rédaction et à sa langue d’origine. La première version dont la datation soit fiable est la traduction chinoise de Xuanzang, qui date de 649. La version courte « antérieure » attribuée à Kumarajiva (~400) est en effet considérée comme apocryphe par de nombreux spécialistes[3]. La liste des traductions attribuées à Zhi Qian (支謙, actif 222-252), d’origine kouchanaise, comprend un bōrěbōluómì shénzhòu yī juàn ou Dharani de la Prajñāpāramitā[3] disparu. Si l’on admet qu’il s’agit du Soûtra du Cœur, celui-ci aurait alors pu être rédigé dans l’Empire kouchan aux alentours du début de notre ère[2]. Néanmoins, il pourrait s’agir d’un texte différent, et d’autres spécialistes, dont E. Conze, proposent une date nettement plus tardive : entre le milieu du IVe siècle[4] et le milieu du VIe siècle[6].

Par ailleurs, J. Nattier souligne que la version courte en chinois est quasiment identique à un passage du Grand Soutra de la Prajñāpāramitā en chinois, alors que la version sanscrite du Soutra du Cœur, qui correspond mot à mot à la version chinoise, ne semble pas dériver directement de la Grande Prajñāpāramitā en sanscrit ; on y retrouve effectivement un passage au sens identique, mais formulé différemment. Certains imaginent que la réduction de la Prajñāpāramitā à un court passage particulièrement significatif aurait été effectuée en Chine à partir du texte chinois, puis retraduite en sanscrit[3](pp159-167),[7].

Version sanskrite

(Transcription dans le système de romanisation de la bibliothèque nationale de Calcutta)

prajñāpāramitāhṛdayasūtram

oṃ namo bhagavatyai āryaprajñāpāramitāyai

1 āryāvalokiteśvaro bodhisattvo gambhīrāṃ prajñāpāramitācaryāṃ caramāṇo vyavalokayati sma : pañca skandhās tāṃś ca svabhāvaśūnyān paśyati sma.

2 iha śariputra rūpaṃ śūnyatā śūnyataiva rūpaṃ, rūpān na pṛthak śūnyatā śūnyatāyā na pṛthag rūpaṃ, yad rūpaṃ sā śūnyatā yā śūnyatā tad rūpam; evam eva vedanā saṃjñā saṃskāra vijñānam.

3 iha śariputra sarvā dharmāḥ śūnyatā lakṣaṇā, anutpannā aniruddhā amalā avimalā anūnā aparipūrṇāḥ.

4 tasmācchāriputra śūnyatāyāṃ na rūpaṃ na vedanā na saṃjñā na saṃskārā na vijñānaṃ ; na caksuḥ śrotra ghrāṇa jihvā kāya manāṃsi ; na rūpa śabda gandha rasa spraṣṭavya dharmāḥ ; na cakṣurdhātur yāvam na manovijñānadhatūḥ ; nāvidyā nāvidyākṣayo yavām ; na jarāmaraṇaṃ na jarāmaraṇakṣayo ; na duḥkha samudaya nirodha mārgā, na jñānaṃ, na prāptir na aprāptiḥ.

5 tasmācchāriputra aprāptitvād bodhisattvasya prajñāpāramitām āśritya viharaty acittāvaraṇaḥ ; cittāvaraṇanāstitvād atrasto viparyāsātikrānto niṣṭhā nirvāṇaḥ.

6 tryadhvavyavasthitāḥ sarvā buddhāḥ prajñāpāramitām āśrityānuttarāṃ samyaksambodhim abhisambuddhāḥ.

7 tasmāj jñātavyam: prajñāpāramitā mahā mantro mahā vidyā mantro ‘nuttara mantro ‘samasama mantraḥ, sarva duḥkha praśmanaḥ, satyam amithyatvāt. prajñāpāramitāyām ukto mantraḥ. tadyathā:

gate gate pāragate pārasaṃgate bodhi svāhā.

iti prajñāpāramitā hṛdayaṃ samāptam.

Traductions « courtes »

Traduction de René Joly Prajñānanda, 1981

Sūtra du Cœur de la Perfection de Connaissance Transcendante

Hommage à la Sublime, Noble Perfection de Connaissance Transcendante (Prajñā) !

Le Noble Bodhisattva Avalokiteśvara se mouvait dans le cours profond de la Perfection de Connaissance Transcendante ; il regarda attentivement et vit que les cinq agrégats d’existence n'étaient que vides dans leur nature propre.

Ici Śāriputra, forme est vacuité (sūnyatā) et vacuité est forme ; forme n’est autre que vacuité, vacuité n’est autre que forme ; là où il y a forme, il y a vacuité, là où il y a vacuité, il y a forme ; ainsi en est-il des sensations, des notions, des facteurs d’existence et de la connaissance discriminative.

Ici Śāriputra, tous les phénomènes (dharma : phénomènes conditionnés et inconditionnés) ont pour caractéristique la vacuité ; ils sont sans naissance, sans annihilation, sans souillures et sans pureté, sans déficience et sans plénitude.

En conséquence, Śāriputra, dans la vacuité, il n’y a ni forme, ni sensation, ni notion, ni facteur d’existence ni connaissance discriminative ; ni œil, ni oreille, ni nez, ni langue, ni corps, ni mental ; ni formes, ni sons, ni odeurs, ni goûts, ni objets tangibles, ni objets mentaux ; ni élément de la vue jusqu’à ni élément de la connaissance mentale ; ni absence de Vue, ni cessation de l’absence de Vue jusqu’à ni déclin et mort, ni cessation du déclin et mort ; ni souffrance, ni origine, ni extinction, ni Sentier ; ni connaissance, ni obtention, ni absence d’obtention.

En conséquence, Śāriputra, le Bodhisattva, par sa qualité de « sans obtention », prenant appui sur la Perfection de Connaissance Transcendante, demeure, la psyché libre d’obstruction. N’ayant pas d’obstructions de la psyché, il est sans crainte, il a surmonté les méprises vers l’Éveil (nirvāṇa).

Tous les Éveillés (Buddha) qui se tiennent dans les trois périodes de temps, prenant appui sur la Perfection de Connaissance Transcendante, se sont pleinement éveillés du parfait et complet Éveil.

C’est pourquoi on doit connaître la Perfection de Connaissance Transcendante comme le grand mantra, le mantra de grande Vue, le mantra ultime, le mantra sans égal, celui qui soulage de toute douleur, essentiel, sans erreur. Par la Perfection de Connaissance Transcendante ce mantra a été proclamé ainsi :

« Allée, allée, allée au-delà, allée complètement au-delà, l'Éveil (Bodhi) soit réalisé (svāhā)! ».

Telle est la conclusion du Cœur de la Perfection de Connaissance Transcendante.

Traduction de TRÚC HUY[Qui ?],[Où ?]

Sūtra de l'esprit de la Grande vertu de sagesse

Lorsque le Bodhisattva Avalokitesvara accomplit profondément la grande Vertu de Sagesse, il considéra les cinq agrégats comme vides et traversa ainsi toutes les souffrances et afflictions.

Sariputra, les formes ne sont pas différentes du vide, le vide n'est pas différent des formes. Les formes ne sont rien d'autre que le vide, le vide n'est rien d'autre que les formes. Il en est de même des sensations, des perceptions, des formations mentales et de la conscience.

Sariputra, tous ces dharma ont l'aspect du vide. Ils ne naissent ni ne disparaissent. Ils ne sont ni souillés ni purs. Ils ne croissent ni ne décroissent. C'est pourquoi, dans le vide, il n'y a pas de forme, de sensation, de perception, de formation mentale, ni de conscience. Il n'y a pas d'oeil, d'oreille, de nez, de langue, de corps, ni de mental. Il n'y a pas de couleur, de son, d'odeur, de saveur, de toucher, ni d'objet de pensée. Il n'y a pas de domaine du visuel ni même de domaine de la connaissance mentale. Il n'y a pas d'ignorance et pas plus de cessation de l'ignorance. Il n'y a pas de vieillesse ni de mort, et pas plus de cessation de vieillesse ni de mort. Il n'y a pas de souffrance, d'origine de la souffrance, de cessation de la souffrance, ni de chemin qui mène à la cessation de souffrance. Il n'y a pas de connaissance ni même d'obtention.

Comme il n'y a rien à obtenir, c'est pourquoi les Bodhisattva s'appuient sur la Vertu de Sagesse. Leur esprit ne connaît pas d'entrave, ainsi ils n'ont pas de peur. En se libérant des erreurs et des égarements, ils atteignent enfin l'ultime Nirvana. Tous les Bouddhas du passé, du présent et du futur, en s'appuyant sur la Vertu de Sagesse, ont obtenu le suprême et parfait Éveil.

Aussi professe-t-on la grande Vertu de Sagesse, par un mantra miraculeux, un mantra de grande connaissance, un mantra insurpassable, un mantra sans égal, qui supprime toute souffrance, en vérité et sans fausseté.

Voilà donc le mantra qui proclame la grande Vertu de Sagesse. Ce mantra dit:

Gate, gate, paragate, parasamgate, bodhi svaha!

Allez, allez, allez au-delà, allez complètement au-delà, sur la rive du Satori !

Autre traduction du sūtra (« longue »)

Hommage à l'Arya Triple Joyau !

Ainsi ai-je entendu. Un temps le Bhagavan se trouvait à Rajagriha, sur le Pic des Vautours, entouré d'une grande congrégation de moines et d'une grande assemblée de Bodhisattvas. À ce moment-là, le Bhagavan était absorbé en la concentration sur les catégories de phénomènes, appelée "Perception Profonde".

Au même moment, le Bodhisattva Mahâsattva ârya Avalokiteśvara contempla la pratique même de la profonde perfection de la sagesse et il vit que les cinq agrégats également étaient vides de nature propre.

Puis, par le pouvoir du Bouddha, le vénérable Sariputta s'adressa en ces termes au bodhisattva Mahâsattva ârya Avalokiteshvara :

"Les fils et les filles de la lignée désireux de pratiquer la profonde perfection de la sagesse, comment doivent-ils s'y prendre ?"

Le Bodhisattva mahâsattva ârya Avalokiteshvara répondit alors au vénérable Sharadvatiputra : "Shariputra, les fils ou les filles de la lignée qui désirent pratiquer la profonde perfection de la sagesse doivent la considérer de la manière suivante : ils doivent contempler, correctement et à maintes reprises, le fait que les cinq agrégats, eux aussi, sont vides de nature propre.

La forme est vide. La vacuité est la forme. La vacuité n'est pas autre que la forme et la forme n'est pas autre que la vacuité. De même, la sensation, l'identification, les facteurs composés et la conscience sont-ils vides.

Shariputra, ainsi tous les phénomènes sont-ils vacuité ; ils sont sans caractéristique ; ils ne naissent ni ne cessent ; ne sont ni souillés ni non souillés ; ni déficients; ni parfaits.

En conséquence, Shariputra, dans la vacuité il n'y a ni forme, ni sensation, ni identification, ni facteurs composés, ni conscience ; ni œil, ni oreille, ni nez, ni langue, ni corps, ni mental ; ni forme, ni son, ni odeur, ni saveur, ni objet du toucher, ni phénomène mental. De l'élément de l'œil et ainsi de suite, jusqu'à l'élément de la conscience du mental, il n'y a pas d'élément. Il n'y a ni ignorance ni élimination de l'ignorance et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il n'y ait ni vieillissement et mort, ni élimination du vieillissement et de la mort. Et à l'avenant[pas clair], il n'y a ni souffrance, ni origine de la souffrance, ni cessation, ni voie ; il n'y a ni sagesse transcendante, ni obtention, ni non-obtention.

Shariputra, ainsi, puisqu'il n'y a pas d'obtention, les bodhisattvas se fondent-ils sur la perfection de la sagesse et ils demeurent en elle, l'esprit sans voile et sans peur. Et comme ils sont passés bien au-delà de toute erreur, ils parviennent au stade final du Nirvāṇa. C'est en s'appuyant sur la perfection de la sagesse que tous les bouddhas des trois temps eux aussi font naître pleinement l'insurpassable éveil parfaitement accompli.

Aussi le mantra de la perfection de la sagesse, le mantra de la grande connaissance, le mantra auquel rien n'est supérieur, le mantra égal à l'inégalable, le mantra qui apaise à jamais toute souffrance, doit être reconnu comme véridique car il ne trompe pas. Et voici le mantra de la perfection de la sagesse :

Tadyathā [oṃ] gate gate pāragate pārasaṃgate bodhi svāhā : aller, aller, aller au-delà, au-delà du par delà, que l'éveil soit réalisé!

Shariputra, c'est ainsi qu'un bodhisattva Mahâsattva doit s'exercer à la profonde perfection de la sagesse."

Puis le Bhagavan sortit de sa concentration et loua le bodhisattva Mahâsattva ârya Avalokiteshvara en disant : "Bien ! Bien ! Ô fils et filles de la lignée, il en est ainsi, il en est bien ainsi. C'est exactement comme tu viens de l'exposer qu'il convient de pratiquer la profonde perfection de la sagesse et les tathāgatas eux-mêmes se réjouissent.

Lorsque le Bhagavan eut dit cela, le vénérable Sharadvatiputra, le bodhisattva Mahâsattva ârya Avalokiteshvara, l'entourage au complet, ainsi que le monde des dieux, des hommes, des asuras et des gandharvas, furent remplis de joie et louèrent les paroles du Bhagavan.

Exégèse

Prajñānanda[8] rappelle qu’une exégèse n’a de sens qu’en vérité relative (samvṛtti satya) alors que le sens véritable du soutra ne peut être perçu qu'en vérité absolue (paramārtha satya).

Le premier paragraphe énonce que, lorsqu'ils sont observés attentivement en état de connaissance discriminative, les cinq agrégats se révèlent dépourvus de toute nature propre (« svabhāvaśūnyān »), de tout devenir indépendant (bhāva, de la racine sanskrite bhū, devenir, l'autre versant de l'impermanence), chaque "entité" ne venant à l'existence, ainsi qu'à la cessation de l'existence, qu'en dépendance de causes et de conditions extrinsèques. La vacuité n'est en effet qu'une autre façon de désigner la loi d'interdépendance de tous les phénomènes.

Le deuxième paragraphe (« rūpaṃ śūnyatā ») définit la vacuité des agrégats par des relations d’identité, de non-exclusion et d’équivalence : tous les phénomènes existants apparaissent, se développent et disparaissent, sans rien qui perdure en eux. La vacuité "est" absence d'existence intrinsèque, absence de tout devenir propre. Tout agrégat ne parvient à l'existence qu'en dépendance de tout "ce" qui le précede. « Vacuité n'est pas différente de forme » doit donc être compris comme absence d'essence dans les phénomènes et ne renvoie pas à une chose en soi qui serait le fondement inconnaissable des phénomènes (comme le serait une essence non phénoménale impersonnelle, postulée par d'autres doctrines indiennes).

Le troisième paragraphe (« sarvā dharmāḥ śūnyatā lakṣaṇā ») affirme la vacuité de tous les phénomènes, conditionnés ou inconditionnés. Les phénomènes ne présentent que des caractères contingents qui leur sont attribués que par pure convention sociale et par commodité psychologique pour le spectateur.

Le quatrième paragraphe (« śūnyatāyāṃ na rūpaṃ »), le seul qui soit négatif (« na »), nie tout élément d’existence, y compris la Voie bouddhique (tout en l'énonçant dans ses principaux éléments). La raison est que les paragraphes précédents supposaient un observateur, et relevaient donc de la vacuité relative (selon la « laukika prajñā »), alors que la disparition des agrégats équivaut à une vacuité absolue (« lokottara prajñā »). Le phénomène et le spectateur écartés, il n'y a plus ni sujet ni objet.

Le cinquième paragraphe

Le mantra décrit trois étapes dans la progression de « prajñā », la Connaissance transcendante, sur la Voie :

  • « gate » : la marche sur la Voie (le méditant ne s’identifie plus au spectacle et entame l’ascèse) ;
  • « paragate » : la prajñā pāramitā fait connaître l’absence de nature propre des phénomènes, en vacuité / telléité ;
  • « parasaṃgate » : éveil à la vacuité totale par extinction des agrégats individuels.

Selon le XIVe Dalaï Lama[9], le bouddhisme tibétain envisage une exégèse implicite des Prajñaparamita sutras, et le mantra du Hridaya sutra rappelle les 5 étapes, voies ou chemins (marga) sur lesquels progressent les bodhisattvas :

  • gate = voie d'accumulation (sambhara-marga),
  • gate = voie d'union (prayoga-marga),
  • paragate = voie de vision (darshana-marga, avec laquelle commencent les 10 terres ou bhumis des arya-bodhisattvas),
  • parasamgate = voie de méditation (bhavana-marga),
  • bodhi = voie au-delà de l'apprentissage (ashaïksha-marga, synonyme de bouddhéité insurpassable et parfaite, samyaksambodhi).

Traduction du mantra du cœur de la perfection de la sagesse

Allé, Allé, Allé au-delà, Allé complètement au-delà, Éveil, bénédiction

(Gate, gate, paragate, parasaṃgate, Bodhi, svāhā)

Bibliographie

Texte

  • Soûtra du Diamant et autres soûtras de la Voie médiane (traduit du tibétain par Philippe Cornu, du chinois et du sanskrit par Patrick Carré). Fayard, collection « Trésors du bouddhisme », Paris, . 180 p. (ISBN 2-213-60915-2). Contient : Le sutra du diamant, trad. de la version tibétaine ; quatre versions du Sutra du cœur, une trad. du sanskrit, deux du chinois et une trad. de la version tibétaine ; et deux versions du Sutra de la pousse du riz, trad. du tibétain et du chinois.
  • Hannya Shingyô. Le Sûtra du Cœur
  • Sûtra du Cœur de la perfection de sagesse (Hannya-haramita shingyô)

Commentaires

  • Bernie Glassman, Le cercle infini. Méditations sur le sutra du cœur, (trad. Michel Dubois), Paris, Albin Michel, coll. « Spirtualités vivantes », 2010 (2003), 214 p.
  • Sa Sainteté le Dalaï-lama, Leçons de sagesse. Le soutra du cœur, (trad. Geshe Thupten Jinpa, Alain Wang), Paris, Pocket, coll. « Littérature », 2006 (2005), 208 p.
  • Lama Denys, Le sutra du cœur, Prajña, 2003, 89 p.
  • Albert Low, Que suis-je ? Comment lire le Sûtra du Cœur, (trad. Monique Dumont) , iUniverse.com, 2011 (2010), 140 p.
  • Thich Nhat Hanh, Le cœur de la compréhension - Commentaires sur le Soutra du Cœur de la Prajnaparamita, Éd. Village des pruniers, 1990 (1988), 73 p.
  • (en) Thich Nhat Hanh, The Other Shore: A New Translation of the Heart Sutra with Commentaries, Palm Leaves Press, 2017, 138 p.

Notes

  1. (en) Robart E. Buswell Jr et Donald S; Lopez Jr, The Princeton dictionary of buddhism, Princeton (N.J.), Princeton University Press, , 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3 et 0-691-15786-3, lire en ligne), p. 657.
  2. (en) Red Pine, The Heart Sūtra : The Womb of the Buddhas, Shoemaker 7 Hoard, , p. 8-21
  3. (en) Jan Nattier, « The Heart Sūtra: A Chinese Apocryphal Text? », Journal of the International Association of Buddhist Studies, vol. 15, no 2, , p. 184-9 (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Edward Conze, Prajnaparamita Literature, Munshiram Manoharlal Publishers, coll. « Mouton & Co », (1re éd. 1960).
  5. (ja) FUKUI Fumimasa 福井 文雅, Étude Historique du Sūtra du Cœur 般若心経の歴史的研究. (Hannya shingyo no rekishiteki kenkyu) »], Tokyo, Shunjusha 春秋社, (ISBN 4-393-11128-1)
  6. (en) Donald S. Lopez Jr, The Heart Sutra Explained : Indian and Tibetan Commentaries, State Univ of New York Press, , p. 5
  7. (en) Ishii Kōsei 石井 公成 (trad. du japonais par Jeffrey Kotyk), « Issues Surrounding the Prajñāpāramitā-hṛdaya: Doubts Concerning Jan Nattier’s Theory of a Composition by Xuanzang » 『般若心経』をめぐる諸問題 :ジャン・ナティエ氏の玄奘創作説を疑う »], Indogaku Bukkyōgaku kenkyū, vol. 64, no 1, , p. 499-492 (lire en ligne)
  8. Prajñânanda, Bouddhisme gnostique, Gnose et prognose, Milan, Archè, 1981.
  9. Dalaï-Lama, Leçons de sagesse - Le Soutra du cœur, Paris, Plon, 2005.

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