Posturologie

La posturologie est une méthode non conventionnelle d'étude de la posture, acte moteur automatique et inconscient qui permet :

  • d'adopter une position érigée ;
  • de stabiliser cette position en statique ou en dynamique ;
  • d'élaborer la connaissance spatiale du soi par rapport à son environnement.

Elle est le fruit de la mise en jeu d'un système sensorimoteur multimodal complexe[1].

Historique

Dans les années 1950, Baron montre que de légères modifications proprioceptives entraînent des adaptations posturales et locomotrices majeures ; ces dernières générant un cortège de pathologies sont traitées par des stimulations posturales au niveau des organes sensoriels.

À la suite des travaux sur les réactions d’équilibration, Gagey développe la notion de Système Postural Fin (SPF)[2],[3], organise l’examen clinique postural et crée la Posturologie .

Da Cunha décrit en 1979, le syndrome de déficience postural qui élargit le syndrome postcommotionnel en y incluant les troubles de l’axe corporel.

En 1985, Villeneuve et collaborateurs apportent les connaissances podologiques orientées vers la posture et enrichissent les perspectives cliniques (posturodynamique, épine irritative d’appui plantaire, chaînes neuromusculaires, etc.) et thérapeutiques (semelles de posture) en développant la « posturopodie ».

En 1994, Marino et Villeneuve à la suite de recherches cliniques créent la « posturodontie ». Cette thérapeutique posturale utilise des réactions d’orientation, à point de départ stomatognatique notamment labial et lingual par l’intermédiaire de gouttières ou de subtils collages (alph) sur les faces vestibulaires ou linguales des dents.

En 1996, Lemaire et Villeneuve développent une véritable thérapie manuelle informationnelle au service de l’homme debout : la posturothérapie, à partir d’une synthèse entre les recherches fondamentales en neurosciences et les découvertes cliniques.

Efficacité

En 2016, l'INSERM a évalué l'efficacité et la dangerosité de la posturologie en ce qui concerne le traitement de la dyslexie et les auteurs concluent que « les données scientifiques disponibles ne permettent pas de conclure à l’efficacité du traitement proprioceptif dans la prise en charge de la dyslexie »[4]. Ils constatent une aggravation des troubles dans 10% des cas mais soulignent que cela peut être dû à l'évolution naturelle de la maladie. Aussi, il ne préconisent pas de contre-indiquer le recours à cette prise en charge si elle est souhaitée[4]. Le Dr Quercia a conduit des études sur le « syndrome de déficience postural » (SDP) dans la dyslexie et les a publié dans diverses revues scientifiques, sans toutefois parvenir à prouver clairement que le SPD et lié à la dyslexie ni que la posturologie permette d'y remédier[5],[4].

Description

Le « système postural » est un système multisensoriel et multimodal associant en système différentes informations codant la spatialité, dites entrées posturales, dont le but est le maintien de la station érigée et sa stabilité dans l’espace.

Le système tonique postural est composé des différents éléments suivants :

  • des exocapteurs (capteurs sensoriels d'informations en provenance de l'extérieur du corps) qui délivrent au système nerveux central des messages qui permettent de nous situer par rapport à notre environnement (rétine, peau) ;
  • des propriocepteurs (capteurs sensoriels d'informations en provenance de l'intérieur du corps) qui délivrent au système nerveux central des messages qui nous permettent de connaître les positions relatives des différents segments du corps les uns par rapport aux autres ;
  • les centres supérieurs qui intègrent les informations de ces capteurs et élaborent une réponse appropriée à chaque situation ;
  • des effecteurs, les muscles (en fait, seul le tonus musculaire est concerné).

Les syndromes cliniques engendrés par les différents dysfonctionnements du système tonique postural se classent en trois catégories :

  • les syndromes algiques, essentiellement de l'axe vertébral et des membres inférieurs ;
  • les syndromes d'instabilité vraie (excluant les syndromes vertigineux) ;
  • les syndromes cognitifs.

Les signes cliniques sont divers et variés. Ils ont été classés historiquement en signes cardinaux et signes accessoires par le Dr Martins Da Cunhà (Portugal), mais cette classification est floue et peu précise. Une classification plus récente selon les trois syndromes précédents est actuellement préférable (douleurs vertébrales et articulaires, instabilités, signes cognitifs).

La démarche pratique en posturologie consiste, au travers d'une analyse clinique et paraclinique rigoureuse du patient, à :

  • porter le diagnostic d'un syndrome postural, toujours fonctionnel ;
  • déterminer par divers tests cliniques le ou les types de circuit fonctionnel en cause ;
  • faire une proposition thérapeutique pluridisciplinaire visant à modifier (restaurer) l'efficacité du système postural, après exclusion d'une pathologie non fonctionnelle par le médecin généraliste, spécialiste et posturologue.

Ce traitement fonctionnel peut lui-même, selon la configuration du syndrome, porter sur:

Bibliographie

  • Dr Gérard Vallier, Traité de Posturologie Clinique et Thérapeutique, 174 pages, Editions Posturopole, 2012 ;
  • Collectif, Serge Mesquida, Benoit Lavignolle (Préface), André Darthez (Préface), Gérard Giordano (Préface), De la posturologie à la posturoception, 177 pages, Coll. Si Iar Kine, Éditions Sauramps Médical, 2014 ;
  • Nicolas Meyer, Le grand livre de la posturologie, 291 pages, Editeur : Eyrolles, 2016 ;
  • Bernard Weber, Pierre-Marie Gagey, Posturologie: Régulation et dérèglements de la station debout, 224 pages, Éditeur : Éditions Masson ; 3e édition, 2005 ;
  • Alain Scheibel, Françoise Zamfirescu , Pierre-Marie Gagey, Philippe Villeneuve : Pratiques en Posturologie, Éditeur : Broché 2017
  • API (Association de posturologie internationale), Bernard Weber, Philippe Villeneuve : Posturologie clinique. Tonus, posture et attitude Éditeur : Broché, 2010

Références

  1. « Santé / Une question de posture », Vosges Matin, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Association de posturologie internationale, « API », sur Posturologie.asso.fr, (consulté le )
  3. Gagey, « Posturologie l'APAD », sur ada-posturologie (consulté le )
  4. Juliette Gueguen et al. « Evaluation de l'efficacité du traitement proprioceptif de la dyslexie » Rapport thématique de l'INSERM, juillet 2016
  5. Franck Ramus, « Le point sur l’approche posturologique pour la dyslexie », sur blogs de Pour la science, (consulté le )
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