Téméraire (1749)

Le Téméraire est un vaisseau de 74 canons lancé en 1749 pour la marine royale française sur les plans de François Coulomb[1]. Il est mis en chantier à Toulon pendant la vague de construction qui sépare la fin de guerre de Succession d'Autriche (1748) du début de la guerre de Sept Ans (1755)[3]. Il est capturé pendant la guerre de Sept Ans en 1759 et intégré à la Royal Navy jusqu'en 1784.

Pour les autres navires du même nom, voir Téméraire (bateau) et HMS Temeraire.

Téméraire

Le Téméraire à la Bataille de Minorque en 1756
Autres noms HMS Temeraire
Type Vaisseau de ligne
Histoire
A servi dans  Marine royale française
 Royal Navy
Quille posée [1]
Lancement
Statut 1759 : capturé par les Anglais
1784 : revendu
Équipage
Équipage 740 hommes, réglementairement[2]
Caractéristiques techniques
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Armement 74 canons[1]

Caractéristiques générales

Le Téméraire est un vaisseau de force de 74 canons lancé selon les normes définies dans les années 1740 par les constructeurs français pour obtenir un bon rapport coût/manœuvrabilité/armement afin de pouvoir tenir tête à la marine anglaise qui dispose de beaucoup plus de bâtiments depuis la fin des guerres de Louis XIV[4]. Il est mis sur cale au moment où s’achève la guerre de Succession d’Autriche qui a vu la perte de beaucoup de navires et qui nécessite le renouvellement de nombre d’autres qui sont très usés[5]. Il fait partie des onze vaisseaux lancés en 1749, chiffre très élevé pour la marine française de cette époque.

Sans être standardisé, le Téméraire partage les caractéristiques communes de tous les « 74 canons » construits à des dizaines d’exemplaires jusqu’au début du XIXe siècle afin d’exploiter au mieux cette excellente catégorie de navire de guerre[6]. Comme pour tous les vaisseaux de l’époque, sa coque est en chêne. Son gréement, (mâts et vergues) est en pin[7]. Il y a aussi de l’orme, du tilleul, du peuplier et du noyer pour les affûts des canons, les sculptures des gaillards et les menuiseries intérieures[7]. Les cordages (80 tonnes) et les voiles (à peu près 2 500 m2) sont en chanvre[7]. Un deuxième jeu de voiles et de cordages est prévu en soute. Pour pouvoir opérer pendant des semaines très loin de ses bases européennes s’il le faut, ses capacités de transport sont considérables[6]. Il emporte pour trois mois de consommation d’eau, complétée par six mois de vin[N 1]. S’y ajoute pour cinq à six mois de vivres, soit plusieurs dizaines de tonnes de biscuits, farine, légumes secs et frais, viande et poisson salé, fromage, huile, vinaigre, sel, sans compter du bétail sur pied qui sera abattu au fur et à mesure de la campagne[N 2].

Le bâtiment est armé avec 74 canons, soit[1] :

Cette artillerie en fer pèse 215 tonnes[7]. Lorsqu'elle tire, elle peut délivrer une bordée pesant 838 livres (soit à peu près 420 kg) et le double si le navire fait feu simultanément sur les deux bords[10]. Le vaisseau embarque près de 6 000 boulets pesants au total 67 tonnes[11]. Ils sont stockés dans des puits à boulets autour des mâts. S’y ajoute des boulets ramés, chaînés et beaucoup de mitraille (8 tonnes)[7]. Il y a 20 tonnes de poudre noire, stockée sous forme de gargousses ou en vrac[12]. En moyenne, chaque canon dispose de 50 à 60 boulets[13].

Service dans la marine française

La bataille de Lagos, le 18-19 août 1759. Le Téméraire y est capturé par la Royal Navy.

Le Téméraire est engagé en 1756 dans l'escadre de La Galissonnière lors de l’attaque victorieuse sur Minorque. En 1759, il fait partie de l'escadre de La Clue qui quitte Toulon pour faire sa jonction avec celle de Brest afin de servir d'escorte à une tentative de débarquement en Angleterre. Cependant, il est capturé par la Royal Navy à la bataille de Lagos en 1759 et renommé HMS Temeraire. Il fait partie des trente-sept vaisseaux de ligne perdus par la France pendant la guerre de Sept Ans[N 3]

Service dans la marine anglaise

Le HMS Temeraire est vendu en 1784[15].

Notes et références

Notes

  1. 210 000 litres d’eau douce. 101 000 litres de vin rouge, à raison d’un litre par jour et par homme. Le vin complète largement l’eau qui est croupie dans les barriques au bout de quelques semaines[8].
  2. Des moutons (six par mois pour 100 hommes), volailles (une poule par mois pour sept hommes, avec aussi des dindes, des pigeons, des canards)[9].
  3. Dans le détail : Dix-huit vaisseaux pris par l'ennemi ; dix-neuf vaisseaux brûlés ou perdus par naufrage[14].

Références

  1. French Third Rate ship of the line Le Téméraire (1749), Ronald Deschênes, Vaisseaux de ligne français de 1682 à 1782.
  2. Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. L'état-major est en sus. Acerra et Zysberg 1997, p. 220. Voir aussi Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 105.
  3. Villiers 2015, p. 126.
  4. Meyer et Acerra 1994, p. 90-91.
  5. Meyer et Acerra 1994, p. 100-103.
  6. Jacques Gay dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487 et Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1031-1034.
  7. Acerra et Zysberg 1997, p. 107 à 119.
  8. Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487
  9. Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487.
  10. Selon les normes du temps, le navire, en combattant en ligne de file, ne tire que sur un seul bord. Il ne tire sur les deux bords que s'il est encerclé ou s'il cherche à traverser le dispositif ennemi, ce qui est rare.
  11. Dans le détail : 2 240 projectiles de 36 livres-poids, 2 400 de 18 livres et 1 280 de 8 livres. Acerra et Zysberg 1997, p. 216.
  12. En moyenne : un quart de la poudre est mise en gargousse à l’avance pour les besoins de la batterie basse, celle des plus gros canons au calibre de 36 livres, et un tiers pour les pièces du second pont et des gaillards. Acerra et Zysberg 1997, p. 216
  13. Acerra et Zysberg 1997, p. 48
  14. Vergé-Franceschi 2002, p. 1327.
  15. Lavery 2003, p. 178

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Brian Lavery, The Ship of the Line, vol. 1 : The Development of the Battlefleet 1650-1850, Conway Maritime Press, , 224 p. (ISBN 0-85177-252-8)
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883)
  • Patrick Villiers, La France sur mer : De Louis XIII à Napoléon Ier, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », , 286 p. (ISBN 978-2-8185-0437-6). 
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
  • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Alain Demerliac, La Marine de Louis XV : Nomenclature des Navires Français de 1715 à 1774, Nice, Oméga,
  • Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours, t. 1, de 1671 à 1870, éditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
  • Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, 1902, édition revue et augmentée en 1910 (lire en ligne)
  • Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous le règne de Louis XVI, Paris, éditions Honoré Champion, (lire en ligne)

Liens internes

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