Tétraévangéliaire bohaïrique Copte 13

Le Tétraévangéliaire bohaïrique est un manuscrit enluminé copte contenant les évangiles. Il s'agit de l'un des manuscrits coptes les plus richement décoré. Il est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote Copte 13. Une miniature détachée du manuscrit est conservée à la Freer Gallery of Art de Washington (55.11).

Tétraévangéliaire bohaïrique Copte 13 - BNF Copte 13
Portrait de Marc III d'Alexandrie, f.1
Artiste
Anonyme
Date
vers 1178-1180
Technique
enluminure sur parchemin
Dimensions (H × L)
38,5 × 27,5 cm
Format
237 folios reliés
No d’inventaire
Copte 13
Localisation

Historique du manuscrit

Le manuscrit a sans doute été copié pour le patriarche d'Alexandrie Marc III qui est représenté au premier folio du manuscrit. D'après l'inscription en arabe présente autour du portrait du Christ au folio 2v, l'ouvrage a été copié, enluminé et relié par Michel, métropolite de Damiette, au nord de l'Égypte. En réalité, il a sans doute financé l'enluminure et la reliure (cette dernière est originaire de Syrie d'après les indications des cahiers en Syriaque) mais copié lui-même le texte. Il a indiqué la date d'achèvement de la copie à chaque fin d'évangile : Matthieu en , Marc en septembre, Luc en octobre et Jean en . Le livre, et particulièrement ses miniatures de frontispice, ont peut-être servi d'instrument de propagande dans le combat mené contre la tentative de réforme religieuse menée par Marc Ibn al-Kanbar au sein de l'église copte à cette époque. Michel de Damiette était chargé justement de diriger la charge contre ce mouvement[1].

Selon la légende, le livre aurait été acquis par saint Louis lui-même. En réalité, il a sans doute été rapporté en France à l'occasion d'une mission en Orient au cours du XVIIe siècle. Il est alors entrée dans les collections royales[2].

Description

Le texte est écrit en Copte bohaïrique, la langue utilisée pour la liturgie de l'église copte à partir du Xe siècle dans une écriture en onciale grecque. Diverses décorations peintes en or ponctuent le texte à de multiples reprises. Ces ornements sont sans doute inspirés des manuscrits du Coran de la même époque[2].

Le manuscrit contient 3 miniatures de frontispice en pleine page, dont l'une a été détachée puis 74 miniatures réparties dans le texte des évangiles[1].

  • la première miniature représente Marc III d'Alexandrie, le patriarche de l'Église copte à cette époque. Il faisait sans doute face à un portrait du métropolite Michel, autrefois peint sur un folio aujourd'hui disparu[1].
  • la seconde miniature représente le Christ, qui faisait autrefois face au portraits des quatre évangélistes. Cette dernière miniature a été détachée du manuscrit et est aujourd'hui conservé à la Freer Gallery of Art. Le Christ tend la main vers les évangélistes. Cette représentation du Christ face aux évangélistes est un motif iconographique très répandue dans les manuscrits chrétiens orientaux à cette époque, propagé par les Croisés et les artistes syriens[1].

Il existe ainsi un parallèle symbolique entre les deux scènes : de la même manière que le Christ reçoit le texte biblique des évangélistes, Marc reçoit le présent ouvrage de Michel. Des parallèles similaires se retrouvent dans d'autres manuscrits byzantins, comme dans un commentaire des évangiles du XIIe siècle donné par le théologien Euthymios Zigabenos à l'empereur (BNF, Gr.666)[1].

Plusieurs indices montrent aussi une influence arabe dans le manuscrit : plusieurs plantes et fleurs représentées sont se retrouvent dans d'autres manuscrits arabes tels que le livre de la Thériaque de Paris ou un manuscrit du Kalila wa Dimna (BNF, Ar.3465). Plusieurs décors architecturaux occupés par des personnages ornés de turbans et vêtus à l'orientale se retrouvent aussi dans émaux sur verre d'époque ayyoubide[2].

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Helen C. Evans et William D. Wixom, The Glory of Byzantium : Art and Culture of the Middle Byzantine Era, A.D. 843-1261, New York, Metropolitan Museum of Art, , 574 p. (ISBN 978-0-87099-777-8, lire en ligne), p. 380-381
  • Jules Leroy, Les manuscrits coptes et coptes-arabes illustrés, t. XCVI, Paris, Libr. Orientaliste Paul Geuthner, coll. « Institut français d'archéologie de Beyrouth. Bibliothèque archéologique et historique », , 269 p. (présentation en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. The Glory of Byzantium, p. 381
  2. Notice Qantara
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