Tadao Andō

Tadao Andō (安藤 忠雄, Andō Tadao), né le à Osaka, est un architecte japonais. Il a été catégorisé comme faisant partie du style régionalisme critique. Il travaille beaucoup avec le béton et la lumière.

Pour les articles homonymes, voir Ando.

Tadao Andō

Tadao Andō en 2004.
Présentation
Naissance
Osaka (Japon)
Nationalité Japon
Œuvre
Réalisations Musée d'art moderne de Fort Worth
Tokyo Skytree
Distinctions Médaille Alvar Aalto (1985)
Prix Pritzker (1995)
Praemium Imperiale (1996)
Médaille d'or royale pour l'architecture (1997)

Enfance

Tadao Ando est né en 1941 dans un quartier populaire de l'arrondissement Asahi-ku d'Osaka. Peu de temps après sa naissance il est séparé de son frère jumeau et confié à sa grand-mère qui gère un petit commerce. Absorbée par son travail, elle laisse souvent Tadao Ando livré à lui-même lui inculquant deux préceptes qui lui sont chers: le rationalisme et l'esprit d'indépendance. Il découvre ainsi le quartier et va se distraire chez les artisans qui composent son voisinage. C'est à leur contact, notamment à celui d'un charpentier[1], que Tadao apprend à travailler et à utiliser divers matériaux, et qu'il commence son auto-formation. Il décide d'apprendre l'architecture, mais en autodidacte[2], ce qui est rarissime au Japon. Pour son apprentissage, il achète des livres chez les bouquinistes.

À 17 ans il commence une carrière de boxeur professionnel, et découvre en parallèle l'œuvre de Le Corbusier, qui l'impressionne énormément. Grâce à ses gains de boxeur il part en 1965 vers l'Europe pour le rencontrer, il prend le bateau à Yokohama, puis gagne Pékin où il prend le transsibérien. Il visite la Finlande puis arrive à Paris, quelques jours après la mort de Le Corbusier survenue le . Il visite ses bâtiments comme le Pavillon suisse de la Cité internationale universitaire de Paris et la Villa Savoye à Poissy qui tombe alors en ruine. À Marseille, il visite la cité radieuse.

Inspiré par les abbayes cisterciennes qu'il visite à son arrivée en France, il cherchera par la suite à instaurer dans son architecture le silence que la grandeur de villes comme Osaka a délaissé. Ainsi il s'attardera à rendre sa sérénité et son repos aux espaces intérieurs qu'il concevra[1].

Le début de sa carrière d'architecte

Entre 1962 et 1969, Tadao Ando fait plusieurs voyages aux États-Unis, en Europe et en Afrique, puis revient au Japon. Il crée en 1969 son cabinet d'architecture, Tadao Ando Architect & Associates. Il fréquente alors des artistes d'avant-garde du groupe japonais Gutai, et se familiarise avec le travail d'artistes occidentaux comme Jackson Pollock ou Marcel Duchamp. C'est seulement à partir de 1970 qu'il conduit ses premières résidences et que sa carrière débute réellement. Au cours des années 1970, Ando définit peu à peu les fondements de son style architectural. Cette décennie est en quelque sorte une période d'expérimentation où il construit des petits magasins et des maisons.

Dans un de ses premiers articles, Ando explique que la construction massive de bâtiments due à des contraintes économiques et sociales a donné naissance à un paysage abrutissant pour les habitants. En effet, la ville d'Osaka étant passée de 3 à 5 millions d'habitants entre 1957 et 1977 on assiste à la construction de nombreux bâtiments hétéroclites qui menace la sérénité des intérieurs japonais.

C'est pour lutter contre cette situation que Tadao Ando crée des bâtiments où les habitants sont débarrassés du tumulte extérieur. Il se démarque du courant fonctionnaliste et des plans logiques. L'exemple même de ce type de construction est la Row House Sumiyoshi, construite entre 1975 et 1976.

Enfin toujours à même de répondre aux soucis quotidiens du Japon, il fait d'un matériau antisismique sa marque de fabrique et l'outil de son expression artistique: le béton banché qu'il laisse lissé avec les trous apparents. Ainsi se construit son style géométrique dont la simplicité des formes cache l'émotion de leurs volumes et le dialogue avec les éléments essentiels de la nature[1].

Une reconnaissance internationale

En 1985, il reçoit la médaille Alvar Aalto[3] et en lui est décerné le Carlsberg Architectural Prize, qui lui est remis par la reine Margrethe II du Danemark[4]. En juin 1995, Tadao Andō est le troisième Japonais à recevoir le prix Pritzker d'architecture[2], sorte de prix Nobel d'architecture, deux ans après Fumihiko Maki récompensé en 1993. Kenzō Tange l'avait reçu en 1987. Il est lauréat du Prix de Kyoto en 2002.

Profondément marqué par le tremblement de terre de Kōbe, survenu en janvier de la même année, et qui avait touché en particulier le quartier de ses premières réalisations, il offre tout son prix Pritzker aux orphelins de la ville. Il collecte des fonds pour améliorer la qualité de la reconstruction, car les habitations bon marché de la ville, construites au mépris des règles de l'art, ont été particulièrement meurtrières.

Une rétrospective lui est consacré au Centre Pompidou en 2018[5].

Citations

Sur l'architecture[1] :

« L’essence de l’architecture est d’ouvrir le cœur des gens et de les émouvoir de telle manière qu’ils soient heureux d’être sur terre.

A l’instar de toute création humaine les édifices sont voués à se détériorer et à disparaître. On pourrait ainsi dire que l’histoire de l’architecture constitue un témoignage de la volonté que l’homme a de lutter contre ce destin. J’aimerais cependant, si cela m’est possible, réaliser des édifices qui dureront toujours, pas du point de vue matériel ou stylistique, mais qui resteront gravés dans le cœur des hommes.

Qu’importe si une maison est inconfortable. Il faut que l’habitant se demande lui-même comment y vivre, avec le moindre confort. Ce que je souhaite construire, ce sont des espaces propices à inspirer des perspectives ou des paysages intérieurs. Je conçois pour cela des espaces interstitiels entre les parties fonctionnelles d’un bâtiment que j’ai appelés les « espaces fondamentaux des émotions ». Je sépare ainsi l’architecture de sa fonction. »

Sur l'architecture japonaise[1] :

« Je suis allé souvent à Nara près d’Osaka, pour y admirer le temple de Todai-ji et son grand bouddha assis. Je suis allé à Kyoto voir le jardin zen du Ryoan-ji. j’ai contemplé le vide de ce jardin sec fait de sable et de roches, ce néant qui vous parle. J’ai admiré les maisons traditionnelles et le style sukiya, selon l’esthétique des pavillons de thé, qui recherche un lien entre l’habitat et la nature. Il existe beaucoup de ces lieux dans l’architecture japonaise où seuls les esprits peuvent vivre. Ces exemples m’ont incité à concevoir à mon tour des espaces qu’on ne trouve nulle part ailleurs. »

Sur la nature et la lumière[1] :

« Je ne crois pas que l’architecture doit parler trop. Elle doit rester silencieuse et laisser la nature parler directement au travers du soleil et du vent.

Ce que j’ai senti en observant des églises romanes, c’est que seule la lumière était l’espoir. J’ai créé l'Église de la Lumière en me demandant si le symbole de la communauté, ce n’était pas la lumière. »

Sur les formes géométriques[1] :

« Grâce aux règles géométriques, l’architecture s’autonomise et acquiert la paix ; grâce à l’introduction en elle des mouvements de l’homme et de la nature, elle devient elle-même mouvement.

La géométrie projetée au sein de la nature revendique son propre caractère dans le contraste qu’elle crée avec la nature. Par la rencontre avec les lignes géométriques, la nature met en relief sa propre présence. Et grâce au dialogue né de la rencontre entre ces deux éléments, l’environnement, support de la vie quotidienne, trouve sa place. »

Principales réalisations

Tadao Ando et son agence Tadao Ando Architect & Associates (TAAA) font partie des quatre architectes choisis pour mener le projet de réhabilitation de la Bourse de commerce de Paris, située dans le 1er arrondissement de Paris, avec les agences Pierre-Antoine Gatier, NeM / Niney et Marca Architectes et l'entreprise de conception et d'exécution Setec bâtiment[9]. L'édifice, qui fait 13 000 m2 et bénéficie de 4 000 m2 de surface d’exposition[10] est destiné à abriter la collection Pinault. L'inauguration du musée a lieu en mai 2021[11].

Notes et références

  1. Bibliothèque centre Georges Pompidou, « TADAO ANDO, architecte de la lumière », non, (lire en ligne)
  2. Philip Jodidio 2010, p. 10
  3. Rémi Bourbonneux, « « Tadao Ando, Le Défi », l'expo événement du Centre Pompidou », IDEAT, (lire en ligne, consulté le )
  4. Tadao Ando, Architect, Wins $235,000 Prize, The New York Times, 16 avril 1992
  5. Frédéric Edelmann, « Exposition : Tadao Ando, architecte poète et maximaliste », sur Le Monde, (consulté le ).
  6. Venise : François Pinault reprend en main un troisième site, FranceTV info, 30 août 2012
  7. (en) « Tadao Ando's Shanghai Poly Grand Theatre captured in new photographs », sur Dezeen, (consulté le )
  8. « Bientôt un nouveau musée en Chine signé Tadao Ando - 22 janvier 2020 - lejournaldesarts.fr », sur Le Journal Des Arts (consulté le )
  9. « Bourse de Commerce — Pinault Collection », sur www.boursedecommerce.fr (consulté le )
  10. François Pinault va ouvrir un nouveau musée d’art à Paris Le Monde, 28 avril 2016
  11. Pierre De Boishue, « La nouvelle vie de la Bourse de commerce », Le Figaro Magazine, , p. 64-73 (lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

  • Tadao Ando et Yann Nussaume (trad. du japonais), Tadao Andô, pensées sur l'architecture et le paysage [Texte imprimé] : textes et entretien, Paris, Arléa, , 215 p. (ISBN 978-2-36308-058-5).
  • (de + en + fr) Philip Jodidio (trad. de l'anglais), Ando. Complete Works 1975-2010, Cologne, Tashen, , 600 p. (ISBN 978-3-8365-0949-7)
  • Philip Jodidio, Architecture now !, Cologne, Tashen, coll. « Icons », , 600 p. (ISBN 978-3-8228-2508-2 et 3-8228-2508-5)
  • (de + en + fr) Yann Nussaume, Tadao Andô, Paris, coéditions Hazan/Birkaüser,
  • (en) Masao Furuyama, Tadao Ando : 1941 (Taschen Basic Architecture), Cologne, Tashen,
  • (en) Francesco Dal Co, Tadao Ando : Complete Works, Phaidon Press, , 524 p. (ISBN 978-0-7148-3717-8)

Liens externes

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