Taillis sous futaie
Le taillis sous futaie est un régime sylvicole qui mélange le régime de futaie et le régime de taillis. On y trouve donc deux niveaux de végétations bien distincts.
Le taillis-sous-futaie permettait autrefois de produire du bois de chauffage, des piquets, des manches d'outils, ainsi qu'une petite quantité de bois d'œuvre (tiges pour la structure-support des torchis par exemple).
L'arrivée d'autres sources d'énergie, comme le charbon ou le pétrole, a entraîné sa disparition progressive dans la plupart des pays d'Europe où il a été remplacé par le régime de futaie. Cependant, de nombreux peuplements feuillus, surtout de chênes, gardent encore des traces d'un ancien traitement en taillis-sous-futaie. En France, en 1920, 40% environ des bois de feuillus de l'État étaient traités en taillis sous futaie[1].
Structure
La réserve (ou futaie) est caractérisée par :
- Structure inéquienne
- Reproduction sexuée
- Exploitation périodique composée
- Concurrence : croissance libre
Le taillis est caractérisé par :
- Structure équienne
- Reproduction asexuée
- Exploitation périodique simple (recépage)
La structure du taillis-sous-futaie au sens strict permet au peuplement de rester globalement inchangé au fil du temps avec les coupes adéquates (par analogie avec les futaies jardinées au sens strict). De façon générale, ceci se traduit par : un taillis coupé de façon régulière tous les 10-15 ans maximum, une réelle futaie irrégulière équilibrée, et un équilibre entre la surface occupée par le taillis et celle occupée par la futaie. Dans ce cas, les arbres de réserve sont en permanence en croissance libre et ne connaissent donc jamais l'apparition de gourmands.
Avantages et inconvénients du taillis-sous-futaie
Le taillis-sous-futaie n'a pas que des désavantages : il permet, à faible coût et sans devoir faire de lourds investissements comme dans le cas de la futaie régulière, d'assurer un revenu régulier lié à la vente du bois.
Cependant, il n'est plus adapté à l'économie actuelle, où le bois-bûche est moins recherchée au profit de pellets ou plaquettes. Il ne permet de produire que de petites quantités de bois d'œuvre (de qualité variable, allant des plus basses qualités aux qualités merrain et tranchage) : les faibles qualités proviennent notamment de "taillis-sous-futaie" dont les rotations de taillis étaient déjà bien trop longues depuis des décennies (exposées brutalement à la lumière, certaines espèces, dont le Chêne, développent des gourmands qui nuisent à la qualité du bois).
De plus, il est parfois difficile d'obtenir une bonne régénération naturelle de la futaie. Difficulté accrue par l'allongement progressif des rotations. Beaucoup de taillis-sous-futaie ont ainsi évolué vers des structures où la futaie n'était plus assez développée.
Autres appellations, peuplements résultants du taillis-sous-futaie
Le taillis-sous-futaie s'abrège en TSF. Le taillis sous futaie n'existe plus depuis plus d'un siècle pour plusieurs raisons, notamment :
- une évolution insensible des pratiques culturales (notamment allongement des rotations de taillis)
- une politique de conversion généralisée en forêt publique ayant conduit à des peuplements différents des taillis-sous-futaie, quoique constitués de taillis et d'une futaie plus ou moins régulière. Ces peuplements sont parfois regroupées dans la catégorie "taillis avec réserves", le TSF devenant un cas particulier de cette catégorie.
Les taillis avec réserve peuvent être catégorisés selon :
- la surface occupée par les réserves : taillis avec réserves dit "riches" (réserves nombreuses) ou "pauvres"
- le type de régularisation des réserves : régularisation dans les petits bois, bois moyens ou gros bois.
Par exemple : "taillis avec réserve riche, régularisé dans les bois moyens".
Conversion
Les anciens taillis-sous-futaie (taillis avec réserves) peuvent être convertis en futaie régulière comme en futaie irrégulière (par exemple pour évoluer vers une gestion de type prosilva, qui cherche à retrouver une forêt hétérogène et mélangée caractérisée par une certaine naturalité (gestion dite "proche de la nature"), à condition que la réserve soit suffisamment riche. Si tel n'est pas le cas, la conversion du taillis-avec-réserve reste possible si le taillis comporte suffisamment de brins d'essences nobles, auquel cas il pourra être balivé.
Voir aussi
Articles connexes
Sources
- Forêt Privée Française, Document sur la conversion des taillis-sous-futaie
- Sylvère Aubry et Patrick Druelle, « Histoire du taillis sous futaie ou la résurrection d'un mort qui reste à tuer », essai bibliographique et critique, domaine des Barres, Nogent-sur-Vernisson, 1987, 70 p.
Bibliographie
- Yves Bastien, « Conversion et transformation (20 p.) », cours en ligne de l'ENGREF, (consulté le ).
- Yves Bastien, « Taillis et taillis sous futaie (18 p.) », cours en ligne de l'ENGREF, (consulté le ).
- Jean-Philippe Schütz, Sylviculture 2 : La gestion des forêts irrégulières et mélangées, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Gérer l’Environnement », , 178 p. (ISBN 978-2-88074-349-9, lire en ligne).
Notes et références
- PERDRIZET A., « Revue des eaux et forêts : économie forestière, reboisement... / dir. : S. Frézard ; réd. en chef : A. Frézard : Taillis et futaie », sur Gallica, (consulté le )
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