Taruia

Taruia est un ancêtre plus ou moins mythique ou plus ou moins historique[1] que l'on retrouve dans les traditions orales d'Aitutaki et de Penrhyn (Tongareva).

Origines de Taruia

Taruia serait le fils ou le descendant de Te Erui[2], lui-même fils aîné d'un chef de Kuporu[3] venu s'installer sur Aitutaki et de Pitoroa, une descendante de Ru qui selon la tradition d'Aitutaki aurait été le premier habitant de l'île.

À la mort de Te Erui, Taruia son fils aîné fut intronisé ariki d'Aitutaki. Des années plus tard, Taruia ou l'un de ses descendants apprit qu'une pirogue (vaka) était arrivée par l'est et que ses membres s'étaient installés à Vaitupa. Le chef de cette pirogue s'appelait Ruatapu. Taruia accepta qu'il restât sur Aitutaki.

Ruatapu proposa un jour à Taruia de partir pêcher ou selon d'autres versions d'aller visiter Rarotonga, lui assurant qu'il le rejoindrait plus tard. Mais dès qu'il fut parti, Ruatapu s'empara du pouvoir et se fit introniser Ariki. À son retour, Taruia s'apercevant de la trahison de son ancien allié, lui déclara la guerre. Une bataille s'engagea entre les deux hommes et leurs guerriers. Taruia fut défait et dut finalement s'enfuir.

La fuite de Taruia vers Tongareva et sa descendance

Après une longue traversée, il arriva en vue Tongareva[4]. Il penétra le lagon par une passe située à l'est de l'atoll et qui porte encore aujourd'hui son nom. Selon les versions, la suite de l'histoire de Taruia à Penrhyn diverge quelque peu bien que l'on en retrouve un certain nombre d'éléments communs. Dans le récit publié par Peter Buck, Taruia ne serait pas resté sur l'atoll [5] Il aurait néanmoins avant de repartir, installé sur le motu de Tokerau deux hommes dont l'un de ses fils du nom de Titia. Par la suite, ce dernier aurait traversé à la nage une partie du lagon jusqu'au motu connu sous le nom d'Omoka.

Selon la version de Timi Koro publié dans le Journal of the Polynesian Society[6], Taruia serait resté à Penrhyn où il aurait pris pour femme une certaine Rakoa[7]. Il aurait eu avec cette dernière un fils appelé ici Ruatitau. Celui-ci aurait épousé une femme du nom de Toua avec qui il aurait eu deux fils, l'aîné s'appelant Uaapu et le cadet Roaina.

Dans un autre récit recueilli cette fois-ci par Maui Pomare[8], le nom de l'épouse de Taruia aurait été Ruaatu. Leur fils se serait appelé Toaua et aurait épousé Te Ara Kena de qui serait né un certain Maui qui aurait lui-même eut pour fils Taruia et Maru-o-te-ra. De ce second Taruia serait né Urirau et de Maru-o-te-ra, Roina.

Toujours est-il que ce Urirau (ou Uaapu) et Roina (ou Roaina) qu'ils soient frères biologiques ou classificatoires, seraient par la suite retournés à Aitutaki pour récupérer sans y réussir leur terre et leur titre d'Ariki.

Généalogie(s)

Les apparentes contradictions peuvent venir d'erreurs du narrateur original, ou que celui-ci ait souhaité insister sur tel ou tel aspect de la descendance de Taruia en fonction de ses propres origines, ou encore s'agit-il de lignées distinctes de Taruia par des épouses différentes. (voir l'article littérature orale polynésienne)

Version recueillie par Peter Buck (Tongareva)

  • Taruia (m) épouse Taritoa (f) et ont trois enfants
    • Titia (m) qui épouse Rangamea
      • Pupuke (m) qui épouse Haingaturua (f). Ils ont pour fils aîné
        • Tamupo (m)...
    • Rava (f)
    • Tauirangi (m) épouse ??? et ont pour fille
      • Ravainuroro (f) épouse Te Ika et ont pour fille
        • Haingaturua (f) qui épouse Pupuke (voir plus haut)

Version de Timi Koro (Aitutaki)

  • Taruia (m) épouse Rakoa(f), ils ont un fils appelé
    • Ruatitau (m) qui épouse Toua (f), ils ontdeux fils appélés
      • Uaapu (m) l'aîné repart pour Aitutaki récupérer les terres de Taruia avec son cadet Roaina
      • Roaina (m) le cadet repart pour Aitutaki récupérer les terres de Taruia avec Uaapu

Version recueillie par Maui Pomare (Aitutaki)

  • Taruia (m) épouse Ruaatu (f). Ils ont pour fils aîné
    • Toaua (m) qui épouse Ta Ara Kena (f). Ils ont pour fils aîné
      • Maui(m) qui épouse ???. Ils ont deux fils
        • Taruia (m) l'aîné qui épouse ???. Ils ont pour fils aîné
          • Urirau (m), repart pour Aitutaki avec Roina
        • Maru o te Ra (m) le cadet qui épouse ???. Ils ont pour fils
          • Roina (m) repart pour Aitutaki avec Urirau

Notes

  1. Myth-historique serait sans doute le meilleur qualificatif. Ce néologisme fut inventé par J.P. Latouche à propos de la tradition orale du Kiribati, "Mythistoire de Tungaru : cosmologies et généalogies aux îles Gilbert".
  2. Selon les versions,il y aurait eu plusieurs Taruia qui se seraient succédé entre celui dont il est question ici et Te Erui
  3. Il s'agit sans doute de l'île de Tahaa aux îles de la Société dont l'ancien nom est effectivement Kuporu. Une autre hypothèse serait Upolu, aux Samoa
  4. Appelé Maungarongaro à Aitutaki
  5. "Ethnology of Tongareva", Bishop Museum Bulletin, no 92, avril 1932, Honolulu. Peter Buck a effectué un court séjour sur place. Son informateur y était un certain Tupou Isaia.
  6. "The story of Te Erui Ariki d'après le récit de Timi Koro" traduit par Drury Low in Journal of the Polynesian Society, Vol. 43, 1934, p. 72-84.
  7. Sans doute une Takatu (cf histoire de Penrhyn)
  8. "Legends of The Maori", vol2. Maui Pomare est un Māori de Nouvelle-Zélande qui travailla au sein du gouvernement colonial des îles Cook entre 1916 et 1923

Bibliographie

  • Timi Koro, "The story of Te Erui Ariki and his canoe Viripo-Moetakauri, which was the second canoe to reach Utataki-enua-o Ru (Aitutaki) in JPS, 1934
  • Peter Buck, "Ethnology of Tongareva", Bishop Museum Bulletin, no 92, , Honolulu
  • Maui Pomare, "The Explorations of Ruatapu", in "Legends of the Maori (Volume 2)", Papakura, New Zealand.

Voir aussi

  • Portail des îles Cook
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