Tasse Farnèse
La tasse Farnèse est un camée de la fin du IIe ou du Ier siècle av. J.-C., réalisé à Alexandrie pour la cour des Ptolémées[1]. Elle est taillée dans un bloc de sardonyx à quatre couches et mesure environ huit centimètres de hauteur pour vingt centimètres de diamètre.
Artiste |
Inconnu |
---|---|
Date |
fin du IIe siècle av. J.-C. |
Type | |
Technique | |
Dimensions (Diam × H) |
20 × 8 cm |
Mouvements |
Art hellénistique, sculpture hellénistique (d) |
No d’inventaire |
27611 |
Localisation |
Si l'interprétation d'ensemble de la tasse Farnèse ne pose pas de problème, par contre sa datation précise a fait l'objet de débats entre historiens : certains la datant du règne de Cléopâtre III, d'autres de Cléopâtre VII. Christian-Georges Schwentzel présente les différences entre les diverses interprétations[2].
Sa face principale est décorée d’une scène allégorique représentant les bienfaits de la crue du Nil, et son revers est décoré d’un masque de Méduse. Elle a la forme d’une phiale, coupe circulaire utilisée lors des cérémonies religieuses. La tasse Farnèse est un exemple exceptionnel de la glyptique hellénistique. Elle est unique par ses dimensions et par sa complexité figurative. Elle est considérée comme un chef-d’œuvre technique et comme l’un des objets les plus importants de l’art de l'époque hellénistique à Alexandrie.
Description et interprétation
À gauche, on peut voir un personnage barbu assis sur le rebord d’un arbre. Il tient une corne d’abondance. C’est la personnification du Nil.
Au milieu, un homme se tient debout, il est vêtu un simple chiton, sorte de tunique en usage chez les Grecs, et tient dans la main droite une anse de charrue et dans la main gauche un sac de semence. Ses cheveux semblent ébouriffés par le vent. C’est Triptolème, le héros grâce à qui l’humanité a appris l’agriculture, et donc la civilisation.
À droite, on observe deux femmes. L’une porte une coupe rituelle servant aux libations et l’autre une corne d'abondance. Ce sont les Horai, déesses du temps et gardiennes des portes de l’Olympe.
En haut, on remarque deux personnages volants conduits par un tissu rempli d’air. Ce sont les vents étésiens personnifiés, vents du nord qui soufflent dans la mer Méditerranée chaque année après le début de la canicule, et qui tempèrent la chaleur de l’été pendant quarante jours environ.
En bas, une femme se tient assise sur un sphinx. Elle tient dans la main droite une gerbe de blé. Elle représente Isis ou Euthénia, compagne du Nil et personnification de la prospérité. Le Sphinx, quant à lui est le symbole de l’Égypte antique.
Et pour finir, le revers. Sur cette face est représentée une grande tête de Méduse, monstre féminin avec des serpents dans les cheveux et des yeux terrifiants. Elle avait sans doute une fonction apotropaïque (qui éloigne les ennemis et le mauvais sort).
Histoire
Cet objet, qui a connu une longue histoire, a toujours appartenu à des trésors royaux ou princiers : il a fait partie du trésor impérial romain, puis de celui des empereurs byzantins. Il fut peut-être ramené en Occident par les croisés, après le sac de Constantinople en 1204. Après avoir appartenu au Pape Paul II, il a été acquis par Laurent de Médicis en 1471, puis intégré dans la collection Farnèse. Selon l'historien d'art Avigdor Posèq, il pourrait avoir servi de modèle au Bernin dans la réalisation de son buste de Méduse[3].
La collection Farnèse est une collection d’antiquités italiennes enrichie par la famille Farnèse de la Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle ; commencée par le pape Paul III (né Alexandre Farnèse) après la découverte de sculptures antiques dans les fouilles des thermes de Caracalla en 1545, continuée par son petit-fils le cardinal Farnèse, et complétée par la suite. La collection compte environ 2 000 objets et 350 gemmes. Vers 1730, la collection est transférée à Naples. Elle constitue encore aujourd’hui le noyau essentiel de la collection du Musée archéologique national de Naples.
Notes et références
- Famille qui a régné sur l’Égypte depuis la mort d’Alexandre le Grand jusqu’à la conquête romaine
- Christian-Georges Schwentzel, Cléopâtre : la déesse-reine, Paris, Payot, , 350 p. (ISBN 978-2-228-91148-1), p. 199-200
- Posèq 1993, p. 20.
Ouvrages cités
- (en) Marina Belozerskaya, Medusa's Gaze : The Extraordinary Journey of the Tazza Farnese, Oxford University Press, , 312 p. (lire en ligne)
- (en) Avigdor Posèq, « A note on Bernini's Medusa Head », Konsthistorisk Tijdskrift, vol. LXII-1,
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