Tatoï
Tatoï (en grec moderne : Τατόι, Tatói) est un domaine de trois-mille hectares, appartenant à l'État grec, qui abrite les palais d'été et la nécropole de la famille royale de Grèce. Il est situé à quinze kilomètres au nord d'Athènes, dans une zone très boisée sur la face sud-est du mont Parnès.
Type |
Palais royal, lieu de sépulture (d) |
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Architecte |
Sávvas Emmanouíl Boúkis (d) |
Adresse |
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Coordonnées |
38° 09′ 46″ N, 23° 47′ 30″ E |
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Histoire
Origines
Le domaine de Tatoï est acheté par Georges Ier de Grèce en au phanariote Skarlatos Soutsos. Il n'y a alors qu'une petite maison de cinq pièces, un moulin et quelques masures. Un premier bâtiment est construit entre 1872 et 1874 par Ernst Ziller pour loger les invités de la famille royale. En 1880, un architecte grec, Savvas Boukis, est envoyé à Saint-Pétersbourg copier un des pavillons du complexe du palais de Peterhof. Ces plans servent de base à la construction de la résidence royale. Les travaux se déroulèrent de 1884 à 1886 et l'aménagement intérieur s'étend jusqu'en 1889. Alors seulement, le souverain et sa famille peuvent s'y installer[1].
Tatoï tire son nom du village albanais qui se trouvait là. L'idée du roi est alors de créer une exploitation agricole prouvant qu'avec une bonne gestion de l'eau et des techniques modernes, il est possible de rendre fertile n'importe quel endroit de Grèce. Il y réussit et son domaine produit des fruits et du vin réputé[2].
Résidence royale
Le palais sert surtout de résidence d'été des années 1890 à 1948. Le souverain y reçoit ses hôtes étrangers et les membres du gouvernement. Nationalisé après la chute de la monarchie en 1923, il est rendu à la famille royale en 1936 qui l'utilise jusqu'au , quand la résidence est abandonnée en hâte par la famille royale qui fuit le pays après le contre-coup d'État manqué de Constantin II contre la dictature des colonels[1].
Confiscation
De 1967 à 1973, la résidence ne reçoit pas assez de financement pour être maintenue en l'état et elle commence à se dégrader. Les crédits sont définitivement coupés à la chute de la dictature. Les animaux ne sont même plus nourris et meurent de faim. En parallèle, une loi est votée, autorisant l'État grec à confisquer les biens de la famille royale. Le domaine de Tatoï est saisi et est alors utilisé pour stocker l'intégralité des objets des différentes résidences royales en Grèce (comme Mon Repos par exemple)[1].
Des négociations entre l'État et la famille royale se déroulent de 1984 à 1992. Les autorités finissent par reconnaître que celle-ci possède bien un domaine de 4 000 hectares à Tatoï, en échange d'une indemnité de 343 millions de drachmes payée à l'État grec. En 1993, l'ancien souverain Constantin est donc autorisé à emporter du domaine royal ce qu'il désire. Neuf containers quittent alors la Grèce, jusqu'au moment où l'opinion publique s'émeut de ce déménagement et fait mettre un terme à l'exportation. Une partie des objets sont vendus aux enchères chez Christie's en 2007[1].
Dès 1994, l'État grec décide une nouvelle expropriation de Tatoï, mais ce n'est qu'en 2002 que la propriété lui est officiellement reconnue, à la suite d'une longue procédure, d'une décision de la Cour européenne de justice et de l'indemnisation de l'ancien roi Constantin pour un montant de 13,2 millions d'euros. Le domaine passe définitivement à l'État le [3],[1].
S'il existe un inventaire complet de Tatoï, datant de 1973, il est impossible de savoir ce qui depuis a été volé, emporté par l'ancien souverain ou simplement détruit par les ravages du temps et de l'humidité surtout. Un nouveau travail d'inventaire a commencé en 2004 et s'est achevé en 2012. En tout, 17 000 objets (antiquités, meubles, vêtements, poupées, livres, magazines, bouteilles de vin, photographies, tableaux, etc.) ont été recensés et sont conservés. Ils constituent un instantané du mode de vie de la haute société grecque en . D'autres objets, considérés moins « importants » (appareils électroménagers, carrosses, automobiles) ont été laissés sur place à Tatoï où ils continuent à subir les assauts du temps[1].
Le , le gouvernement grec débloque 800 000 euros pour la restauration du palais ainsi que pour le mobilier laissé par ses anciens propriétaires, constitué principalement de tableaux, tapis, vêtements et manuscrits. La visite du site devrait aussi être facilitée[3].
En 2015, la société des amis de Tatoï considère que la restauration du domaine coûterait autour de 100 millions d'euros. Il reçoit alors quelque 150 000 visiteurs par an[1].
Résidences
Les principaux édifices du domaine sont l'« Ancien château », résidence d'été du diadoque Constantin Ier de Grèce, à l'est et le « Nouveau château », résidence royale, construit pour la reine Olga sur le modèle du cottage impérial de Peterhof. En outre le domaine abrite des écuries, des communs, une laiterie et un poste de gendarmerie[2]. Autrefois, un musée archéologique et d'histoire naturelle était installé dans une dépendance.
Le palais de Tatoï est aussi le lieu de naissance des rois Georges II et Paul Ier de Grèce.
Nécropole royale
Située dans une zone boisée au sud du domaine, elle abrite les tombes de 21 membres de la famille royale de Grèce, dont cinq rois et trois reines.
- Georges Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Christian IX de Danemark)
- Olga Constantinovna de Russie, reine des Hellènes, régente de Grèce ( - ) (épouse de Georges Ier de Grèce)
- Georges de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
- Marie Bonaparte, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (épouse de Georges de Grèce)
- Alexandra de Grèce, grande-duchesse de Russie ( - ) (fille de Georges Ier de Grèce, 1re épouse de Paul Alexandrovitch de Russie)
- Nicolas de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
- Hélène Vladimirovna de Russie, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (épouse de Nicolas de Grèce)
- Marie de Grèce, grande-duchesse de Russie ( - ) (fille de Georges Ier de Grèce)
- Periklís Ioannídis, amiral, gouverneur du Dodécanèse ( - ) (second époux de Marie de Grèce)
- Olga de Grèce, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (fille de Georges Ier de Grèce)
- André de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
- Christophe de Grèce, prince de Grèce et de Danemark ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
- Françoise d'Orléans, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (2e épouse de Christophe de Grèce)
- Constantin Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Georges Ier de Grèce)
- Sophie de Prusse, reine des Hellènes ( - 1870 - ) (épouse de Constantin Ier de Grèce)
- Catherine de Grèce, princesse de Grèce et de Danemark, lady Brandram ( - ) (fille de Constantin Ier de Grèce)
- Alexandre Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Constantin Ier de Grèce)
- Aspasia Manos, princesse de Grèce et de Danemark ( - ) (épouse d'Alexandre Ier de Grèce)
- Georges II de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Constantin Ier de Grèce)
- Paul Ier de Grèce, roi des Hellènes ( - ) (fils de Constantin Ier de Grèce)
- Frederika de Hanovre, reine des Hellènes ( - ) (épouse de Paul Ier de Grèce)
Personne transférée dans un autre lieu d'inhumation
- Alexandra de Grèce, reine de Yougoslavie ( - ) (fille d'Alexandre Ier de Grèce et d'Aspasia Manos, épouse de Pierre II de Yougoslavie). Elle fut réinhumée le dans la crypte royale du Mausolée royal d'Oplenac en Serbie, et son tombeau est désormais vide.
Galerie d'images
- Tombe d'Olga Constantinovna de Russie
- Cénotaphe d'Alexandra de Grèce
- Tombe de Georges II de Grèce
- Tombe de Paul Ier de Grèce (à gauche) et de Frederika de Hanovre (à droite)
Bibliographie
Ouvrages consacrés au palais
Autre ouvrage évoquant largement le palais
- (es) Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía : La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN 84-9734-195-3), p. 120 et 128-129
Article de presse
- (es) Mariángel Alcánzar, « Tatoi, paraíso perdido », La Vanguardia, (lire en ligne).
Articles connexes
Notes et références
- e-Kathemerini The Treasures of the Tatoï Estate 16 décembre 2015
- Guide Joanne, 1911, p. 193-194.
- e-Kathemerini 29/11/2008
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