Les Temps modernes (revue)

Les Temps modernes est une revue politique, littéraire et philosophique française, fondée en 1945 par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, publiée par les éditions Gallimard.

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Rédaction et édition

Le comité directeur d'origine comprenait Raymond Aron, Simone de Beauvoir, Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty, Albert Ollivier, Jean Paulhan et Jean-Paul Sartre.

En 1962, le Comité de direction était composé de Simone de Beauvoir, de Sartre, Jacques-Laurent Bost, André Gorz, Francis Jeanson, Claude Lanzmann, Bernard Pingaud, Jean-Bertrand Pontalis, Jean Pouillon.

Après le décès de Simone de Beauvoir en 1986, la revue est dirigée par Claude Lanzmann, jusqu'à son décès en 2018.

En 1995, le Comité de rédaction est composé de Jean Bourgault, Joseph Cohen, Bernard Cuau, Michel Deguy, Jasmine Getz, Liliane Kandel, Jean Khalfa, Claude Lanzmann, Patrice Maniglier, Jean Pouillon, Robert Redeker, Marc Sagnol, Juliette Simont, Gérard Wormser, Raphael Zagury-Orly.

La revue a changé d'éditeur plusieurs fois : éditions Gallimard d' à , éditions Julliard de à , Presses d'aujourd'hui d' à , et Gallimard depuis 1985[1]. Gallimard cesse de publier la revue en 2020, qui disparaît alors définitivement.

Historique

Dans les années 1940-1950, la revue n'est pas éloignée du Parti communiste français, oscillant « de la critique courtoise au compagnonnage le plus solidaire »[2].

À partir de 1955, la revue s'élève contre la guerre d'Algérie et dénonce l'usage de la torture. Elle sera saisie cinq fois par les autorités[3].

Vicissitudes récentes

Dans Le Monde du , tous les membres du comité de rédaction (Jean Bourgault, Michel Deguy, Liliane Kandel, Jean Khalfa, Patrice Maniglier, Jean-Pierre Martin, Eric Marty, Anne Mélice, Juliette Simont) publient une tribune dans laquelle ils s'interrogent sur la manière de poursuivre le projet des fondateurs de la revue, après la décision de Gallimard de mettre fin à celle-ci sous sa forme actuelle[4]. Le , Antoine Gallimard, parlant seulement de « plusieurs membres du comité de rédaction », se justifie dans une nouvelle tribune du Monde : c'est principalement la disparition de Claude Lanzmann qui a entériné la fin de la revue, il « en était l’âme et la charpente ; il en était aussi l’histoire, par les liens qui l’unissaient aux fondateurs et dont il s’est toujours, à très juste titre, revendiqué » ; il invoque aussi le changement du public et les lanceurs d'alerte qui se manifestent de moins en moins à travers les institutions universitaires ou savantes[5]. Dans Libération du , un an après le décès de Claude Lanzmann, le comité de rédaction publie une tribune qui cite un document notarié du dans lequel Lanzmann déclarait souhaiter que la revue continue d'exister après lui, faire « toute confiance à Antoine Gallimard pour qu'il persiste à la soutenir et à lui permettre de demeurer une des plus originales et prestigieuses revues françaises, » et demandait qu'à son décès Juliette Simont lui succède en tant que directrice[6].

Le no 33, publié en , du Bulletin d'information du Groupe d'études sartriennes, L'Année sartrienne, s'ouvre sur un texte signé de deux membres du comité de rédaction des Temps modernes, Jean Bourgault et Juliette Simont. Ils rappellent que Sartre avait explicitement souligné que l'unité de la revue « se marque à la longue, par l'ensemble des textes, même si ceux-ci peuvent parfois paraître incompatibles à première vue ». Affirmant leur fidélité à cet héritage sartrien, ils écrivent : « Cette unité que nous ressentions intensément, Antoine Gallimard ne la saisissait pas — c'est une des rares choses qu'il nous ait dites. Il ne comprenait pas que, si les sujets étaient extrêmement diversifiés (le sens du théologico-politique dans l'islam, la critique littéraire, la crise vénézuélienne, Nuit Debout…), c'est parce que le monde l'est lui-même, il ne concevait pas, autrement dit, qu'un même esprit pût animer tous ces numéros, qui lui paraissaient simplement hétéroclites. Or, c'est précisément par cette diversité que nous étions héritiers de Sartre[7] ».

Références
  1. « Revue Les Temps Modernes », gallimard.fr, consulté le 2 août 2015
  2. Pascale Goetschel et Emmanuelle Loyer, Histoire culturelle de la France, de la Belle époque à nos jours, Cursus, Armand Colin, 2014, 4e édition, p. 144.
  3. Anne Mathieu, « Jean-Paul Sartre et la guerre d’Algérie », sur Le Monde diplomatique,
  4. Collectif, « Le but des “Temps Modernes” était d’apporter une intelligence globale du monde », sur Le Monde, .
  5. Antoine Gallimard, « Antoine Gallimard : « Pourquoi j’ai pris la décision d’arrêter les “Temps modernes” », sur Le Monde, .
  6. « Claude Lanzmann et «les Temps modernes» », Libération.fr du 4 juillet 2019.
  7. Jean Bourgault et Juliette Simont, « La revue de Sartre disparaît », L'Année sartrienne. Bulletin du Groupe d'Etudes Sartriennes,‎ n° 33, juin 2019, p. 1-3

Annexes

Bibliographie
  • Anna Boschetti, Sartre et Les Temps Modernes : une entreprise intellectuelle, Paris, Éditions de Minuit, , 328 p. (ISBN 2707310514)
  • Jérôme Melançon, "Anticolonialisme et dissidence : Tran Duc Thao et Les Temps modernes ", in Jocelyn Benoist et Michel Espagne (dir.), L'Itinéraire de Tran Duc Thao. Phénoménologie et transferts culturels, Paris, Armand Colin, 2013, p. 201-215.
  • Fabrice Thumerel, " Les Temps Modernes", in François Noudelmann et Gilles Philippe (dir.), Dictionnaire Sartre, Paris, Champion, 2004, p. 485-486.

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