Tetrapharmakos
Le Tetrapharmakos (τετραφάρμακος, ou « quadruple remède »), est, selon le philosophe grec Épicure, la recette qui mène à la vie la plus heureuse possible. Le « tetrapharmakos » ou « tetrapharmacum » était à l’origine un remède composé de quatre médicaments (cire, suif, poix et résine) ; le terme est donc utilisé de façon métaphorique par Épicure et ses disciples pour désigner quatre remèdes qui guérissent les souffrances de l’âme.
Ne doit pas être confondu avec Tetrapharmacum.
Le quadruple remède
Ne craignez pas les dieux
Ne vous inquiétez pas de la mort
Le bonheur est facile à obtenir
La souffrance est facile à supporter
En langue originale (grec ancien) :
Ἄφοβον ὁ θεός, ἀνύποπτον ὁ θάνατος καὶ τἀγαθὸν μὲν εὔκτητον, τὸ δὲ δεινὸν εὐεκκαρτέρητον (Philodemus, Herculaneum Papyrus, 1005, 4.9-14)
Selon D. S. Hutchinson, « l’obstacle fondamental au Bonheur, dit Épicure, est l’anxiété ».
Une autre interprétation proposée par Francis Wolff, professeur de philosophie ancienne, dans l'émission La Série Documentaire[1], énonce le Tetrafarmakos comme suit:
L'être bienheureux et immortel ne se soucie pas de nous
La mort n'est rien pour nous
Le bien est facile à se procurer
La douleur est facile à dominer
Analyse
Ce qui suit est une description de chaque ligne comme les Épicuriens les interprétaient.
Les dieux ne sont pas à craindre
Le raisonnement est le suivant : les dieux existent, et sont parfaits, c'est-à-dire jouissent de l'ataraxie. S'ils géraient les affaires humaines, qu'on constate imparfaites, ils perdraient cette ataraxie. Donc ils n'interviennent pas dans les affaires humaines, et mènent leur existence de leur côté.
Ne vous inquiétez pas de la mort
La mort n'est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité.
Le bonheur est facile à obtenir
Manger et s’abriter, ces choses peuvent être acquises par le plus grand nombre – à la fois les hommes et les animaux – avec un minimum d’effort, peu importe les richesses. Mais si quelqu’un désire plus que ce dont il a besoin (surconsommation, gloutonnerie, etc.), alors il limite ses chances de satisfaction et de bonheur, et par conséquent crée une anxiété inutile dans sa vie.
La souffrance est facile à supporter
Les Épicuriens pensaient que, par nature, la maladie et la douleur ne font pas souffrir très longtemps, car la souffrance et la douleur sont soit « brèves ou chronique… soit légère soit intense, mais la gêne qui est à la fois chronique et intense est très rare ; donc il n’y a pas besoin de se préoccuper au sujet de la souffrance. » Comme « le bonheur est facile à obtenir », reconnaître sa limite physique et mentale et son seuil de douleur et demeurer confiant dans le fait que le plaisir suit toujours la douleur (et évite l’anxiété au sujet de la douleur) est le remède contre la souffrance prolongée.
Source
- Hutchinson, D. S. (Introduction) (1994). The Epicurus Reader: Selected Writings and Testimonia. Cambridge: Hackett. p. vi.
Notes et références
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