Thélis Vachon

Jean Joseph Thélis Vachon, né le à Dole (Jura), mort le à Villers-Daucourt (Marne), est un aviateur de la Première Guerre mondiale, capitaine chef d'escadrille français, mort pour la France à 24 ans. Héros de l'aviation d'observation, il fut surnommé « le Guynemer de l'observation[1] ».

Pour les articles homonymes, voir Vachon.

Thélis Vachon
Naissance
à Dole (Jura)
Décès
à Villers-Daucourt (Marne)
Mort au combat
Arme Aviation
Grade Capitaine
Années de service
Commandement Escadrille SOP 39 (SAL 39)
Conflits Première Guerre mondiale
Distinctions Officier de la Légion d'honneur
Croix de Guerre, 10 citations

Biographie

Issu d'une vieille famille lyonnaise, Joseph, Jean, Thélis Vachon est le fils de Maurice Joseph Jean Martin Vachon, capitaine de cavalerie, en garnison à Dole (Jura), et de Jeanne Marie Caroline Barba.

À la mort de son père en 1901, sa mère part s'installer à Saint-Brieuc avec ses six enfants, se rapprochant ainsi de sa sœur, qui habite alors à Morlaix[2]. Après de brillantes études au collège Saint-Charles de Saint-Brieuc, il est refusé à l'Ecole navale en raison d'une légère myopie[3]. Il part alors un an et demi en Angleterre avant d'embarquer à la Compagnie générale transatlantique. Classe 1911, recrutement de Saint-Brieuc (35) sous le no  matricule 111. Engagé volontaire pour 3 ans au 50e régiment d'artillerie de campagne, le , est nommé brigadier, le , puis maréchal des logis, le . Élève officier de réserve, le , est nommé sous-lieutenant au 62e régiment d'artillerie de Campagne, le . Toujours dans cette unité lors de la mobilisation générale du et désirant effectuer son service militaire au plus vite, il s’engage le , à 18 ans, et passe son examen d’élève-officier de réserve. Il termine son temps comme sous-lieutenant lorsque la guerre éclate.

Le , veille de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, il est mobilisé au 62e régiment d'artillerie de campagne. Passé à l'aviation le comme observateur (escadrilles C 34 - C 42 - F 58 - F 41 - F 35 - F 5 - F 7 - F 50 - F 71 - C 104 - F 44 - C 21 - F 60), il obtient au front son brevet de pilote militaire (no 2969) le [4] et l'Insigne de pilote militaire no B 2018 décerné le . Il n'a pas 24 ans lorsqu'il est nommé commandant d'escadrille, le . Il restera à la tête de l'escadrille SOP 39 (qui devient SAL 39 le ) jusqu'à sa mort, le [5].

Bien qu'appartenant à l'aviation d'observation et ayant à ce titre pour principale mission le réglage de l'artillerie, le capitaine Vachon compte néanmoins 35 combats, dont un avion ennemi abattu[3]. Dans Dames de Californie, Kessel relate qu'en , le capitaine Vachon a déjà été descendu huit fois, chiffre confirmé par un témoignage du lieutenant Trimier[3]. Il apparaît dans le roman de Joseph Kessel, L'Équipage sous les traits de Gabriel Thélis.

Moins d'un mois avant la fin de la guerre, le , le capitaine Vachon est attaqué par trois chasseurs allemands alors qu'il survole l'Argonne lors d'un vol de repérage. Il est atteint par une balle qui lui traverse le poumon. Avant de mourir, il parvient à poser son avion au sud-est du bois de Cernay, sauvant ainsi son observateur du crash.

Mort et blessés aux combats
Cne Thélis Vachon - pilote
S/t Georges Gavoret - Observateur
Les deux hommes d'équipage blessés aux combats au Sud du bois Noyon, à bord d'un Salmson 2A2. Le pilote est décédé des suites de ses blessures à l'ambulance 18 à l'hôpital de Villers d'Aucourt (51).

Décorations

  • Légion d'honneur :
    • Chevalier - [6];
    • Officier, il reçoit la rosette sur son lit de mort[7].
  • Croix de Guerre 14-18.
  • Dix citations[1] (dont 3 citations à l'ordre de l'armée en , le , le  ; une citation à l'ordre du corps d'armée en ; 3 citations à l'ordre de la division en , , ).
Citations
  • Citation à l'ordre de l'armée en date du  :
D'une grande énergie et d'un grand courage rendant journellement les plus grands services. Le , ils ont provoqué l'admiration de toute une division en achevant un réglage de tir malgré le feu intense et ajuste des canons ennemis qui ont tiré sur eux plus de 140 obus. Le au cours d'un réglage ont reçu un obus de plein fouet qui a traversé leur appareil l'obligeant à une descente rapide que l'habileté seule du pilote a empêché d'être fatale.
  • Citation à l'ordre de l'armée en date du  :
Vaillant officier qui a donné de nombreuses preuves de son courage et de son énergie. Le , au cours d'un réglage, s'est porté au secours d'un camarade attaqué par 2 avions allemands et a attiré sur lui le feu de l'ennemi, après avoir dérouté lui-même l'adversaire qui le poursuivait, a continué l'accomplissement de sa mission bien que son appareil ait été très gravement atteint par les balles et que sa mitrailleuse ait été rendu inutilisable. Déjà 9 fois cité à l'ordre.
  • Citation à l'ordre du régiment, en date du  :
Excellent chef d'escadrille possédant au plus haut point des qualités de courage et son sang-froid. Toujours en tête de ses missions aériennes a eu à maintes reprises son appareil gravement par des éclats d'obus et les balles de mitrailleuses. Attaqué par une patrouille de trois avions ennemis, a réussi à abattre l'un d'eux à mettre en fuite les deux autres.

Hommages

Dans son roman L'Équipage, à travers le personnage du capitaine Gabriel Thélis, Joseph Kessel rend hommage à celui qui fut son chef d'escadrille et qui fut surnommé « le Guynemer de l'observation[1] ». Il lui rend à nouveau un vibrant hommage en introduction de Dames de Californie, en le désignant cette fois-ci par son vrai nom Thélis Vachon.

« L'âge, la beauté du visage aussi romantique que l'admirable prénom, les qualités d'homme, de pilote et de chef que devait posséder ce capitaine à peine majeur pour qu'on lui eût confié la responsabilité d'une escadrille dont la réputation était parvenue dans les tranchées qui défendaient Reims, tout concourait à ce que Joseph Kessel, épris d'aventure et d'épopée, ressentit pour cet être d'exception un coup de foudre. » Yves Courrière, Joseph Kessel, ou, Sur la piste du lion, t. 1, Paris, Plon, coll. « Presses pocket » (no 2633), , 649 p. (ISBN 2266016849 et 978-2-259-01299-7), p. 138.

« Le capitaine Thélis domine le groupe par sa pureté morale et sa noblesse de cœur qui font de lui un preux dans la plus pure tradition chevaleresque. » Maurice Rieuneau, Guerre et révolution dans le roman français de 1919 à 1939, Paris, Klincksieck, , 627 p. (ISBN 978-2-252-01687-9, OCLC 954252650), p. 145.

Bibliographie

  • Le diable, la cigogne et le petit lapin, SHAA, 2004
  • Les escadrilles de l'aéronautique militaire française, symbolique et histoire 1912-1920, SHAA, 2004
  • Marcel Catillon, Qui était qui ? : mémorial de l'aéronautique vol.: 2, Nouvelles Éditions latines, 2004, p. 211.
  • Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, Plon, 1985, T.1, p. 138.
  • Maurice Rieuneau, Guerre et révolution dans le roman français de 1919 à 1939, 1974, p. 145.
  • Bernard Marck, Saint Exupéry, la soif d'exister 1900-1936, L'Archipel, 2002.
  • Alain Tassel, La Création romanesque dans l’œuvre de Joseph Kessel, L'Harmattan, Paris, 1997.
  • Aéronautique, volume 6, numéros 56 à 67, Gauthier-Villars, 1924.
  • Daniel Porret et Service historique de la Défense, Les As français de la Grande Guerre, Service historique de l'Armée de l'air, coll. « Édition : 1st ed. », , 342 p. (ISBN 978-2717007411)
  • Joseph Kessel, L'équipage, Flammarion, coll. « GF Etonnants classiques », , 288 p. (ISBN 978-2081427600)

Liens externes

Références

« Cote LH/2660/17 »

  • Portail de l’Armée française
  • Portail de l’aéronautique
  • Portail de la Première Guerre mondiale
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.