Théodulf d'Orléans
Théodulf d'Orléans (ou Théodulfe, Théodulphe ; en latin Theodulfus Aurelianensis[1],[2]), né vers 755 en Espagne et mort le (plutôt que 821) à Angers, est un homme d'Église et un lettré de l'époque carolingienne, évêque d'Orléans, protagoniste de la « Renaissance carolingienne ».
Théodulf d'Orléans | ||||||||
Vie de Théodulphe en l'église éponyme de Trigny. | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | v. 755 Catalogne |
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Ordre religieux | Ordre de Saint-Benoît | |||||||
Décès | Angers |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
évêque d'Orléans | ||||||||
v.798 – | ||||||||
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Il a été canonisé par l'Église et est fêté le 1er mai.
Biographie
Origines et débuts
Théodulf avait des origines wisigothiques. Il naquit probablement dans le nord-est de l'Espagne (Catalogne). Sa famille s'établit aux alentours de 778 dans la région du Languedoc appelée Septimanie ou Gothie. Le jeune homme se consacra aux études[réf. nécessaire].
Fort cultivé, il devint enseignant en Italie[réf. nécessaire], où il fut repéré par Charlemagne[réf. nécessaire], roi des Francs et des Lombards. Il fut accueilli à sa cour aux côtés d'autres lettrés comme l'Anglo-Saxon Alcuin ou le Lombard Paul Diacre. Il fit partie aussi du groupe de lettrés faisant partie de la trustion de Charlemagne, groupe auquel les Romantiques ont donné abusivement le nom d'Académie palatine ; mais le prétendu surnom de « Pindare » qu'il y aurait reçu est une invention de Friedrich Lorentz (1829)[3], déjà dénoncée par Ernst Dümmler en 1881[4], mais inlassablement reproduite, par routine, jusque dans les études les plus récentes.
Sa carrière dans le royaume franc de Charlemagne
La plus importante mission d'État que nous lui connaissions est celle de missus dominicus.
En 797, Charlemagne le nomma évêque d'Orléans. Théodulf exerça cette charge de 798 (date incertaine) à 818[5]
Il fut en même temps, pendant 19 ans et demi, abbé de Fleury, abbaye devenue Saint-Benoît-sur-Loire entre août 798 et mai 818[6].
Il assista au couronnement impérial de Charlemagne en 800, y reçut du pape le pallium et succéda à Alcuin comme conseiller théologique de l'empereur en 804.
Son rôle comme évêque et abbé
Théodulf organisa l'enseignement essentiellement dans l'Orléanais, créant des écoles paroissiales gratuites[réf. nécessaire], des écoles épiscopales pour le niveau secondaire et des écoles monastiques. Il réforma le système d'hospitalisation[réf. nécessaire] et établit dans les couvents la règle bénédictine, qui astreignait les moines à la prière et au travail[7].
Comme Alcuin, il travailla pour Charlemagne à la révision de la version alors autorisée de l'Écriture sainte (texte traduit en latin et que nous appelons encore Vulgate). Il collationna ainsi des manuscrits de la Bible, et, anticipant les méthodes de Loup de Ferrières, utilisa des annotations précises pour distinguer l'origine des différentes leçons[8],[9]. Nous avons conservé au moins six Bibles exécutées sous sa direction[10].
À Germigny-des-Prés, à une trentaine de kilomètres d'Orléans, Théodulf fit édifier en 806 un oratoire qu'il orna d'une mosaïque absidiale d'inspiration byzantine (unique exemple en France). Elle représente l'Arche d'alliance entre deux chérubins, symbole qui remplace une représentation de Dieu dans une optique qui est aussi celle des Libri Carolini ; cette chapelle est un des rares monuments d'époque carolingienne subsistant en France[11].
Son rôle comme théologien
Pendant le règne de Charlemagne, la crise iconoclaste ou Querelle des Images, née à Constantinople, connut une longue trêve (avant de se rallumer en 813 pour se prolonger jusqu'en 843). C'est Théodulf (comme cela a été définitivement établi à la fin du XXe siècle) qui rédigea, vers 793, le long manifeste intitulé Opus Caroli regis contra synodum (mais souvent appelé Libri Carolini), ainsi nommé parce qu'il fut écrit au nom de Charlemagne comme une réponse officielle de la monarchie franque au document venu de l'Empire byzantin à la suite du deuxième concile de Nicée (787)[12]. Dans ce texte, Théodulf, prenant appui sur Aristote et sur sa méthode logique, fustige la pratique de l'adoration des images, considérée comme idolâtre.
Il prend également position dans la controverse du Filioque[réf. nécessaire] : il participe en novembre 809 à l'assemblée générale (ou plaid ; parfois appelé concile ou synode) d'Aix-la-Chapelle, qui affirme la doctrine de la double procession, et il écrit à la demande de Charlemagne, à la même époque, un traité sur le Saint Esprit (De spiritu sancto).
Le règne de Louis le Pieux et la chute de Théodulf
Lorsque le roi Bernard d'Italie[13] se révolta contre Louis le Pieux à l'automne de l'an 817, Théodulf fut accusé — à tort selon Egon Boshof[14]— d'intelligence avec le rebelle. La même accusation fut portée contre Adalhard, Wala et Leidrade, mais Théodulf fut traité plus durement que ceux-ci : il fut déposé de son siège épiscopal et emprisonné en 818 à Angers, probablement à l'abbaye Saint-Aubin. Refusant de recouvrer sa liberté au prix d'un compromis, il demeura dans sa prison monastique, où il mourut le d'une année non précisée mais qui a toutes les chances d'être 820[15], trop tôt donc pour profiter de l'amnistie générale décrétée en octobre 821, au plaid de Thionville, qui permit le retour en grâce, entre autres, d'Adalhard et de Wala.
Théodulf est considéré comme saint par l'Église catholique[réf. nécessaire], qui le fête le 1er mai.
Colloque pour le 1200e anniversaire
Auparavant méconnu, mais de nos jours les chercheurs identifièrent son rôle très important dans le cadre de la Renaissance carolingienne. C'est pourquoi sera tenu, du 1er au 3 octobre 2021 à l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, le colloque Un tombeau de papier pour Théodule d'Orléans, au moment du 1200e anniversaire de sa disparition[16].
Œuvres
- Deux séries de statuts diocésains pour l'Église d'Orléans, éditées par Peter Brommer, dans Monumenta Germaniae Historica. Capitula episcoporum, tome I (Hannover, 1984) : Capitula ad presbyteros (p. 103-142) et Capitula altera (p. 148-184).
- De ordine baptismi. Édition : Patrologia Latina, tome 105 (1864), col. 223-240.
- De spiritu sancto. Édition : Patrologia Latina, tome 105 (1864), col. 239-276.
- Opus Caroli regis contra synodum ou Libri Carolini. Édition : Ann Freeman & Paul Meyvaert, dans Monumenta Germaniae Historica. Concilia. Tomus II. Supplementum. Hannover, Hahnsche, 1998, p. 97-558.
- Carmina (« Poèmes »). Édition : Ernst Dümmler, dans Monumenta Germaniae Historica. Poetae Latini aevi Carolini, tome I (Berlin, 1881), p. 445-569.
- Parmi ces poèmes, signalons les Versus ad iudices, autrefois appelés Paraenesis ad iudices, « Exhortation aux juges » (édition : E. Dümmler, op. cit., Carmen XXVIII, p. 493-517). Dans cette longue pièce (956 vers), Théodulf exhorte les juges à rendre la justice pour tous et de façon équitable. Il y décrit — peut-être de façon ironique — les diverses sortes d'objets de valeur par lesquels ceux-ci pourraient être corrompus. Le poète montre au lecteur son goût pour les antiquités romaines, bien que les objets antiques qu'il décrit soient peut-être imaginaires.
- Hymne Gloria, laus et honor Tibi, qu'il composa durant sa détention à Angers et qui est toujours en usage dans la liturgie latine du Dimanche des Rameaux. L'authenticité de cette attribution est désormais admise.
Notes et références
- « Théodulfe d'Orléans », sur sources-chretiennes.mom.fr
- « Theodulfus Aurelianensis », sur documentacatholicaomnia.eu
- F. Lorentz, Alcuin's Leben. Halle, Kummel, 1829, p. 175.
- MGH, Poetae aevi Karolini, I (1881), p. 438, n. 6. Le seul surnom repérable de Théodulf est celui de "Goth" (Geta) qu'il se donne dans son Poème XXV (à Charlemagne), au vers 165.
- Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule : l'Aquitaine et les Lyonnaises, t. 2, Paris, A. Fontemoing et Cie, , 2e éd., 488 p. (lire en ligne), p. 463
- J.Laporte « L'Abbaye de Fleury » dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques. Paris, Letouzey & Ané, tome XVII (1969), colonne 466.
- Théodulfe. « Théodulf d'Orléans sur le site Encyclopédie universelle de la langue française »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- L. D. Reynolds et N. G. Wilson (trad. C. Bertrand, P. Petitmengin), D'Homère à Érasme : la transmission des classiques grecs et latins [« Scribes and scholars: A Guide to the Transmission of Greek and Latin Literature »], Paris, CNRS Éditions, (réimpr. 1986, 1991), XVI pl. + 262, 16x24 cm (ISBN 2-222-03290-3), « III- L’Occident latin », p. 72
- Concile de Mayence (813)
- Elles se trouvent aujourd'hui à : Paris (BnF, Latin 9380 "ms. de la cathédrale d'Orléans" ; Latin 11937, "ms. de Saint-Germain-des-Prés") ; Le Puy-en-Velay (Trésor de la Cathédrale, 1) ; Copenhague, Bibliothèque Royale, N.K.S.1 ; Londres, British Museum, Add. 24, 142, "ms. de Saint-Hubert" ; Stuttgart, Landesbibliothek, HB II, 16. Voir Léopold Delisle, « Les Bibles de Théodulf », dans Bibliothèque de l'École des Chartes, 40 (1879), p. 5-47.
- Voir Peter Bloch, « Das Apsismosaik von Germigny-des-Prés, Karl der Grosse und der Alte Bund », dans W. Braunfels & H. Schnitzler (éd.), Karl der Grosse. Tome III : Karolingische Kunst. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, p. 234-261.
- A. Freeman, Theodulf of Orléans : Charlemagne's spokesman against the second council of Nicaea (2003).
- Fils de Pépin d'Italie, Bernard est le petit-fils de Charlemagne et le neveu de Louis le Pieux.
- E. Boshof, Ludwig der Fromme (1996), p. 145 et n. 310-311.
- Sur cette date de 820, voir Ph. Depreux, Prosopographie (1997), p. 385.
- Programme
Bibliographie
- Louis Baunard, Théodulfe, évêque d'Orléans et abbé de Fleury-sur-Loire. Orléans, C. Douniol, 1860.
- C. de Clercy, Quelques statuts diocésains de l'époque de Charlemagne. Anvers, 1930.
- (en) Ann Freeman, « Theodulf of Orleans and the Libri Carolini », in Speculum, 32/4 (1957), p. 663-705.
- (es) Alejandra de Riquer, Teodulfo de Orléans y la epístola poética en la literatura carolingia. Barcelona, Real Academia de Buenas Letras, 1994.
- (de) Egon Boshof, Ludwig der Fromme. Darmstadt, Primus Verlag, 1996.
- Philippe Depreux, Prosopographie de l'entourage de Louis le Pieux (781-840). Sigmaringen, J. Thorbecke, 1997.
- (en) Ann Freeman et Paul Meyvaert, « The Meaning of Theodulf's Apse Mosaic at Germigny-des-Prés », in Gesta, 40/2 (2001), p. 125-139.
- (en) Ann Freeman, Theodulf of Orléans: Charlemagne's spokesman against the Second Council of Nicaea. Aldershot, Ashgate, 2003 (Variorum collected studies).
- (de) Nikolaus Staubach, « Zwischen Mythenallegorese und Idolatriekritik. Bischof Theodulf von Orléans und die heidnischen Götter », in Christine Schmitz & Anja Bettenworth (éd.), Menschen - Heros - Gott: Weltentwürfe und Lebensmodelle im Mythos der Vormoderne. Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2009, p. 149-166.
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