Théophile de Giraud
Théophile de Giraud est un écrivain, philosophe[1] et activiste[2] belge de langue française[3] né à Namur le [4]. Figure de l'antinatalisme et du mouvement childfree[5], il est l'un des créateurs de la Fête des Non-Parents[6]. Il a également peint en rouge en 2008 la statue de Léopold II à Bruxelles pour dénoncer la valorisation publique de ce roi qui mit en place le système colonial du Congo belge[7]. En 2012, Il a organisé un « happening dénataliste » à Paris pour alerter sur le tabou de la surpopulation et valoriser le refus d’enfanter par conviction écologique[8],[9],[10].
Œuvre littéraire
Paru en 2000, son premier ouvrage, De l’impertinence de procréer, est un plaidoyer contre la reproduction humaine mêlant humour et provocation[11],[12],[13]. Caractérisé par de nombreuses excentricités[14],[15],[16], il fut recensé dans l’anthologie Les Fous littéraires du pataphysicien André Blavier[17].
Son essai L’Art de guillotiner les procréateurs : Manifeste anti-nataliste, publié en 2006, est la réécriture de cette première œuvre[3],[18]. Une formule pourrait le résumer : « Si vous aimez les enfants, n’en faites jamais »[3],[19]. Après avoir tenté de montrer que la vie n’est que douleur[1],[20] et que l’éthique est incompatible avec la reproduction[1],[21], il y célèbre notamment la formation scolaire à la parentalité, l’adoption, la grève de la procréation et le féminisme comme remède à la fécondité imposée par la phallocratie[1],[20],[21]. De nombreuses citations d’auteurs classiques viennent illustrer son propos[22].
Dans un autre registre, ce « dandy punk en rupture »[23] publie en 2008 un essai poétique sur la cold wave intitulé Cold Love, Satanic Sex and Funny Suicide dont la préface est signée par Jean-Luc De Meyer, chanteur du groupe Front 242[24]. Il y passe en revue, à travers de nombreux extraits de chansons, plusieurs thèmes de ce courant musical à l’origine du mouvement gothique, tels que l’amour du sexe, l’amour de la mort, la haine de la famille ou encore la célébration de la fin du monde et de l’espèce humaine[24], le tout avec humour et dans un style inventif[25],[26]
Il a aussi contribué à l’ouvrage collectif Moins nombreux, plus heureux : L’Urgence écologique de repenser la démographie, dirigé par Michel Sourrouille[2].
Activisme
En , il recouvre de gouache rouge la statue équestre du roi Léopold II à Bruxelles, pour protester contre sa politique coloniale au Congo[27] et sa valorisation par l’État belge au travers de monuments publics[3]. Il juge indigne de glorifier un « criminel contre l’humanité », et réclame que toutes les statues le représentant soient déboulonnées[28].
Dans le but de dénoncer la pression sociale subie par les personnes qui ne désirent pas d’enfant[29],[30] et de valoriser le choix de vie childfree[31], il fonde, avec Frédérique Longrée[32], la Fête des Non-Parents dont trois éditions ont eu lieu entre 2009 et 2011, alternativement à Bruxelles et à Paris[33]. Les invités d’honneur de cette fête étaient Corinne Maier, Noël Godin, Laure Noualhat[34],[35],[36] et Magenta Baribeau[37].
En 2012, il fonde le CLOD (Collectif des lutins obstinément dénatalistes) et organise un happening devant la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris[38]. Il s’agissait d’une distribution de préservatifs autour de banderoles réclamant une « grève des ventres » pour lutter contre la surpopulation et ses effets néfastes sur l’environnement[8],[9],[39]. Parmi les principaux slogans, « Save the planet, make no baby » et « J’aime trop mon enfant pour le faire »[38].
Il participa également à plusieurs entartages aux côtés de Noël Godin ainsi qu’à certains « coups d’État » de Jan Bucquoy[3].
Récompenses
Œuvres
- De l’impertinence de procréer, Bruxelles, auto-édition, 2000.
- Cent haïkus nécromantiques, préface de Jean-Pierre Verheggen, frontispice et postface d’André Stas, Spa, éd. Galopin, 2004 (ISBN 9782916086071).
- L’Art de guillotiner les procréateurs - Manifeste anti-nataliste, Nancy, éd. Le Mort-Qui-Trompe, 2006 (ISBN 978-2916502007).
- Diogenèses, poèmes fluorescents pour patienter entre deux génocides, Bruxelles, éd. Maelström, 2008 (ISBN 978-2-9303-5587-0).
- Cold love, Satanic Sex and Funny Suicide, préface de Jean-Luc De Meyer, Nancy, éd. Le Mort-Qui-Trompe, 2008 (ISBN 9782916502076).
- Aphorismaire à l’usage des futurs familicides, préface de Corinne Maier, frontispice de Serge Poliart, Bruxelles, éd. Maelström, 2013 (ISBN 2-9165-0200-9).
- La grande supercherie chrétienne : De l’oubli que le christianisme des origines était un antinatalisme, éd. Cactus Inébranlable, 2019 (ISBN 978-2930659985).
Notes et références
- (de) Karim Akerma, « Théophile de Giraud : L’Art de guillotiner les procréateurs », Tabula Rasa, septembre 2013
- « La surpopulation, trop peu de monde en parle », Causes toujours, 19 septembre 2014
- Stéphane Detaille, « Théophile de Giraud », Le Soir, 11 septembre 2008
- Laure Noualhat, « Trop mioche, la vie », Libération, 06 août 2010
- Anais Ginori, « Noi, mai padri », La Repubblica, 29 novembre 2012
- F. Chafwehé, « Le 16 mai, jour de fête ... des non-parents ? », La Capitale, 18 avril 2009
- « Congo. Histoire blanche, voix noires, zones grises », Télé-Moustique, 15 novembre 2008
- Audrey Salor, « "Ils veulent tuer tout le monde" : feu sur Nokidland », Le Nouvel Observateur, 27 mai 2012
- « Les enfants, ennemis de la planète ? », Parents Magazine, juillet 2012
- Hervé Pauchon, « Un temps de Pauchon : Happening au Sacré-Cœur ! », France Inter, 24 mai 2012
- Yves Frémion, « Théophile de Giraud », Fluide glacial, octobre 2002
- Luc Norin, « De l’impertinence de procréer », La Libre Belgique, 23 janvier 2004
- Nicolas Crousse, « Théophile de Giraud : L’Enfance au napalm », Le Matin, 17 mars 2001
- « De l’impertinence de procréer – Théophile de Giraud », Le Carnet et les Instants, novembre 2000-janvier 2001
- Thieri Foulc, « S.-C. des épiphanies et ithyphanies », Viridis Candela – Carnets trimestriels du Collège de Pataphysique, juin 2002
- Eric Dussert, « Un graphomane d’aujourd’hui », Le Matricule des anges, juillet-août 2001
- André Blavier, Les Fous littéraires, Paris, éd. des Cendres, edition, 2000, p. 924-925
- Vincent Watelet, « L’Art de guillotiner les procréateurs », Indications, septembre-octobre 2006
- Michel Grodent, « L’Art de guillotiner les procréateurs, Théophile de Giraud »,, Le Soir, 07 avril 2006
- Eric Allard, « Le Dernier Tabou », Remue-Méninges, juin 2006
- (en) François Tremblay, « Review of L’Art de guillotiner les procreateurs by Theophile de Giraud », The Prime Directive, 30 septembre 2014
- Daniel Giraud, « L’Art de guillotiner les procréateurs, Théophile de Giraud », Pages insulaires, avril 2010
- Francis Chenot, « Théophile de Giraud – Diogenèses », revue L’Arbre à paroles, Amay, printemps 2009
- Patrice Maltaverne, « De Giraud : Autre forme de manifeste », Le Mensuel Littéraire et poétique, automne 2008
- Alain Jamot, « Cold Love, Satanic Sex and Funny Suicide », Sur le ring, 26 novembre 2009
- Le Jeune Extrême, « Cold Love, Satanic Sex and Funny Suicide – Théophile de Giraud », PPPZine (Punk Post-Punk Magazine), janvier 2009
- C. Le, « Léopold II maculé de rouge à un jet de pierre du Palais royal », Libre Belgique, 10 septembre 2008
- Il couvre de peinture rouge la statue de Léopold II : ‘Car c’est un criminel contre l’humanité’ », RTL, 09 septembre 2008
- Laura Béheulière, « Ceux qui ne veulent pas d’enfants envahissent Paris », L’Express, 15 mai 2010
- « Non-parents et fiers de l’être », GEO, août 2010
- Thierry Fiorilli, « Samedi, la fête des non-parents », Le Soir, 17 mai 2011
- Ide Parenty, « Diplômés, écolos et assoiffés de liberté... ces adultes qui ne veulent pas devenir parents », Terra Femina, 12 février 2014
- Sidonie Sigrist, « C'est la fête des childfree ! », Le Figaro, 21 mai 2011
- Mathilde Giard, « Les non-parents à la fête », Le Journal du dimanche, 15 mai 2010
- Camille Poloni, « Les non-parents célèbrent leur liberté », Les Inrocks, 16 mai 2010
- Cecile David, « La fête des non-parents célèbre le non-désir d’élever des enfants », Toute la culture, 02 mai 2010
- Gérald Lecomte, « Bonne fête aux non-parents ! », RTL, 19 mai 2011
- Isabelle Gravillon, « Serions-nous coupables de faire des bébés ? », Enfant Magazine, janvier-février 2013
- Cécile Deffontaines, « Les croisés de la dénatalité », Le Nouvel Observateur, 09 août 2012
- Laura Carroll, « Happy International Childfree Day ! Announcing 2013 Childfree Woman and Man of the Year », Huffington Post, 01 août 2013