The Lamb Lies Down on Broadway
The Lamb Lies Down on Broadway est le sixième album studio du groupe de rock progressif britannique Genesis sorti en . Il est présenté sous la forme d'un double album-concept. L'ensemble de l'œuvre raconte l'histoire de Rael, jeune New Yorkais d'origine portoricaine et de son voyage dans des mondes fantastiques imaginés par le chanteur Peter Gabriel, qui a écrit la totalité des textes[4], tandis que les autres membres du groupe ont composé la totalité de la musique. En France, l'album est disque d'or (cent mille exemplaires vendus)[5]. C'est le dernier album de Genesis avec Peter Gabriel.

Sortie | |
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Enregistré |
août-octobre 1974 au Pays de Galles avec le studio mobile Island |
Durée | 95 minutes (approx.) |
Genre | Rock progressif, rock expérimental |
Producteur |
Genesis John Burns |
Label | Charisma |
Critique |
Albums de Genesis
Singles
- Counting Out Time[2]
Sortie : 1974 - Carpet Crawlers[3]
Sortie : 1975
L'album est enregistré dans des conditions difficiles avec un studio mobile dans la Headley Grange, célèbre chez les musiciens rock, puisque Led Zeppelin y a ses habitudes et a notamment produit là son quatrième disque Led Zeppelin IV. Au cours de la tournée mondiale 1974-1975 où Genesis interprète sur scène la totalité de l'album, Peter Gabriel annonce à ses partenaires qu'il va quitter le groupe et joue avec eux son dernier concert le à Saint-Étienne[6].
Enregistrement
Au cœur de l'été 1974, les membres de Genesis se retrouvent à Headley Grange dans le comté d'Hampshire, une ancienne maison-Dieu délabrée qu'ils ont l'idée d'utiliser car Led Zeppelin y a ses habitudes et y a enregistré plusieurs albums. À l'aide d'un studio mobile, ils y composent et enregistrent dans des conditions difficiles la totalité de ce double-album[7]. Pour des raisons personnelles (la naissance de son premier enfant) et professionnelles (un projet de musique de film avec William Friedkin), Peter Gabriel n'est pas présent durant la totalité des sessions, et ce sont les autres membres du groupe qui composent l'ensemble de la musique. Pour sa part, le chanteur imagine l'histoire de cet album-concept, s'inspirant du film El Topo réalisé par Alejandro Jodorowsky[8], et se charge des paroles[7].
Analyse de l'histoire
The Lamb Lies Down on Broadway
- Cette chanson pose le décor et présente le personnage de Rael, un portoricain qui a mal tourné et qui a passé plusieurs années de sa vie dans un gang. La chanson décrit Broadway et Rael qui se balade dans ses rues.
Fly on a Windshield
- Rael voit se former dans la rue un immense mur que personne d'autre n'a remarqué. De la poussière s'agglutine sur sa peau, formant une croûte qui l'empêche de bouger. Il essaie d'échapper au mur, qui descend vers lui, engloutissant tout Manhattan sur son passage. Finalement, Rael n'arrive pas à y échapper et le mur le percute de plein fouet.
Broadway Melody of 1974
- Cette chanson représente la perception que Rael a de Broadway pendant la milliseconde où il est touché par le mur. Elle décrit Broadway et son folklore.
Cuckoo Cocoon
- Rael se réveille après avoir été frappé par le mur. Il ne sait pas où il est, et s'il est vivant ou non. Dans un étrange état léthargique, il se pose des questions sur sa condition.
In the Cage
- Rael vient donc juste de se réveiller dans une sorte de grotte avec une envie de vomir. Il ne sait toujours pas où il est et ce qu'il fait là. Les stalactites et les stalagmites de la grotte se resserrent autour de lui formant une prison de laquelle il ne peut sortir. En dehors de la cage de pierre, il voit son frère John. Il l'appelle au secours, mais John ne vient pas l'aider. La cage se resserre toujours plus. Au moment où l'oppression de la cage ne va plus lui permettre de respirer, celle-ci disparaît.
The Grand Parade of Lifeless Packaging
- Rael se retrouve alors devant l'entrée d'un supermarché étrange qui vend des personnes inanimées. Rael retrouve dans les rayons certains membres de son gang dont son frère John qui a le numéro 9. Comprenant qu'il est potentiellement en danger dans cet endroit et qu'il pourrait lui aussi finir comme son frère, il prend la fuite.
Back in N.Y.C.
- Le fait d'avoir revu ses anciens compagnons ravive en lui de vieux souvenirs. La chanson parle de l'époque où Rael était dans le gang et où il fracassait tout ce qu'il trouvait. Il parle aussi dans le refrain de ses états d'âme et de son manque d'amour[9].
Hairless Heart
- Ce morceau instrumental évoque l'errance de Rael dans ce monde étrange et lointain de New York. Tout en marchant, le jeune homme rase son cœur afin d'en ôter la pilosité qui s'y était installée. Cette description métaphorique consiste à exprimer le souhait de Rael de purifier son organe en lui ôtant cette « moisissure » qui, en s'y agglutinant, l'empêche de battre et de ressentir l'amour. Cette musique composée par Steve Hackett mêle harmonieusement guitare et claviers.
Counting Out Time
- C'est la première expérience charnelle de Rael. Il a acheté un livre expliquant quoi faire face à une jeune fille dévêtue et consentante, et étudie l'ouvrage pendant des mois. Le jour fatidique de la rencontre avec la jeune fille, il subit un échec, laissant sa partenaire frustrée et irritée. (Dans la présentation de la chanson en concert, Peter Gabriel raconte que Rael n'a tenu que 78 secondes)
The Carpet Crawlers
- Rael reprend ses esprits. Il a certainement erré pendant un long moment. Il se retrouve dans un long couloir doté d'un tapis rouge. Le bout du couloir est fermé par une immense porte en bois, et sur le tapis, des centaines de personnes agenouillées avancent au ralenti vers la porte avec l'idée de la franchir. Rael libre de ses mouvements, fonce sans se poser de questions vers la porte et la franchit. Derrière celle-ci, se trouve un immense escalier en colimaçon que Rael entreprend de grimper.
The Chamber of 32 Doors
- En haut de l'escalier se trouve une grande pièce, remplie de gens, avec trente-deux portes. Rael comprend très vite qu'une seule des portes peut le conduire vers l'extérieur, mais personne ne sait laquelle. Il trouve dans la pièce de nombreuses figures familières, comme son père et sa mère. Les théories élaborées par de nombreuses personnes sur la façon de quitter la pièce restent vaines.
Lilywhite Lilith
- Au milieu de la foule, Rael rencontre une personne aveugle qui lui demande de l'aider à trouver son chemin à travers la foule. Rael accepte, en échange de quoi elle le guide hors de la chambre des trente-deux portes. Elle le conduit dans une grotte et lui dit d'attendre patiemment, et qu'« ils » ne vont pas tarder à arriver.
The Waiting Room
- Rael attend mais perd patience. Deux globes de verre tournent autour de lui, qu'il finit par briser. La grotte s'écroule sur lui.
Anyway
- Rael est en train de suffoquer sous les décombres et se pose des questions sur sa vie et sa mort. Tout à coup, une sonnerie retentit…
Here Comes The Supernatural Anaesthetist
- L'anesthésiste surnaturel est en fait une représentation mythologique de la mort : (la grande faucheuse). Rael avait rendez-vous avec elle, mais lorsqu'elle arrive, elle se détourne et s'en va.
The Lamia
- Rael, toujours vivant, décide que la mort était une illusion et sent une odeur dans l'air. Il la suit et arrive à sortir des décombres de la grotte. Il se retrouve dans une pièce somptueuse dotée d'une piscine. Des créatures, mi-femmes, mi-serpents présentes en ce lieu lui font l'amour tout en le dévorant. Lorsque la première goutte de sang arrive sur les lèvres des Lamia, celles-ci meurent instantanément. Rael se retrouve seul et mange les restes des Lamia.
Silent Sorrow in Empty Boats
- On imagine dans cette chanson Rael, seul, errant après l'épisode des Lamia. Ce thème musical est certainement inspiré du Prélude de L'Or du Rhin de Richard Wagner (motifs de la Nature et du Rhin).[réf. nécessaire]
The Colony of Slippermen
- Rael arrive dans un lieu où se trouvent des personnes difformes. Elles lui apprennent que, comme lui, elles ont gouté à l'amour des Lamia, qui renaissent en fait après chaque conquête. Rael constate qu'il est devenu difforme lui aussi, ainsi que son frère John, mais ne veut y croire. Rael et John décident de rendre visite au docteur Dyper, spécialiste de la castration, pour retrouver une apparence normale. Celui-ci rend les organes en question à chacun des frères dans un tube que les autres ex-Slippermen ont l'habitude de porter autour du cou. À ce moment-là, un immense corbeau plonge sur Rael et se saisit du tube. Rael poursuit l'oiseau jusque sur une falaise. L'oiseau laisse tomber le tube. John a une fois de plus abandonné Rael et n'a pas voulu le suivre pour l'aider à récupérer son tube. Rael n'a plus qu'à contempler du haut de la falaise son tube qui flotte dans le torrent au fond du ravin. La première phrase de la chanson (« I wandered lonely as a cloud ») est un emprunt au poète anglais William Wordsworth et à son fameux poème Daffodils où la réalité est aussi transformée, le paysage est difforme notamment à cause des jonquilles d'or, chères à l'auteur.
Ravine
- On imagine Rael contemplant son tube du haut de la falaise...[réf. nécessaire]
The Light Dies Down On Broadway
- Alors que Rael est sur la falaise, il voit une fenêtre ouverte dans le ciel, où il voit Broadway et la vie qu'il y menait auparavant. Au moment où il va traverser la fenêtre, il entend son frère John qui se noie dans le torrent. Rael est confronté à un dilemme : sauver son frère qui l'a si souvent laissé tomber ou sortir de ce cauchemar en traversant la fenêtre. Il n'a pas beaucoup de temps pour se décider car la fenêtre commence à disparaître. Mais son choix est fait : il sauvera son frère.
Riding the Scree
- Rael glisse alors sur un éboulis pour descendre de la falaise et rejoindre la rivière afin de sauver son frère.
In the Rapids
- Rael a sauté à l'eau et nage pour sauver son frère. Il arrive à l'attraper et à le ramener sur la berge. Au moment où il le retourne pour le mettre sur le dos, Rael se rend compte que le visage de John a changé et que c'est en fait son propre visage qu'il observe.
It
- La conscience de Rael passe très rapidement d'un visage à l'autre jusqu'à ce qu'elle n'appartienne plus à aucun des deux corps et qu'elle contemple la scène « à la troisième personne » en les survolant. Soudain, les deux corps partent en fumée. L'histoire s'arrête là et Peter Gabriel conclut par it's over to you (c'est vous qui voyez), laissant à chacun la liberté d'interpréter la fin comme il le souhaite.
Performances en concert
Lors de la tournée mondiale qui suivit la sortie de l'album (1974 et 1975), le groupe le jouait dans son intégralité et dans l'ordre, de manière que le spectateur entre dans le récit. Entre les chansons, Gabriel racontait l'histoire de Rael.
Durant cette tournée, le groupe utilisa plus d'effets spéciaux que lors des précédentes. De nombreux éclairages créaient des ambiances surréalistes, à l'arrière-scène, des diapositives (1 124 sur tout le concert) étaient projetées sur trois écrans et illustraient l'histoire. Malheureusement, le groupe jugea que le spectacle n'était pas stable visuellement, par conséquent, The Lamb Lies Down on Broadway ne fut jamais filmé.
Le groupe hommage « The Musical Box » reprend dès en tournée le spectacle tel que Genesis l'avait conçu. Selon Phil Collins ce groupe canadien joue mieux que les musiciens originaux. Le chanteur possède exactement le timbre de Peter Gabriel et chante sans jamais donner l'impression de copier l'original. La qualité de cette reprise est telle que les anciens membres de Genesis, Peter Gabriel en tête, ont accepté de transmettre les notes de mise en scène et les diapositives du spectacle original[6].
Départ de Peter Gabriel
Au cours de la tournée mondiale consacrée à cet album, dans une chambre d'hôtel à Cleveland[6] (États-Unis), Peter Gabriel annonce à ses partenaires qu'il a décidé de quitter Genesis. Mais la nouvelle reste secrète et la tournée se poursuit jusqu'au dernier concert le à Saint-Étienne (France)[6] qui est aussi la dernière prestation de Gabriel avec le groupe qu'il a cofondé en 1967. Il faut attendre le mois d' pour que le périodique britannique Melody Maker rende public le départ du chanteur[6] qui va dès lors poursuivre une carrière solo couronnée de succès, alors que Genesis continuera avec quatre membres, également avec succès.
Rééditions
Le double album, d'abord édité en vinyle en 1974, a bénéficié d'une première réédition remasterisée en 1994 en double Compact Disc puis d'une seconde en 2008, sur CD, SACD, DVD en stéréo et 5.1 remixé comprenant en outre la session de trente minutes, Melody, enregistrée en 1974 sur la télévision française et un documentaire Reissues Interview. Également, le coffret Archive I (quatre CD) permet sur deux CD d'entendre l'intégralité de l'album joué en live à Los Angeles au Shrine Auditorium le . Un nouveau live est sorti dans le box set Genesis 1970-1975, utilisant les bandes du Shrine Auditorium en gardant la piste vocale rechantée quasi intégralement par Peter Gabriel en 1995 et les parties guitare rejouées par Steve Hackett, le multipiste original étant malheureusement enregistré un soir où le groupe n'était pas en forme.
Titres
Toutes les chansons sont écrites par Tony Banks, Phil Collins, Peter Gabriel, Steve Hackett et Mike Rutherford.
Disque 1
Disque 2
Musiciens
Selon le livret inclus dans l'album :
- Peter Gabriel : chant, flûte, percussions, instruments variés, expérimentations avec des sons étranges
- Steve Hackett : guitares acoustique et électrique
- Mike Rutherford : basse, guitare 12 cordes, pédalier basse
- Tony Banks : orgue Hammond T-102, piano électrique Electra RMI 368x, piano, clavecin, mellotron, synthétiseur ARP Pro Soloist et Elka Rhapsody string
- Phil Collins : batterie, percussions, chœurs, seconde voix sur The Colony of Slippermen et Counting out Time
Musicien additionnel
- Brian Eno : traitements de la voix sur In the cage et The Grand Parade of Lifeless Packaging
Production
- Genesis, John Burns : production
- Dave Hutchins : ingénieur du son
- Hipgnosis : design de pochette, photographies
- George Hardie : illustrations
Charts et certifications
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Notes et références
- (en) The Lamb Lies Down on Broadway : Overview, AllMusic. Consulté le 14 juin 2011.
- hitparade.ch/genesis/song/counting out time
- hitparade.ch/genesis/song/carpet crawl
- (fr) The Lamb Lies Down On Broadway, Big Bang Mag. Consulté le 14 juin 2011.
- (fr) Infodisc, cliquer sur l'onglet "Genesis"
- Genesis, toute l'aventure racontée par le groupe, Philip Dodd avec Tony Banks, Phil Collins, Peter Gabriel, Mike Rutherford et Steve Hackett, édition E/P/A - Hachette-Livres, 2007, (ISBN 978-2-851-20667-1), p. 158-159 et 169
- Genesis, toute l'aventure racontée par le groupe, Philip Dodd avec Tony Banks, Phil Collins, Peter Gabriel, Mike Rutherford et Steve Hackett, édition E/P/A - Hachette-Livres, 2007, (ISBN 978-2-851-20667-1), p. 150-156
- Banks, T.; Collins, P.; Gabriel, P.; Hackett, S.; Rutherford, M. (2007), Genesis: Chapter & Verse, St. Martin's Griffin, page 157
- Une reprise de cette chanson, par Jeff Buckley est disponible sur l'album Sketches for My sweetheart the drunk, Sony 1998.
- (en)bac-lac.gc.ca/Rpm/search database/the lamb lies down on broadway
- (en)billboard.com/genesis/chart history/billboard 200
- infodisc.fr/detail par artiste/genesis
- (it)hitparadeitalia.it/Gli album più venduti del 1975
- (en)officialcharts.com/genesis/albums
- (en)Charts.org.nz/albums/genesis_the lamb lies down on broadway
- ultratop.be.fr/chanson/genesis_counting out time
- infodisc.fr/chansons/détail par artiste/G/genesis
- (en)musiccanada.com/gold platinum/search/genesis consulté le 13 février 2021
- (en)riaa.com/gold-platinum/search/the lamb lies consulté le 13 février 2021
- Infodisc.fr/certifications/G/genesis consulté le 13 février 2021
- (en)BPI website/certifiedawards/search/the lamb lies consulté le 13 février 2021
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