Themistokli Gërmënji
Themistokli Gërmënji ou Thémistocle Gërmenji est né à Korçë, en Albanie ottomane, en 1871, et est décédé à Thessalonique, en Grèce, le . C’est un nationaliste albanais et une personnalité politique de la République de Korça.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Themistokli Gërmenji |
Nationalité | |
Activités |
Religion |
---|
Biographie
Jeunesse
Themistokli Gërmënji naît dans une famille orthodoxe albanaise de Korça (actuelle Korçë), à une époque où l’Albanie est encore une possession de l’Empire ottoman. À l’âge de 21 ans, il part poursuivre ses études à Bucarest, où il est profondément influencé par les sociétés patriotiques albanaises exilées en Roumanie[1].
La lutte nationaliste
De retour dans l’Empire ottoman, il s’installe en Macédoine, à Monastir. Il ouvre alors, avec son frère Mihal, l’hôtel Liria dont le nom signifie, en albanais, « liberté ». Rapidement, l’hôtel devient un lieu de rendez-vous pour les nationalistes albanais et c’est là qu’est organisé, en 1908, le Congrès de Monastir[1].
Après avoir largement financé lui-même la lutte des patriotes albanais, Gërmënji finit par quitter Monastir et se rendre à l’étranger afin d’y chercher le soutien de riches membres de la diaspora albanaise. L’île de Corfou, située à proximité du rivage albanais, devient alors sa base de repli et il y rencontre de nombreux autres patriotes, comme Leonidha Naçi[1].
C’est alors que le Premier ministre grec Elefthérios Venizélos contacte Gërmënji et ses camarades et les invite à Athènes (1909). L’homme politique leur propose de financer largement la guérilla albanaise et d’offrir aux patriotes un certain nombre d’avantages en Grèce. À cela, il ne donne qu’une condition : que la propagande nationaliste albanaise ne touche pas les régions situées au Sud de Vlorë, que revendique Athènes. Mais les Albanais refusent et sont finalement expulsés de Grèce[1].
Gërmënji revient alors en Albanie, où il opère entre Saranda et Gjirokastre. Il ne tarde cependant pas à être capturé par les Turcs au cours d’une opération où il cherchait à s’emparer de fournitures militaires. Libéré début 1912, il retourne à Monastir et y entreprend une importante campagne de propagande auprès des officiers et des étudiants albanais[2]
De l'indépendance albanaise à l'invasion de l'Épire du Nord
Après la Première Guerre balkanique, l’Albanie finit par obtenir son indépendance mais l’instabilité qui règne dans le nouvel état aiguise les appétits territoriaux de ses voisins serbe, monténégrin et grec.
Pendant la Première Guerre mondiale, la Grèce envahit l’Épire du Nord et Gërmënji et d’autres patriotes albanais (comme Salih Budka) organisent la résistance dans la région de Korça.
De la République de Korça à l'exécution de Gërmënji
En 1916, les troupes françaises et italiennes remplacent les Grecs dans la région. À Korça, le colonel Descoins met en place une république autonome et entreprend des négociations avec les nationalistes albanais. Si Budka poursuit la lutte aux côtés des troupes austro-hongroises, Gërmënji se range aux côtés de la France. Représentant la communauté albanaise, il participe à l’élaboration et à la signature du protocole du qui tient lieu de constitution au territoire. Gërmënji est ensuite nommé préfet de police par les Français, qui sont si satisfaits de son travail que Descoins le propose pour une décoration[3].
Pourtant, le renforcement du pouvoir d’Elefthérios Venizélos en Grèce du Nord et l’opposition de l’Italie à l’existence de la république de Korça changent la donne géopolitique dans la région. Accusé de collaboration avec l’ennemi austro-hongrois, Gërmënji est arrêté par les Français et envoyé devant un tribunal militaire à Thessalonique. Condamné pour haute trahison, il est fusillé en 1917 par les français[4]. Plus tard a été éclairci que les membres du tribunal avaient été égarés par des informateurs grecs qui voulaient Germenji mort, car il était un leader albanais puissant[5].
Bibliographie
- (fr) Étienne Augris, « Korçë dans la Grande Guerre, Le sud-est albanais sous administration française (1916-1918) » dans Balkanologie, Vol. IV, no 2, (Lire en ligne)
- (en) Edwin E. Jacques, « Themistokli Gërmenji of Korcha (1871-1917) » dans The Albanians: an ethnic history from prehistoric times to the present, McFarland, 1995, p. 267-268 (Lire en ligne)
Références
- Edwin E. Jacques, « Themistokli Gërmenji of Korcha (1871-1917) » dans The Albanians: an ethnic history from prehistoric times to the present, McFarland, 1995, p. 267.
- Edwin E. Jacques, op. cit., p. 267-268.
- Étienne Augris, « Korçë dans la Grande Guerre, Le sud-est albanais sous administration française (1916-1918) » dans Balkanologie, Vol. IV, no 2, décembre 2000, § 11, 14, et 16.
- Étienne Augris, op. cit., § 16 et 24.
- (en) Owen Pearson, Albania and King Zog : independence, republic and monarchy 1908-1939, I.B.Tauris, , 585 p. (ISBN 978-1-84511-013-0, lire en ligne), p. 103
Liens externes
- Portail de l’Albanie
- Portail de la Première Guerre mondiale