Theobald Boehm
Theobald Boehm ( - ) est un musicien — flûtiste[1] à la Cour de Bavière —, compositeur, facteur d’instruments de musique, acousticien et inventeur bavarois. Fils d’un orfèvre, il est notamment connu pour avoir mis au point la flûte traversière que nous connaissons.
Pour les articles homonymes, voir Boehm.
Naissance |
Munich, Électorat de Bavière |
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Décès |
(à 83 ans) Munich, Royaume de Bavière |
Activité principale | Compositeur, flûtiste, facteur d'instrument, acousticien |
Style |
Musique classique |
Activités annexes | orfèvre |
Lieux d'activité | Munich |
Élèves | Moritz Fürstenau |
Ascendants | Karl Friedrich Böhm, orfèvre |
Récompenses |
Médaille d'or de l’Exposition universelle de Londres de 1851 pour sa flûte système Boehm de 1847 Médaille d'or de l’Exposition universelle de Paris de 1855 pour cette flûte |
Distinctions honorifiques | chevalier de l'ordre du mérite de St Michel (1839) |
Biographie
Théobald Boehm suit une formation d'orfèvre et de bijoutier auprès de son père et exerce cette profession à partir de l'âge de 14 ans.
Virtuose accompli[2], Theobald Boehm est reconnu comme le plus grand flûtiste d'Allemagne à son époque.
Entre 1821 et 1831, il donne des concerts en Europe, interprétant souvent ses propres compositions[3] et jouant sur des flûtes faites dans son propre atelier munichois. Durant l’un de ses voyages à Londres, il rencontre le flûtiste anglais Charles Nicholson (flautist) (en) dont le jeu tout en puissance le séduit. Il décide alors de créer un nouveau système qui permettrait de produire un son aussi puissant que les flûtes anglaises à très grands trous de l'époque, tout en améliorant la justesse de l'instrument, laquelle était problématique depuis toujours.
En 1829, il ouvre un atelier de facture de flûtes à Munich.
Il met alors au point en 1832 la première flûte « système Boehm » (par opposition aux systèmes précédents, dits « systèmes simples »), qui est adoptée par de célèbres flûtistes de l’époque, mais rencontre également une forte opposition, notamment celle de Jean-Louis Tulou du Conservatoire de Paris. Ce modèle est adopté par le conservatoire de Bruxelles.
À partir de 1833, il travaille sur un nouveau type de piano en coopération avec le professeur Karl Emil von Schafhäutl, métallurgiste expérimenté.
En 1833, il rencontre Captain Gordon, qui fait construire ses propres flûtes dans l'atelier de Boehm et dont Boehm se serait inspiré pour son invention[4].
En 1837, Paul Camus, premier flûtiste à l'Opéra Italien, et quelques collègues promeuvent ce modèle à Paris auprès des flûtistes et des facteurs d'instruments qui s'intéressent alors à cette invention. Le facteur Louis Auguste Buffet et son testeur Victor Coche, professeur de flûte au Conservatoire de Paris (1831-1841), améliorent ce modèle (axe de clef, ressort en aiguille...) ainsi que Louis Dorus, flûtiste solo à l'Opéra de Paris, qui ajoute le système de la clé de sol# pour faciliter la transition des musiciens vers les nouveaux doigtés. Ces innovations permirent l'adoption d'une version française de la flûte de Boehm par le Conservatoire de Paris en 1838. Ce modèle rencontre également du succès auprès des flûtistes à Londres dans la foulée.
En 1839, il ferme son atelier de flûtes pour se consacrer à d'autres activités compte-tenu du manque de succès de son modèle de flûte.
Il apprend cependant que son modèle gagne de nouveaux adeptes à Paris et à Londres.
Entre 1843 et 1847, il étudie l'acoustique à l'université de Munich auprès du professeur Karl Emil von Schafhäutl qui restera son ami et décide en 1846 de construire une flûte à alésage cylindrique afin d'améliorer la justesse et la projection de son modèle de 1832. Cette forme de perce en cylindre avait été abandonnée depuis 150 ans au profit d'une perce conique.
En 1847, il construit sa nouvelle flûte en métal, dont le corps est à perce cylindrique et la tête conique selon une démarche d' acousticien[5] (choix du diamètre de perce, positionnement et diamètre des trous pour la justesse, choix des matériaux...) qu'il consigne dans ses écrits publiés la même année, tout en conservant le mécanisme d'anneaux mobiles du modèle de 1832.
C'est cet instrument qui donnera naissance à la flûte traversière moderne. Il rouvre son atelier la même année pour fabriquer des flûtes en métal moins sensibles à l'humidité que celles en bois.
Dès 1847, il vend le brevet de ce second modèle de flûte "système Boehm" aux mêmes facteurs d'instruments de musique que celui du modèle de 1832, Rudall & Rose à Londres et Clair Godfroy et son beau-fils Louis Lot à Paris.
Lors de l’Exposition universelle de Londres de 1851, Hector Berlioz, qui fait partie d’une mission d’étude envoyée par le Ministère du Commerce, découvre les instruments présentés par Boehm et rédige un rapport en sa faveur dans lequel il écrit: « M. Boëhm (de Munich) a obtenu une grande médaille pour l’application d’un nouveau système de perce aux instruments à vent à trous, tels que les flûtes, les hautbois, les clarinettes et les bassons. […] l’application ingénieuse que M. Boëhm en a faite, pour les flûtes surtout, méritait sans doute qu’on attirât sur elle l’attention des artistes et du public par la distinction qui lui a été accordée. M. Boëhm fait la plupart de ses flûtes en argent. Le son de ces instruments est doux, cristallin […]. Ce nouveau système a pour avantage de donner, aux instruments à vent à trous, une justesse presque irréprochable, et de permettre aux exécutants de jouer sans difficulté, dans des tonalités presque impraticables sur les instruments anciens. Le doigté des instruments de Boëhm diffère essentiellement de celui que l’on emploie sur les autres de la même espèce; de là, l’opposition que font beaucoup d’artistes à la généralisation du nouveau système. Il leur en coûte trop de recommencer l’étude de leur instrument […]. Nous ne doutons pas, néanmoins, qu’avant peu le système de Boëhm ne triomphe, et il faut féliciter les jurys de l’Exposition universelle de l’avoir compris. »[6] Dès lors, et surtout après son adoption au Conservatoire de Paris en 1860 par le nouveau professeur Louis Dorus, cette flûte moderne supplante le modèle "système simple" en France puis dans le monde à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
La flûte Boehm possède un mécanisme plus complexe que les précédentes, car l'emplacement des trous est fixé en fonction de la hauteur du son et non de la dimension de la main. Les doigts placés sur les plateaux ou les clés commandent l'ouverture ou la fermeture d'un ou de plusieurs trous éloignés par l'intermédiaire de tringles. Le doigté adopté reprend cependant la base de la gamme en ré de l'ancienne flûte, ne modifiant que celui de 5 notes sur les 12 de la gamme chromatique : fa, fa# (doigtés de ces 2 notes inversés), si, si et do, ajoutant des mécanismes facilitant l'exécution de certaines combinaisons (notamment certains trilles) et l'émission de notes suraiguës. Ce choix a facilité, malgré quelques résistances, l'adoption de la nouvelle flûte par les musiciens qui pratiquaient l'ancien système. Les doigtés sont plus rationnels (les Si bémol, Fa bécarre ou Do bécarre en particulier sont considérablement facilités) et permettent de jouer plus facilement dans toutes les tonalités. L'émission des notes du troisième octave est plus facile et leur justesse meilleure. La tessiture de l'instrument est étendue dans l'aigu.
Ce système est adapté à l'ensemble des instruments de la famille des flûtes, piccolo existant à l'époque, flûte alto dont des modèles furent construits par Boehm, flûtes basse et hyperbasse apparues dans la deuxième moitié du XXe siècle et plusieurs instruments transpositeurs plus rares.
Le système Boehm fut appliqué avec plus ou moins de succès à d’autres instruments à vent de la famille des bois, notamment le saxophone, la clarinette et le hautbois.
En 1854, il invente la flûte alto en sol, pour laquelle il dédie un concerto.
Theobald Boehm est aussi à l’origine d’inventions dans des domaines variés : la manufacture de pianos et celle de boîtes à musique, les cheminées de locomotive à vapeur, et un télescope pour localiser des feux.
Écrits
- Über den Flötenbau und die neuesten Verbesserungen desselben, Schott, Maguncia, 1847 - De la fabrication des flûtes, et des dernières améliorations apportées.
- Die Flöte und das Flötenspiel in akustischer, technischer und artistischer Beziehung, Leipzig, 1871 - La flûte et le jeu de la flûte, et leurs caractéristiques techniques, acoustiques et artistiques (dans le système Boehm).
Œuvres principales
Ses compositions majeures sont identifiées par 47 opus[3].
- Concerto en Sol Majeur, Opus 1, pour flûte et piano.
- Variations sur l'air de Nel cor più non mi sento, Opus 4 (1822), issu de La molinara (it) de Giovanni Paisiello: pour flûte et piano.
- Divertissement, Opus 11, pour flûte et piano.
- Fantaisie sur un thème écossais, Opus 14 (1829), pour piano et flûte. Écrite en collaboration avec le pianiste J. R. Ogdon.
- 12 études, Opus 15, pour flûte seule.
- Grande polonaise, Opus 16 (1831), en Ré majeur, pour flûte et piano.
- Variations brillantes sur un air suisse, Opus 20, pour flûte et piano.
- Fantaisie sur un air de F. Schubert - Le désir, Opus 21, en La bémol majeur.
- Fantaisies (variations brillantes sur un air allemand Du, du liegst mir im Herzen), Opus 22 (1840), en Mi majeur, pour piano et flûte.
- Theobald Boehm, 24 Etudes - Caprices, Opus 26, Billaudot, (ISMN 9790043010203). Études pour flûte seule.
- Fantaisie sur des airs écossais, Opus 25, pour piano (réductions) et flûte.
- Andante pastorale, Opus 31.
- Andante, Opus 33, pour flûte et piano.
- Larghetto, Opus 35, pour flûte et piano.
- 24 études mélodiques, Opus 37, pour flûte seule.
- Élégie, Opus 47 (1881), en La bémol majeur, pour piano et flûte.
- Pièce facile en Do majeur, Opus 67.
- Romance en Fa majeur, Opus 68.
Arrangements principaux
Theobald Boehm est connu également pour ses arrangements.
- Mozart: Andantes, en Do majeur, KV 285e: pour flûte et orchestre.
- Rossini: Duettinos, en Ré majeur, No 66: pour 2 flûtes et piano.
- Carl Maria von Weber:
- Pièce facile, en Do majeur, No 67: pour 2 flûtes et piano.
- Romances, en Fa majeur, No 68: pour 2 flûtes et piano.
- Mendelssohn et Lachner: Trois Duos, opus 33: pour 2 flûtes et piano.
- Franz Schubert: Trois airs de Schwanengesang: pour flûte alto et piano.
Bibliographie
- Gustav Scheck (de): Die Flöte und ihre Musik. Schott, Mainz 1975, ISBN 3-7957-2765-0.
Notes et références
- « Theobald Boehm », sur larousse.fr, (consulté le ).
- Marc Vignal, Dictionnaire de la musique : Böhm (Theobald), Larousse, , 1540 p. (ISBN 978-2035750402, lire en ligne), p. 122.
- Association d'histoire de la flûte, « Numéro spécial 2014 - Theobald Böhm (1794-1881), les compositions et les arrangements », Tempo flûte, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Christopher Welch, Karl Emil von Schafhäutl et Emil Reich, History of the Boehm Flute : With Illustrations Exemplifying Its Origin by Progressive Stages and an Appendix Containing the Attack Originally Made On Boehm, And Other Papers Relating To The Boehm-Gordon Controversy, Rudall, Carte & co., , 128 p. (ISBN 978-0353488892).
- Michèle CASTELLENGO et Luc FOREST, METAMORPHOSES DE LA FLUTE TRAVERSIERE AU 19EME SIECLE ESTHETIQUE MUSICALE, ACOUSTIQUE ET FACTURE. : Actes du colloque «Acoustique et instruments anciens», + ex. sonores., Cité de la musique-SFA, Paris, coll. « Lutheries Acoustique Musique », (lire en ligne), p. 85-102.
- « Theobald Boehm et la flûte traversière », sur symphozik.info, (consulté le ).
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- (de) « Publications de et sur Theobald Boehm », dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB).
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