Tiémoko Marc Garango
Tiémoko Marc Garango, né le 27 juillet 1927 à Gaoua, en Haute-Volta, est un général, intendant militaire, diplomate, ministre des finances et homme politique burkinabé[1]. Il est décédé le 6 mars 2015[2],[3] à Ouagadougou.
Naissance | Gaoua, Haute-Volta |
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Décès |
(à 87 ans) Ouagadougou, Burkina Faso |
Nationalité | |
Activité |
Grade militaire | |
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Distinctions |
Grand Croix de l’Ordre National burkinabè, Grand Cordon de l’Ordre National de l’Etoile brillante de la République de Chine, Commandeur de la Légion d’Honneur française, Commandeur de l’Ordre National de la République de Côte d’Ivoire, Médaille militaire et Croix de Guerre françaises, Décoration du Pape Paul VI |
Biographie et études
Tiémoko Marc Garango naît le 27 juillet 1927 à Gaoua[2], chef-lieu du département de Gaoua ainsi que de la province du Poni dans la région du Sud-Ouest au Burkina Faso.
Il fait ses études secondaires au Lycée Sainte-Geneviève, à Versailles en France. Puis entreprend en 1963 des études supérieures successivement dans les facultés de droit et sciences économiques de Dakar, Paris, Aix-en Provence, ainsi qu’à l’Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence.
En 1965, il entame une formation militaire en France. Il entre au Centre d’enseignement militaire supérieur de Paris (école supérieure de l’intendance) et poursuivra sa spécialisation à l’École des commissaires de l'air à Salon-de-Provence.
Il est licencié en droit public et sciences politiques, diplômé de l’école supérieure de l’intendance et de l’auditorat de l’institut des sciences politiques d’Aix-en- Provence.
Parcours politique et diplomatique
En 1966 : ministre des Finances et du Commerce[4],[5] du premier gouvernement militaire formé par le général Sangoulé Lamizana.
En 1966 : ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Haute-Volta (non résident) auprès de la République de Chine.
Tiémoko Marc Garango avait été nommé en 1966 ambassadeur non-résident en Chine, actuelle République de Chine-Taïwan que l’on appelait alors « Chine nationaliste ». Les relations entre la Haute-Volta et Taïwan avaient été établies le 14 décembre 1961 et dureront jusqu’en septembre 1973. Taipeh l’emportera à nouveau sur Pékin à compter du 2 février 1994[2]. [Le] jeudi 24 mai 2018, [Ouagadougou] a annoncé la fin officielle de vingt-quatre ans de relation diplomatique avec Taïwan, au profit de la République populaire de Chine[6].
De 1966-1976 : gouverneur du Fonds monétaire international.
De 1968-1970 : président de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (1968-1970).
De 1972-1975 : président du comité des ministres des finances chargé de la réforme des institutions de l’Union monétaire ouest-africaine.
De 1977-1981 : ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en République fédérale d’Allemagne[2].
De 1981-1983 : ambassadeur auprès des États-Unis.
En 1990 : vice-président du Conseil économique et social et président de la Commission de concertation État/secteur privé.
De 1994-2000 : Médiateur du Faso[7].
Politique d'austérité économique, "la garangose"
Ministre des finances de 1966 à 1976, il va instaurer une politique de rigueur et d'austérité budgétaire, surnommée la « garangose »[8],[9],[10],[5].
Au ministère des Finances et du Commerce durant 10 ans, le général Tiémoko Marc Garango est le premier président de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest de 1968 à 1970. Il sera gouverneur du Fonds monétaire international de 1966 à 1976 et Président du Comité des Ministres des Finances chargé de la réforme des institutions de l’Union monétaire ouest-africaine de 1972 à 1975[11].
Le général Garango est l’auteur du « redressement financier de la Haute Volta[11],[12]» à la suite de ce qui a été décrit comme un « traitement de choc »[5],[2].
Rapidement, Garango va dresser l’état des lieux ; ce sera l’objet d’un rapport intitulé : « Redressement financier de la République de Haute-Volta ». Il sera présenté en conseil des ministres le 7 février 1966 (et édité sous forme de livre blanc en 1971). « Seule l’armée, pétrie d’honneur et d’abnégation, portée par son sens élevé du devoir et du sacrifice, pouvait constituer l’unique recours. Elle prit ses responsabilités sans hésiter et s’attaqua à bras-le-corps à une situation jugée désespérée. Elle assuma le devoir de mener à bien cette tâche difficile, mais combien noble et exaltante », s’enthousiasmera Lamizana. Zéphirin Diabré, leader de l’ex-opposition politique, lui-même ancien ministre des Finances, a dit le jour des obsèques de Garango : « Dans notre histoire moderne, c’est clairement le meilleur ministre des Finances que nous n’ayons jamais eu. Le travail qu’il a fait […] est un travail de grand génie. Toute la réglementation financière que le pays a aujourd’hui provient de lui ».[2]
Un Institut pour la gouvernance et le développement[13] porte son nom à Ouagadougou.
Pendant la première révolution burkinabè et après
Thomas Sankara reprendra[5] et amplifiera la politique d'austérité budgétaire du général Garango qui, en dépit de ses mérites[14], connaitra l’internement administratif sans motif sous la première révolution burkinabè. Cette période suivie d'une longue traversée du désert prendra fin lors de la première Conférence annuelle de l’administration publique (CAAP) à la Maison du Peuple (27 au 30 septembre 1993) où l'on redécouvrira le général Garango[3].
Décorations
- Grand Croix de l’Ordre national du Burkina Faso
- Grand Cordon de l’Ordre national de l’Etoile brillante de la République de Chine
- Commandeur de la Légion d’Honneur française[15]
- Commandeur de l’Ordre national de la République de Côte d’Ivoire
- Décoration du Pape Paul VI du Vatican
- Médaille militaire et Croix de Guerre françaises[15]
Références
- Claudette Savonnet-Guyot, État et sociétés au Burkina: essai sur le politique africain, Paris, Karthala, 227 p.
- Jean-Pierre BEJOT, « La mort du général Tiémoko Marc Garango, emblématique ministre des finances burkinabè (1/2) », La dépêche diplomatique, (lire en ligne)
- Jean-Pierre BEJOT, « La mort du général Tiémoko Marc Garango, emblématique ministre des finances burkinabè (2/2) », La Dépêche Diplomatique, (lire en ligne)
- Décret n°3/PRES DU 8 JANVIER 1966, Journal Officiel de Haute-Volta
- Pascal Zagré, Les politiques économiques du Burkina Faso: une tradition d'ajustement structurel, Paris, Karthala, , 244 p. (lire en ligne), p. 68 sq
- « Le Burkina Faso à l’heure chinoise », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Décret n°94-494/PRES du 29 décembre 1994
- « Politique africaine » (" Les caisses de l'État étaient désespérément vides. Le déficit des finances publiques représentait près de la moitié des recettes budgétaires annuelles, et l'endettement envers le secteur privé devenait alarmant. Après avoir cédé à la facilité, comme la plupart de ses collègues des États de la région au lendemain de l'accession à l'indépendance (embauche d'un trop grand nombre de fonctionnaires bénéficiant de traitements sans rapport avec la pauvreté fondamentale du pays, dépenses de prestige exagérées), l'ancien chef de l'État avait dû se résigner in extremis à faire marche arrière. Mais l'annonce brutale de diverses mesures d'austérité, auxquelles l'opinion était mal préparée, avait déclenché immédiatement une émeute qui, en moins de quarante-huit heures, avait balayé le régime. Amenée à rétablir l'ordre, l'armée s'était trouvée portée au pouvoir du jour au lendemain, alors que la veille elle n'y songeait pas le moins du monde. Après un an d'efforts sincères, mais vains pour provoquer la constitution d'un gouvernement d'union nationale uniquement composé de civils, elle se résigna, face aux divisions et à la démagogie persistantes des partis politiques traditionnels, à mettre ceux-ci en sommeil pour une durée minimum de quatre ans et à assumer seule, avec la collaboration de quelques techniciens choisis pour leur compétence, la responsabilité du redressement national.") (article de journal), Le monde,
- René Otayek, F. Michel Sawadogo, Jean-Pierre Guingané, Le Burkina entre révolution et démocratie, 1983-1993: ordre politique et changement social en Afrique subsaharienne, Paris, Karthala, , 387 p.
- Jean-Pascal Daloz, Patrick Quantin, Transitions démocratiques africaines: dynamiques et contraintes (1990-1994), Paris, Karthala, , 313 p. (lire en ligne), p. 308 et note 21 p. 308
- Kader Patrick KARANTAO, « Décès du général Garango: un génie des Finances est tombé », Sidwaya, (lire en ligne)
- Jean-Paul Azam et Christian Morrisson, « Conflits et croissance en Afrique », Études du Centre de développement, (ISSN 1990-0309, DOI 10.1787/9789264273559-fr, lire en ligne, consulté le )
- Bachirou Nana, « Burkina Faso: Institut pour la gouvernance et le développement », Sidwaya Quotidien, (lire en ligne)
- Tiémoko Marc Garango, Devoir de mémoire, Ouagadougou, EDIPAP, , 328 p.
- Jean-Pierre BEJOT ("La carrière de Garango sera d’abord militaire. Dans ses mémoires, il ne s’étend pas sur cette période de sa vie qui, cependant, va le formater. Enfant de troupe, engagé volontaire dans l’armée française le 30 octobre 1946, il fera deux séjours en Indochine (1951-1953 et 1954-1957) puis un séjour en Algérie (1959-1961). Entre temps, en 1958, il aura suivi les cours de sous-officier de l’Ecole militaire de Saint-Maixent. Au cours de ces guerres coloniales, il décrochera la Médaille militaire et la Croix de guerre. Il accèdera au grade de sous-lieutenant le 1er octobre 1959 puis de lieutenant le 1er octobre 1963. C’est l’année où il intègre l’armée voltaïque. Auparavant, il aura été admis à l’Ecole supérieure de l’intendance de Paris le 18 juillet 1963. En 1965, il est promu capitaine et est nommé intendant-adjoint de l’armée voltaïque le 1er juillet 1965."), « La mort du général Tiémoko Marc Garango, emblématique ministre des finances burkinabè », La Dépêche Diplomatique,
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