Tour de France 1992
Le Tour de France 1992 est la 79e édition du Tour de France, course cycliste qui s'est déroulée du 4 juillet au sur 21 étapes pour 3 983 km. Le départ a lieu à Saint-Sébastien en Espagne ; l'arrivée se juge aux Champs-Élysées à Paris.
Course |
79e Tour de France |
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Étapes |
22 |
Date |
4 au |
Distance |
3 983 km |
Pays traversé(s) | |
Lieu de départ | |
Lieu d'arrivée | |
Partants |
198 |
Vitesse moyenne |
39,504 km/h |
Vainqueur | |
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Deuxième | |
Troisième | |
Classement par points | |
Meilleur grimpeur | |
Meilleur jeune | |
Meilleure équipe |
Pour célébrer le traité sur l'Union européenne, signé cette année, le Tour visite six pays autres que la France, un record : la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg et l'Italie (à savoir les pays fondateurs de la Communauté européenne du charbon et de l'acier) et l'Espagne[1],[2].
Miguel Indurain obtient la deuxième de ses cinq victoires consécutives. Il devance au classement général les Italiens Claudio Chiappucci et Gianni Bugno. Chiappucci remporte de son côté le classement de la montagne et signe une victoire d'étape à Sestrières après 200 km d'échappée dont plus de 125 en solitaire tandis que Laurent Jalabert remporte le classement par points.
Participation
Miguel Indurain est le vainqueur sortant, il vient de remporter le Tour d'Italie, c'est donc le grand favori. Ses dauphins de 1991, Gianni Bugno, champion du monde en titre, et Claudio Chiappucci sont ses plus sérieux challengers. Le vainqueur du Tour d'Espagne, le Suisse Tony Rominger, n'est pas au départ.
Les trentenaires et anciens vainqueurs affichent des ambitions diverses : Greg LeMond, à la tête de l'équipe Z, veut effacer son échec de 1991 et vient pour remporter un quatrième Tour de France. Laurent Fignon a quitté l'équipe Castorama de Cyrille Guimard avec qui il était en conflit[3] pour rejoindre la formation Gatorade de Gianni Bugno. Il se présente donc au départ plutôt dans le rôle d'un capitaine de route au service de Bugno. Pedro Delgado aborde ce Tour dans une équipe Banesto entièrement construite autour de Miguel Indurain. Enfin, Stephen Roche, de retour dans l'équipe Carrera, l'équipe de sa grande année 1987, prévoit d'épauler son leader Chiappucci.
D'autres leaders d'équipe, tels Andy Hampsten (Motorola), Franco Chioccioli (GB-MG) ou Charly Mottet (RMO), ne peuvent espérer parvenir en jaune à Paris sans des circonstances de courses favorables.
Ce sont aussi les débuts dans le Tour de jeunes coureurs tels que Richard Virenque ou Alex Zülle.
Parcours
La 79e édition du Tour de France 1992 est longue de 3 983 kilomètres et répartie en vingt-deux étapes : 10 de plaine, 6 accidentées, 2 de haute montagne et 4 contre-la-montre (1 prologue, 2 contre-la-montre individuels, et 1 contre-la-montre par équipe). Outre la France, le Tour visite 6 autres pays (Espagne, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg, et l'Italie) pour célébrer le traité sur l'Union européenne, signé cette année.
Le Grand Départ a lieu à Saint-Sébastien et commence par un prologue de 8 km. Les deux étapes suivantes abordent les contreforts Pyrénéens, dans une certaine légèreté. L'Alto de Jaizkibel est escaladé dans la 1re étape pour faire une boucle autour de Saint-Sebastien, tandis que le Col d'Ispeguy et le Col de Marie-Blanque sont abordés dans la 2e étape reliant Saint-Sebastien et Pau, pour une longueur de 255 km.
S'ensuit une étape de transition entre Pau et Bordeaux, avant le traditionnel contre-le-montre par équipe de 63 km autour de Libourne.
Les coureurs effectueront ensuite un long transfert jusqu'à Nogent-sur-Oise,
Déroulement de la course
Les Pyrénées d'entrée mais en légèreté
Miguel Indurain annonce d'emblée qu'il assume sa candidature à sa succession en s'imposant dans le prologue de Saint-Sébastien devant le jeune prodige suisse Alex Zülle qui débute dans le Tour. Tous les favoris perdent plus de dix secondes sur l'Espagnol. Le massif des Pyrénées est abordé dès le lendemain, sans toutefois emprunter les grands cols qui ont fait l'histoire du Tour. Le col de l'Alto de Jaizkibel (habituellement au menu de la Classique de Saint-Sébastien, une épreuve de la Coupe du Monde) fait quelques dégâts parmi les favoris car Fignon, LeMond et Delgado sont distancés. Ils reviennent dans la descente et à l'arrivée de la première étape, à Saint-Sébastien, le Français Dominique Arnould surprend les sprinteurs et s'impose. Par le jeu des bonifications, Zülle prend le maillot jaune.
Le festival des Français
La victoire d'étape d'Arnould annonce d'autres succès tricolores. Richard Virenque qui participe lui aussi à son premier Tour de France, s'échappe en compagnie de son coéquipier Dante Rezze et de l'Espagnol Javier Murguialday et, dans le col de Marie-Blanque, Virenque sème ses deux compagnons. Trop loin de l'arrivée, il attend Murguialday et les deux hommes rejoignent Pau, la victoire revenant à l'Espagnol et le maillot jaune au jeune Français qui se révèle au grand public. Dès le lendemain, sur la route de Bordeaux, un groupe d'une dizaine de coureurs fausse compagnie au peloton. Parmi eux, le Français Pascal Lino est le mieux placé au classement général et si Harmeling l'emporte à Bordeaux, Lino prend le maillot jaune à Virenque, son coéquipier. Le contre la montre par équipes ne bouleverse pas le classement et Lino semble parti pour rester en jaune jusque dans les Alpes. Entretemps, Laurent Jalabert remporte sous la pluie sa première victoire d'étape à Bruxelles à l'issue d'une échappée qui comptait LeMond et Chiappucci. Gilles Delion complète ce festival par sa victoire à Valkenbourg.
Indurain, extra-terrestre à Luxembourg
Au départ du contre la montre de Luxembourg, grâce à leur échappée de Bruxelles, Chiappucci et LeMond occupent les meilleures places parmi les favoris, l'Italien ayant notamment 3 minutes d'avance sur Indurain. Indurain réalisera l'un des plus grands exploits de sa carrière sur les 63 kilomètres du parcours. Il prend 3 minutes à son second, son coéquipier Armand de Las Cuevas et plus de 4 minutes à tous les autres concurrents. Pascal Lino, bon rouleur, préserve une courte avance au classement général et conserve son maillot jaune mais Indurain a repris la première place des prétendants à la victoire finale, Bugno et LeMond étant ses plus proches opposants. Chiappucci a concédé plus de temps, Fignon et Delgado sont, eux, pratiquement éliminés pour la victoire finale.
Le sursaut des anciens
Fignon ne rend pas les armes et dans la traversée des Vosges vers Mulhouse, il prend part à une échappée de 4 hommes qu'il va éparpiller dans l’ascension du Grand Ballon. Il arrive seul à Mulhouse, ayant résisté au retour du peloton dans la descente, malgré les efforts des coureurs de l'équipe Castorama, son ancienne équipe, et sous les ordres de Cyrille Guimard, pour le faire échouer[3]. À 32 ans, Fignon remporte ce jour-là sa dernière victoire d'étape dans le Tour de France. Deux autres anciens vainqueurs du Tour, l'Irlandais Stephen Roche et l'Espagnol Pedro Delgado, se disputent la victoire d'étape à Saint-Gervais mais ils seront battus par le Suisse Rolf Jaermann.
Chiappucci, stupéfiant à Sestrières
L'étape de Sestrières est le premier volet du week-end alpestre. Chiappucci provoque une échappée dès le départ avec 8 hommes. Au fil des ascensions, il lâche ses compagnons d'échappée et parcourt les cent derniers kilomètres seul. Derrière, Pascal Lino, encore en jaune, se lance dans un baroud d'honneur et s'intercale entre Chiappucci et le groupe des favoris. Un groupe dont LeMond et Luc Leblanc, le champion de France, ne font plus partie, les deux hommes ayant lâché prise et perdu beaucoup de temps. Lino sera repris mais pas Chiappucci. Gianni Bugno, encore entouré de ses coéquipiers Rondon et Fignon, tente une attaque au pied de la montée de Sestrières mais il ne surprend pas Indurain. Bugno est d'ailleurs en difficulté dans cette dernière ascension. Seul l'Italien Franco Vona peut accompagner Indurain. Mais l'Espagnol, à la surprise générale, craque dans les derniers kilomètres. Chiappucci s'impose en solitaire au sommet, devant le public italien et c'est Vona qui se présente sur la ligne en second. Indurain, victime d'une hypoglycémie, finit troisième mais gagne suffisamment de temps pour endosser le maillot jaune.
La déroute de Bugno à l'Alpe d'Huez
Gianni Bugno est le spécialiste de l'Alpe d'Huez, comme en témoignent ses victoires d'étape dans la fameuse station lors du Tour de France 1990 et 1991. En confiance, sans doute inspiré par la défaillance d'Indurain et par l'épopée de Chiappucci la veille, Bugno lance une offensive très précoce dans le col du Galibier, aidé par Fignon. L'avance de ce groupe de tête n'excèdera jamais la minute. Dans la descente, le peloton revient et Bugno ne peut suivre Indurain et Chiappucci dans le col de la Croix de Fer. Fignon, complètement sacrifié par cette opération tactique vouée à l'échec, est à la dérive et perd un temps considérable alors qu'il était pourtant septième au classement général le matin. Avant l'ascension de l'Alpe d'Huez, cinq hommes faussent compagnie à ce qui reste du peloton : Andy Hampsten, Jan Nevens, Éric Boyer, Jesús Montoya et Franco Vona. L'Américain Hampsten est le plus solide grimpeur, il s'imposera seul au sommet, Vona prendra la deuxième place, comme la veille. Chiappucci et Indurain n'arrivent pas à se départager dans la montée et arrivent ensemble sur la ligne d'arrivée. Bugno rétrograde de la troisième à la cinquième place au classement général.
La dernière semaine
La dernière semaine donne lieu à une succession d'exploits individuels comme Stephen Roche qui, comme Fignon à Mulhouse, s'offre à La Bourboule, échappé, sa dernière victoire d'étape dans le Tour de France. Les victoires d'étapes de Jean-Claude Colotti et Thierry Marie consacrent la réussite du cyclisme français qui s'illustre aussi par le gain du maillot vert par Laurent Jalabert, âprement disputé au Belge Johan Museeuw. Avec 6 victoires d'étapes au total, 13 journées en jaune, le maillot vert de Jalabert à Paris et la cinquième place finale de Lino, le peloton français connaîtra lors de cette édition 1992 son plus beau Tour de France de la décennie. Miguel Indurain consolide sa victoire finale en gagnant le contre la montre entre Tours et Blois, une étape qui permet à Bugno de se hisser sur le podium. Le podium final des Champs-Elysées sera donc composé des mêmes hommes qu'en 1991, les Italiens Bugno et Chiappucci inversant leurs positions.
Étapes
Classements
Classement général final
Classements annexes finals
Classement du meilleur jeune
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Classement par équipes
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Classement des sprints européens
Classement des sprints européens[15] | ||||
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Coureur | Pays | Équipe | Point(s) | |
1er | Viatcheslav Ekimov | Communauté des États indépendants | Panasonic-Sportlife | 14 points |
2e | Herman Frison | Belgique | Tulip Computers | 6 pts |
3e | Richard Virenque | France | RMO-Onet | 5 pts |
4e | Claudio Chiappucci | Italie | Carrera Jeans-Tassoni | 4 pts |
5e | Peter De Clercq | Belgique | Lotto-Belgacom | 4 pts |
6e | Andrew Hampsten | États-Unis | Motorola | 2 pts |
7e | Javier Murguialday | Espagne | Amaya Seguros | 2 pts |
8e | Franco Vona | Italie | GB-MG Maglificio | 1 pt |
9e | Olaf Ludwig | Allemagne | Panasonic-Sportlife | 1 pt |
10e | Hendrik Redant | Belgique | Lotto-Belgacom | 1 pt |
Évolution des classements
Étape | Vainqueur | Classement général |
Classement par points |
Classement de la montagne |
Classement du meilleur jeune | Classement par équipes | Prix de la combativité | |
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Combatif de l'étape | Leader | |||||||
P | Miguel Indurain | Miguel Indurain | Miguel Indurain | non décerné | Alex Zülle | Banesto | non décerné | |
1 | Dominique Arnould | Alex Zülle | Dominique Arnould | Franco Chioccioli | Alex Zülle | Alex Zülle | ||
2 | Javier Murguialday | Richard Virenque | Richard Virenque | Richard Virenque | Richard Virenque | RMO-Onet | Richard Virenque | Richard Virenque |
3 | Rob Harmeling | Pascal Lino | Noël Segers | |||||
4 | Panasonic-Sportlife | non décerné | ||||||
5 | Guido Bontempi | Johan Museeuw | Carrera Jeans-Tassoni | Steve Bauer | ||||
6 | Laurent Jalabert | Thierry Marie | Claudio Chiappucci | |||||
7 | Gilles Delion | Laurent Jalabert | Frans Maassen | Frans Maassen | ||||
8 | Jan Nevens | Yvon Ledanois | Yvon Ledanois | |||||
9 | Miguel Indurain | non décerné | ||||||
10 | Jean-Paul van Poppel | Johan Museeuw | Claudio Chiappucci | Rolf Järmann | ||||
11 | Laurent Fignon | Laurent Jalabert | Rolf Gölz | |||||
12 | Rolf Jaermann | Johan Museeuw | Rolf Järmann | Rolf Järmann | ||||
13 | Claudio Chiappucci | Miguel Indurain | Eddy Bouwmans | Claudio Chiappucci | Claudio Chiappucci | |||
14 | Andrew Hampsten | Andrew Hampsten | ||||||
15 | Franco Chioccioli | Laurent Jalabert | Franco Chioccioli | |||||
16 | Stephen Roche | Stephen Roche | ||||||
17 | Jean-Claude Colotti | Jean-Claude Colotti | ||||||
18 | Thierry Marie | Herman Frison | ||||||
19 | Miguel Indurain | non décerné | ||||||
20 | Peter De Clercq | Rolf Järmann | ||||||
21 | Olaf Ludwig | Frans Maassen | ||||||
Classements finals | Miguel Indurain | Laurent Jalabert | Claudio Chiappucci | Eddy Bouwmans | Carrera Jeans-Tassoni | Claudio Chiappucci |
Liste des coureurs
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NP : Non-Partant ; E : Éliminé ; A : Abandon en cours d'étape ; HD : Hors Délai.
Notes et références
- Romain Métairie, « Cyclisme : combien de fois les Grands Tours se sont exilés pour leur départ », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Baptiste Schweitzer, « Le jour où le Tour s'est tourné vers l'étranger », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
- D'après Laurent Fignon dans "Nous étions jeunes et insouciants", Grasset, 2009
- « 79ème Tour de France 1992 » [« 79th Tour de France 1992 »], sur Mémoire du cyclisme (consulté le )
- Augendre 2016, p. 83.
- Arian Zwegers, « Tour de France GC top ten » [archive du ], CVCC (consulté le )
- « The history of the Tour de France – Year 1992 – The stage winners », sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- « Les classements des étapes du Tour de France 1992 », Le Dico du Tour (consulté le )
- « The history of the Tour de France – Year 1992 – Stage 21 La Défense > Paris », sur Tour de France, Amaury Sport Organisation (consulté le )
- « Los Campos Elíseos rinden homenaje a Indurain », El Mundo Deportivo, , p. 50 (lire en ligne, consulté le )
- « Tour in cijfers », Leidsch Dagblad, , p. 17 (lire en ligne, consulté le )
- « Tour de France 1992 – Youth classification » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- « Tour de France 1992 – Youth classification » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- « ESF-sprint Klassement », sur Sports plaza (consulté le )
- « ESF-sprint Klassement », sur Sports plaza (consulté le )
- « Tour de France 1992 – Leaders overview » [archive du ], sur ProCyclingStats (consulté le )
- (nl) Pieter van den Akker, « Informatie over de Tour de France van 1992 » [« Information about the Tour de France from 1992 »] [archive du ], sur TourDeFranceStatistieken.nl (consulté le )
Bibliographie
- Jacques Augendre, Guide historique, Paris, Amaury Sport Organisation, (lire en ligne [archive du ])
Liens externes
- Tour de France 1992 sur letour.fr
- (en) Tour de France 1992 sur bikeraceinfo.com
- Le dico du Tour / Le Tour de France 1992
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