Tourisme autochtone
Le tourisme autochtone, également désigné comme tourisme indigène ou tourisme communautaire, est une forme de tourisme participatif mobilisant les habitants du territoire dans la valorisation de leur culture auprès de voyageurs.
Définitions
Le tourisme autochtone (en anglais : indigenous tourism) est défini comme « une activité dans laquelle les peuples autochtones sont directement impliqués, qu’ils contrôlent en partie ou en totalité et dont leur culture est l’attraction principale »[1]. Le tourisme autochtone fait référence aux populations dont la présence sur le territoire était antérieure à la création d'États et de frontières (notamment les Premières Nations en Amérique du Nord)[2]. Le terme tourisme communautaire est parfois préféré car il inclut les communautés locales d'accueil, plus largement. Le tourisme communautaire est en effet défini comme un tourisme qui repose sur « l’engagement des populations locales des pays en développement dans la planification, l’organisation et la rétribution des bénéfices »[3]. Ces formes de tourismes alternatifs au tourisme de masse s'inscrivent dans la dynamique du tourisme responsable et du tourisme durable.
Activités
Le tourisme autochtone propose des produits touristiques aux visiteurs, notamment orientés autour des héritages et pratiques culturels et de l'environnement. Il propose en particulier des activités de type "aventure", "observation", "pleine nature" et "séjours ethnoculturels"[4]. Le gouvernement chilien, dans son guide méthodologique, précise que le tourisme autochtone est en relation directe avec le patrimoine culturel et le patrimoine naturel présent dans les communautés et espaces à caractère ancestral et se caractérise par la valorisation des traditions et coutumes[5]. L'activité touristique dans ce cadre permet, dans une certaine mesure, de prolonger et de préserver des traditions et pratiques culturelles en péril, qui pourraient s'éteindre sans elle. Elle a une dimension de transmission et de lien intergénérationnel dans les communautés d'accueil[6].
Modèle économique
Le modèle économique du tourisme autochtone est basé sur la volonté de retombées économiques et sociales positives pour les communautés locales et pour le territoire. L'activité touristique, conçue avec les communautés, lui bénéficie. Il s'inscrit dans l'économie sociale et solidaire et dans le développement durable. Il est en effet basé sur une économie collaborative et des systèmes de solidarités articulées les unes aux autres et s'appuie sur la diversité des patrimoines et l'implication des populations[7].
Développement du secteur
Le secteur du tourisme autochtone a connu un développement important ces dernières années, notamment au Canada[8]. En 1999, selon Garry Marchant dans le courrier de l'Unesco, plus de mille entreprises touristiques étaient détenues par des autochtones[9]. Le gouvernement a ainsi annoncé en 2019 que ce secteur était l'un des piliers du développement du tourisme au Canada, avec en particulier la prise de position de Mélanie Joly, ministre du tourisme[10]. D'après le diagnostic sur le tourisme autochtone réalisé par le cabinet d'étude KPMG sur mandat du gouvernement canadien : "Sur le plan mondial, le tourisme autochtone a gagné en popularité au cours des dernières années. Cette popularité auprès des touristes découle en partie du désir de conquérir de nouvelles destinations « Vierges » et de partager l’héritage culturel et naturel de certaines régions"[11]. Depuis plus d'une décennie, le tourisme autochtone est également une thématique importante de recherche scientifique, notamment dans le cadre de recherche-action participatives[4]. La revue spécialisée Teoros y a ainsi consacré appel à contributions et dossiers thématiques, en 2010 et en 2019[12]. Le concept de tourisme autochtone s'élargit également à d'autres territoires au delà de l'Amérique du Nord, notamment sur le continent africain et sud américain[7], ou encore en Australie.
Références
- Définition de Robert Butler et Tom Hinch, Tourism and Indigenous Peoples: Issues and Implications, Burlington, Butterworth-Heinemann, 2007, donnée par Sylvie Blangy, Co-construire le tourisme autochtone par la recherche-action participative et les Technologies de l'information et de la communication, , xx[réf. non conforme]
- (en) Richard Butler et Tom Hinch, Tourism and Indigenous peoples : issues and implications, BH editions, , xx[réf. non conforme]
- Marie Andrée Delisle et Louis Jolin, Un autre tourisme est-il possible ?, Presses de l’université du Québec, , xx[réf. non conforme]
- Sylvie Blangy, Robin McGinley et Raynald Harvey Lemelin, « Recherche-action participative et collaborative autochtone :. améliorer l'engagement communautaire dans les projets touristiques ? », Téoros. Revue de recherche en tourisme, vol. 29, nos 29-1, (ISSN 0712-8657, lire en ligne, consulté le )
- “Guía metodológica para proyectos y productos de turismo cultural sustentable”, Cultura, Consejo Nacional de la Cultura y las Artes Gobierno de Chile, Patrimonia consultores
- Iankova, Katia. et Bousquet, Marie-Pierre., Le tourisme indigène en Amérique du Nord, Paris, L'Harmattan, , 150 p. (ISBN 978-2-296-06730-1 et 2-296-06730-1, OCLC 301792041, lire en ligne)
- Sylvie Blangy et Alain Laurent, « Le tourisme autochtone : un lieu d’expression privilégié pour des formes innovantes de solidarité », Téoros. Revue de recherche en tourisme, vol. 26, nos 26-3, , p. 38–45 (ISSN 0712-8657, lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « Pourquoi le tourisme autochtone est-il devenu un pilier pour le développement touristique du Québec? », sur Profession Voyages, (consulté le )
- « Indigène et maître chez soi », sur unesdoc.unesco.org, le courrier de l'unesco (consulté le )
- Agence de promotion économique du Canada atlantique, « Renforcer le tourisme autochtone et l’économie », sur gcnws, (consulté le )
- KPMG, « Diagnostic tourisme autochtone », sur http://www.tourisme.gouv.qc.ca/,
- Yves Archambault, « Tourisme et autochtones », Téoros. Revue de recherche en tourisme, vol. 29, nos 29-1, (ISSN 0712-8657, lire en ligne, consulté le )
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