Trésor d'Alaric
Le trésor d'Alaric désigne le butin du sac de Rome en 410 par les Wisigoths d'Alaric. Ce trésor était certainement conservé à Toulouse[réf. nécessaire], alors capitale du royaume wisigoth. Depuis la défaite de la bataille de Vouillé, la trace du trésor a disparu. Il est toutefois admis ou subodoré par certains historiens qu'une partie aurait été enterrée en Italie, et une autre partie acheminée vers la Gaule de l'époque. Cet article effectue un résumé historique, entre légendes, écrits et recherches effectuées par le passé et les dernières découvertes effectuées au XXIe siècle.
Historique
Le trésor d'Alaric[1] est le plus fabuleux trésor qui ait jamais hanté les archéologues. Il est si important que l'on peine à en chiffrer le montant. Sans doute faut-il admettre qu'il est tout simplement au-delà de toute valeur marchande, car sa portée symbolique écrase toute autre considération.
On sait peu de choses d'Alaric. Sa destinée se déroule un peu avant le Moyen Âge, alors que l'Empire romain d'Occident achève de décliner. Il naît vers 370 dans un petit village des bouches du Danube, dans l'actuelle Roumanie. On le suppose fils d'Alaviv, Chef wisigoth qui ordonne le grand déplacement de ceux-ci devant la menace des Huns et qui les fait pénétrer dans l'Empire romain.
Alaric a une vingtaine d'années lorsqu'il prend la tête des fédérés wisigoths, ces troupes supplétives romaines qui ont tôt fait de l'acclamer roi. Il sert l'Empire, mais le pouvoir impérial se montre plutôt ingrat à l'égard de ses guerriers wisigoths et Alaric se rebelle. Il prend Athènes et pille toute la Grèce. L'Empire réagit en l'expédiant dans l'actuelle Albanie, alors province romaine. Il est nommé général et commande à une légion palatine, mais l'impôt est collecté par le Préfet et l'Albanie n'offre aucune perspective d'enrichissement. Alaric se morfond.
En l'an 400, prenant prétexte de l'expulsion des Goths de Constantinople, il fond sur l'Italie et met à sac le nord du pays. Il est finalement stoppé à Vérone, par Stilicon qui, curieusement, le laisse regagner ses pénates en Albanie avec toutes ses troupes.
Cette incursion marque les contemporains. Il a forcé l'Empereur à s'installer à Ravenne. Plus jamais un Empereur romain ne résidera à Rome. C'est la fin d'un monde et peut être le début de la chute de l’Empire Romain.
De son refuge albanais, Alaric continue de faire pression sur l'Empire qui lui promet le paiement d'un tribut de 2 tonnes d'or. C'est une quantité de métal précieux énorme pour l’époque.
Pour s'en convaincre, il faut penser que Thomson Reuters évalue à 297 tonnes l'ensemble de l'or extrait par l'humanité avant la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb (1492) et que Jean Descola estimait la quantité d'or disponible en Europe avant le départ des conquistadors à un mètre cube, soit environ 20 tonnes.
Rome a beau s’engager et promettre, elle ne peut pas payer. Elle tente un moment de louvoyer en nommant Alaric Maître des milices des Gaules, une terre bien plus riche que l'Albanie, mais lorsque Stilicon est assassiné et que plus personne ne semble en mesure de tenir la promesse qui lui a été faite, Alaric décide de venir se servir personnellement en utilisant ses troupes.
Il met le siège devant Rome en 410 et, sans doute aidé par des complices qui lui ouvrent une porte, il investit la ville. Tout l'or de Rome est raflé, toutes ses richesses, avec une mise à sac durant 3 jours, qui sera immortalisée dans divers tableaux dans le futur. Alaric s'en va vers le Sud de l’Italie actuelle.
Il veut désormais conquérir l'Afrique du nord, le grenier à blé de l'Empire. Il descend vers le sud, direction la Sicile, mais hélas pour lui, alors qu'il est sur le point d'embarquer, une violente tempête coule une partie de sa flotte et disperse le reste. Il doit renoncer à son projet. En rebroussant chemin, au cœur de la Calabre marécageuse, il contracte des fièvres qui l'emportent en quelques jours. Il est âgé de 40 ans.
Une légende naît, mais pas tout de suite…
75 ans plus tard, naît Cassiodore. C'est lui qui invente le mot "Wisigoth". L'homme est un fin lettré et un patricien qui, sur le tard, fonde le monastère de Vivarium à Squillace. Il en fait un centre renommé pour la transmission des textes grâce à ses moines copistes. Il est lui-même l'auteur de nombreux ouvrages, dont une histoire des Goths en 12 volumes que lui avait commandée Théodoric le Grand.
C'est la source principale sur l'histoire des wisigoths et d'Alaric. Malheureusement, cette histoire est perdue… Il n'en reste qu'un résumé, rédigé par Jordanès, un historien latin qui le publie en 551, soit 141 ans après la mort du roi wisigoth.
Et c'est là que l'histoire s'emballe ou que la légende prend sa source, au choix, selon que l'on accorde foi aux écrits de Jordanès, ou que l'on estime que les brumes de l'histoire sont encore bien trop épaisses pour que l'historien y distingue le réel de l'imaginaire, selon que l'on estime que Cassiodore, historien sérieux, a été fidèlement recopié par Jordanès, ou que ce dernier s'est inspiré de mythes locaux.
Que dit Jordanès ? Alaric mort, ses soldats, aidés de nombreux esclaves, détournent le cours du Busento, petit fleuve côtier, près de la ville de Cosenza, enterrent leur chef et son cheval, ainsi que son trésor, et rétablissent le cours du fleuve. Les esclaves qui ont participé à l'affaire sont passés par le fil de l'épée.
Aussitôt désigné, le successeur d'Alaric, Athaulf, repart vers le nord et gagne la Gaule où il s'empare de la Provence et de l'Aquitaine. Les Wisigoths ne reviendront plus en Italie. Plus personne ne sait où se trouve le tombeau d'Alaric 1er.
Ce trésor toutefois en cacherait un autre
L'épisode de la mort d'Alaric est ensuite repris dans des termes à peu près semblables par tous les auteurs qui traitent du sujet, car ils n'ont d'autre ressource que celle de se copier les uns les autres. Pourtant l'histoire prend très rapidement une dimension supérieure, car l'on s'avise bientôt que le sac de Rome a sans doute mis dans la besace d'Alaric un butin beaucoup plus important que ce que l'on imaginait de prime abord.
Et pour comprendre cela, il faut encore remonter le temps.
En 70, Titus met le siège devant Jérusalem, un peu avant Pâques.La faim et les luttes intestines déciment les défenseurs qui luttent contre des forces bien plus nombreuses. En quelques mois, la ville cède, et Titus la rase. Le deuxième temple de Salomon est incendié. Il n'en demeure debout à ce jour, que le mur occidental, le fameux Mur des Lamentations.
Titus fait main basse sur le trésor du temple que l'historien Flavius Josèphe décrit ainsi lors du triomphe :
« ...On distinguait dans tout le butin les objets enlevés au Temple de Jérusalem : une table d'or, du poids de plusieurs talents, et un chandelier d'or du même travail, mais d'un modèle différent de celui qui est communément en usage, car la colonne s'élevait du milieu du pied où elle était fixée et il s'en détachait des tiges ddélicates dont l'agencement rappelait l'aspect d'un trident. Chacune était, à son extrémité, ciselée en forme de flambeau ; il y avait sept de ces flambeaux, marquant le respect des Juifs pour ce nombre. On portait ensuite, comme dernière pièce du butin, une copie de la loi des juifs. »
En pillant Rome, un peu plus de trois cents ans plus tard, Alaric aurait donc mis main basse sur les richesses entreposées dans le temple de Salomon. On peut citer la Menorah, le chandelier à sept branches dont parle Josèphe, la Table des pains et les trompettes sacrées. Mais ce n'est pas tout! Pour faire bonne mesure, sans doute, la littérature "historique" y ajoute bientôt l'Arche d'Alliance!
Flavius Josèphe ne parle pas de l'Arche d'Alliance, que 150 ans plus tôt, entré dans le Saint des Saints du temple, Pompée n'avait pas vue non plus. Elle n'apparaît pas plus sur le bas relief de l'arc qui célèbre le triomphe de Titus et que l'on peut encore voir, à Rome. Mais qu'importe! La légende enfle.
C'est plus qu'il n'en faut pour déchaîner les passions. L'Arche d'Alliance est réputée contenir les Tables de la loi, données à Moïse sur le Mont Sinaï, la baguette d'Aaron et le vase dans lequel les Juifs avaient placé la manne du désert. C'est le Palladium de la nation juive.
Des Corbières à l'Égypte
Ce trésor, fantasmé ou bien réel, enflamme les imaginations. Et, au fil du temps, l'aire de recherche géographique et historique s'est considérablement élargie. Cette passion a généré pendant 16 siècles des recherches et des spéculations des plus fantastiques.
À la fin du XIXe siècle, l'Abbé Bérenger Saunière défraie la chronique en finançant sur ses propres deniers des aménagements somptuaires dans sa petite église de Rennes-le-Château, dans les Corbières.
Or, de fortune personnelle, il ne peut être question puisqu'il est de famille plus que modeste et que sa rémunération de curé est plutôt symbolique. Jusqu'à sa mort, en 1917, les rumeurs vont bon train (escroqueries, détournement d'héritage de bon paroissiens, découverte locale d'un trésor..) et continuent encore aujourd'hui d'attirer les curieux dans le sud Ouest.
On pourrait effectuer d’ailleurs un parallèle avec l’Abbé Javelot, décédé en 1999, curé « égoutier » à la Collégiale de Brienon Sur Armançon dans l’Yonne, qui a muré aussi ses souterrains, rendant impossible l’accès à la découverte d’une « salle qui pourrait être mérovingienne avec des céramiques bleues »[2]. On retrouve bien alors pour les Abbés Javelot et Saunière cette culture du secret.
On évoque, encore pour l'Abbé Saunière, entre autres sources possibles du soudain enrichissement du curé, le trésor d'Alaric. Cette fois, c'est Alaric II, que 70 ans et une généalogie complexe séparent de son aïeul Alaric Ier. On pense que les guerriers Wisigoths, pas si fous, n'ont pas enterré tout l'or de leur chef avec lui et qu'ils l'ont au contraire emporté avec eux, ou du moins une partie.
Si l'on suit ce raisonnement, le trésor se trouve donc vraisemblablement en Aquitaine, ou en Occitanie. Ce sera donc, en l'occurrence, dans les Monts du Razès, aux portes de Rennes-le-Château. Cette légende, et d'autres encore, nées de celle-ci, ont inspiré les best-sellers L'Or de Rennes de Gérard de Sède qui en vendit des milliers au début des années 1960, et, plus près de nous, le Da Vinci Code de Dan Brown qui devint également un film avec Ron Howard aux commandes, Tom Hanks et Audrey Tautou.
L’équipe de Georges Lucas (Star Wars) suivrait aussi de très prés ce sujet et en a eu connaissance depuis 2015. Un échange de courrier à fin 2019 laisse planer un certain intérêt sur ce projet. Un film en sortira peut-être.[réf. nécessaire]
En 1937, Heinrich Himmler, le créateur de l'Ahnenerbe, dont la principale des missions vise à prouver la validité des théories nazies sur la supériorité raciale des Aryens, se rend à Cosenza et fouille pendant plusieurs semaines le confluent du Busento et de la Crati, où la légende locale veut que se trouve le tombeau d'Alaric.Quant à Himmler, après quelques semaines de recherches infructueuses, il regagne Berlin pour s'occuper de ses autres sinistres marottes.
L'épisode inspire d'ailleurs Steven Spielberg qui en fait le ressort principal de l'intrigue de son film Les Aventuriers de l'arche perdue. La Calabre n’est sans doute pas assez exotique et vendeuse pour le réalisateur américain, et se retrouve remplacée par l'Égypte et avec Alaric qui a disparu.
Depuis, ces recherches n'ont jamais cessé. En 2015, The Telegraph, le plus que centenaire quotidien conservateur britannique, titre : "Des scientifiques italiens identifient cinq lieux où le légendaire trésor pourrait être enterré".
Le maire de Cosenza, interviewé à l'époque pour l'occasion déclare : « Bien sûr, on ne sait pas ce qui est véritablement enterré avec Alaric, mais ce serait un crime de ne pas chercher à le savoir. »
Le journal, étonnamment avec un journaliste de renom à l’époque, estime que le trésor vaudrait 700 millions de Livres Sterling, ce qui est étrange compte tenu de l'ignorance avouée par le maire. Mais The Telegraph est certainement bien informé…Pour le reste on apprend avec intérêt que le lit du fleuve, des cavernes et des failles rocheuses dans les parages du Busento font partie des lieux qui seront examinés en utilisant les technologies les plus modernes.
Le géologue responsable du projet, Amerigo Giuseppe Rota, annonce des résultats sous six mois, en mi 2015. Malheureusement, The Telegraph n'en parle plus.
On apprendra que les Frères Bosco, italiens locaux, intenteront une procédure contre l’état italien pour obtenir des autorisations de fouilles, refusées par le surintendant local, responsable à juste titre, des vestiges archéologiques.la raison essentielle en a été le refus générée par les manques de critères technico-scientifiques, et de plan précis d'intervention de spécialistes archéologiques, laissant penser que la recherche archéologique proposée pouvait s'apparenter à du "pillage de tombe et vestige historique"
À périodes régulières le sujet Alaric, ressort dans la presse mondiale, et plus spécialement en Italie, avec une pointe de politique sur la région de Calabre. La dernière nouvelle en date, à cause des élections régionales de , seraient serait un musée virtuel, pour « faire venir le touriste ». Mais leur montrer quoi ? du virtuel ? le résultat de tous les échecs et recherches passées ? Selon le bord politique, la population est enthousiaste ou tire à boulets rouges sur le projet présenté.
Ce projet, indéniablement, n’entre pas dans les cases classiques de l’archéologie traditionnelle à cause des aspects politiques qui engendreraient des tensions entre pays, comme le fut en son temps (et encore épisodiquement maintenant) la Joconde de Léonard de Vinci entre la France et l’Italie, mais aussi religieux, (Menorah), litige à venir, entre Ies états d’Israël et l’Italie.
Heureusement ou malheureusement pour l’équipe en cours et le projet, les plus hautes autorités religieuses juives que nous avons rencontrées, (Sept 2017) pensent que la Menorah reste enfouie dans les caves du Vatican et que le pape la conserve jalousement. Mais ceci reste une autre histoire….
De nouvelles pistes
« …Et puis, fin 2015, après les premiers succès enregistrés par l'équipe www.scanpyramid.org[3]sur la pyramide de Khéops, et cette masse de nouvelles technologies, ou anciennes mais employées différemment , un espoir renait dans cette recherche qui alliera diverses technologies, ( Drones , infrarouge multi spectrale, logiciels militaires d'analyses de terrains de combat avant engagement des troupes...). Une équipe par le plus curieux des hasards, à la demande d'un local, habitant Cosenza, entend parler de cette histoire d'Alaric1...
Le responsable NDT (Non Destructive Testing) travaillant avec l'Université de Laval (Canada) et Nagoya (Japon) est impressionné. Il veut lui soumettre un autre projet. Pour la première fois (), ce physicien entend parler d'Alaric et de son trésor. Mais c’est un physicien qui a participé a des opérations concrètes, comme plonger dès 1986 dans des nuages radio actifs, résultantes de bombes nucléaires et d’en connaitre ainsi puissance, composition... Bref c'est un homme pragmatique qui va plutôt rechercher des traces et artefacts, "vestiges archéologiques plutôt qu'un trésor"[4].
Références
- « Le trésor d'Alaric », sur clovis1er.free.fr (consulté le )
- https://www.lyonne.fr/brienon-sur-armancon-89210/actualites/brienon-pense-avoir-retrouve-le-tresor-de-l-abbe-javelot_12057883/ Contact : Spécialiste historique et professeure d’Histoire : Annie BASSET Brienon
- JC BARRE, « SCanPyramid.org », sur Sciences et Avenir, Periodique,
- Aspects recherches actuelles 2020
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