Traité anglo-irlandais

Le Traité anglo-irlandais ou traité de Londres, signé à Londres le , donne naissance à l'État libre d'Irlande à l'issue de la guerre d'indépendance irlandaise et organise la partition du pays, l'Irlande du Nord, à majorité protestante, restant au sein du Royaume-Uni.

Traité anglo-irlandais
Les signatures du traité.
Articles d'accord pour un Traité entre la Grande-Bretagne et l'Irlande
Dépôt Archives nationales d'Irlande
Langues Irlandais, Anglais
Signé
Londres, Angleterre, Royaume-Uni
Effet
(Création de l'État libre d'Irlande)
Parties
Signataires République irlandaise  Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Origine

Lassé par une guerre qu'il ne peut gagner et constatant que l'écrasante majorité des Irlandais a basculé du côté des nationalistes, le gouvernement de David Lloyd George s'accorde avec Éamon de Valera, président de la République irlandaise sur les termes d'un cessez-le-feu. Les nationalistes, et en particulier l'organisateur de l'IRA pendant la guerre d'indépendance irlandaise, Michael Collins, de leur côté, se sont aperçus qu'il ne pourraient obtenir une victoire complète après le semi-échec de leur stratégie d'attaque frontale contre les forces britanniques. Les deux parties sont donc contraintes de négocier, Éamon de Valera refuse de se rendre à Londres et nomme Arthur Griffith chef de la délégation irlandaise pour négocier avec le gouvernement britannique.

Négociateurs

Pour le gouvernement britannique

Pour le gouvernement irlandais

Termes du traité

La séparation des six comtés de l'Ulster formant l'Irlande du Nord (à majorité protestante et pro-britannique) n'est pas décidée par le traité, elle est officielle depuis 1921. À l'époque, il ne s'agissait pas d'échapper à l'indépendance, mais de permettre à deux régimes de home rule (autonomie interne) différenciés d'exister : un pour les régions protestantes, et un pour les régions catholiques. Le traité n'aborde ce point qu'à travers l'hypothèse d'une réunification volontaire, et à défaut d'une redéfinition de la frontière pour les régions catholiques.

Ratification

Le traité est signé à Londres le par les membres des délégations. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par la Chambre des communes britannique et le Dáil Éireann, rassemblant les élus du Sinn Féin.

Il est ratifié facilement à la Chambre des communes par un vote de 401 contre 58 le .

L'opposition au traité est vive au sein du Dáil, Éamon de Valera et Cathal Brugha affrontent violemment Michael Collins et Arthur Griffith, refusant la partition et le serment d'allégeance et demandent son rejet.

Après des débats houleux, le traité est finalement ratifié par 64 voix contre 57 le . Sa proclamation royale, le , au Royaume-Uni entraîne son entrée en vigueur.

Ce vote entraîne la démission de De Valera en tant que président du Dáil, remplacé par Arthur Griffith qui forme alors le gouvernement provisoire de l'État libre, dont la Constitution sera votée en par l'assemblée.

En accord avec les termes du traité, des élections générales sont organisées pour réélire un nouveau Dáil remplaçant à la fois le Dáil précédent et la Chambre des communes d'Irlande du Sud instituée auparavant par les Britanniques.

Ces élections () sont avant tout une approbation du traité par le peuple irlandais, qui donne à ses partisans la victoire.

Éamon de Valera, premier président de la République d'Irlande.

Conséquences

Refusant les résultats du vote, Éamon de Valera, ancien chef du mouvement indépendantiste et une partie de l'IRA s'opposent au traité. En , Rory O'Connor et 200 membres de l'IRA opposés au traité occupent le palais de justice de Dublin (four Courts), espérant entraîner une confrontation générale avec le Royaume-Uni, et provoquer l'échec du traité.

Soumise à une forte pression britannique, la nouvelle direction de l'État libre d'Irlande, en particulier le président du Dáil, Arthur Griffith, et le commandant en chef de l'armée nationale Michael Collins, font bombarder le palais de justice en . Jean Guiffan synthétise les importantes conséquences de cette ratification :

"En ratifiant le traité de Londres, Les Anglais gagnèrent la paix en Irlande, définitivement au Sud, jusqu'en 1969 au Nord. En ratifiant le traité de Londres, les Irlandais héritèrent d'une guerre civile"[1].

Le pays plonge alors dans la guerre civile. Éamon de Valera s'affirme comme chef politique des républicains, et affronte Michael Collins et Arthur Griffith. La guerre est finalement gagnée par les partisans du traité, en mars 1923.

En 1925, le gouvernement britannique refuse l'application des modifications de frontière envisagées par le traité au bénéfice des régions d'Ulster à majorité catholique. La boundary commission (commission des frontières) formée pour l'occasion est donc un échec. Le gouvernement irlandais accepte finalement le statu quo en échange d'une remise sur sa dette à l'égard du Royaume-Uni, à un moment de grande difficulté financière. Le maintien d'une très forte minorité catholique en Irlande du Nord, couplée à une politique très discriminatoire de la majorité protestante, mènera aux violences séparatistes des années suivantes, particulièrement entre 1969 et 1997.

Soldats de la cavalerie britannique quittant l'Irlande en 1922.

En décembre 1931, le statut de Westminster reconnait la souveraineté externe de tous les dominions, donc également de l'Irlande. Cette modification est cependant plus symbolique que pratique, les pouvoirs du gouvernement irlandais s'étendant déjà à tous les domaines classiques de la souveraineté.

En 1932, le Fianna Fáil de de Valera gagne les élections. La plupart des limitations du traité, à l'exception de la division de l'Irlande, sont alors révoquées. Le serment est supprimé, les versements financiers au Royaume-Uni cessent et l'institution de gouverneur général représentant la Couronne est abolie. En décembre 1936, une réforme constitutionnelle fait d'un président élu par le Dail le chef de l'État, achevant ainsi de rompre les liens constitutionnels avec Londres. Pour des raisons symboliques, la république n'est cependant pas officiellement proclamée, cette proclamation étant renvoyée à la réunification avec le Nord. Les successeurs de de Valera la proclameront en 1949, malgré l'absence de cette réunification.

Notes et références

  1. Jean Guiffan, La question d'Irlande, Paris, Editions Complexes, , 287 p. (ISBN 2-8048-0105-5), p. 112.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sources

(fr)

(en)

  • Lord Longford, Peace By Ordeal (long out of print)
  • Tim Pat Coogan, Michael Collins (ISBN 0-09-174106-8)
  • Tim Pat Coogan, DeValera (ISBN 0-09-175030-X)
  • Winston Churchill, The World Crisis; the Aftermath (Thornton 1929) pp.277-352.
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