Tubilustrium
Dans la Rome antique, où le mois de mars marquait le début de la saison guerrière, le Tubilustrium était une cérémonie destinée à préparer l'armée au conflit[1]. Au cœur de cette cérémonie se trouvaient des trompettes sacrées nommées tubae avec lesquelles on pratiquait la lustration[2].
Johannes Quasten, auteur d'une thèse portant sur la musique dans les cultes antiques, explique que la cérémonie était destinée à purifier les trompettes qui avaient été utilisées dans les sacrifices[3].
La cérémonie a lieu le , ce qui correspond également au dernier jour des Quinquatries. Elle est dédiée à Forte[4], identifiée à Nério[4] et à Bellone[4], une parèdre[4] de Mars[5]. Le Tubilustrium se déroule une seconde fois le [6]. Il est alors dédié à Vulcain[4].
La cérémonie se tient à Rome, dans un bâtiment appelé l’atrium sutorium, et elle met en scène le sacrifice d'un agneau[7]. Les Romains qui n'assistent pas à la cérémonie peuvent tout de même admirer les danses des Saliens dans les rues de la ville.
Le lieu : l’atrium sutorium
La localisation de l’atrium sutorium ne nous est pas connue par l’archéologie[8]. Mommsen a proposé de l’identifier à l’atrium Minervae[8]. Par la suite, des auteurs, tels Platner et Ashby[9], ont proposé de le localiser dans le quartier de l'Argilète, connu pour abriter les activités professionnelles des fabricants de chaussures[8] : le bâtiment aurait été détruit pour les besoins de la construction du forum transitorium[8] et c’est ce qui expliquerait qu’il n’en est plus fait mention après le Ier siècle[8].
Les dates : les 23 mars et 23 mai
Le Tubilustrium du marque l'ouverture de la saison de la guerre[8]. La répétition du Tubilustrium, le , pourrait s'expliquer par un calendrier militaire plus ancien, basé sur celui de Sparte, dans lequel la saison de la guerre commence aux premières semaines du printemps pour s’arrêter au début des récoltes[8]. Les et , lendemains des Tubilustria des et , sont deux jours marqués QRCF (acronyme de « Quando rex comitiavit, fas » pour « Lorsque le rex réunit les comices, ce jour devient faste ») et doivent répondre aux deux jours où, selon Gaius, les comices calates étaient convoqués afin d’établir les testaments sous la présidence du rex sacrorum[10]. Le pendant du Tubilustrium du est l’Armilustrium du qui clôture de la saison de la guerre[11].
Notes et références
- (en) Jörg Rüpke, The Roman Calendar from Numa to Constantine : Time, History, and the Fasti, John Wiley & Sons, , 30– (ISBN 978-1-4443-9652-2, lire en ligne)
- Fondation pour le Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, Thesaurus Cultus et Rituum Antiquorum (ThesCRA)., Getty Publications, , 646 p. (ISBN 978-0-89236-789-4, lire en ligne)
- J. Quasten, Music & Worship in Pagan & Christian Antiquity, 1983, p. 6-7.
- Hum 2005, n. 103.
- J. Quasten, Music & Worship in Pagan & Christian Antiquity, p. 8.
- Gareth Sears, Peter Keegan et Ray Laurence, Written Space in the Latin West, 200 BC to AD 300, AC Black, , 90– (ISBN 978-1-4411-8876-2, lire en ligne)
- L. Richardson, jr, A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, JHU Press, , 42– (ISBN 978-0-8018-4300-6, lire en ligne)
- Vincent 2016, p. 160.
- Platner et Ashby 2015, s.v. Atrium Sutorium, p. 57.
- Hum 2017, p. 146-147.
- Vincent 2016, p. 161.
Voir aussi
Sources épigraphiques
Sources littéraires
Bibliographie
- [Hum 2005] Michel Humm, Appius Claudius Caecus : la République accomplie (texte remanié de la thèse de doctorat en histoire, préparée sous la direction de Jean-Michel David, et soutenue en , à l'université Strasbourg II, sous le titre : Recherches sur Appius Claudius Caecus), Rome, École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » (no 322), , 1re éd., X-779 p., 16 × 24 cm (ISBN 2-7283-0682-6, EAN 9782728306824, OCLC 469965885, BNF 40130348, DOI 10.4000/books.efr.1581, SUDOC 097571598, lire en ligne ), chap. 9 (« La publication des « actions de la loi » et du calendrier civique »), p. 441-480.
- [Hum 2017] Michel Humm, « La Regia, le rex sacrorum et la Res publica », Archimède, no 4, , p. 129-154 (DOI 10.47245/archimede.0004.ds2.04, résumé, lire en ligne [PDF]).
- [Platner et Ashby 2015] (en) Samuel Ball Platner et Thomas Ashby, A topographical dictionary of ancient Rome, Cambridge, CUP, coll. « Cambridge library collection / archaeology », , 1re éd., XVII-608 p., 15,6 × 23,4 cm (ISBN 978-1-108-08324-9, EAN 9781108083249, OCLC 1050515769, DOI 10.1017/CBO9781316219706, présentation en ligne) — réimpr. de la 1re éd. de .
- [ThesCRA] « La question du Tubilustrium », dans Fondation pour le Lexicon iconographicum mythologiae classicae (LIMC), Thesaurus cultus et rituum antiquorum (ThesCRA), t. II : Purification, initiation, heroization, apotheosis, banquet, dance, music, cult images, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, , 1re éd., XXI-646 p., 19,5 × 28 cm (ISBN 0-89236-789-X, EAN 9780892367894, OCLC 492176499, BNF 39984052, SUDOC 087096536, présentation en ligne, lire en ligne), chap. 4.c, II, B, 5, p. 408.
- [Vincent 2016] Alexandre Vincent, Jouer pour la cité : une histoire sociale et politique des musiciens professionnels de l'Occident romain (texte remanié de la thèse de doctorat en histoire, préparée sous la direction de Catherine Virlouvet, et soutenue en , à l'université Aix-Marseille I, sous le titre : Les musiciens professionnels au service de la cité : fin de la République – Haut-Empire), Rome, École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » (no 371), , 1re éd., VIII-464 p., 16 × 24 cm (ISBN 978-2-7283-1163-7, EAN 9782728311637, OCLC 968704130, BNF 45257894, DOI 10.4000/books.efr.38707, SUDOC 197653987, présentation en ligne, lire en ligne ), § 2.3.1.2 (« A contrario, le tubilustrium ? »), p. 159-161.
Liens externes
- (en) « Tubilustrium », notice d'autorité no 20110803110032726 , Oxford Reference, OUP.
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