Ulrich d'Ensingen

Ulrich d'Ensingen, Ulrich von Ensingen, Ulrich Ensinger, est un architecte allemand originaire d'Einsingen, près d'Ulm, né vers 1350/1360, et mort à Strasbourg la [1].

Ulrich d'Ensingen
Statue d'Ulrich d'Ensingen dans l'église principale d'Ulm
Fonction
Maître de l'œuvre
Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg
-
Claus de Lohre (d)
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Biographie

Ulrich d’Ensingen est probablement né vers 1350 en Souabe, peut-être à Ensingen ou Einsingen (de), petits villages situés près de la ville d’Ulm. Aucun document ne documentant la jeunesse du maître, la date a été calculée à partir des éléments connus de sa vie, comparés à l’âge habituel d’entrée en apprentissage et la durée de formation ; le lieu exact restant lui de l’ordre de l’hypothèse, du fait que les patronymes ne sont pas toujours une indication fiable[2]. À partir de ce postulat, son apprentissage se serait déroulé entre 1365 et 1380, ce qui correspond à l’édification du chœur de l’église principale d’Ulm, bien qu’on ne sache pas non plus avec certitude sur quels chantier il a pu se former. Il est fort possible que pendant cette période, et celle de son compagnonnage qui suivit, il ait fréquenté les grands édifices de Strasbourg, Fribourg-en-Brisgau et Bâle, et ait été en contact avec les Parler sur leurs chantiers de Gmünd, Prague ou Kolín[3].

Le document le plus ancien mentionnant Ulrich d’Ensingen se trouve dans les archives du chantier de la cathédrale de Milan et date du . Il y est évoqué sa candidature au titre de maître d’œuvre : la fabrique de la cathédrale cherchait en effet régulièrement à recruter des architectes allemands, alors très réputés, pour résoudre les problèmes qui se posaient sur leur chantier, bien que ces initiatives se heurtaient généralement à une farouche opposition des architectes locaux. Dans le document Ulrich est décrit comme magister et inzignerius, ce qui tendrait à montrer qu’il jouissait déjà d’une certaine expérience et réputation à ce moment-là[4]. Finalement, il semble avoir préféré rester en Allemagne, car il est engagé le pour cinq ans pour diriger le chantier de l’église principale d’Ulm. C’est son prédécesseur à ce poste, Heinrich III Parler, qui part à Milan, où il ne restera guère, étant licencié . Le nom d’Ulrich est alors de nouveau évoqué pour diriger le chantier de Milan, mais il reste pour un temps à Ulm : au lieu de terminer la réalisation de la nef et du chœur de l’église, Ulrich a en effet décidé de se consacrer à la construction de la tour monumentale, dont il a dessiné plusieurs plans et études, bien qu’il ne supervisera lui-même que la construction du premier étage[5]. En effet, Ulrich d’Ensingen quitte finalement Ulm pour prendre la direction du chantier de Milan en . Tout comme Heinrich Parler avant lui, Ulrich entre toutefois rapidement en conflit avec la fabrique, en voulant effectuer agrandissements des fenêtres et des modifications des chapiteaux contre l’avis de ses commanditaires, ainsi qu’en refusant de travailler selon les plans établis par d’autres ; il fut donc à son tour licencié le [6].

Son retour à Ulm semble s’être fait sans problèmes, puisqu’en 1397 il est nommé maître d'œuvre à vie du chantier de l’église principale. Sa réputation d'architecte est alors établie et il devient parallèlement en 1398 maître d’œuvre de l'église Notre-Dame d'Esslingen, dont il conçoit la haute-tour et une partie de la nef[6]. En , il se rend à Strasbourg pour négocier un poste de maître d'œuvre. La bourgeoisie de Strasbourg souhaite alors élever une haute tour au-dessus du massif occidental de la cathédrale. Il a conçu et réalisé jusqu'à son décès les deux niveaux octogonaux entourés de quatre tourelles d'escalier qui ne sont reliés à l'octogone central qu'au second niveau. La construction des étages supérieurs de la tour a été réalisée par Jean Hultz.

En 1414, les bourgeois de Bâle se sont adressés par Ulrich d'Ensingen pour élaborer un projet de surhaussement de la tour septentrionale Saint-Georges de la cathédrale de Bâle. Mais l'exécution n'a commencé qu'en 1421 en s'écartant en partie des plans d'Ulrich d'Ensingen.

En 1417, il a cédé son poste de maître d'œuvre de la cathédrale d'Ulm à son gendre, Hans Kuhn. C'est probablement à la même époque qu'il a quitté la maîtrise d'œuvre de l'église d'Esslingen.

Il est mort à Strasbourg le . Comme c'était la coutume, il a cédé à l'Œuvre Notre-Dame ses effets et sa cuirasse qui les a vendu au profit du chantier.

Famille

Ulrich d'Ensingen, Ulrich Ensinger, a eu trois fils maîtres maçons : Kaspar, Matthäus (Mathieu Ensinger) et Matthias (†1438). Son gendre Hans Kuhn est aussi un maître maçon et lui a succédé comme maître d'œuvre de la cathédrale d'Ulm. Plusieurs de ses petits-fils ont été aussi maîtres maçons, dont, en particulier, Vinzenz, fils de Matthäus, et Moritz, et ont participé aux chantiers à Berne, Constance, Esslingen et Ulm.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Sabine Bengel, Marie-José Nohlen et Stéphane Potier, Bâtisseurs de cathédrales : Strasbourg, mille ans de chantier, Strasbourg, La Nuée bleue, coll. « La grâce d’une cathédrale », , 275 p. (ISBN 978-2-8099-1251-7).
  • (de) Johann Josef Böker, Anne-Christine Brehm et al., Architektur der Gotik : Rheinlande : Basel, Konstanz, Freiburg, Straßburg, Mainz, Frankfurt, Köln, Salzbourg, Müry Salzmann, , 383 p. (ISBN 978-3-99014-064-2).
  • Jonas Kallenbach, « Ulrich d’Ensingen, maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg », Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, Strasbourg, no 28, , p. 49-66. 
  • Markus Schlicht, « Ulrich d’Ensingen », Dictionnaire d'histoire de l'art du Moyen Âge occidental, Paris, Robert Laffont, , p. 952 (ISBN 978-2221103258). 
  • (de) Barbara Schock-Werner, Das Straßburger Münster im 15. Jahrhundert. Stilistische Entwicklung und Hüttensorganisation eines Bürger-Doms, Cologne,
  • Barbara Schock-Werner, « Ulrich d’Ensingen, maître d'œuvre de la cathédrale de Strasbourg, de l'église paroissiale d'Ulm et de l'église Notre-Dame d'Esslingen », Les bâtisseurs des cathédrales gothiques, Strasbourg, Éditions des musées de la Ville de Strasbourg, Strasbourg, , p. 205-208 (ISBN 2-901833-01-2). .

Articles connexes

Liens externes

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