Van (Turquie)

Van (en turc : Van ; en arménien : Վան ; en kurde : Wan) est une ville de Turquie orientale située sur la rive orientale du lac de Van. Préfecture de la province du même nom, elle compte 284 464 habitants en 2000[1]. Même si aucun chiffre officiel n'est fourni, il semble certain que la population de la ville est majoritairement kurde. Avant le génocide de 1915, elle était peuplée majoritairement d'Arméniens.

Pour les articles homonymes, voir Van.

Van
Wan
Administration
Pays Turquie
Région Anatolie orientale
Province Van
District Van
Maire
Mandat
Mehmet Emin Bilmez
2019-2024
Préfet Mehmet Emin Bilmez
Indicatif téléphonique international +(90)
Plaque minéralogique 65
Démographie
Population 387 766 hab. (2014)
Population de l'agglomération 1 100 190 hab. (2016)
Densité 58 hab./km2
Géographie
Coordonnées 38° 29′ 39″ nord, 43° 22′ 48″ est
Altitude 1 703 m
Superficie de l'agglomération 1 906 900 ha = 19 069 km2
Localisation

Districts de la province de Van
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Van
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Van
Liens
Site de la mairie http://www.van.bel.tr
Site de la province http://www.van.gov.tr

    L'origine du nom vient de l'arménien classique van signifiant « village ».

    Histoire

    Ruines médiévales du site de Van Kalesi.

    Sous le nom de Tushpa, Van fut la capitale du royaume urartéen au IXe siècle av. J.-C. À 5 kilomètres de la ville actuelle, se trouvent les ruines de la forteresse de Van construite par les Urartiens. On y a aussi découvert des inscriptions cunéiformes urartiennes. La ville passa ensuite sous la domination des Mèdes au VIIe siècle av. J.-C., puis des Perses au VIe siècle av. J.-C.

    La région fut conquise par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., et fit partie après sa mort de l'Empire séleucide. Au début du IIe siècle, Van fit partie du royaume d'Arménie où elle devint un important centre, en particulier sous le règne de Tigrane II.

    La région vit ensuite les Parthes, puis les Romains, et enfin les Sassanides vers le IVe siècle apr. J.-C. Van, alors appelée Shamiramakert construite par Sémiramis ») et dirigée par les nakharark Ervandouni (descendants des Orontides), est incendiée par ces derniers envahisseurs en 363[2].

    L'Empire byzantin contrôla brièvement la région de 628 à 640, quand elle fut prise par les Arabes qui créèrent la province d'Arménie (al-Arminiya). À la suite des Sadjides au IXe siècle, les Byzantins reprirent la région au Xe siècle.

    Les Seldjoukides conquirent la région en 1054, puis elle fut dirigée par les Ahlatshahs et les Ayyoubides (1207). Van fut prise par les Mongols vers 1240, puis, au XIVe siècle, par les Qara Qoyunlu et enfin les Timourides.

    Au début du XVe siècle, la région de Van fut âprement disputée entre les Ottomans et les Séfévides qui occupèrent Van en 1502. Les Ottomans prirent la ville en 1515, et, après l'avoir perdue en 1520 au profit des Séfévides, se l'attachèrent définitivement en 1548. Van fut alors érigée en sandjak dépendant d'Erzurum, puis en province en 1570.

    Au cours de la Première Guerre mondiale, la majorité des 192 000 Arméniens de Van[3] fut décimée par les troupes ottomanes lors du génocide arménien. Le nouveau gouverneur de Van, Jevdet Bey, vouait une haine particulière envers les Arméniens et ordonna rapidement la mobilisation de 4 000 soldats arméniens afin de laisser une ville sans défense possible. Par la suite, sous prétexte de recherche d'armes, les gendarmes turcs entrent dans les villages environnants et massacrent les populations arméniennes[4]. D'après l'ambassadeur Henry Morgenthau, Jevdet, à l'approche des armées russes, ordonna le , l'exécution d'une Arménienne qui voulait entrer dans la ville et de deux hommes venus l'aider[5]. Ce fut le début de la révolte contre les Turcs et en faveur des Russes, seuls capables de mettre fin à une situation rapidement désespérée face à la diminution des munitions et des vivres.

    Les Russes prirent finalement Van à la fin du mois de mai 1915 mais en août 1915, une victoire sur l'armée russe permit à l'armée ottomane de revenir à Van où la prise de la ville, après une violente bataille, provoqua la mort de 100 000 habitants. En septembre 1915, les Russes forcèrent les Turcs à se retirer de nouveau. Mais avec la révolution russe de 1917, les troupes quittent la ville et laissent la porte ouverte à l'armée ottomane qui reprend le contrôle de la ville jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Par le traité de Sèvres, la ville fut ensuite brièvement incorporée à la première République d'Arménie en 1920, mais fut rapidement reprise par les armées turques d'Atatürk la même année.

    La ville ancienne, au pied de la citadelle (Van Kalesi), ayant été complètement rasée et vidée de sa population, la ville actuelle fut reconstruite quelques kilomètres plus loin à partir des années 1920. Elle fut victime d'un très violent séisme dans les années 1950[6].

    Le 23 octobre 2011, la ville est de nouveau frappée par un violent séisme[7]. Les 4 et , deux avalanches qui se produisent à Bahçesaray font 41 morts et 84 blessés[8].

    Géographie

    Rives du lac de Van.

    Van est situé sur le Haut-plateau arménien à 1 720 mètres d'altitude à 5 kilomètres du lac de Van, le plus grand de tout le pays avec ses 3 600 km2.

    Cette région de l'extrême sud-est de la Turquie est montagneuse et relativement aride.

    Le climat y est continental à montagnard avec des hivers froids et neigeux. Le record de froid est de -24,8° et le record de chaleur est de 37,0°

    Le Van contemporain

    La ville actuelle est finalement moderne puisque principalement construite après les années 1950. Les œuvres architecturales ottomanes et arméniennes ont en majorité disparu et la ville n'a que peu d'intérêt esthétique. Les touristes viennent d'ailleurs à Van pour visiter Van kalesi, l'ancienne cité, et profiter du lac, à quelques kilomètres du centre-ville. Van est aujourd'hui habitée majoritairement par des Kurdes.

    La ville est le siège de l'université des 100 ans de Van qui fut récemment au centre d'un scandale autour de son recteur.

    À l'instar de plusieurs villes de Turquie nationalement reconnues pour leur gastronomie (les böreks par exemple), Van est réputée à travers tout le pays pour ses petits déjeuners.

    La région est aussi le berceau d'une race de chat devenu très rare, le Van kedisi (le chat de Van). C'est une race à poil mi-long blanc et tacheté de roux aux extrémités.

    Galerie

    Notes et références

    1. (tr) « Nüfus Ve Sosyal Yapi », sur http://www.van.gov.tr (consulté le ).
    2. (en) Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian Van/Vaspourakan, Mazda, Costa Mesa, 2000 (ISBN 978-1-568-59130-8), p. 17.
    3. Johannes Lepsius, Rapport secret sur les massacres d'Arménie, 1915-1916, Paris, Payot, 1918, 1919, 1987 (rééd. en fac-similé), première partie, II.6. : « Van » [lire en ligne sur imprescriptible.fr (page consultée le 23 octobre 2011)].
    4. (en) Christopher J. Walker, Armenia: The Survival of a Nation. London: Palgrave Macmillan, 1990, p. 206.
    5. (en) Henry Morgenthau, Ambassador Morgenthau's Story, Doubleday, New York, 1918, chapitre XXIII : « The "Revolution" at Van » [lire en ligne (page consultée le 23 octobre 2011)].
    6. (en) Tore Kjeilen, « Van », sur http://lexicorient.com (consulté le ).
    7. (en) « Magnitude 6.0 - Eastern Turkey », sur https://earthquake.usgs.gov (consulté le ).
    8. (en) « Death toll in Turkey avalanche disaster rises to 41 », sur AP NEWS, (consulté le )

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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