Pot de chambre
Le pot de chambre, appelé aussi vase de nuit, est l'ancêtre des toilettes actuelles. Il était destiné à recueillir les déjections humaines la nuit, afin d'éviter de sortir de la chambre. Couramment utilisé avant l'installation des sanitaires, il disparait progressivement au cours du XXe siècle. Aujourd'hui, il reste un moyen utilisé pour les enfants en bas âge. Il est aussi d'usage pour les malades ne pouvant quitter leur lit.
Pour les articles homonymes, voir Pot (récipient), Chambre et Bourdaloue.
Avant la Révolution, on appelait aussi « pot de chambre » un carrosse qui conduisait à la cour de Versailles[1].
Histoire
La première apparition du pot de chambre remonterait au XIe siècle[2], cependant l'apparition de l'objet est certainement bien plus ancienne puisque, parmi les graffitis les plus convenables trouvés sur les murs de Pompéi, on peut lire celui-ci, catalogué sous CIL IV 4957 :
« Miximus in lecto, fateor, peccavimus, hospes ;
Si dices quare, nulla matella fuit[3] »
C'est-à-dire :
« Nous avons pissé au lit, nous avons eu tort, cher aubergiste, je le reconnais. Si tu veux savoir la raison, c'est qu'il n'y avait pas de pot de chambre ! »
Il faut savoir qu'au cours de repas, dans la Rome antique, les convives utilisaient en public des pots, qui n'étaient donc même plus de chambre, ils étaient parfois en argent, voire en or, pour montrer la richesse de l'hôte. On se lavait ensuite les mains, ou au moins le bout des doigts[4]. Mais l'appellation « pot de chambre » pour ce genre de vases ne daterait que du XVIe siècle[5].
Les pots de chambre étaient utilisés en Grèce antique depuis le VIe siècle av. J.-C. et y étaient connus sous divers noms : ἀμίς / amís, οὐράνη / ouránê, οὐρητρίς / ourêtrís, σκωραμίς / skôramís, χερνίϐιον / kherníbion.
Au début du XIXe siècle, l'objet est surnommé familièrement « thomas »[6], puis quelques décennies plus tard « jules »[7].
La matière
Les pots de chambre ont été fabriqués en bois, en céramique, en métal émaillé, et dans les derniers temps, vers le milieu du XXe siècle, en plastique.
La forme
Une forme particulière d'urinoir portatif, le bourdaloue ou bourdalou, a été conçue pour les femmes. La forme ovale ou rectangulaire, avec une face permettait aux femmes d'uriner debout ou accroupie, sans grand risque d'erreur, et de préserver les vêtements. Ce pot de chambre en céramique fut utilisé au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle par les femmes qui ne portaient pas de culotte à l'époque[8].
Légende ou réalité, le nom de bourdaloue viendrait d'un prêtre catholique français, Louis Bourdaloue (1632 - 1704), dont les sermons auraient été si longs et si prenants que les femmes ne voulaient pas en manquer et cachaient leur pot sous leurs vêtements de manière à uriner sans avoir à s'absenter. À cause de sa forme particulière, cet objet est parfois décrit comme une saucière, notamment dans les salles de vente[9].
- Yogang coréen
- Pot de chambre Bourdaloue
- Pot de chambre japonais
de l'époque d'Edo - Pot de chambre japonais
de l'époque d'Edo - Amar-mùin
- Femme urinant dans un bourdaloue[10]
Le pot de chambre dans le monde
Dans les pays où la population rurale ou urbaine n'a pas d'équipement sanitaire, le pot de chambre est encore utilisé.
Le musée de l'urinoir
José María del Arco a créé en Espagne, Ciudad Rodrigo (Salamanque), un musée de l'urinoir où sont présentées 1 300 pièces en provenance de 27 pays[11]. Ce musée a ouvert ses portes aux petits pots en mars 2007.
Notes et références
- Cité par Louis-Sébastien Mercier dans son ouvrage "L’An deux mille quatre cent quarante".
- Musée de l'urinoir, Espagne
- De eroticis rebus ad linguam latinam inlustrandam, publié avec commentaires en catalan sur le site de l'Université de Valence (Espagne)
- Noctes Gallicanae CACATOR CAUE MALUM Les latrines de Pompéi.
- Le Petit Robert, 1972
- (en) Maurice Gillet, « Le Jean-foutre et la marie-salope : les prénoms dénigrés, dévoyés et encanaillés, du Moyen Âge à nos jours », Issuu, (lire en ligne, consulté le )
- « Argoji : jules », sur www.russki-mat.net (consulté le )
- Michel Vergé-Franceschi, La société française au XVIIe siècle, Fayard, , p. 396
- Robert Henry, Petites histoires savoureuses des mots que l'on mange, Maclean Hunter, , p. 396
- (en) « Deadly make-up, mouse-hair brows and lice-ridden wigs: The dirty lives of Georgian women », Daily Express, (lire en ligne, consulté le ).
- Museo del Orinal, Espagne
Articles connexes
Bibliographie
- Jacques Daget, « Vases de nuit soudanais (Marka) », in Notes africaines, n °72, 1956, p. 116- 118
- Pascal Dibie, Ethnologie de la chambre à coucher, Métailié, Paris, 2000, p. 117 (ISBN 2-86424-367-9)
- Roger-Henri Guerrand, L'Europe des vases de nuit, Infolio éditions, Gollion (Suisse), 2007, 62 p. (ISBN 978-2-88474-703-5)
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