Venustiano Carranza
José Venustiano Carranza Garza né le à Cuatro Ciénegas dans l'État de Coahuila au Mexique et mort assassiné le à Tlaxcalantongo, État de Puebla, est un homme d'État mexicain. Il fut président du Mexique de 1915 à 1920.
Pour les articles homonymes, voir Venustiano Carranza (homonymie).
Venustiano Carranza | |
Fonctions | |
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Président des États unis mexicains | |
– (3 ans et 20 jours) |
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Prédécesseur | Francisco Carvajal |
Successeur | Adolfo de la Huerta |
Gouverneur de Coahuila | |
– (1 an, 4 mois et 22 jours) |
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Prédécesseur | Amador Cárdenas |
Successeur | Ignacio Alcocer |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Cuatro Ciénegas (Mexique) |
Date de décès | (à 60 ans) |
Lieu de décès | Puebla (Mexique) |
Nationalité | Mexicain |
Parti politique | Parti constitutionnaliste |
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Liste des chefs d'État du Mexique | |
Biographie
Premières années
Son père Jesús participa à la Guerre de Réforme et combattit contre des tribus indigènes. Partisan de Benito Juárez, il fut nommé colonel dans l'armée républicaine durant l'intervention française.
Grâce à la fortune de sa famille, Venustiano Carranza put fréquenter les meilleures écoles de Saltillo puis de Mexico.
Carranza sous Madero
Durant le « Porfiriat » il fut maire de Cuatro Ciénegas, député au congrès de l'État de Coahuila puis député fédéral et sénateur au Congrès de l'Union. Gouverneur intérimaire de l'État de Coahuila (1908), il est déçu de ne pas avoir été choisi à titre définitif, et ce en raison de ses affinités politiques avec Bernardo Reyes[1]. Il fut l'un des premiers à soutenir les efforts de Francisco Madero pour renverser Porfirio Díaz. Il fut nommé gouverneur de l'État de Coahuila par Francisco Madero. Une fois au pouvoir, celui-ci le nomma secrétaire de la Guerre et de la Marine.
Chef constitutionnaliste
Après que Victoriano Huerta eut renversé et fait assassiner Madero et Pino Suárez au terme de la Décade tragique, seuls deux gouverneurs, Maytorena au Durango et Carranza au Coahuila, osèrent se soulever contre lui. Venustiano Carranza était un admirateur de Benito Juarez et un partisan de l'application stricte de la Constitution libérale de 1857. Le , il créa l'armée constitutionnaliste (Ejército Constitucionalista), qui tirait son nom de cette volonté affichée de respecter la légalité constitutionnelle. Il se proclama « Primer Jefe » (premier chef) de la révolution et, le , il publia un document en sept points, connu sous le nom de Plan de Guadalupe. Son autorité fut reconnue par les chefs révolutionnaires du nord du pays.
Doué d'un certain flair politique, Carranza n'avait toutefois aucun talent militaire. Il fut bientôt obligé de quitter le Coahuila et de gagner l'État de Sonora où il établit un gouvernement. Il y fit alliance avec Álvaro Obregón, qui se révéla un brillant stratège doublé d'un politicien froid et dissimulateur. À la fin de l'hiver 1913-14, il contrôlait la plus grande partie de l'État de Sonora. En 1913-14, les principales opérations militaires se déroulaient cependant dans l'État de Chihuahua, où Pancho Villa infligea des défaites retentissantes à l'armée fédérale. Villa reconnaissait nominalement l'autorité de Carranza, mais celui-ci ne lui faisait pas confiance. Beaucoup de choses séparaient les deux hommes : l'âge mais aussi le tempérament. Carranza était froid et calculateur, tandis que Villa était impulsif et émotionnel[2]. Par ailleurs, les manifestations d'indépendance de Villa irritaient Carranza, qui le considérait comme un rival potentiel. Carranza s'évertua donc par tous les moyens à entraver son action[3].
Huerta, qui n'avait pas le soutien des Américains et dont les troupes subissaient défaite sur défaite, dut renoncer au pouvoir le et s'exila aux États-Unis, où il mourut en 1916[4],[5].
Les discordes entre chefs éclatèrent alors au grand jour. Pour damer le pion à Villa, Carranza convoqua une « convention des représentants des gouverneurs et des commandants des unités de l'armée constitutionnaliste », qui fut un fiasco. Sous la pression de certains généraux, qui souhaitent éviter un affrontement entre Carranza et Villa, il fut décidé qu'elle se poursuivrait en terrain neutre, à Aguascalientes[6].
Le , la convention d'Aguascalientes commença ses travaux. On peut grosso modo diviser les participants en trois groupes : les villistes, les carrancistes et les « indépendants », bien qu'aucun des trois ne fût vraiment homogène[7]. Obregón fut à l'origine d'une proposition présentée le : démettre Carranza, retirer à Villa le commandement de la División del Norte et désigner un président par intérim[8]. Le, Eulalio Gutiérrez fut élu président provisoire par la Convention. Villa accepta la proposition, tandis que Carranza, qui avait déployé en vain des manœuvres dilatoires et entendait soumettre sa démission à certaines conditions, quitta Mexico le pour la ville de Córdoba. Il finit par être déclaré rebelle par la convention le . Obregón, qui considérait l'issue des travaux comme un échec, se rallia à Carranza. La rupture entre les dirigeants révolutionnaires était consommée. Le mouvement était maintenant divisé en « institutionnalistes », c'est-à-dire les partisans de Carranza, et en « conventionnalistes »[9].
Victoire et présidence de Carranza
Le , les derniers soldats de Carranza quittèrent Mexico pour le port de Veracruz, où il établit le siège de son gouvernement, après le départ des Américains qui occupaient la ville. Les forces conventionnalistes se déchirèrent rapidement. Tandis que Villa accumulait les maladresses, Carranza eut l'habileté de faire des concessions politiques et d'adapter son programme, notamment en promulgant une loi de réforme agraire le . Sa portée était limitée mais elle atteignit son but : aliéner une partie de la base paysanne de Villa. Par ailleurs, au printemps 1915, Obregón, à la tête des troupes institutionnalistes et soutenu par ses bataillons rouges de la Casa del obrero mundial, remporta une série de victoires militaires extrêmement sanglantes, qui brisèrent Villa.
Carranza assuma la présidence le . En 1916, plus aucun chef de faction révolutionnaire n'était en mesure de contester son pouvoir à l'échelon national, comme en témoigne la pragmatique reconnaissance de facto de son gouvernement par les États-Unis, en [10], malgré la mise en place du « plan de San Diego » par ses partisans, préparant une invasion mexicaine du territoire américain, tenu en échec par le gouvernement américain[11]. Carranza créa un système judiciaire indépendant, plus de décentralisation, et une réforme agraire sous le système de l'ejido.
C'était un homme d'une grande intelligence avec une vaste connaissance de la situation et de l'histoire mexicaine. Il était aussi opportuniste et sans pitié pour ses adversaires. Les zapatistes qu'il combattit inventèrent le verbe « carrancear » tiré de son nom, et qui signifiait pillage, mort et désolation. En , il sentit le besoin d'une nouvelle constitution et convoqua donc une convention constitutionnelle. La constitution de Querétaro fut adoptée le . Elle prévoyait notamment le suffrage universel et la réforme agraire. Le , Carranza fut élu premier président sous le régime de la nouvelle constitution.
Proposant par ailleurs de réaffirmer le contrôle national sur les ressources mexicaines, notamment le pétrole et les minerai, Carranza dut faire face à des relations de plus en plus tendues avec les États-Unis (ce qui le poussa à garder des liens avec l'Allemagne). Son gouvernement imposa des taxes plus élevées, obligea les propriétaires terriens à solliciter une autorisation officielle pour vendre leur terre aux étrangers, et ajouta une clause à la Constitution qui conféra la propriété des ressources du sous-sol à la nation plutôt qu'au propriétaire du terrain. Cette clause ne fut toutefois guère suivie d'effets. En effet, le Mexique était loin d'être pacifié. De grandes parties du territoire échappaient aux carrancistes. Non seulement ni Villa ni Zapata n'étaient définitivement écrasés, mais bon nombre de leurs partisans, devenus des bandits de grand chemin, entretenaient l'insécurité. Carranza offrit une récompense pour la tête de Zapata, ce qui mena à son assassinat dans une embuscade (1919), tandis que Villa poursuivait un combat sans issue.
Il était proche de la féministe Hermila Galindo, qui défendaient plusieurs réformes comme le droit de vote des femmes mais finalement, le président ne les met pas en œuvre. Il conduit en revanche des réformes sociales destinées à améliorer la condition ouvrière : reconnaissance du droit syndical et du droit de grève, interdiction du travail des enfants, journée de huit heures et salaire minimum, etc. La très forte instabilité politique rend toutefois difficile l'application de ces réformes[12].
Chute et assassinat
En 1920, comme sa présidence arrivait à son terme, Carranza choisit Ignacio Bonillas pour successeur. Ignacio Bonillas, inconnu de tous, était ambassadeur à Washington. Il devait servir de marionnette pour Carranza et empêcher Álvaro Obregón d'accéder à la présidence. Les alliés de ce dernier, Adolfo de la Huerta ainsi que Plutarco Elías Calles, tous deux natifs de l'État de Sonora, comme Obregón, auquel ils étaient très liés, lancèrent le plan d'Agua Prieta et forcèrent Carranza à fuir Mexico. Il choisit de retourner à Veracruz mais il fut intercepté et assassiné par arme à feu en route à Tlaxcalantongo.
Notes et références
- Krauze 1997, p. 193
- McLynn 2001, p. 231
- Krauze 1997, p. 209
- (en) Burton Kirkwood, History of Mexico., Westport, CT, Greenwood Publishing Group, Incorporated, , 1re éd., 245 p., poche (ISBN 978-1-4039-6258-4, lire en ligne), p. 107
- (en) Burton Kirkwood, History of Mexico., Westport, CT, Greenwood Publishing Group, Incorporated, , 1re éd., 245 p., poche (ISBN 978-1-4039-6258-4, lire en ligne), p. 100
- Nunes 1975, p. 93
- Katz 1998, p. 381
- Gilly 1995, p. 120
- Nunes 1975, p. 96
- Knight 1990, p. 329
- Jay Winter (trad. de l'anglais), La Première Guerre mondiale. Combats., Paris, Fayard, , 848 p. (ISBN 978-2-213-66878-9), p. 567-573
- John Womack, Emiliano Zapata et la révolution mexicaine, La Découverte,
Articles détaillés
Revolución de Agua Prieta (es)
Annexes
Bibliographie
- Adolfo Gilly (trad. Pierre-Luc Abramson et Jean-Pierre Paute), La révolution mexicaine. 1910-1920 : une révolution interrompue, une guerre paysanne pour la terre et le pouvoir, Editions Syllepse,
- (es) Enrique Krauze, Biografia del poder : Caudillos de la Revolucion mexicana, Tusquets Editores, coll. « Coleccion andanzas »,
- (en) Frank McLynn, Villa and Zapata. A Biography of the Mexican Revolution, Pimlico,
- Americo Nunes, Les révolutions du Mexique, Flammarion,
- Manuel Plana (trad. Bruno Gaudenzi), Pancho Villa et la révolution mexicaine, Casterman,
- (es) Lucas Alamán, Historia de México desde los primeros movimientos que prepararon su independencia en 1808 hasta la época presente, México D.F., Fondo de Cultura Económica,
- (es) Carmen Blázquez Domínguez, Veracruz, una historia compartida, Mexico, Gobierno del Estado de Veracruz, Instituto Veracruzano de Cultura, , 369 p. (ISBN 968-6173-60-9)
- (es) Carlos María de Bustamante, Cuadro histórico de la Revolución mexicana, México D.F., INEHRM, (réimpr. 1985)
- (es) Luis Garfias Magana, Guerrilleros de México : Personajes famosos y sus hazanas, desde la Independencia hasta le Revolución mexicana, México D.F., Panorama, , 138 p.
- Alexander Von Humboldt, Essai politique sur le royaume de la Nouvelle-Espagne, Paris,
- (es) Luis Pazos, Historia sinóptica de México : de los Olmecas a Salinas, México D.F., Diana, , 165 p. (ISBN 968-13-2560-5)
- (en) Friedrich Katz, The Life and Times of Pancho Villa, Stanford University Press,
- (en) Alan Knight, The Mexican revolution : Porfirians, Liberals and Peasants, vol. 1, University of Nebraska Press,
Liens externes
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