Vera Michalski
Vera Michalski-Hoffmann, née à Bâle le , est la présidente de plusieurs maisons d'édition en Suisse, en France et en Pologne et de la Fondation Jan Michalski[1]. Ces maisons sont regroupées au sein de la holding Libella SA basée à Lausanne[2].
Pour les articles homonymes, voir Michalski.
Ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO | |
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Vera Hoffmann |
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Jan Michalski (d) (de à ) |
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Fritz Hoffmann-La Roche (arrière-grand-père) |
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Biographie
Vera Hoffmann, d'origine suisse et autrichienne, a vécu jusqu'à l'âge de 16 ans en Camargue, à la station de recherche de la Tour du Valat, située à 28 km d'Arles. Cette station qui suivait une idéologie d'origine clairement communiste, et proche du mouvement gauchiste hippie, comprenait à l'époque une activité agricole et l'électricité y était fournie par un groupe électrogène. Cela tient au fait que son père, Luc Hoffmann (1923-2016), docteur en zoologie, consacre une grande partie de sa vie, de ses moyens financiers (il est le petit-fils de Fritz Hoffmann-La Roche, fondateur du groupe pharmaceutique Hoffmann-La Roche) et de ses réflexions à la cause de la nature[3]. Il a été, avec Peter Scott, le fils de l'explorateur du pôle Sud, le fondateur du World Wildlife Fund (WWF) en 1961. Ce lieu, protégé par la fondation familiale MAVA, est devenu un centre internationale pour l'étude des milieux humides méditerranéens[4].
La fondation, qui possède près de 2 500 hectares, est chargée de la protection de ce lieu[5].
Durant l'enfance de Vera Hoffmann, de ses deux sœurs et de son frère, leurs parents ont créé une école privée agréée par l'Éducation nationale. L'école regroupait environ 14 enfants, principalement les enfants des collaborateurs de la station ornithologique et de quelques voisins de modeste condition.[6].
Du côté de sa mère, Daria Razumovsky, Vera Hoffmann descend d'émigrés autrichiens et russes. Le récit de la jeunesse (de 1914 à 1919) de sa grand-mère, qui a fui la révolution russe, a été publié en 1990[7]. Le journal de sa mère et des deux sœurs de celle-ci a été publié en 2004[8].
Vera Hoffmann étudie à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève[9], où elle se lance dans une thèse sur « Le phénomène des compagnons de route du communisme en France, de 1928 à 1939 »[10]. Elle interrompt cependant ses études pour se consacrer à l'édition[11].
En 1983, elle épouse Jan Michalski (1953-2002), à l'époque du communisme en Pologne, Intellectuel Polonais qu'elle a rencontré sur les bancs de l'université de Genève[9].
Prise de position
En , elle signe avec 40 personnalités du monde du spectacle et de la culture[12] un appel contre l'interdiction de la corrida aux mineurs que la députée Aurore Bergé voulait introduire dans une proposition de loi sur le bien-être animal[13]
Édition
Vera Michalski crée, en 1986, les Éditions Noir sur Blanc à Montricher avec son mari Jan Michalski[2]. L'idée était de publier des écrivains de culture slave, et d'offrir ce type de littérature (romans, nouvelles, théâtre, poésie), mais également des essais, des documents, des témoignages, des journaux et mémoires traduisant des moments forts de l'Histoire de pays tels que la Pologne, la Lituanie ou la Russie[14].
Cet attrait slavophile est né lors de la rencontre avec son mari. Jan Michalski, qui était né en Pologne dans une famille ayant du composer avec la terreur stalinienne, et qui a toujours été très sensible à cet univers. Il s'agit d'une rencontre entre deux personnes qui ne viennent pas du même milieu social mais dont l'histoire les a rapproché indéniablement. Le coup d'État en Pologne empêche l'étudiant de retourner dans son pays, son passeport ayant été déposé à l'ambassade en signe de non-allégeance au général Jaruzelski. C'est donc seule que Vera Michalski se rend à Varsovie, en 1982. Amoureuse de la Pologne, elle découvre alors la fragilité des ponts culturels en provenance de ce pays : « à part les éditions L'Âge d'Homme, qui publiaient quelques auteurs polonais, aucune maison d'édition n'avait de démarche organisée pour faire connaître cette littérature. Mon mari et moi avons senti que c'était la chose à faire à ce moment-là[15]. »
Effectivement, après les éditions Gallimard, l'Âge d'Homme, en seconde place, publie 7,6 % des traductions du polonais en France[16]. C'est ainsi qu'elle va suivre son mari dans ses idéaux : diffuser cette littérature bloquée au niveau du rideau de fer. À partir de ce moment-là, il s'agira d'établir « une passerelle entre l'Est et l'Ouest [convaincus] qu'une Europe digne de ce nom est celle où les peuples partagent les richesses de leurs cultures. »
Par la suite, le couple a racheté plusieurs maisons d'édition qui ont ensuite été réunies au sein du Groupe Libella dont la holding se situe à Lausanne[2]. Ce groupe réunit, entre autres, les maisons d'édition : Noir sur Blanc (Suisse), les éditions Phébus, Buchet Chastel, Le Temps Apprivoisé.
En Pologne Vera Michalski a racheté Oficyna Literacka (Noir sur Blanc) à Varsovie[17] et Wydawnictwo Literackie à Cracovie[18].
En 1991, elle prend également possession de la Librairie polonaise de Paris[10].
Elle est présidente du Bureau international de l'édition française depuis 2013[19].
Bien que Vera Michalski soit l'héritière d'une grande fortune, elle prétend veiller à différencier ses activités d'édition, qui visent la rentabilité, et ses activités de mécénat.
Elle affirme toutefois pouvoir prendre des risques éditoriaux que des maisons moins solides financièrement, ne peuvent pas se permettre et ainsi publier des ouvrages pointus. Toutefois, tous les projets éditoriaux visent la rentabilité, même si pour certains, il s'agit de bouées lancées à long terme[20].
Vera Michalski, à travers ses activités d'éditrice, se veut une passeuse entre les cultures de l'Est et de l'Ouest, ses activités, commencées avec son mari, ont débuté en 1986, avant la chute du mur, alors que les échanges étaient difficiles. Elle parle couramment cinq langues, français, allemand, anglais, espagnol et polonais. Elle déclare en outre maîtriser imparfaitement le russe.
Mécénat culturel
À l'automne 2007, Vera Michalski a annoncé la création de la Fondation Jan Michalski à Montricher, dans le canton de Vaud[21] qu'elle préside depuis 2009[22]. Cette activité occupe 20 % de son temps[1].
Cette fondation a acquis une ancienne colonie de vacances qui a été transformée en lieu d'accueil pour écrivains, il est possible d'y accueillir plusieurs écrivains en même temps. Le séjour pourra varier, mais il sera au maximum d'un an. Il est prévu d'y adjoindre une salle d'exposition, un auditorium qui pourra accueillir des concerts, des colloques, des lectures ou des projections, ainsi qu'une bibliothèque[23].
La fondation offre des bourses à des écrivains, elle soutient ponctuellement des projets d'édition.
Vera Michalski a aussi créé le prix Jan Michalski de littérature, qui a pour but de récompenser une œuvre de la littérature mondiale, tous genres confondus (récits, romans, essais, biographies, livres d'art, etc.), ouvert aux écrivains du monde entier, quelle que soit leur langue d'écriture et ainsi contribuer à la reconnaissance internationale de son auteur. Le prix est doté de 50 000 francs suisses[24].
Publication
- Catherine Sayn-Wittgenstein, La Fin de ma Russie, traduit de l'allemand par Vera Michalski, éditions Noir sur Blanc, 1990 ; rééd. poche Phébus, coll. « Libretto »
Prix et distinctions
- 2012, médaille d'honneur Bene Merito polonaise[25],[26]
- 2013, docteur honoris causa de la faculté des lettres de l'université de Lausanne[27]
Notes et références
- « Vera Michalski, la mécène apprivoisée », Le Temps, (lire en ligne).
- (en) « Extrait du Registre du Commerce Suisse », Registre du Commerce du Canton de Vaud.
- (en) « Gouvernance de la Fondation Mava », Mava.
- « Mava - Fondation pour la nature », MAVA Foundation, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « Fondation Mava », Mava.
- (en) « Des cabanes d’Écriture suspendues », L'Extension, (lire en ligne).
- Cf. La Fin de ma Russie, de Catherine Sayn-Wittgenstein, traduit par Vera Michalski.
- Nos journaux cachés, de Maria, Daria et Olga Razumovsky, éditions Noir sur Blanc, 2004.
- Voir sur graduateinstitute.ch.
- (en) « Noir sur Blanc », Bibliomonde.
- (en) « L'été? La lecture à l'ombre », L'Hebdo, (lire en ligne).
- Parmi lesquelles Denis Podalydès, Pierre Arditi, l'ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen ou le journaliste Patrick de Carolis.
- « 40 personnalités lancent un appel pour ne pas interdire la corrida aux mineurs », sur France 3 Occitanie (consulté le ).
- (en) « Historique, Les Editions Noir sur Blanc », Noir sur Blanc.
- Marine Landrot, « Vera Michalski, une éditrice fervente et réservée » sur telerama.fr.
- Gisèle Sapiro (dir.), « Importer en provenance d'espaces périphériques. L’accueil éditorial des littératures d'Europe de l'Est en France (1970-2000) », Les Contradictions de la globalisation éditoriale, Nouveau Monde, 2009.
- (en) « Oficyna Literacka (Noir sur Blanc) », Oficyna Literacka (Noir sur Blanc).
- (en) « Wydawnictwo Literackie », Wydawnictwo Literackie.
- « Entretien avec Vera Michalski-Hoffmann, présidente du BIEF », sur bief.org, (consulté le ).
- « Des cabanes d’écriture suspendues », Lextension.com, .
- (en) « Lancement de la Fondation », Fondation Jan Michalski.
- (en) « Conseil de Fondation ».
- Interview de Vera Michalski.
- « Littérature : création en Suisse romande d'un prix richement doté », Swissinfo.ch, .
- Prix Lilas de l'éditrice 2010 sur livreshebdo.fr.
- Voir sur paris.mfa.gov.pl.
- « Honorée par l'Uni », 24 heures, .
Voir aussi
Interview
- « Vera Michalski : « Le monde a soif de littérature pour mieux exister » », Viabooks, (lire en ligne, consulté le )
Liens externes
- « Vera Michalski », sur la base de données des personnalités vaudoises sur la plateforme « Patrinum » de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne.
- « Roche, prolongation du pool d'actionnaires pour une durée illimitée » sur Romandie.com,
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