Vera Schmidt
Vera Fiodorovna Schmidt, née Yanitskaïa, à Starokostiantyniv, en Volhynie, en 1889 et morte le à Moscou, est une pédagogue et une psychanalyste russe. Elle est l'une des pionnières du mouvement psychanalytique russe, avec Sabina Spielrein et Tatiana Rosenthal.
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Biographie
Ses parents sont médecins. Son père est médecin militaire, et sa mère, Elisaveta Yanitskaïa, l'une des premières femmes médecins russes, soigne des enfants souffrant de troubles neurologiques[1]. Elle fait ses études secondaires à Moscou. De 1913 à 1916, elle se forme aux méthodes de Friedrich Fröbel[2]. En 1913, elle rencontre et épouse Otto Schmidt qui deviendra un scientifique de renom, mathématicien et explorateur de l'Arctique[1].
« Detski Dom », home d'enfants expérimental
Vera Schmidt travaille au département de l'enfance, au ministère de l'Instruction publique. Elle dirige de 1921 à 1925 un home d'enfants expérimental, le « Detski Dom ». Sabina Spielrein y travaille. Le fils de Vera Schmidt, Vladimir, y est élève, et elle tient un journal de ses observations, resté inédit et non traduit.
Le Detski Dom a été pratiquement unique dans ses principes et ses pratiques, et surtout dans son approche psychanalytique. Il a reçu la visite de plusieurs psychanalystes marxistes allemands, notamment de la psychanalyste Anna Mänchen-Helfen (1902-1991)[3], ou encore Annie Reich (1902-1971), médecin et psychanalyste[4] et son mari, Wilhelm Reich.
Vera Schmidt accède aux écrits de Sigmund Freud qu'elle lit en allemand, et se forme à la psychanalyse. Les précurseurs de la psychanalyse sont Nikolaï Ossipov, premier analyste russe, Mosche Wulff, établi à Odessa, Tatiana Rosenthal, formée par Carl Jung et Bleuler à Zurich, qui est installée comme médecin à Saint-Petersbourg, ou encore Leonid Drosnes, psychiatre à Odessa, premier médecin traitant de l'Homme aux loups, patient qu'il adresse à Freud. En 1922, l'Association psychanalytique russe se crée, composée de quinze membres dont seulement quatre sont médecins[5]. Vera Schmidt en est membre fondateur, ainsi que son époux[1]. Otto Schmidt assure la traduction des œuvres de Freud en russe, de 1921 à 1924. Otto et Vera Schmidt rencontrent Freud à Vienne, au début de l'année 1923, pour lui exposer la situation de la psychanalyse en Russie et lui parler du travail mené au home d'enfants[1]. Ils rencontrent également Otto Rank et Karl Abraham[2]. Grâce à ces contacts, l'Association psychanalytique russe est acceptée comme membre associé par l'Association psychanalytique internationale en 1924[1].
Le home d'enfants est pourtant fermé le , victime de la « censure idéologique » qui vise désormais la psychanalyse et la pédologie[6]. Vera Schmidt continue une activité de chercheuse auprès de l'Académie des sciences russe, puis à partir de 1930, elle est chercheuse au centre expérimental de pathologie cérébrale. Atteinte d'une tumeur de la thyroïde, sa participation à une expédition arctique sur le « Tcheliouskine », dirigée par son époux, précipite l'aggravation de son état, et elle meurt durant une intervention chirurgicale, le [2].
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Vera Schmidt » (voir la liste des auteurs).
- Manson 2002, p. 1535.
- Biografisches Lexikon.
- Anna Mänchen-Helfen geb. Aronsohn (1902-1991), Psychoanalytikerinnen. Biografisches Lexikon [lire en ligne]
- René Major, « Annie Reich », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber (éd.), Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions des femmes, (lire en ligne).
- Diatkine 1993, p. 122.
- Manson 2002, p. 1536.
Voir aussi
Bibliographie
- K. J. Brehony, « Representations of Socialist educational experiments in the 1920s and 1930s: The place of the Sciences of Education. Passion, fusion, tension », in Rita Hofstetter & Bernard Schneuwly (dir.), Passion, fusion, tension. Éducation nouvelle et sciences de l’éducation, fin 19e, milieu du 20e siècle, Bern, Peter Lang, (ISBN 978-3039109838) p. 271-304.
- M. A. Miller, Freud and the Bolsheviks : psychoanalysis in Imperial Russia and the Soviet Union, New Haven, Yale University Press, 1998
- Y. Valkanova & K. J. Brehony, « The “Gifts” and “Contributions”. Friedrich Froebel and Russian Education from 1850 to 1920 », History of Education, 35(2): 189-207.
- Irina Manson, « Vera Fedorovna Schmidt », dans Alain de Mijolla (dir.), Dictionnaire international de la psychanalyse 1. A/L., Paris, Calmann-Lévy, (ISBN 2-7021-2530-1).
- Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Schmidt Vera, née Yanitskaïa (1889-1937). Pédagogue et psychanalyste russe », Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2011, (ISBN 978-2-253-08854-7)
- « Vera Schmidt geb. Yanitskaja (1889-1937) », Psychoanalytikerinnen. Biografisches Lexikon (consulté le ).
- Gilbert Diatkine, Alain Gibeault, Monique Gibeault & Michel Vincent, « L’Europe orientale », in Gilbert Diatkine, Gérard Le Gouès & Ilana Reiss-Schimmel, La Psychanalyse et l'Europe de 1993, Puf, coll. « Monographie de psychanalyse », 1993, (ISBN 9782130451280), p. 99-136
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