Victorina Durán

Née dans une famille bourgeoise, intellectuelle et cultivée, Victorina est la fille d'une danseuse de ballet et d'un militaire.

Elle étudie le dessin et la peinture à l'Académie royale des beaux-arts Saint-Ferdinand de 1917 à 1926, se liant avec des personnalités telles que Salvador Dalí, Remedios Varo, Maruja Mallo et Rosa Chacel.

Artiste du batik, elle fait partie de la délégation espagnole de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, organisée à Paris en 1925.

En 1926, elle intègre le Lyceum Club femenino de María de Maeztu, qui réunit les femmes intellectuelles et artistes. Elle est également la fondatrice du Cercle saphique de Madrid[2], avec notamment l'écrivaine Elena Fortún[3] et la graphologue Matilde Ras[4].

Dans sa profession, elle travaille avec le metteur en scène Cipriano Rivas Cherif à la création du Teatro Escuela de Arte de Madrid, réalise les costumes des actrices Margarita Xirgu et Irene López Heredia et travaille pour plusieurs films espagnols de l'époque.

En 1929, elle est la première femme à diriger la chaire d'art scénographique de l'Académie royale des beaux-arts Saint-Ferdinand.

Elle devient incontournable dans le domaine des décors et de la scénographie de l'Espagne des années 1930. Elle s'illustre notamment pour ses œuvres élaborées pour les pièces de théâtre de Federico García Lorca[5] avec qui elle entame une relation amicale et professionnelle - écourtée par l'assassinat du poète par les milices franquistes en 1936 à Grenade - du fait de leur sexualité différente pour l'époque, mieux tolérée par les avancées sociétales de la Seconde République mais honnie par les nationalistes[6].

Durant la guerre d'Espagne, à la suite de l'avancée des forces fascistes, Victorina décide de s'exiler en Argentine avec Margarita Xirgu[7]. Durant son exil, elle devient directrice artistique des théâtres Colón et Cervantes et collabore avec Susana Aquino et la chorégraphe Mercedes Quintana[8]. Dans le domaine de la peinture, elle expose, entre autres, en Uruguay, au Brésil, au Chili, en Allemagne et en France[9]. C'est à cette période, prolixe dans sa création, qu'elle commence son autobiographie[10].

Elle revient une première fois en Espagne en 1949 pour collaborer avec Salvador Dalí dans Don Juan Tenorio, dirigé par Luis Escobar Kirkpatrick au Teatro Nacional de España.

Durant le régime franquiste, elle voyage entre Paris - où elle se lie avec la chanteuse d'opéra française Hélène Bouvier[11] - et Madrid, mais ne s'installe définitivement dans la capitale espagnole qu'après la dictature de Franco, dans les années 1980.

Elle meurt à Madrid à 94 ans[12], laissant l'image d'une artiste hors-norme et militante de l'amour libre et des droits des femmes[13], considérée de nos jours comme une icône lesbienne[14] et l'une des pionnières du féminisme espagnol.

• Ses œuvres demeurent le plus souvent dans des collections privées, soumises aux aléas du marché de l'art[15]. Le Musée ABC de Madrid a néanmoins exposé des illustrations de l'artiste durant l'exposition Dessinatrices en 2019[16], désormais itinérante[17].
• Son parcours est identifié dans les recherches universitaires contemporaines concernant le mouvement artistique féministe des Las Sinsombrero[18].
• Son autobiographie a été publiée en 2018 par les éditions de la Résidence d'étudiants de Madrid[19].

• Victorina Durán, Mi VidaI I: Sucedio, Madrid, Residencia de Estudiantes, 2018, 384 p. (ISBN 9788494671784)

• (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Victorina Durán » (voir la liste des auteurs).

• Eva Moreno Lago, « Victorina Durán: figurinista y surrealista en el teatro español del 27 », Conférence à Casariche, université d'été 2014, 25-31 août 2014

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