Virevoltant

Un virevoltant[1] ou tumbleweed est, chez certaines plantes, la partie hors du sol qui, une fois mûre et sèche, se sépare de la racine ou de la tige avant de rouler sur le sol au gré du vent, ce qui constitue un cas de migration d’une espèce végétale. Les virevoltants sont des xérophytes, poussant surtout dans les écosystèmes arides et de steppe, où les vents fréquents et le manque d'obstruction favorisent leur propagation[2].

Un virevoltant (Salsola tragus).
Détail des fleurs d'un virevoltant.

En dehors de sa tige et de ses racines, les tiges ramifiées formant le virevoltant, d'une hauteur entre 30 cm et quelques mètres, sont mortes. La forme approximativement sphérique et leur mort sont fonctionnelles, constituant un mécanisme favorisant l'anémogéochorie : en roulant, la structure se désagrège progressivement et libère ses graines ou spores. De nombreuses espèces de tumbleweed s'ouvrent mécaniquement, libérant leurs graines lorsqu'elles absorbent de l'eau et gonflent[3]. Certaines espèces répandent environ 250 000 graines de semence.

Cette boule errante est bien connue dans les paysages des films de westerns. Elle est par la suite devenue populaire en ligne où elle est devenue un mème illustrant la solitude.

Plantes formant les virevoltants

Plusieurs des virevoltants sont des plantes rudérales, qui colonisent rapidement des territoires modifiés involontairement par l'humain[4].

Selaginella lepidophylla, autre virevoltant d'une autre famille de plantes, du désert nord-américain.

Bien que le nombre d'espèces formant un virevoltant soit petit, un certain nombre d'entre elles sont des adventices agricoles, dites « mauvaises herbes », très répandues.

Même si elles sont originaires d'Eurasie, plusieurs espèces annuelles de Salsola (famille des Amaranthaceae), qui forment des virevoltants, sont devenues si courantes en Amérique du Nord qu'elles sont désormais un symbole commun dans les films de western, où elles symbolisent habituellement la désolation. La soude brûlée (Salsola kali) serait arrivée aux États-Unis par les expéditions de graines de lin cultivé vers le Dakota du Sud au XIXe siècle[5].

La soude roulante[6] (Salsola tragus) aurait, quant à elle, été importée dans le Dakota du Sud depuis la Russie en 1870 ou en 1874 avec, là encore, des expéditions de graines de lin. Elle est devenue une mauvaise herbe, qui s'est propagée à travers l'Amérique du Nord.

Chez de nombreuses espèces, le virevoltant est détaché de la plante par abscission de la tige, abscission déjà observée chez Psoralea[7] et Kochia[8].

Effets sur l'environnement

Le département de l'Agriculture des États-Unis a classé les virevoltants comme une plante non indigène et hautement envahissante aux États-Unis. Les virevoltants sont un contributeur majeur aux extinctions de plantes indigènes et aux feux de forêt, étant très inflammables et rebondissant ou poussant rapidement dans les terres débarrassées de végétation entre les champs ou les zones de forêt comme pare-feu. Malgré plus d'un siècle de coopération entre les gouvernements mexicain, canadien et américain pour lutter contre l'espèce, on trouve des virevoltants dans la plupart des régions d'Amérique du Nord[9],[10].

Les virevoltants ont un effet important sur l'érosion des sols, en particulier sur les terres sèches. Une étude a montré qu'un seul virevoltant peut éliminer jusqu'à 166 litres d'eau dans le sol, ce qui peut mettre en difficulté une récolte de blé du printemps[11].

La quantité d'eau retirée de jachère fait que celle-ci est soumise à une érosion encore plus élevée. En plus de l'humidité consommée par la plante, des dommages importants à la croûte du sol sont provoqués par le mouvement des virevoltants. Ces dommages déclenchent une exposition plus élevée aux dommages causés par le vent et la perte de sol arable.

Au cinéma

Un virevoltant encore vert.

L'association faite entre les virevoltants et les westerns a conduit à une signification hautement symbolique de ces plantes dans les médias visuels. Elles représentent désormais les endroits désolés, secs, avec peu ou pas d'occupants.

Une utilisation fréquente d'un virevoltant au cinéma : lors de l'affrontement sur une place abandonnée et lugubre, un virevoltant passe en roulant, souvent accompagné par le son d'un vent sec. Le virevoltant sera parfois représenté même dans un endroit où on ne l'attend pas, en vue d'un effet comique. Il est aussi parfois utilisé pour représenter une blague tombant à plat ou un personnage faisant une déclaration absurde, avec un effet de vent mettant l'accent sur le silence gêné[réf. nécessaire].

Dans la culture populaire

Ce trope cinématographique est également devenu un mème illustrant le silence, la solitude, ou encore l'absence de réponse à une question.

Références

  1. « virevoltant », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  2. Dirk V. Baker, Dispersal of an Invasive Tumbleweed, ProQuest, , 90– (ISBN 978-0-549-44310-0, lire en ligne)
  3. W. F. Ganong, « An outline of phytobiology », Bulletin of the Natural History Society of New Brunswick, vol. 13, , p. 3–26, page 1 errata (lire en ligne) page 16
  4. Dirk V. Baker, Dispersal of an Invasive Tumbleweed, ProQuest, (ISBN 978-0-549-44310-0, lire en ligne), p. 3
  5. (en) Anne Orth Epple, A Field Guide to the Plants of Arizona, Helena, Falcon, , 1re éd., 352 p. (ISBN 978-1-56044-563-0).
  6. « Les mauvaises herbes de l'Ontario : soude roulante ».
  7. (en) Donald A. Becker, « Stem abscission in the tumbleweed, Psoralea », American Journal of Botany, vol. 55, no 7, , p. 753-756 (DOI 10.1002/j.1537-2197.1968.tb07431.x, JSTOR 2440962).
  8. (en) Donald A. Becker, « Stem abscission in tumbleweeds of the Chenopodiaceae: Kochia », American Journal of Botany, vol. 65, no 4, , p. 375-383 (DOI 10.1002/j.1537-2197.1978.tb06082.x, JSTOR 2442692).
  9. https://plants.usda.gov/plantguide/pdf/pg_satr12.pdf
  10. http://file.lacounty.gov/SDSInter/acwm/215984_WADTProgram.pdf
  11. (en) Robert Parker, « Drought advisory EM4856 - Water Conservation, Weed Control Go Hand in Hand[PDF] », Washington State University Cooperative Extension, 2003.

Voir aussi

Liens externes

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