Virginie Barbet

Virginie Barbet (dates de vie incertaines) est une militante anarchiste, écrivaine et féministe à Lyon dans les années et . Membre de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT) et de l’Alliance internationale de la démocratie socialiste, elle soutient le droit des femmes au sein de l'alliance sociale démocrate. Elle s'exile en à Genève. Les dernières trace de sa vie sont attestées par des publications en en Île-de-France.

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Virginie Barbet
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Anarchiste, écrivaine, militante pour les droits des femmes
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Biographie

L'origine, les dates ainsi que les lieux de vie et de mort de Virginie Barbet ne sont pas clairement établis[1]. Il est fort probable que Madeleine Barbet, née le à Saint-Denis-lès-Bourg dans l’Ain, soit en fait Virginie Barbet ; mais il n’y a pas de certitude. Dès on trouve la trace du personnage politique de Virginie Barbet qui fait partie des signataires d’un manifeste de soutien à la Société parisienne pour la Revendication du Droit des Femmes[2] (rédigé par André Léo à Paris -Victoir Béra de son nom de naissance). Elle signe avec d'autres femmes comme Mmes Richard, Palix et Blanc dont les époux, respectivement Albert, Louis et Gaspard, sont tous membres de l'Internationale. Virginie Barbet écrira: « Pénétrées de cette vérité que l’ordre ne sera établi dans la société que le jour où la femme y sera ce que l’a faite la nature, c’est-à-dire égale à l’homme, nous nous unissons aux dames de Paris dans leur courageuse entreprise pour la revendication des droits religieux, moraux, sociaux et politiques de la femme ». À cette époque elle est tenancière d'un cabaret - commerce de vin ou restaurant - à Lyon, situé au 123 rue Moncey.

L'internationale

Virginie Barbet est trésorière de la Commission d'initiative de la délégation lyonnaise et participe au IIIe congrès de l’AIT qui se tient du 3 au à Bruxelles, réunissant des délégués venus de Belgique, de France, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie, de Suisse, d’Espagne. Plus tard, en , lors du Congrès de la Ligue de la Paix et de la Liberté qui se tient à Berne, Virginie Barbet prend la parole au nom des femmes de la sociale-démocratie lyonnaise. Ce congrès lui permet de rencontrer le révolutionnaire russe Mickhaïl Bakounine et ses collègues politiques. Ce congrès marque la scission du mouvement entre « marxistes » et « anarchistes » de tendance bakouniniste. Lorsqu'ils quittent la Ligue de la Paix - dominée par la bourgeoisie peu après le Congrès - parce qu'ils ne pouvaient pas faire valoir leurs revendications socialistes, ils fondent l'Alliance internationale de démocratie socialiste que Virginie Barbet rejoint en fondant une section de l'Alliance à Lyon en . L'Alliance rejoint ensuite l'Internationale[3].

En , elle est signataire avec onze délégués de la section lyonnaise de l’AIT d’une adresse de solidarité aux membres du Conseil général des sections belges de l’Internationale, lors de la grève des ouvriers puddleurs et chauffeurs de la fabrique de fer de la Société Cockerill à Seraing en Belgique, grève qui dégénéra en émeute à la suite de l’intervention de la troupe. Virginie Barbet écrit dans le journal la Solidarité et est une des correspondantes les plus importantes du journal de l'Alliance Égalité que Bakounine publie à Genève. Elle y rapporte la grande grève des ouvriers de la soie lyonnaise à l'été . En Virginie Barbet signe un appel demandant aux femmes du Creusot de soutenir la grève des métallurgistes. Signèrent avec Virginie Barbet plusieurs femmes activistes dont Marie Guillot pionnière syndicaliste et militante féministe. Plus tard on retrouve le nom d’une "femme Barbet" qui apparaît parmi les condamnés par contumace de la Commune du Creusot[4]. Un document des Archives de la PPo lui donne même le prénom de Luadaine[1]. En revanche, les Archives fédérales suisses gardent la trace d’une Magdeleine Nesme, née Barbet. Ses œuvres sont toutefois toujours signées de son prénom Virginie.

Écrivaine

Au cours de ces années, Virginie Barbet écrit plusieurs brochures sur l'Internationale, l'athéisme et des sujets similaires, mais écrit aussi de nombreux articles sur la théorie du mouvement ouvrier et du féminisme.

Virginie Barbet a développé des stratégies de résistance passive pour le mouvement ouvrier, préconisant l'action non-violente - appelant les femmes en situation de grève à se mettre entre les hommes en grève et les militaires en marche ou à protester devant les prisons pour les détenus. Dans l'Internationale, Virginie Barbet est remarquée par son action en faveur de l'abolition du droit successoral, qui était un point central du litige entre Bakounine et Karl Marx. Virginie Barbet indique que l'abolition du droit successoral n'était pas seulement une mesure de politique économique, mais qu'elle avait aussi un aspect culturel, car les femmes étaient particulièrement désavantagées par le droit successoral ; parce qu'elles héritent moins souvent que les hommes et que le droit successoral est à l'origine de nombreuses lois au détriment des femmes, comme l'interdiction des rapports sexuels hétérosexuels extraconjugaux pour les femmes afin d'assurer la succession à l'héritage.

Le texte reconnu comme le plus élaboré[1] est la brochure Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini qui parut peu après la fin de la Commune de Paris. Dans cette brochure de propagande elle y expose sa doctrine politique en opposition aux conceptions mazziniennes. Anarchiste, Virginie Barbet soutient que l’égalité ne saurait être réalisée sans l’abolition de l’héritage ainsi que de la propriété illégitime, ne résultant pas du travail individuel et que le sol, tout comme les matières premières, doivent relever de la propriété collective. On peut noter que le titre de son écrit est presque identique à l’article contemporain de Bakounine.

L'exil à Genève

Après la suppression de la Commune de Paris en , Virginie Barbet doit s'exiler. Comme d'autres proscrits lyonnais ou parisiens dont André Léo elle rejoint l'opposition anarchiste à Genève. En 1873 on retrouve son nom parmi les membres de la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste. En , elle est kiosquière et reçoit les numéros du Bulletin de la Fédération jurassienne qu'elle vend dans son kiosque, place Chevelu. C’est aussi à Genève qu’elle publia sa brochure Religions et libre-pensée, en 1881. Lors de la commémoration de la Commune de Paris le , qui réclama la mort pour le tsar Alexandre II (Le Révolté, )[5], Virginie Barbet se serait fait « remarquer par ses discours empreints d’exaltation mais paraissant peu dangereux » ; la police interroge une certaine Madeleine Barbet, résidente de Genève depuis  : « J’ai parlé de la question sociale et j’ai fait ressortir les vices de la société dirigeante » déclara-t-elle. Réfugiée politique, on peut penser qu'il s'agit de Virginie Barbet.

La dernière trace probable serait une V. Barbet qui publie deux ouvrages chez Auguste Réty, imprimeur-éditeur à Meulan (Île-de-France), en  : Rayon d’avenir, l’abolition du paupérisme, puis chez le même éditeur La veuve rouge et ses amants. Le ton peut faire penser à Virginie Barbet, mais aucun document n’atteste qu’elle en soit l’auteur.

Hommage et postérité

En , l'association Escouade fait poser des plaques de rue temporaires à Genève en hommage aux femmes célèbres genevoises. La rue de la Cité est renommée temporairement rue Virginie Barbet dans le cadre de l'initiative 100Elles[5],[6].

Bibliographie

  • Déisme et athéisme, profession de foi d’une libre penseuse, Lyon 1869, in-8°, 15 p.
  • Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini, Assoc. typo. de Lyon, 1871, in-8°, 16 p.
  • Religions et libre-pensée, Genève, Imprimerie jurassienne, 1881, 36 p.

Et vraisemblablement :

  • Rayon d’avenir, l’abolition du paupérisme, par V. Barbet, Meulan, 1901, 28 pp. (8° R, Pièce 8774)
  • La veuve rouge et ses amants, par V. Barbet, Meulan, 1902, 27 pp. (8° R, Pièce 9279)

Sources

  • IISG Amsterdam, archives de la Fédération jurassienne
  • Archives PPo., B a/440.
  • Arch. féd. suisses AFS, E21 13905, et Flüchtlinge. Carton 53.
  • Claire Auzias, Annik Houel, La Grève des ovalistes, Lyon, juin-, Paris, Payot, 1982
  • Antje Schrupp Antje Schrupp (de), Nicht Marxistin und auch nich Anarchistin : Frauen in der Ersten Internationale, Königstein 1999.
  • Virginie Barbet, Une Lyonnaise dans l’Internationale, Lyon, Atelier de création libertaire, 2009.
  • Arthur Lehning, Archives Bakounine, I/2
  • Johann Langhard, Die anarchistische Bewegung in der Schweiz, Berlin 1903
  • Notes de Claire Auzias

Notes et références

  1. « Maitron », sur maitron-en-ligne.univ-paris1.fr, (consulté le )
  2. Ueberschlag, Josette, notice biographique de Paul Faucher dans dictionnaire mouvement ouvrier, mouvement social (Le Maitron, P5) (OCLC 784081009, lire en ligne)
  3. « Atelier de création libertaire - Virginie Barbet, une Lyonnaise dans l’Internationale », sur www.atelierdecreationlibertaire.com (consulté le )
  4. « BARBET Virginie - Maitron », sur maitron-en-ligne.univ-paris1.fr (consulté le )
  5. « Virginie BARBET », sur 100 Elles* (consulté le )
  6. Sylvia Revello, « Les rues genevoises en voie de féminisation », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )

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