Vivat flamand
Le vivat dit « flamand » est un chant aux paroles mi-françaises mi-latines autrefois (et parfois encore) chantés lors de fêtes ou de mariages dans le nord de la France.
Pour les articles homonymes, voir Vivat.
Ce vivat flamand a d'autres fonctions ; il est le plus souvent entonné lors des repas de mariages, mais il peut également accompagner un baptême, un anniversaire (de naissance ou de mariage[1]), voire une réussite personnelle (bac, permis, promotion...)[réf. nécessaire]
Il est chanté traditionnellement en fin de repas, pour honorer un convive ou un couple de convives.
Pendant le chant, la personne (ou le couple) honoré est assise tandis que 2 personnes tiennent horizontalement une serviette au-dessus de sa (leur) tête, une 3e personne versant un peu de champagne ou autrefois de vin blanc sur la serviette.
Origines
Les origines de la tradition, de l'air et des paroles de ce vivat sont incertaines. On leur donne plusieurs sources possibles :
- Le mot Vivat signifie "qu'il vive" ( vivat est un subjonctif ) ou "Vive" (comme dans « Vivat Rex » qui veut dire Vive le Roi).
Au bas de certaines épitaphes on pouvait lire « Aeternam vivat » (qu'il vive pour l'éternité).
On le retrouve chanté dans le refrain d'une chanson populaire dite "La fête de Sain-Anne" qui est "Eh Courage, Vivat ! sa, sa.. Eh courage Vivat !"[2].
Les « vivat » étaient autrefois en Europe criés par la foule pour saluer un nouveau prince, roi ou empereur après son intronisation et la messe solennelle qui l'accompagnait, et avant le banquet qui la suivait[3]. - racines symboliques ? ; Il existait autrefois un rite de passage (le « rite de la voûte ») qui a sans doute des origines très anciennes. Il a selon René Lecotté (spécialiste des arts et traditions populaires) notamment été utilisé par la chevalerie, le compagnonnage et la franc-maçonnerie. Il consistait à faire passer quelqu'un sous une voute symbolisée par des bras se joignant ou par une toile tenue par au moins deux personnes. Le « passage sous la voute » est aussi une figure de danse fréquente dans les danses traditionnelles de nombreux pays.
Ce vivat est selon R. Lecotté une version rénovée du passage sous la voûte, devenue (ou redevenue ?) très populaire au XIXe siècle et début du XXe dans le nord de la France (du Dunkerquois à la région lilloise, en passant par la Flandre française au moins), à la fois dans les milieux ruraux, urbains et ouvriers de Roubaix ou Tourcoing[4]. Selon cet auteur, ce rite pourrait avoir été remis à jour par des militaires, ou par la franc-maçonnerie à l'époque de la révolution française 1789, et sa diffusion jusque dans d'autres pays pourrait avoir été favorisé par des gravures ou images le représentant...
- Le rituel de la serviette tendue est issu d'une tradition hébraïque connue sous le terme de houppa. La Houppa est un dais traditionnellement utilisé lors de la cérémonie juive du mariage. Elle se constitue d'un drap, d'une étoffe, parfois d'un châle de prière, étendu ou soutenu par quatre piliers, transportée par des assistants à l'endroit où se tiendra la cérémonie. Elle symbolise le foyer que devra construire le couple. Le mot houppa apparaît dans la Bible, dans Joël (2:16) et les Psaumes (19:6). Elle représente un foyer juif symbolisé par le voile et les quatre coins. Cependant, il est possible que ce soit l'inverse qui soit vrai, c'est-à-dire que le rituel juif (attesté au moyen âge seulement) pourrait dériver de la pratique chrétienne ancienne de vélation nuptiale ou velatio nuptialis[5] : selon Henri de Villiers, « le premier auteur juif à en parler, Rabbi Isaac ben Abba Mari, au XIIe siècle, désapprouve catégoriquement la coutume qui s’introduit de tendre un linge au dessus des époux lors de la bénédiction nuptiale ».
- Une origine possible et un peu plus « récente » pourrait aussi être le Vivat (Vivat rex) qui était en France rituellement formulé au moment des sacres et couronnements de rois ou de l'empereur[6]. La figure du roi et le sacre avaient une double connotation, civile et religieuse, d'où l'utilisation du latin [7]. Lors de la révolution française, avec la fin de la monarchie, le Vivat pourrait avoir ainsi été approprié par le peuple.
Paroles
Vivat vivat semper
Semper in aeternum
Qu'il vive, qu'il vive,
Qu'il vive à jamais
Répétons sans cesse, sans cesse,
Qu'il vive à jamais,
En santé en paix.
Ce sont nos souhaits.
Vivat vivat semper
Semper in aeternum
(crié) Qu'il vive !
Divers
Le fonds d'archives du Pr René Debrie, spécialiste de la langue picarde contient quelques papiers relatifs au « Vivat Flamand » Fonds « Papiers du Pr René Debrie »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (spécialiste de la langue picarde), remis aux archives par sa veuve Madame Jeannine Debrie], inventoriés par Marie De Witte (archiviste diocésaine adjointe) ; archives départementales de la Somme (Répertoire numérique détaillé 61 J, PDF, 60 p) il est conservé aux Archives départementales de la Somme (171)
Notes et références
- M Le Blan, S Dhote (2001 ) Le Nord: un art de vivre entre beffrois et moulins ; Avesnois, Hainaut, métropole lilloise, Cœur de Flandre, Flandre-Côte d'Opale, Renaissance Du Livre, 2001 ( voir page 16/233)
- Lécrivain et Toubon Champfleury, Jean-Baptiste-Théodore Weckerlin, Alexandre Bida, Félix Bracquemond (1860) Chansons populaires des provinces de France, 224 pages (avec Google books) voir p 11 ;"La fête de Sain-Anne" ; "Musique recueillie et transcrite avec piano par JB Wekerlin"
- voir par ex page 75 et suivantes in Pierre Le Boucq, Amédée Le Boucq de Ternas (1857) [Histoire des choses les plus remarquables advenues en Flandre, Hainaut, Artois et pays circonvoisins depuis 1596 jusqu'à 1674] ; Vve Ceret-Carpentier
- René Lecotté (1957) Un rite de passage rénové et popularisé : La voute ; Arts et traditions populaires 5e Année, No. 2/4 (Avril-Decembre 1957), pp. 261-281 ; Presses Universitaires de France (extrait/1ère page)
- AuteurHenri de Villiers, « Un antique usage : la velatio nuptialis ou le mariage au poêle », sur Liturgia, (consulté le )
- RA Jackson (1984) Vivat rex : histoire des sacres et couronnements en France ; Éditions Ophrys
- Alain Boureau (1991), Les cérémonies royales françaises entre performance juridique et compétence liturgique ; Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, Vol.46, n°6 ; pp. 1253-1264
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Portail des musiques du monde
- Portail du Nord-Pas-de-Calais
- Portail de la musique • section Chanson