Vœu de chasteté

Le vœu de chasteté est un vœu religieux à vivre dans la chasteté.

Chapelle Bardi, Florence, allégorie de la chasteté par Giotto di Bondone.

Définitions religieuses

Définition de la vertu de chasteté

Dans l'Église catholique, il est l'un des trois vœux principaux (avec le vœu de pauvreté et le vœu d'obéissance) que prononce un homme ou une femme qui, à la suite d'une période de probation (le noviciat), est admis dans un ordre ou une congrégation religieuse[1]. Ce vœu peut également être prononcé par des laïques engagés dans un Tiers-ordre.

Il est généralement présenté comme l’expression d’un engagement[2]. Mais celui ou celle qui fait ce vœu, dans l’idéal, ne le vit pas comme une contrainte mais comme l’expression de la fidélité qui découle de « l’amour vrai »[Quoi ?].

La chasteté ne doit pas être confondue avec la continence qui consiste à se priver volontairement de toutes pratiques sexuelles. Même l'abstinence peut être non-chaste[3].

La vertu de chasteté est la liberté de pouvoir aimer Dieu et son prochain de manière désintéressée, l'engagement à aimer Dieu par-dessus toutes choses, et à aimer les autres de l'amour même que Dieu leur porte. La pratique de cette vertu exprime le désir conscient, pour le chrétien, de respecter chaque personne comme le demande la loi de Dieu[4],[5] : ne pas utiliser sa propre position (responsable de formation, père supérieur du monastère, prêtre, ancien, etc.) pour agir avec « autorité » sur la personne, et satisfaire ses propres désirs (orgueil…).

La chasteté intègre, et impose un apprentissage de la maîtrise de soi, afin de s'affranchir de l'esclavage de ses passions et pulsions[C 1], pour pouvoir librement aimer les autres et Dieu (sans subir l'esclavage de sa propre sensibilité)[C 2]. C'est un travail de longue haleine, jamais terminé, qui est aussi une grâce et un don de Dieu[C 3].

Impact du vœu de chasteté

Si la chasteté a un impact direct sur la sexualité des membres du clergé régulier et séculier en imposant, en conséquence de leur célibat[6], l'abstinence sexuelle, la chasteté - et même le vœu de chasteté pour les moines - a surtout un impact beaucoup plus large puisqu'il consiste à aimer toute personne en vérité en respectant pleinement sa liberté[4], se mettant à son service pour l'aider à grandir (dans la foi, dans l'unification de tout son être)[7] ; et donc à ne pas utiliser sa propre position (responsable de formation, père supérieur du monastère, prêtre, ancien…) pour agir avec « autorité » sur la personne, et satisfaire ses propres désirs (orgueil, volonté de puissance…).

Les vœux dans l'Église catholique

Dans l'Église catholique, les prêtres ne font pas de vœux, mais ils s'engagent au célibat et à obéir à leur évêque. Les prêtres doivent vivre (comme tout chrétien) dans la chasteté, l'obéissance et le détachement des biens matériels (la pauvreté)[8].

Les religieux (appelés moines ou moniales s'ils font partie d'un ordre contemplatif, ou simplement religieux ou religieuses sinon) prononcent les trois vœux (pauvreté, chasteté, obéissance). La chasteté à laquelle le religieux est appelé est la même que celle de tout chrétien (prêtre ou laïque)[C 4], son engagement est plus fort : du fait de son vœu, tout manquement à la chasteté cause un péché plus grave pour lui que pour un autre chrétien qui n'aurait pas prononcé ce vœu[8].

Les laïques peuvent, s'ils le souhaitent, prononcer des vœux, dont le vœu de chasteté, après leur entrée dans un Tiers-ordre. Par exemple, dans l'ordre du Carmel, les personnes entrant dans le Tiers-Ordre carmélite[9] prononcent, lors de leur engagement dans l'ordre, un engagement à vivre les vertus évangéliques d'obéissance, de chasteté et de pauvreté (cet engagement ne constitue pas un vœux en tant que tel)[4]. Cependant, le laïque peut, librement, prononcer ses vœux d’obéissance et de chasteté (cependant, ces vœux ne font pas de lui un religieux, et préservent son statut de laïque)[10].

Protestantisme

Martin Luther jugeait ce vœu légitime dans la mesure où il était possible de le révoquer et s’il n’était pas adopté pour obtenir un mérite ou par contrainte, mais « gratuitement et librement »[11]. « Si vous obéissez à l’Évangile, vous devez maintenir la liberté du célibat, si vous ne le faites pas, vous n’obéissez pas à l’Évangile (…) La chasteté votive s’oppose donc diamétralement à l’Évangile »[12].

Notes et références

  1. Antoine-Henri de Bérault-Bercastel, Histoire de l'Église (lire en ligne) ; ouvrage publié à Toulouse en 1809
  2. Laurent Boisvert, Le Célibat religieux, Cerf, (présentation en ligne), p. 42
  3. Un chartreux, Le bonheur d'être chaste, Presses de la Renaissance, 2004
  4. « Constitutions de l’Ordre Séculier », sur carmel.asso.fr (consulté le ), paragraphe 13 : la chasteté
  5. « La promesse de chasteté renforce l'engagement à aimer Dieu par-dessus toutes choses, et à aimer les autres de l'amour même que Dieu leur porte. Cette promesse donne au Séculier du Carmel la liberté de pouvoir aimer Dieu et son prochain de manière désintéressée témoignant ainsi de l'intimité divine promise dans la béatitude « bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu » Mt 5,8… Par cette promesse, le Séculier exprime en outre son désir conscient de respecter chaque personne comme le demande la loi de Dieu, selon son état de vie propre, qu'il soit célibataire, marié ou veuf... »
  6. Dans l’Église catholique, les prêtres, évêques, moines et religieuses sont célibataires. Les prêtres font même vœux de célibat avant d'être ordonné.
  7. Livret de formation des Carmes Déchaux Séculiers, province Avignon-Aquitaine, fiche A-2-1 Pauvreté, chasteté, obéissance (P34), et fiche B2-2 L'esprit du conseil évangélique de chasteté (P63 à 68).
  8. « Vie spirituelle des prêtres », sur diocèse de Nanterre, 92.catholique.fr (consulté le ), chapitre 3. Les prêtres diocésains font-ils des vœux religieux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance ?
  9. soit le Tiers-ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel pour la branche des Grands Carmes ou l'ordre des Carmes déchaux séculier pour la branche de l'ordre des Carmes déchaux.
  10. « Constitutions de l’Ordre Séculier », sur carmel.asso.fr (consulté le ), paragraphe 39
  11. Robert Grimm, Luther et l'expérience sexuelle : sexe, célibat, mariage chez le réformateur, Labor et Fides, (présentation en ligne), p. 181
  12. Le Jugement MLO III 102s

« Catéchisme de l'Église catholique », sur Vatican, vatican.va (consulté le ), p. 3e partie, 2e section, chapitre 2, 6e commandement, II. La vocation à la chasteté

  1. Catéchisme de l'Église catholique No 2339 : « La chasteté comporte un apprentissage de la maîtrise de soi, qui est une pédagogie de la liberté humaine. L’alternative est claire : ou l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elles et devient malheureux »
  2. Catéchisme de l'Église Catholique No 2341 : « La vertu de chasteté est placée sous la mouvance de la vertu cardinale de tempérance, qui vise à imprégner de raison les passions et les appétits de la sensibilité humaine »
  3. « Catéchisme de l'Église catholique », sur vatican.va (consulté le ), N°2342 à 2345
  4. Numéro 2494 du Catéchisme de l'Église catholique : « Le Christ est le modèle de la chasteté. Tout baptisé est appelé à mener une vie chaste, chacun selon son propre état de vie »

Voir aussi

Bibliographie

  • L. Legrand : La Virginité dans la Bible, Paris, Cerf, 1964.

Articles connexes

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