Waad al-Kateab

Waad al-Kateab (en arabe : وعد الخطيب) est une journaliste et réalisatrice syrienne née en 1991, qui s'est fait connaître en filmant la vie dans la ville d'Alep, de 2011 à 2016, pendant le soulèvement et la guerre civile. Son documentaire Pour Sama reçoit de nombreux prix.

Waad al-Kateab
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Inconnu
Pseudonyme
Waad al-Kateab
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Autres informations
Partenaire
Edward Watts (en)
Distinctions
Œuvres principales

Elle milite contre les bombardements sur les hôpitaux et les civils en Syrie.

Biographie

Waad utilise le pseudonyme al-Kateab pour protéger sa famille[1],[2]. En 2009, elle renonce à son rêve d'étudier le journalisme, métier trop dangereux dans la Syrie d'Assad, selon sa famille[3], et déménage à Alep pour y suivre des études d'économie[4]. Elle est étudiante lorsque surviennent les premières manifestations, au printemps 2011, de ce qui deviendra la révolution syrienne, puis la guerre. Très vite, elle rejoint les groupes d'étudiants qui organisent les cortèges des manifestations demandant la liberté et la démocratie, à l'aune des Printemps arabes, et elle commence à filmer avec son smartphone car elle sent que « quelque chose d'important [est] en train de se produire[5]. » C'est dans ce cadre qu'elle rencontre Hamza al-Kateab, étudiant en médecine, qui deviendra son ami, puis son mari.

Waad décide de continuer à filmer avec son téléphone portable la répression extrêmement violente des manifestations, pour témoigner. Elle devient alors une « journaliste-citoyenne » ou « journaliste activiste », ouvertement engagée dans la révolution, et documente les manifestations afin d'informer le monde de ce qui se passe en Syrie, y compris l'horreur, comme lorsqu'elle filme des corps de manifestants torturés[3],[6].

Le , Waad épouse Hamza. Elle tombe enceinte et donne naissance à une petite fille, Sama, en , au début du siège de la partie est d'Alep, aux mains des rebelles, par le régime syrien[7].

Le , pendant la bataille d'Alep, la chaîne Channel 4 News, qui l'emploie alors, annonce publiquement « Waad al-Kateab est une réalisatrice primée et elle est en grave danger[8]. » Fin , elle et sa famille sont exfiltrés d'Alep Est, ainsi que l'ensemble des habitants qui y vivaient assiégés.

Waad al-Kateab et sa famille vivent plus d'un an en Turquie, avant d'aller au Royaume-Uni, où elle obtient le statut de réfugiée politique et où elle travaille pour Channel 4[9].

Elle figure dans la liste des 100 femmes inspirantes du monde de l’année 2020 publiée par la BBC, aux côtés de deux autres syriennes, la virologue botanique Safaa al-Qamari et l’illustratrice de livres pour enfants Nadine Kaadan[10].  

Travail de journaliste-citoyenne

Waad al-Kateab poste des vidéos des manifestations sur internet. Pour elle, il s'agit de montrer, enregistrer et archiver ce qui se passe à Alep, notamment avec le début de la répression meurtrière des manifestations par le régime de Bachar el-Assad[6]. Elle devient ensuite journaliste-citoyenne pour des chaînes d'information locales[5].

En 2016, la chaîne d'information britannique Channel 4 News lui demande de réaliser une série de reportages, intitulée Inside Aleppo[11]. Elle tourne des reportages pour la chaîne durant toute l'année 2016[8],[9] ; ces vidéos, récompensées par un Emmy Award, font près de 500 millions de vues en ligne[5]. Elle filme ce qui l'entoure et fait sa vie, la vie des Alepins, les bombardements et le quotidien de l'hôpital de fortune de son mari[9].

À partir de toutes les images qu'elle a tournées dans ce cadre, et avec la collaboration du réalisateur de documentaires britannique Edward Watts[12], elle réalise Pour Sama, qui se veut à la fois un témoignage sur ce qu'elle a vécu et ce qu'ont vécu les habitants de son quartier d'Alep de 2011 à 2016, et une lettre ouverte à sa fille, Sama, née durant le siège de la ville[11].

Prise de position

Lors de la médiatisation de son film, Pour Sama, Waad al-Kateab cherche constamment à faire passer un message au monde[13] : celui de faire cesser les bombardements sur les hôpitaux, et de ne pas oublier le sort des civils syriens. Lors du festival de Cannes 2019[14] et devant le siège de l'ONU, à l'occasion des Oscars 2020, elle porte le message « Stop bombing hospitals » (arrêtez de bombarder les hôpitaux) et lit les témoignages de médecins dont les hôpitaux sont bombardés, alors que l'ONU doit publier les résultats d'une enquête sur les bombardements d'hôpitaux qui avaient communiqué leurs coordonnées à l'ONU pour être protégés des attaques aériennes[15].

Lors de son discours de remerciement pour l'obtention du prix du meilleur film documentaire du BAFTA, elle évoque la situation des civils en Syrie : « il y a des bombardements sur plus de 3,5 millions de civils. Ces gens sont à Idlib, ils devraient entendre vos voix maintenant. Ils devraient entendre que la Grande-Bretagne, ce grand pays, ne permettra pas que cela se reproduise. »[16]. Lors de la cérémonie de remise des Oscars, elle porte une robe, remarquée, sur laquelle est calligraphié un extrait de poème arabe disant « nous avons osé rêver, et nous ne regretterons pas d'avoir demandé la dignité »[17] ,[13].

Filmographie

  • Le Dernier Hôpital d'Alep détenu par les rebelles, 2016
  • The Last Flower-Seller of Aleppo (Le Dernier Fleuriste d'Alep), 2016[2]
  • Pour Sama, avec Edward Watts, 2019

Récompenses

Références

  1. (en-GB) Kate Kellaway, « ‘My daughter was raised during the siege of Aleppo. I had to make a film for her’ », The Observer, (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le ).
  2. Jo Shelley CNN, « The woman who exposed the horrors of Aleppo », sur CNN (consulté le ).
  3. « Waad al-Kateab - 28 Minutes », sur ARTE (consulté le )
  4. « Waad El Kateab, au cœur d'Alep », sur France Culture (consulté le ).
  5. « Waad al-Kateab, réalisatrice rescapée d'Alep : "J'apportais la vie là où seule la mort était semée" », sur Madame Figaro, (consulté le ).
  6. « Waad al-Kateab a filmé tout ce qu'elle a vu à Alep depuis 2011 », sur Slate.fr, (consulté le ).
  7. « Quimper - Documentaire au Katoraza ce dimanche. “Pour Sama” : le siège d’Alep vécu de l’intérieur », sur Le Telegramme, (consulté le ).
  8. (en-GB) Ben De Pear, « Waad al-Kateab is an award-winning film-maker. And she is in grave danger », sur Channel 4 News (consulté le ).
  9. « “Pour Sama” : Waad al-Kateab, témoin infatigable de la guerre en Syrie », sur Télérama.fr (consulté le ).
  10. « Three Syrian Women on BBC 100 Women 2020 List », sur The Syrian Observer, (consulté le )
  11. « "Pour Sama", documentaire sur le siège d'Alep ovationné au prix Bayeux », sur RFI, (consulté le ).
  12. « "Je filmais sans penser à ce qu'il se passait" : dans Alep assiégée, "Pour Sama", le film documentaire d'une jeune mère syrienne », sur Franceinfo, (consulté le ).
  13. (en) « For Sama's director speaks for 'voiceless Syrians' in embroidered Oscars dress », sur Middle East Eye (consulté le )
  14. « VIDEO - "Arrêtez de bombarder les hôpitaux" : l'équipe du film syrien "For Sama" proteste sur les marches », sur LCI (consulté le )
  15. « Face aux attaques contre des hôpitaux, la cinéaste syrienne Waad al Kateab invective l'ONU », sur RTBF Info, (consulté le )
  16. (en-US) Freddy Mayhew Twitter, « Bafta-winner Waad Al-Kateab discussed burying Channel 4 News Syrian war footage in case of her death », sur Press Gazette, (consulté le )
  17. (en) « Oscars: Her dress had a message in Arabic for the world », sur gulfnews.com (consulté le )
  18. « POUR SAMA : Waad al-Kateab filme l'horreur de la guerre en Syrie pour sa fille », sur journaldesfemmes.fr (consulté le ).
  19. Éric Marie, « Prix Bayeux-Calvados. Le palmarès de la 24e édition dévoilé », sur Ouest-France.fr, (consulté le ).
  20. « "Pour Sama". Un documentaire hallucinant », sur L'Humanité, (consulté le ).

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