Xiomara Castro

Iris Xiomara Castro Sarmiento, née le à Tegucigalpa, est une femme d'État hondurienne, présidente de la République du Honduras depuis le . Élue à l'occasion des élections générales de novembre 2021, elle devient la première femme à occuper cette fonction. Également l'épouse de l'ancien président Manuel Zelaya, elle est ainsi Première dame du Honduras de 2006 à 2009.

Castro Sarmiento est un nom espagnol. Le premier nom de famille, paternel, est Castro ; le second, maternel, souvent omis, est Sarmiento.

Xiomara Castro

Xiomara Castro en 2022.
Fonctions
Présidente de la République du Honduras
En fonction depuis le
(7 mois et 7 jours)
Élection 28 novembre 2021
Vice-président Salvador Nasralla
Prédécesseur Juan Orlando Hernández
Première dame du Honduras

(3 ans, 5 mois et 1 jour)
Prédécesseur Aguas Ocaña
Successeur Siomara Girón
Biographie
Nom de naissance Iris Xiomara Castro Sarmiento
Date de naissance
Lieu de naissance Tegucigalpa (Honduras)
Nationalité Hondurienne
Parti politique Libre
Conjoint Manuel Zelaya
Diplômée de Instituto Hondureño de Cultura Interamericana
Profession femme politique, femme d'affaires

Présidents de la République du Honduras

Biographie

En 1976, elle épouse Manuel Zelaya, avec lequel elle a quatre enfants. Le couple s'installe à Catacamas.

Parcours politique

Militante, tout comme son époux, du Parti libéral, dont elle se situe nettement sur l'aile gauche, elle organise la branche féminine du parti dans la région de Catacamas[1].

Première dame du Honduras

Xiomara Castro en 2007.

En , son mari est élu président du Honduras et entre en fonction en . Elle devient alors Première dame du pays. À ce titre, elle crée des centres d’aide aux mères célibataires et s’est impliquée dans la lutte contre le sida, mais ne joue pas un grand rôle public[1].

Lors du coup d'État de 2009, coordonné entre l'armée, le patronat, le Parti national et l'épiscopat catholique, elle se réfugie à l'ambassade des États-Unis, craignant d'être assassinée par les putschistes. Elle prend dans les jours qui suivent la tête des manifestations pro-démocratie[1],[2].

Élection présidentielle de 2013

Elle participe en 2011 à la fondation du parti Liberté et refondation (Libre), rompant définitivement avec le Parti libéral[1].

Elle est candidate du parti Libre lors de l'élection présidentielle de 2013. Battue par Juan Orlando Hernández avec 34,16 % des voix, contre 28,53 % pour elle, elle ne reconnaît pas les résultats annoncés par le Tribunal suprême électoral et appelle à manifester[3].

Élection présidentielle de 2017

Elle se présente à la vice-présidence lors de l'élection présidentielle de 2017 aux côtés du centriste Salvador Nasralla, au sein de la coalition Alliance de l’opposition contre la dictature[1].

L’Alliance est donnée gagnante du scrutin par les sondages pré-électoraux, et apparaît en tête dans les résultats préliminaires. Cependant, une panne générale interrompt pendant 36 heures la publication du dépouillement ; lorsqu’elle est relancée, la tendance est inversée et le président Juan Orlando Hernández réélu, donnant lieu à des accusations de fraude[1]. Les manifestations qui s'ensuivent sont réprimées par le pouvoir, faisant 23 morts, des centaines de blessés et plus de 1 350 personnes détenues[4].

Élection présidentielle de 2021

En , elle remporte l'élection primaire du parti Libre et devient sa candidate pour l'élection présidentielle du [5]. En , elle reçoit le soutien de Salvador Nasralla, qui renonce à sa propre candidature pour former une alliance avec elle et devenir son colistier[6]. Le Parti Innovation et unité (PINU), petite formation social-démocrate, se joint également à la coalition[4].

Elle souhaite organiser « une consultation populaire pour que le peuple élise l’Assemblée nationale constituante et rédige une nouvelle Constitution ». Sur les questions économiques, elle propose d'abandonner « l’application du modèle néolibéral » pour planifier un développement social et économique organisé par l’État, de modifier le statut des ZEDES (zones de libre-échange semi-autonomes promues par Juan Orlando Hernández), d'établir des relations diplomatiques et commerciales avec la Chine, et de renforcer les programmes sociaux pour lutter contre la pauvreté. En matière de lutte contre la corruption et le narcotrafic, elle entend créer une commission anti-corruption soutenue par les Nations unies, modifier le code pénal afin d'abroger les lois qui garantiraient l’impunité des élus corrompus, réduire le train de vie de l’État en vendant les véhicules de luxe et en diminuant les salaires des hauts fonctionnaires et dirigeants politiques[1]. Elle défend aussi la dépénalisation de l’avortement et le droit au mariage homosexuel, des positions très controversées dans le pays[7]. Elle a été accusée pendant la campagne de communisme et de sympathies pour le Venezuela et Cuba[8].

Le , elle est élue à la présidence du Honduras avec 53,4 % des voix[9], devançant Nasry Asfura du Parti national (34 %) et Yani Rosenthal du Parti libéral (9 %), mettant fin à un siècle de bipartisme entre le PN et le PL. La participation a été la plus élevée de l’histoire récente du pays (69 %)[10].

Transition et investiture

Sur les 128 sièges du Congrès national, le parlement du pays, Libre obtient 50 députés auxquels s’ajoutent les dix élus du Parti sauveur du Honduras (PSH) de Nasralla. Ne disposant pas d’une majorité absolue, le gouvernement devra négocier avec le Parti libéral (22 sièges), le Parti anti-corruption et le Parti démocrate-chrétien (un élu chacun). Le Parti national dispose pour sa part de 44 représentants[4].

Des tensions apparaissent au sein du parti de Xiomara Castro avant même sa prise de fonction. Alors que celle-ci proposait la candidature du député Luis Redondo du PSH à la présidence du Congrès, afin d'honorer une entente préélectorale, 20 députés de son propre parti s'y opposent[11], parmi lesquels deux se rétractent finalement[12]. Lors d'une session virtuelle tenue le , les députés dissidents élisent l'un d'entre eux, Jorge Cálix, à la tête du Congrès[11], appuyés par une grande partie du Parti libéral et par le Parti national, ce qui pourrait permettre à ce dernier de contrôler le Parlement malgré sa défaite à la présidentielle[13]. Castro condamne le jour même ces députés en les expulsant de son parti et en les accusant de vouloir « imposer un plan de l'élite corrompue que dirige Juan Orlando Hernández », son prédécesseur[14]. Malgré cela, les députés fidèles à Castro et ceux des autres partis procèdent à l'élection de Luis Redondo ; les députés dissidents sont pour l'occasion remplacés par des députés suppléants[15],[16]. Les deux groupes de députés forment ainsi des assemblées parallèles et prétendent à la légitimité de l'élection de leur président du Congrès respectif[17],[18].

Castro lors de son investiture, accompagnée de son mari et ex-président, Manuel Zelaya.

C'est dans ce contexte que Xiomara Castro prête serment le au cours d'une cérémonie à laquelle assistent entre autres le roi d'Espagne, Philippe VI, le président du Costa Rica, Carlos Alvarado Quesada, la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, celle d'Argentine, Cristina Fernández de Kirchner et celui de Taïwan, William Lai[15],[19],[20], mais pas le président sortant Juan Orlando Hernández[21],[22]. Elle forme son cabinet dans lequel figure notamment son neveu José Manuel Zelaya, nommé ministre de la Défense[23].

Le , les deux assemblées rivales appellent la Cour suprême à trancher le différend[24]. Un accord est finalement conclu le  ; Jorge Cálix renonce à la présidence du Congrès, les députés dissidents reconnaissent la légitimité de Luis Redondo et tous sont réintégrés au sein de Libre[25],[26].

Exercice du pouvoir

Elle fait stopper en février 2022 l'expulsion de familles indigènes en conflit avec un homme d'affaires concernant la propriété d'un large terrain au sud de la capitale[27].

Notes et références

  1. (es) « Elecciones en Honduras: Quién es Xiomara Castro, la mujer que terminó con el primer "golpe blando" de América latina », sur pagina12.com.ar, .
  2. Patrick Bèle, « Xiomara Castro, première femme à la tête du Honduras », sur Le Figaro,
  3. « Présidentielle au Honduras : le candidat de droite reconnu vainqueur », sur liberation.fr, .
  4. « L’Age d’or et la fin de cycle ne sont plus ce qu’ils étaient », América Latina en Movimiento, (lire en ligne)
  5. (es) « Asfura, Yani y Xiomara al frente en primer resultado oficial de elecciones », sur laprensa.hn, .
  6. (en) « Ex-Honduran candidate endorses Zelaya party for president », sur apnews.com, .
  7. « Honduras : Xiomara Castro en tête de l’élection présidentielle », sur lepoint.fr, .
  8. Meriem Laribi, « Honduras : Xiomara Castro, la femme de Zelaya, renversé en 2009, en passe de devenir présidente », RT, 1 déc. 2021,.
  9. « Xiomara Castro encabeza resultados oficiales de las elecciones en Honduras », sur laprensa.hn, .
  10. Angeline Montoya, « Au Honduras, le « triomphe » inédit de Xiomara Castro », Le Monde, (lire en ligne).
  11. (es) BBC News Mundo, « 4 preguntas para entender la crisis del Congreso en Honduras, la primera de Xiomara Castro (antes de ser presidenta) », BBC News Mundo, (lire en ligne, consulté le )
  12. (es) BBC News Mundo, « Xiomara Castro: gritos, golpes y escenas de caos en el Congreso de Honduras tras una división en el partido de la presidenta electa », BBC News Mundo, (lire en ligne, consulté le )
  13. (es) Tomás Guevara, « ¿A qué se debe la crisis del Congreso Nacional en Honduras y cómo resolverla? », sur Voz de América, (consulté le )
  14. « Au Honduras, l'élection du président du Parlement tourne au fiasco », Le Monde, (lire en ligne).
  15. « À la Une: investiture compliquée pour Xiomara Castro, la nouvelle présidente du Honduras », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  16. Michelle Aldaz, « Crise politique au Honduras : le Congrès se divise en deux à la veille de l'investiture de Castro », sur atalayar.com, (consulté le )
  17. (es) Deutsche Welle, « Congreso de Honduras se instala con dos presidentes a dos días de asunción de Castro », sur dw.com, (consulté le )
  18. (es) Francisco Villalta, « El Congreso de Honduras elige a dos presidentes a días de la investidura de Xiomara Castro », sur abc.es, (consulté le )
  19. France 24 (AFP) (photogr. Luis Acosta, AFP), « Investie présidente du Honduras, Xiomara Castro promet "un État socialiste et démocratique" », France 24, (lire en ligne [archive du ] , consulté le )
  20. (es) Swiss Info, « Vicepresidenta de Argentina llega a Honduras para investidura de Castro », sur swissinfo.ch, (consulté le )
  21. (es) Gabriela Frías, CNN, « ¿Dónde está el expresidente Juan Orlando Hernández? », sur cnnespanol.cnn.com, (consulté le )
  22. (es) Jeff Ernst, Univision, « Xiomara Castro toma posesión y se convierte en la primera mujer presidenta de Honduras », sur univision.com, (consulté le )
  23. (es) « José Manuel Zelaya, nuevo secretario de Defensa de Honduras », sur infodefensa.com,
  24. « Au Honduras, les deux Parlements concurrents demandent à la Cour suprême de trancher », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  25. RFI, « Honduras: un accord met fin à la crise parlementaire », sur rfi.fr,
  26. (es) BBC News Mundo, « Un acuerdo favorable para la presidenta Xiomara Castro pone fin a la crisis del Congreso de Honduras », BBC News Mundo, (lire en ligne, consulté le )
  27. « Honduras : la nouvelle présidente stoppe l'expulsion d'autochtones dans un conflit terrien », sur Le Figaro,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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