Yves-Marie Goblet

Yves-Marie Goblet est un économiste, enseignant d'université, géographe politique et chroniqueur de presse français, né le à Méron[1] et mort à Paris en 1955[2]. Bien que n'aimant pas le terme, il est l'un des précurseurs français de la géopolitique[3]. Il s'est engagé dans le mouvement régionaliste breton[4] et fut investi comme ovate dans le Gorsedd de Bretagne en 1902 sous le nom bardique de Yann Morvran, dont il fit souvent son prénom d'usage dans ses publications, à côté des pseudonymes Louis-Jean-Jacques Goblet et Louis Tréguiz[5].

Yves-Marie Goblet
Biographie
Naissance

Méron (Maine-et-Loire)
Décès
(à 74 ans)
Paris
Nom de naissance
Louis Jean Jacques Goblet
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinction

Biographie

Ayant reçu une formation d'économiste, il publie, dès 1906, de nombreux articles sur l'économie dans divers périodiques en France et à l'étranger. Il est rédacteur en chef du journal de l'Union des écoles de commerce et collabore avec l'Institut commercial de Paris.
Il enseigne dans la même période à l'École interalliée des hautes études sociales, donnant, non seulement des cours d'économie, mais aussi, à partir de 1908, un cycle de conférences axé sur « la Renaissance celtique contemporaine», dans lequel il aborde tous les aspects historiques, économiques, sociaux et culturels des « cinq nations celtiques »[6]. Il est à l'origine de la création de la « section des études celtiques modernes » de l'IHES[réf. nécessaire].

Ses conférences, du moins celles qui concernent l'Irlande, réunies avec celles de Jean Aulneau et Francis Delaisi seront publiées en 1913 sous le titre Les Aspirations autonomistes en Europe : Albanie, Alsace-Lorraine, Catalogne, Finlande, Irlande, Macédoine, Serbo-Croatie[7].

Après la guerre il enseigne au Conservatoire national des Arts et métiers et se tourne vers l'étude de l'histoire économique ancienne et contemporaine de l'Irlande. Il est l'un des premiers à décrire le début la lutte de libération nationale de l'Irlande deux ans après le début de l'insurrection.

Il devient docteur de l'État vers 1928 en soutenant une thèse sur la situation géopolitique de l'Irlande au XVIIe siècle qui sera publiée en 1930. Son intérêt personnel pour les mouvements autonomistes des pays celtiques l'amènent à orienter ses travaux vers ce qu'on appelle pas encore en France la géopolitique. Il est rédacteur au quotidien républicain modéré Le Temps. Dès 1932, il publie dans ce journal Geopolitik et critique géographique, dans lequel il dénonce comme une « machine de guerre » et « un instrument de propagande germaniste », la geopolitik prônée par les Allemands, préférant s'en tenir à la notion de « géographie politique », en accord avec Albert Demangeon, qui récuse le caractère scientifique des recherches de Karl Haushofer et de ses disciples[8].

Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Il se montre soucieux de répondre par les idées à la menace que représente l'Allemagne nazie en publiant, en 1934 , Le crépuscule des traités, dans lequel il pointe le danger de conclure des traités avec un adversaire qui en a une conception très peu rigoureuse.

Avec Jacques Ancel, il décrit l'État-Nation comme une forme politique artificielle, donc, non-naturelle, car, mue par le désir de pouvoir et de domination[9].

Il fut secrétaire général en janvier 1935 puis vice-président de la Société d'économie politique de Paris et président de la société de géographie commerciale. Dans les dernières années de sa vie, il donne des chroniques de géographie au quotidien Le Monde.

Prises de position

Louis Goblet adhère à l'Union régionaliste bretonne (URB), dès les premières années de l'existence de celle-ci, puisqu'il assiste au congrès d'Auray en 1902, n'étant âgé que de 21 ans. Immédiatement après, il est investi comme ovate (grade réservé à ceux qui ne sont ni musiciens, ni écrivains) par le Gorsedd de Bretagne, lors de sa réunion publique de Carnac. Il prend alors le nom bardique de Yann Morvran (Jean le Cormoran). Ces deux noms lui serviront de prénoms, lors de sa carrière d'écrivain et journaliste. Cette investiture montrait qu'il avait acquis la maîtrise du breton[réf. nécessaire].

En 1903, il publie dans La Plume, un article sur le bardisme breton, intitulé Les Bretons modernes et leurs bardes, mais émettra en 1911 des doutes sur la filiation historique du néodruidisme avec les bardes antiques[réf. nécessaire]. Cela ne l'empêchera pas de rester un membre actif du collège des bardes bretons.

Il écrit des articles pour la presse régionaliste bretonne (Ar Bobl, Dihunamb, Le Pays breton et Le Breton de Paris) et, bien que résidant à Paris, participa au congrès de l'Union régionaliste bretonne (URB) à Châteauneuf-du-Faou en 1910[réf. nécessaire].

L'année suivante, il suivit les bardes qui firent scission d'avec l'URB pour créer la Fédération régionaliste de Bretagne et y assuma la présidence de la section d'économie. Cette même année, il se rendit à l'Eisteddfod de Carmarthen et y eut l'honneur de présenter la moitié du glaive au druide gallois[10].

En 1921, il participe à la session du Congrès celtique à Douglas (Île de Man) et y présente « Les études celtiques modernes à Paris »[11].

Il était secrétaire général du Club celtique qui organisait des « dîners panceltiques », dont des banquets annuels en l'honneur de la Saint-David, patron du Pays de Galles et de la Saint-Patrick, patron de l'Irlande.

Yves-Marie Goblet meurt en 1955. Ses obsèques sont organisées au cimetière du Père-Lachaise le .

Œuvres

  • La Formation des régions : introduction à une géographie économique de la France, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1942.
  • Le Crépuscule des traités, Paris, Berger-Levrault, 1934
  • La Géographie politique de l'Irlande au XVIIe siècle dans les cartes et essais anthropogéographiques de Sir William Petty. Thèse présentée pour le doctorat de lettres à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris. 2 tomes de 366 et 376 p. Imprimerie Berger-Levrault , 1930.
  • L'Irlande dans la Crise universelle (du , 1914 au , 1917), Paris, Fernand Alcan, 1918. Sous le pseudonyme de Louis Tréguiz. 2e édition augmentée (1917-1920), Alcan, 1921.
  • Articles dans l'ouvrage collectif Jean Aulneau, Francis Delaisi et al. "Les aspirations autonomistes en Europe : Albanie, Alsace-Lorraine, Catalogne, Finlande, Irlande, Macédoine, Serbo-Croatie, 1913.
  • Édition et révision des textes en breton d'Auguste Brizeux parus dans les Œuvres complètes publiées en 1910 par Auguste Dorchain.
  • Les Littératures celtiques contemporaines, Paris, 1907.
  • Le Droit à l'enseignement du breton, Vannes, 1902.

Annexes

Bibliographie

  • Gérard Dussouy,Traité de relations internationales. Tome I. Les théories géopolitiques. 2006.
  • Philippe Le Stum, Le néo-druidisme en Bretagne : origine, naissance, développement, 1890-1914, Rennes, Éditions Ouest-France, 1998.
  • Les professeurs du Conservatoire national des arts et métiers : dictionnaire biographique 1794-1955, sous la direction de Claudine Fontanon et André Grelon, 1994.

Liens externes

Notes et références

  1. « acte de naissance » (consulté le )
  2. Catalogue général de la Bibliothèque nationale de France pour les noms et les dates. La BNF indique Muéron comme lieu de naissance. Il peut s'agit de Méon
  3. Numa Broc, « Homo geographicus : radioscopie des géographes français de l'entre-deux-guerres (1918-1939) », Annales de Géographie, CII, 1913, n°571, p.225-254.
  4. En 1908, la Revue d'Anjou, dans son Tome 56, le qualifie pourtant d'« Angevin très attaché à son pays ».
  5. Notice d'autorité auteur de la Bibliothèque nationale de France.
  6. Bretagne, Cornouailles britannique, Écosse, Île de Man, Irlande et Pays de Galles.
  7. Livres sous-titré Leçons faites à l'École des Hautes études sociales, par..., Paris : Ferdinand Alcan, 1913.
  8. Albert Demangeon, “Géographie politique à propos de l’Allemagne”, Annales de Géographie, 1939, vol. 48, n° 272, p. p. 113-119. Hitler a emprunté à Haushofer sa théorie de l'espace vital en la déformant.
  9. Geoffey Parker, Professor, School of Continuing Studies, University of Birmingham (U.K.) Globalisation and the Status of the Territorial StatePaper presented at the International Roundtable on the Challenges of Globalization (University of Munich, 18-19 March 1999) An alternative view to that of the "natural" school of geopolitical thinkers was put forward by the French political geographers Y-M Goblet and Jacques Ancel. This is that the nation-state is not natural at all but an entirely artificial creation used in order to justify and legitimise the assumption of power. This view asserts that the geopolitical surface of nation-states is underlain by the desire for power and dominance. The nation, maintained Goblet, is a political creation. It is the result of the expression of the political will and it emerges as a political force. In other words, it is the state which creates the nation and not the other way around (Y.-M. Goblet, 1935).
  10. Ce rituel de réunion de deux moitiés d'un même glaive, sur une idée d'Alphonse de Lamartine, symbolise la réunion des Bretons de Grande-Bretagne avec ceux de Bretagne.
  11. Celtic Congress, Transactions of the Celtic Congress,1921, containing the Papers Read at the Douglas Congress, with a Report of the Meetings "Modern Celtic Studies in Paris" .
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