Zdravko Krivokapić

Zdravko Krivokapić (en monténégrin : Здравко Кривокапић) est un universitaire, écrivain, activiste et homme d'État monténégrin, né le à Nikšić (République socialiste du Monténégro). Il est Premier ministre du Monténégro entre 2020 et 2022.

Pour les articles homonymes, voir Krivokapić.

Zdravko Krivokapić
Здравко Кривокапић

Zdravko Krivokapić en 2020.
Fonctions
Premier ministre du Monténégro

(1 an, 4 mois et 24 jours)
Président Milo Đukanović
Gouvernement Krivokapić
Législature XIe
Coalition ZBCG-MNN-CnB (en)
Prédécesseur Duško Marković
Successeur Dritan Abazović
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Nikšić (Monténégro, Yougoslavie)
Nationalité Yougoslave (1958-2006)
Monténégrin (depuis 2006)
Parti politique Indépendant
Diplômé de Université du Monténégro
Profession Universitaire
Religion Chrétien orthodoxe

Premiers ministres du Monténégro

Il enseigne le génie mécanique à l'université du Monténégro à partir de . Il s'engage en politique en en co-fondant Nous ne vous donnerons pas le Monténégro, une organisation non gouvernementale soutenant l'Église orthodoxe serbe au Monténégro contre la loi de liberté religieuse permettant la nationalisation des biens ecclésiastiques.

Quelques mois plus tard, il conduit la liste de la coalition Pour le futur du Monténégro (ZBCG) aux élections législatives. Après ce scrutin, qui se traduit par une alternance historique depuis , il forme le nouveau gouvernement. Il est renversé au bout d'un an et demi.

Jeunesse et études

Zdravko Krivokapić naît le à Nikšić, une ville de la république socialiste du Monténégro, alors partie intégrante de la république fédérative populaire de Yougoslavie[1].

Il suit un cursus au sein du département de génie de la production de la faculté de génie mécanique de l'université du Monténégro, où il obtient son diplôme en en étant premier de sa promotion. Après un stage en dans l'entreprise sidérurgique Boris Kidrič à Nikšić, il s'inscrit en à la faculté de génie mécanique de l'université de Belgrade, où il poursuit des études de troisième cycle dans le domaine du génie de la production.

Carrière académique

Zdravko Krivokapić soutient son mémoire de maîtrise, intitulé « Planification et gestion des stocks de pièces détachées », en . Quatre ans plus tard, il passe avec succès son doctorat en présentant sa thèse « Contribution à la conception automatique du processus technologique de découpe au moyen d'un système expert » à l'université du Monténégro[2].

Il commence sa carrière universitaire en , comme assistant stagiaire au département de génie de la production de la faculté de génie mécanique, à Podgorica. Il est nommé professeur assistant de l'université du Monténégro en , puis professeur associé cinq ans plus tard, et enfin professeur en service ordinaire en . Il est alors désigné pour enseigner l'informatique et les systèmes de gestion de la qualité[2].

Dans le cadre de ses recherches scientifiques, il a publié plus de 250 articles dans des revues internationales et nationales. Il est l'auteur de 16 livres et manuels[1].

Engagement politique

Contre la loi pour la liberté religieuse

Zdravko Krivokapić participe en aux manifestations contre la corruption. Il s'engage à nouveau dans le mouvement social en , rejoignant les protestations contre la loi de liberté religieuse  défendue par le gouvernement monténégrin de Duško Marković  qui permet de nationaliser les biens de l'Église orthodoxe serbe au Monténégro.

Au milieu de l'année, après que la loi a été adoptée par le Parlement, il est élu premier président de l'organisation non gouvernementale soutenue par l'Église orthodoxe Nous ne vous donnerons pas le Monténégro (NDCG), fondée par des universitaires et intellectuels soutenant le clergé. En peu de temps, NDCG organise des manifestations publiques auxquelles participent notamment l'évêque de Budimlje-Nikšić Joanikije Mićović (en) et le recteur du séminaire théologique de Cetinje Gojko Perović (en)[3].

Élections législatives de 2020

Le , le Front démocratique (DF), le Mouvement populaire (en) (NP) et le Parti socialiste populaire (SNP) conviennent de former une coalition dans la perspective des élections législatives du 30 août, sous le nom de « Pour le futur du Monténégro » (ZBCG). Zdravko Krivokapić, qui n'appartient à aucun parti politique, est investi pour conduire la liste de candidats[4]. En conséquence, ce dernier démissionne de la présidence de l'organisation NDCG[5].

Il annonce que les principaux objectifs de la coalition ZBCG sont la protection des droits de l'homme, la garantie des libertés d'expression, de l'information, de pensée et de religion[6]. Il explique, une semaine après sa désignation, que la personnalité ayant eu une influence décisive sur son engagement en politique est l'homme d'affaires Daka Davidović (sr), victime d'une tentative d'assassinat à Belgrade en [7].

Majorité possible

Au soir des élections, la coalition Pour le futur du Monténégro devient la deuxième force politique du pays avec plus de 30 % des suffrages exprimés, suivant d'assez près le Parti démocratique socialiste (DPS) du président Milo Đukanović. Les bons résultats des alliances La paix est notre nation (MNN) et Blanc sur noir (CNB) accordent 41 députés sur 81 à l'opposition et privent pour la première fois depuis le DPS de la possibilité de diriger le gouvernement[8].

La victoire de l'opposition est accueillie froidement par les chancelleries occidentales, qui la soupçonnent d’être pro-serbe ou pro-russe. L’ambassadrice des États-Unis appelle publiquement Zdravko Krivokapić « à veiller à ce que les personnes nommées dans le nouveau gouvernement, en particulier à des postes sensibles dans le secteur de la sécurité, aient un attachement avéré aux valeurs occidentales, à la souveraineté monténégrine et à la ligne euroatlantique, qui comprend les responsabilités envers l’OTAN »[9].

Aux côtés d'Aleksa Bečić (MNN) et Dritan Abazović (CNB), Zdravko Krivokapić signe le un accord fixant les principes selon lesquels les trois cartels formeront une majorité gouvernementale, notamment le renforcement des liens avec l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, la poursuite de la procédure d'adhésion du Monténégro à l'Union européenne, la lutte contre la corruption, la dépolitisation de l'administration publique, le respect des symboles de l'État monténégrin et de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo[10].

Mandataire présidentiel

Le , Zdravko Krivokapić est mandaté pour former le prochain gouvernement monténégrin.

À l'occasion de la séance d'installation de la nouvelle législature le , les 41 députés de la nouvelle majorité parlementaire font parvenir une lettre à Milo Đukanović lui demandant de charger Zdravko Krivokapić de constituer le nouvel exécutif du pays[11]. Le chef de l'État accède à leur requête deux semaines plus tard, après avoir reçu en consultation les dirigeants de la future coalition au pouvoir. Le mandataire présidentiel bénéficie alors d'un mois pour présenter son programme et le nouvel exécutif aux députés[12]. Trois semaines après sa désignation, il entre en conflit avec le Front démocratique à propos des nominations ministérielles : Zdravko Krivokapić souhaite en effet que les dirigeants des partis de sa majorité ne participent pas au conseil des ministres, au profit d'experts, sans exclure cependant les formations politiques du processus de formation gouvernementale. Cette idée est repoussée par les cadres du DF, l'un d'eux évoquant même pour son parti le poste de ministre de l'Intérieur avec titre de vice-Premier ministre[13].

Il présent effectivement son équipe gouvernementale, réduite à 12 membres, le , et celle-ci réunit effectivement des techniciens, seul le vice-Premier ministre et ministre de la Défense pressenti était membre d'un parti de la majorité, en l'espèce le chef de l'URA Dritan Abazović[14]. Son candidat au ministère de l'Intérieur Nikola Terzić renonce cinq jours plus tard, la presse ayant révélé ses liens étroits avec l'URA alors qu'il était présenté comme éloigné de toute attache partisane[15].

Ministres et investiture

Le , Zdravko Krivokapić annonce que son cabinet se soumettra au vote d'investiture du Parlement le , disant comprendre que les citoyens trouvent ce délai long mais soulignant que lui avait respecté l'engagement de présenter une liste ministérielle pour le [16]. Il présente effectivement sa liste le , confiant la direction de 11 ministères à des technocrates, le département de la Défense revenant au chef de file de l'URA Dritan Abazović, par ailleurs nommé vice-Premier ministre[14].

La composition du gouvernement est assez hétéroclite, comprenant des libéraux atlantistes et des conservateurs favorables à la Serbie, ainsi que quelques écologistes et anciens socialistes[9].

Cinq jours plus tard, le candidat au ministère de l'Intérieur Nikola Terzić annonce qu'il se rétracte, après que les médias ont révélé qu'il entretenait des liens politiques avec le parti URA alors qu'il est officiellement présenté comme extérieur à toute attache partisane[15]. Le , le Premier ministre désigné indique que son gouvernement sera élu par les députés trois semaines plus tard, le [16]. Une liste amendée des ministres, qui attribue à nouveau le ministère de l'Intérieur et change le titulaire du ministère de la Défense, est présentée le [17].

Après deux jours de débats, le Parlement accorde le sa confiance à sa liste de ministres par 41 voix favorables sur 70 députés présents[18].

Renversement

Le , l'Action réformée unie annonce le dépôt d'une motion de censure conjointement avec les partis de l'opposition parlementaire, officiellement dans le but de vérifier si le gouvernement dispose toujours d'une majorité au Parlement. La motion est soumise au vote le et est adoptée par 43 voix pour et 11 voix contre, tandis que le principal groupe parlementaire de l'ex-majorité gouvernementale préfère boycotter le scrutin. Le vice-Premier ministre Dritan Abazović annonce son intention de mener des négociations afin d'établir un gouvernement minoritaire, auquel toutes les formations d'opposition  dont le Parti démocratique des socialistes du président Milo Đukanović  promettent leur soutien[19],[20].

Formellement chargé de former le nouvel exécutif monténégrin le suivant[21], Abazović obtient le la confiance des députés par 45 voix favorables, lors d'un vote boycotté par Pour le futur du Monténégro (que le Parti socialiste populaire du Monténégro a quitté) et La paix est notre nation[22].

Notes et références

  1. (sr) « Ko je Zdravko Krivokapić, čovek koji će “izaći na crtu” Đukanovićevom DPS-u », Nedeljnik, (lire en ligne, consulté le )
  2. (sr) « Univerzitet Crne Gore - O Univerzitetu », sur www.ucg.ac.me (consulté le )
  3. (sr) « Dogovorili se DF, SNP, Narodni pokret, Prava Crna Gora i ostali: Krivokapić nosilac liste », vijesti.me (consulté le )
  4. (sr) « SKLOPLJEN VELIKI OPOZICIONI SAVEZ U CRNOJ GORI: Profesor Zdravko Krivokapić nosilac liste », Kurir, (lire en ligne, consulté le ).
  5. (sr) « Krivokapić podnio ostavku na mjesto izvršnog direktora NVO, jer ide na čelo opozicione liste », Vijesti, (lire en ligne, consulté le )
  6. (sr) « Krivokapić o primarnom cilju koalicije: Sloboda kretanja, mišljenja, govora, vjeroispovijesti, medija... », Vijesti, (lire en ligne, consulté le )
  7. (sr) Mila Radulović, « Krivokapić: Sad je dara prevršila mjeru, udarili su nam na dostojanstvo », Vijesti, (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Antonela Stjepčević, « Djukanović's DPS Moves to Opposition Benches After 30 Years », Total Montenegro News, (lire en ligne, consulté le )
  9. Philippe Descamps et Ana Otašević, « Tensions religieuses au Monténégro », sur Le Monde diplomatique,
  10. (en) Antonela Stjepčević, « Agreement on the Principles of New Montenegro Government », Total Montenegro News, (lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Antonela Stjepčević, « Aleksa Becic Elected the New President of Montenegrin Parliament », Total Montenegro News, (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Antonela Stjepčević, « Krivokapic Proposed to Form New Government », Total Montenegro News, (lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Samir Kajosevic, « Political Wrangling Delays Formation of New Montenegro Govt », Balkan Insight, (lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Antonela Stjepčević, « PM Designate Zdravko Krivokapic Presented the New Government Proposal », Total Montenegro News, (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Samir Kajosevic, « Proposed Montenegrin Minister Withdraws After Accusations of Political Ties », Balkan Insight, (lire en ligne, consulté le ).
  16. (sr) « KRIVOKAPIĆ NAJAVIO: Ubeđen sam da će Vlada biti izabrana 2. decembra », Novosti, (lire en ligne, consulté le ).
  17. (sr) « OVO JE NOVA VLADA CRNE GORE: Dritan Abazović jedini potpredsednik, evo ko su Krivokapićevi kandidati za ministre », Novosti, (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Talha Ozturk, « New Montenegro government wins confidence vote », Agence Anadolu, (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Zeljko Trkanjec, « Montenegrin MPs vote against government in no-confidence motion », Euractiv, (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) Samir Kajosevic, « Montenegro’s Shaky Goverment Toppled by No-Confidence Vote », Balkan Insight, (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) « Montenegro will have an Albanian PM, Abazovic gets mandated to form new government », Euronews, (lire en ligne, consulté le ).
  22. (en) Samir Kajosevic, « Opposition Boycotts Election of Montenegro’s First Minority Govt », Balkan Insight, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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