Zenith Data Systems
Zenith Data Systems (ZDS) était une marque d'informatique et la filiale de Zenith Radio Corporation, fondée en 1979 à la suite de l'acquisition par Zenith de la société Heath Company[1]. ZDS a été rachetée en 1989 par la CII-Honeywell Bull, à qui elle a coûté 5,5 milliards de francs[2] de pertes en trois ans, ajoutés à 1,2 milliard de francs de provisions pour dépréciation d'actifs[3], sans compter le coût d'acquisitions (0,51 milliard de francs) et la confusion chez les clients causée par le trop grand nombre de marques au sein de CII-Honeywell Bull[4] et l'effondrement de la plus emblématique. ZDS a été revendue en 1996 à Packard Bell.
Pour les articles homonymes, voir Zénith.
Zenith Data Systems | |
Création | 1979 |
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Disparition | 1996 |
Fondateurs | François Micol |
Personnages clés | Artur G Korwin Piotrowski |
Forme juridique | SA |
Slogan | we will never let you fail |
Siège social | Paris France |
Activité | Informatique |
Produits | Ordinateur, Moniteur vidéo |
Société mère | Zenith Radio Corporation |
Sociétés sœurs | Heathkit |
Effectif | 30 |
Située à Benton Harbor, dans le Michigan, Heath Company commercialisait depuis 1977 des ordinateurs personnels en kit, via sa filiale Heathkit. Zenith Radio Corporation (ZRC) vendit ses premiers ordinateurs sous la marque « Heath/Zenith », avant de choisir la désignation « Zenith Data Systems ». De 1987 à 1988, ZDS devient le numéro un mondial sur le marché des ordinateurs portables, alors tout nouveau et en très forte croissance, derrière Toshiba, grâce au contrat de l'US Air Force et à son partenariat avec Tottori Sanyo[5]. L'activité de Heath Company (Heathkit) consistait en la vente directe, par catalogue, aux enthousiastes d’électronique et radioamateurs.
Premier ordinateur
Le premier ordinateur Heathkit H8, vendu en kit, s'animait du processeur 8-bit Intel 8080, cadencé à 2,04 MHz. Le kit comportait le boîtier (châssis) avec alimentation, carte de connexion « bus », carte microprocesseur avec 8080 et le contrôleur de panneau avant, le PAM-8. Pour le faire fonctionner, il fallait acheter en option une carte de mémoire statique RAM de 4 ko[pas clair]. Le programme, en code assembleur Intel et en octal, était entré par l'intermédiaire du panneau avant, le clavier PAM-8. Il se stockait sur cassette audio (K7) par l'intermédiaire d'une autre carte en option, la carte H8-5, comportant deux interfaces série RS-232 et l'interface K7. Les ordinateurs Heath/Zenith H-88 (K7) et H-89 (disquette), en kit, et le Zenith Z89 (Z-89) — identique mais vendu assemblé — se basaient sur le microprocesseur Z80 et fonctionnaient au choix sous les systèmes d'exploitation HDOS (Heath Disk Operating System), UCSD Pascal ou CP/M.
Histoire de la filiale française
En France, ZDS avait une boutique Heathkit située dans la rue Michelet, en haut du boulevard Saint-Michel à Paris et la boutique Heathkit à Lyon, 204 rue Garibaldi à l'angle de la rue Dunoir, près de la Part-Dieu. Le local de la boutique parisienne existe toujours, occupé aujourd'hui par une entreprise de reprographie. Le passant attentif retrouvera la marque « Heathkit » au-dessus de la porte d'entrée.
La filiale française de Zenith Data Systems fut créée en 1979. Située tout d'abord au 47 rue de la Colonie, Paris 75013, dans l'immeuble de Heathkit France, elle fut ensuite déménagée à Nanterre (Hauts-de-Seine). Dirigée par François Micol et animée par Arthur G Korwin Piotrowski, Zenith Data Systems France SA commercialisait ses ordinateurs par le réseau des revendeurs. Cette différence de profil conduisit au profond changement de la « culture maison » par rapport à la maison-mère. Heathkit s'adressait directement aux particuliers, amateurs éclairés et « early adopters », tandis que ZDS s’intéressait principalement aux marchés professionnels, « grands comptes », administrations et armée française.
Le premier marché professionnel important remporté par ZDS France — et l'une des premières applications de micro-informatique professionnelle en France — fut le contrat de fourniture des ordinateurs Z-89 à la compagnie d'assurances « Abeille Paix ».
ZDS fut l'un des premiers clients de Microsoft, en acquérant des licences de reproduction « OEM » de tous les langages Microsoft pour ses ordinateurs Heath/Zenith 8 bits. Ainsi, Heathkit vendit le Microsoft Basic et Microsoft Fortran pour HDOS. Réciproquement, dès le début des années 1980, les programmeurs Microsoft effectuaient une bonne partie de leur travail sur des terminaux ASCII à écran cathodique Zenith Z-19 et Z-29, reliés à des mini-ordinateurs DEC.
Dès le départ, la filiale française inventa des solutions non encore connues aux États-Unis, comme l'usage des disques durs. C'est en France que fut connecté sur l'ordinateur Z-89 le premier disque dur. Fabriqué par Bull à Belfort, ce disque amovible, d'une capacité de 10 Mo, était enfermé dans une cartouche. Francis Verscheure, informaticien lillois, écrit le BIOS pour CP/M qui permit cette connexion via l'interface parallèle DMA de 8 bits. L'implémentation de MP/M s'ensuivit ; le Z-89 pouvait ainsi jouer un rôle de « serveur de fichiers » ou de « serveur d'impression ». ZDS France fut le premier à commercialiser les logiciels Microsoft pour CP/M, bien avant la signature d'accords de distribution (licence « OEM ») entre Microsoft et la maison-mère, Heath/Zenith. Par l'intermédiaire de Lifeboat Ass. de New York, la filiale française achetait les programmes Microsoft pour les revendre en France. Sur le stand de Heath/Zenith France à l'exposition « Printemps Informatique », qui se tenait au Palais des congrès à Porte Maillot à Paris, William Bill Gates vint faire personnellement la promotion de ses programmes, comme le MS Basic, le MS Fortran ou le MS Cobol. Heathkit France participa aussi au premier SICOB dédié à la micro-informatique, Paris la Défense.
À cette époque, Heath/Zenith vendait également en kit les ordinateurs 32 bit Heathkit H11, issus de la ligne des mini-ordinateurs PDP-11 de DEC. Le programme se chargeait dans l'unité centrale par l'intermédiaire d'un lecteur/perforateur de bande papier Heathkit H10. L'arrivée de l'unité à deux disquettes souples (floppy) 8" (H-27) permit d'utiliser le système RT 11 de Digital. Sur cet ordinateur, la filiale française ajouta le disque dur à cartouche de 10 Mo de marque Bull. Ainsi, on pouvait utiliser H-11 en « multi-utilisateur », sous mu-Basic de DEC, avec les terminaux ASCII Z-19. La jeune entreprise française Tecna, à la Défense, y implémenta le langage FORTH. -
/* - C'est aussi une entreprise française : « IAA » (alias « L'intelligence Artificielle Appliquée », plus tard devenue aux USA : « Electronic Images », et ensuite intégrée à MATRA), où Guy Spriet et son équipe ont développé des dispositifs additionnels sous forme de cartes électroniques permettant la gestion d'automates (tels que les horloges et les portes de parking), la connexion des contrôleurs de disques durs "CYNTHIA" (de Honeywell-Bull/Belfort et Angers cités plus haut) ainsi que d'imprimantes thermiques (à tête d'impression Olivetti) pour caisses enregistreuses. Les drivers écrits en langage "Assembleur" étant mis au point avec Guy Spriet, Mr Mellon a pour sa part réalisé des applications à plus grande échelle (par ex. : Cendry à Dijon, Kleber à Colombes, Lee Cooper à Amiens).
- //* ZDS France sous la direction de Roger Micol, a aussi innové avec la commercialisation en France première imprimante matricielle à bas prix (environ 9.000 Frs=1.500 Euros) à une époque ou rien ne se trouvait sur le marché à moins de 10 000 dollars (50.000 Frs=8.000 Euros, Printronix ou Diablo). Ca ne fonctionnait pas très vite, c'était bruyant, mais cela permettait de composer des ensembles complets avec lesquels les concurrents de l'époque ne pouvaient pas rivaliser. Il ne fallait pas simplement comparer le prix de l'ordinateur lui-même, au moment où les « Micro-ordinateurs » devenaient des « Systèmes ». */
Club d'utilisateurs
Dès 1978, un « Club des Utilisateurs » francophone FUG (French Users' Group) fut créé à l'image du « HUG » (Heath Users' Group) américain. FUG se transforma ensuite en GUFIH (Groupement des Utilisateurs Francophones de l'Informatique Heath), une association loi de 1901 indépendante de Heath/Zenith France. Fort de plusieurs centaines de membres, il disposait et diffusait une importante bibliothèque de programmes en français, développés par les membres. L'exemple d'un tel programme est le logiciel de statistique STATIPAK de Jean Dutertre, spécialisé pour l'épidémiologie, qui existe aujourd'hui sous le nom JD_Stat[6] - Un ensemble de programmes pour étudiants médecins, épidémiologistes et biologistes. GUFIH, animé par cette équipe bénévole, fonctionnait dans l'esprit d’échange, d'entraide et d'amitié et constituait l'un des premiers clubs d'utilisateurs en France. Avant même l'émergence de la presse informatique grand public, le club publiait déjà un bulletin papier qui diffusait actualités, découvertes, idées nouvelles et bons conseils. Bien avant l'apparition de l'Internet, le club exploitait aussi son BBS (Bulletin board system), un serveur télématique permettant l'échange et la diffusion de programmes par l'intermédiaire de modems téléphoniques acoustiques à la vitesse de 300 bauds. Ce BBS a été ensuite adapté pour autoriser la connexion des Minitels, qui avaient un modem asynchrone 300/1200 bauds, autorisant des téléchargements plus rapides.
La composition du conseil d'administration du GUFIH en 1984 était la suivante :
Président : Dr Bernard PIDOUX Vice présidents : Michel BLONDEL, Robert LOISEAU Trésorier : Christian DUSSART Trésorier suppléant : Jacques RAULT Secrétaire général : Pierre VESSERON Membres : Elie ASSOUAD, Gerard CHATELAIN, Jean Guy DEMARQUE, Bernard ELISE, Jean Philippe GOT, Pierre GROSS, François MICOL, Artur PIOTROWSKI, Antoine SAINTPIERRE, Jack Patrick TREVES.
Équipements des membres du GUFIH en 1984 :
H8 - 48 H88 et H89 - 110 H11 - 2 Z100 - 56 Z150 - 1 ET3400 - 2
Adresse au : 37 bd Saint-Jacques 75015 Paris
Rachat et revente par Bull
En octobre 1989, Bull, qui souhaite concourir aux appels d'offres de l'administration américaine, achète Zenith Data Systems (ZDS) à Zenith Electronics Corporation, alors en recherche de liquidités, pour 511 millions de dollars[7].
Piégée par le protectionnisme de l'État Fédéral, Bull continuera quand même à fabriquer et vendre des ordinateurs personnels sous la marque Zenith Data Systems. L'entreprise se spécialisait notamment dans les ordinateurs portables, divers notebooks et laptops. Puis en 1996, devant une situation largement déficitaire, Bull signe un accord avec l'Américain Packard Bell et le Japonais NEC, pour fusionner Zenith Data Systems (ZDS) avec Packard-Bell sur le marché professionnel européen. Bull vendra la technologie Zenith Data System, Packard-Bell apportera sa marque et NEC 283 millions de dollars[8].
Nombre d'artefacts de cette période initiale de Heathkit France se trouvent aujourd'hui au SMT — Sowiogórskie Muzeum Technikià Dzierżoniów, en Pologne — un musée ouvert d'informatique.
Notes et références
- Fisher (Lawrence M.), Plug Is Pulled on Heathkits, Ending a Do-It-Yourself Era, in The New York Times, 30 mars 1992 - article
- L'informatique malade de l'État, par Jean-Pierre Brulé, Editions Les Belles Lettres, 1993, page 264
- L'informatique malade de l'État, par Jean-Pierre Brulé, Editions Les Belles Lettres, 1993, page 267
- L'informatique malade de l'Etat, par Jean-Pierre Brulé, Editions Les Belles Lettres, 1993, page 267
- McWilliams (Gary), Zenith Data, Act II: Enter new chief, swinging, in Businessweek, 27 mai 1991.
- http://jdtr.pagesperso-orange.fr/jd_frdoc.htm
- L'Économiste, En fusionnant Zenith Data System avec Packard Bell : Bull se débarrasse de son plus gros foyer de pertes, édition numéro 217, 15 février 1996, Maroc. article
- Libération, Accord définitif Bull-NEC-Packard sur Zénith Data Systems, 5 avril 1996.
Liens externes
- www.yesterpc.org le musée d'informatique avec une grande collection des ordinateurs et logiciels Heath / Zenith
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