Zouaves Paris

Les Zouaves Paris (ZVP) sont un groupuscule d'extrême droite violent, fondé en 2018 et actif à Paris. Ils sont issus du Groupe union défense et du mouvement hooligan. En , le groupuscule est dissous par décret gouvernemental.

Zouaves Paris
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Idéologie

Historique

Le Groupe union défense, dit GUD, fondé dans l'après Mai 68, se refonde en 2017 et devient le Bastion social. Principalement active à Lyon, la nouvelle organisation fédère six villes, exceptée Paris. Toutefois, au sein de la capitale, le GUD s'était déjà divisé en plusieurs tendances et les militants restent attachés à son identité et son histoire. Les Zouaves Paris naissent sur ces cendres[1],[2].

Le groupuscule, informel, est composé des éléments radicaux du GUD ainsi que d'identitaires et de royalistes de l'Action française[1]. D'autres sont issus de la mouvance hooligan[3]. Ils font leur première apparition publique en [4]. Au cours du mois suivant, ses membres revendiquent l'agression de supporteurs algériens lors de la Coupe du monde de football, des affrontements en amont du cortège des Gilets jaunes le aux Champs-Élysées, l'attaque du Nouveau Parti anticapitaliste le [1] et un affrontement avec des militants antifascistes lors d'une marche identitaire le même mois[5]. En , ils agressent physiquement Amalek, un rappeur d'extrême droite critique envers eux[6], puis le mois suivant, un étudiant de l'université Paris-Nanterre portant une veste aux couleurs du Maroc[1],[5], ainsi que des militants de gauche lors d'une manifestation de Génération identitaire[5]. En , ils agressent un journaliste de la radio France Inter qui couvrait un défilé de La Manif pour tous contre l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux lesbiennes[1].

Le , le groupuscule est dissous par décret gouvernemental[7],[8]. La procédure de dissolution est motivée par la diffusion de textes racistes, l'implication dans de « nombreux et récurrents agissements violents » et l’utilisation de symboles de l’idéologie nazie[7].

Considéré par la justice comme le chef du groupuscule, Marc de Cacqueray-Valmenier est condamné le à un an de prison ferme pour l’attaque en 2020 d’un bar parisien emblématique de la mouvance antifasciste[9].

Organisation

Les Zouaves Paris n'ont pas de hiérarchie claire. Marc de Cacqueray-Valmenier, dit « Marc Hassin », est considéré comme le meneur du groupuscule, présent sur plusieurs actions[1]. Issu d'une famille aristocratique et catholique traditionaliste militante, il est passé à l'Action française (royaliste) avant d'en être écarté, et se réclame du fascisme[1],[10].

Les Zouaves s'affichent avec des symboles nazis (« Sieg Heil », croix gammée) comme fascistes (croix celtique)[1].

Ils maintiennent des relations avec un groupe de hooligans du Stade de Reims, les « Mes Os ». Ils côtoient également des membres de Génération identitaire (organisation également dissoute[11]), organisation issue du Bloc identitaire[1].

Actions notables

Acte III des Gilets jaunes

Les Zouaves Paris revendiquent deux actions violentes durant les manifestations hebdomadaires du mouvement des Gilets jaunes. Le , lors de l'acte III du mouvement, particulièrement violent, les Zouaves participent à une action commune avec plusieurs membres du Bastion social sur les Champs-Élysées à proximité de l'Arc de Triomphe[6],[12]. Les services de renseignement identifient un cortège de « 70 à 80 militants ultranationalistes », parmi lesquels entre 20 et 30 Zouaves, qui dressent des barricades, provoquent des échauffourées et attaquent un groupe de militants antifascistes[13].

En , six des « ultranationalistes » sont condamnés à des peines de prison avec sursis. Ils contestent les faits qui leur sont reprochés et leur appartenance à des groupuscules d'extrême droite[13]. Parmi les Zouaves, Aloys Vojinovic est condamné à un trois mois de prison ferme. Marc de Cacqueray nie être membre des Zouaves, mais reconnaît son appartenance au GUD. Son rôle central est cependant établi et il est condamné à six mois de prison avec sursis assortis de 105 heures de travail d'intérêt général[6],[12].

Agression d'un cortège du NPA en 2019

Le , les Zouaves attaquent un cortège du Nouveau Parti anticapitaliste, parti d'extrême gauche. Des manifestants affirment avoir été la cible de jets de pavés par une trentaine de Zouaves. Marc de Cacqueray est visible sur une photographie de l'évènement, lançant une barrière de chantier. Le NPA ne porte pas plainte. Lors de l'acte suivant, les Zouaves se battent à nouveau, cette fois contre des antifascistes, mais sont chassés du cortège[6],[10].

Attaque du Saint-Sauveur en 2020

Au printemps 2020, les Zouaves Paris prennent pour cible le bar Le Saint-Sauveur dans le 20e arrondissement de Paris, haut lieu de l'antifascisme parisien. L'attaque a lieu le , le jour précédant l'anniversaire de la mort du militant antifasciste Clément Méric, tué par des skinheads d'extrême droite en 2013[1].

D'après des témoignages recueillis par Mediapart, une quinzaine d'hommes s'en prennent aux clients, renversent une partie de la terrasse, brisent des vitres puis prennent la fuite. Plusieurs vidéos consultées par le média d'investigation montrent une fuite désorganisée ; un Zouave est passé à tabac. Une employée du bar témoigne que « quand ils ont compris ce qu'il se passait, les jeunes de la Banane sont venus nous aider ». La revendication des Zouaves, sur l'application de messagerie Telegram, indique plutôt : « Violente charge des Zouaves armés de manches de pioches. Les antifas (une trentaine) refluent en désordre. […] Une quinzaine de rebeus de cité viennent alors prêter main-forte aux antifas en chargeant les fafs dans leur dos. Contre-charge des Zouaves, à moitié esquivée par les rebeus. Les Zouaves quittent le quartier avec l'arrivée de la police[1]. »

Quatre jours après l'attaque, une vidéo de l'agression d'un homme vêtu d'un tee-shirt « Justice pour Adama » à la station de métro Franklin D. Roosevelt est diffusée sur Telegram[1].

Cinq membres des Zouaves Paris sont jugés en [14].

Violences lors d'un meeting d'Éric Zemmour

Les Zouaves revendiquent l'agression, à coups de poing et de chaises, de militants de SOS Racisme lors du meeting du candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle de 2022 Éric Zemmour le à Villepinte[15].

Identifié par plusieurs médias sur des images vidéo de l'agression, Marc de Cacqueray-Valmenier est arrêté le par la brigade de recherche et d’intervention de la Préfecture de police de Paris, puis placé en garde pour violences volontaires aggravées.

Le , le ministre de l’Intérieur avait annoncé avoir engagé la procédure de dissolution des Zouaves Paris[16]. Un deuxième membre des Zouaves est arrêté le 15 décembre, pour être également placé en garde à vue pour violences volontaires aggravées[17]. Les deux hommes sont mis en examen pour violences volontaires le lendemain, et placés sous contrôle judiciaire[18].

Le , Marc de Cacqueray-Valmenier est interpellé à Saint-Cloud pour avoir violé son contrôle judiciaire alors qu'il participait à une manifestation contre le passe vaccinal. Son contrôle judiciaire est révoqué et il est incarcéré le jour même[19]. Il est remis en liberté le 22 mars 2022[20].

Dissolution

Le groupuscule les Zouaves Paris est dissous lors du conseil des ministres du . Le décret de dissolution de la même date[21] est notamment motivé par le fait que le groupuscule est « à l’origine de nombreux et récurrents agissements violents », qu'il propage un discours « ouvertement raciste » et qu'il diffuse « régulièrement des images reprenant les symboles de l’idéologie nazie »[7],[8]. Par ailleurs, le décret indique que les publications des Zouaves Paris soutiennent « le concept de supériorité des “Blancs” » et valorisent « les comportements violents à l’encontre des homosexuels et transsexuels »[8].

Notes et références

  1. Marine Turchi et Sébastien Bourdon, « Un groupe héritier du GUD multiplie les attaques en plein Paris », sur Mediapart, (consulté le ).
  2. Christophe-Cécil Garnier, « Ces hooligans néonazis qui squattent les tribunes des stades de foot », sur StreetPress, (consulté le ).
  3. propos de Jean-Yves Camus recueillis par Tristan Berteloot, « Ultradroite : « La bagarre de rue est la raison d'être des "Zouaves" » », sur Libération, (consulté le ).
  4. (en) Sébastien Bourdon, « At Ukraine's Asgardsrei, A French Connection », sur Bellingcat, (consulté le ).
  5. Pierre Plottu, « Dimanche à Paris, les nationalistes ont battu le pavé (et un journaliste) » , sur Libération, (consulté le )
  6. Thierry Vincent, « Ces "Zouaves" d'extrême droite qui multiplient les rixes dans les rues de Paris », sur Marianne, (consulté le ).
  7. « Le gouvernement dissout le groupuscule d'ultradroite les Zouaves Paris, notamment soupçonné d'être impliqué dans les violences lors du meeting de Zemmour à Villepinte » , sur Franceinfo, (consulté le )
  8. Le groupuscule d’ultradroite les Zouaves Paris dissous en conseil des ministres, Le Monde, 5 janvier 2021.
  9. « Ultradroite : le chef présumé des Zouaves Paris condamné à un an de prison ferme » , sur Le Figaro, (consulté le )
  10. Natacha Devanda, « Extrême droite : des Zouaves devant la justice », sur Charlie Hebdo, (consulté le ).
  11. Franck Johannès, « La dissolution de Génération identitaire confirmée par le Conseil d’Etat » , sur Le Monde, (consulté le )
  12. « Acte III des Gilets jaunes : trois mois de prison et du sursis pour six jeunes d'extrême droite », sur Le Parisien, (consulté le ).
  13. Christophe-Cécil Garnier, « À l'ombre des « gilets jaunes », l'ultra droite », sur Vice, (consulté le ).
  14. Camille Polloni, « Ultradroite : cinq « Zouaves » jugés pour l'attaque d’un bar antifasciste à Paris », sur Mediapart, (consulté le ).
  15. Sébastien Bourdon, Karl Laske et Marine Turchi, « Meeting de Zemmour : les « Zouaves Paris » derrière les violences », sur Mediapart, (consulté le ).
  16. « Violences au meeting d’Eric Zemmour : deux membres des Zouaves Paris interpellés » , sur Le Monde, (consulté le )
  17. « Violences au meeting d'Éric Zemmour : un deuxième membre des "Zouaves Paris" interpellé » , sur Franceinfo, (consulté le )
  18. « Violences au meeting d’Eric Zemmour : deux hommes mis en examen » , sur Le Monde, (consulté le )
  19. « Marc de Cacqueray-Valmenier, le responsable du groupe d’ultradroite les Zouaves, a été incarcéré » , sur Le Monde, (consulté le )
  20. Jérémie Pham-Lê et Florian Loisy, « Marc de Cacqueray-Valmenier, chef du groupe d’ultradroite Les Zouaves Paris, remis en liberté. » , sur Le Parisien, (consulté le ).
  21. « Décret du 5 janvier 2022 portant dissolution d'un groupement de fait », sur legifrance.gouv.fr (consulté le )
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