Andrzej Wajda

Andrzej Witold Wajda (), né le à Suwałki et mort le à Varsovie[1], est l'un des plus grands réalisateurs, scénaristes de cinéma et metteur en scène de théâtre polonais.

Andrzej Wajda
Andrzej Wajda en 2008 (photo Kubik).
Nom de naissance Andrzej Witold Wajda
Naissance
Suwałki (Pologne)
Nationalité  polonaise
Décès (à 90 ans)
Varsovie (Pologne)
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables Ils aimaient la vie
Cendres et Diamant
L'Homme de marbre,
L'Homme de fer
Danton
La Terre de la grande promesse

Biographie

Andrzej Wajda naît d'une mère institutrice et d'un père officier, capitaine d'un régiment d'infanterie de l'armée polonaise. Jakub Wajda est l'un des 22 000 officiers polonais assassinés en 1940 lors du massacre de Katyń, commis par les Soviétiques et camouflé en crime de guerre allemand. Le jeune Andrzej s'engage deux ans plus tard, à 16 ans, dans la résistance au sein de l'armée de l'intérieur polonaise, Armia Krajowa.

À la fin de la guerre, il étudie à l'Académie des beaux-arts de Cracovie, puis à l'École nationale de cinéma de Łódź.

En 1955, Wajda réalise son premier long-métrage Pokolenie (Une fille a parlé) où il rompt déjà avec le ton partisan des productions du réalisme socialiste prôné à l'époque par le parti communiste. Ce récit sur les jeunes de Varsovie pendant l'occupation est considéré comme le point de départ de la grande vague de films de « l'École polonaise de cinéma ». Deux films suivants de Wajda poursuivent le même sujet en mettant en avant la destinée de ceux que l'on appellera "génération des Colombs" : Kanał (Ils aimaient la vie) qui reçoit le Prix spécial du Jury au Festival de Cannes en 1957 et Popiół i Diament (Cendres et Diamant ) sorti en 1958. Ses succès lui donnent une position forte dans le cinéma polonais et en 1972, Wajda devient le président l'Union des cinéastes polonais.

Andrzej Wajda (au centre) avec Daniel Olbrychski (à gauche), vers 1970.

Avec des films tels que Le Bois de bouleaux (Brzezina, 1970), Les Noces, (Wesele, 1972), La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana, 1974), Les Demoiselles de Wilko (Panny z Wilka, 1979), Wajda s'impose comme un adaptateur des chefs-d’œuvre de la littérature polonaise. Il est aussi metteur en scène de théâtre.

Andrzej Wajda en 1974.

Proche des idées libérales de Solidarność, il se lie d'amitié avec Lech Wałęsa qui le nommera plus tard au comité des citoyens auprès du syndicat en 1988[2]. Il siégera ensuite au premier sénat élu librement en 1989[3].

Wajda a souvent été ennuyé par la censure pour sa critique du stalinisme et pour l'évocation d'une Pologne en crise, aspirant à la liberté et à la démocratie ; sujets qu'il traite notamment dans son diptyque, Człowiek z marmuru (L'Homme de marbre, 1977) et Człowiek z żelaza (L'Homme de fer, 1981) inspiré par la naissance de Solidarność et couronné par la Palme d'or à Cannes en 1981.

Ses prises de position contre l'état de siège en Pologne l'incitent à tourner à l'étranger. Il tourne alors Danton (1983) avec Gérard Depardieu, Un amour en Allemagne (1986) avec Hanna Schygulla, ou Les Possédés (1988) dans lequel il dirige Isabelle Huppert et Lambert Wilson. Après la chute du communisme en 1989, il revient aux sujets historiques polonais avec notamment Korczak (1990), L'Anneau de crin (1993) ou La Semaine sainte (1995). Il adapte aussi de grandes œuvres de la littérature polonaise comme Pan Tadeusz (1999) et La Vengeance (Zemsta, 2002).

En 2007, il réalise Katyń où il revient sur le massacre qui a coûté la vie à son père.

En 2013, il signe L'Homme du peuple, une biographie filmée de Lech Wałęsa.

Son dernier film, Les Fleurs bleues (Powidoki, 2016) est une biographie de Władysław Strzemiński, un peintre d'avant-garde en lutte contre le pouvoir stalinien.

En tout, quatre films de Wajda ont été nommés pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère : La Terre de la grande promesse (1975), Les Demoiselles de Wilko (1979), L'Homme de fer (1981) et Katyń (2007)[4].

Wajda était un grand passionné de la culture japonaise et, en 1994, il crée à Cracovie un centre de civilisation japonaise, Manggha. En 2002, il ouvre sa propre école de cinéma et d'écriture de scénarios, Szkoła Wajdy.

Le chantre de l'histoire polonaise, à laquelle il s'est attaché à donner une dimension universelle, s'est éteint le et a exprimé le souhait d'être enterré à Cracovie au cimetière de Salwator.

Vie privée

Andrzej Wajda a été marié quatre fois :

  • (1949 -1959) à sa camarade d'études, la peintre Gabriela Obremba (cy), dont la sœur jumelle Maria était la femme de l'écrivain Sławomir Mrożek ;
  • (1959 -1967) à la peintre Zofia Żuchowska ;
  • (1967 - 1969) à l'actrice Beata Tyszkiewicz (mère de sa fille Karolina Wajda) ;
  • (1974 à sa disparition en 2016) à l'actrice et scénographe Krystyna Zachwatowicz (pl)[5]

Œuvre

Andrzej Wajda en 2010.

Wajda incarne le renouveau du cinéma de son pays à partir des années 1950[6]. Considéré comme le plus grand cinéaste polonais à son époque[2], il réalise plusieurs fresques aux accents épiques et au ton romantique, bien loin de l'exercice de propagande propre au réalisme socialiste.

Par la beauté onirique et la crudité des images, Pokolenie (Une fille a parlé) évoque le cinéma de Luis Buñuel[7]. Le réalisateur cherche à s'éloigner de la promotion du mode de vie communiste sur lequel il jette un regard lucide et acéré. Sa vision du cinéma et de l'art, qui ne recule pas devant la représentation de la violence, côtoie les grands thèmes de l'histoire nationale dans laquelle il puise son inspiration[8]. Jouant d'un certain symbolisme et traitant des mutations de la société polonaise d'après 1945, ses films sont généralement axés sur le conflit opposant aspirations individuelles et engagement politique[2].

Ce dilemme moral sert par ailleurs à questionner le culte de l'héroïsme[2] et à dénoncer la bêtise, la haine, le mépris et la compromission politique. L'abnégation et le don de soi sont promus sur un plan personnel (Ils aimaient la vie, Cendres et Diamant, Le Bois de bouleaux, La Terre de la grande promesse, L'Homme de marbre, L'Homme de fer, Korczak, Pan Tadeusz). Le même questionnement traverse Danton réalisé en France en 1982, une œuvre historique fiévreuse sur les derniers jours du jacobin Georges Danton.

Filmographie

Cinéma

Documentaires
  • 1951 : Ceramika iłżecka (La Poterie d'Ilza)
  • 1955 : Idę do słońca (Je marche vers le Soleil), sur le sculpteur Ksawery Dunikowski
  • 1978 : Zaproszenie do wnętrza (L'Invitation à entrer)
  • 1979 : 'Pogoda domu niechaj będzie z Tobą...'
  • 2002 : Lekcja polskiego kina (Leçon de cinéma polonais)
  • 2004 : Jan Nowak Jeziorański. Kurier z Warszawy. 60 lat później 1944 - 2004 (Jan Nowak Jeziorański. Courrier de Varsovie. 60 ans plus tard 1944-2004)
  • 2005 : Solidarność, Solidarność...

Andrzej Wajda apparaît également en tant qu'intervenant dans plusieurs films documentaires, notamment Nous filmons le peuple ! [9] écrit et réalisé par Ania Szczepańska [10].

Télévision

Scénariste

Théâtre

Distinctions

Récompenses et nominations

Notes et références

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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