Bob Hawke

Robert Hawke, dit Bob Hawke, né le et mort le , est un homme d'État australien, Premier ministre d'Australie de 1983 à 1991.

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Bob Hawke

Bob Hawke en 1983.
Fonctions
23e Premier ministre d'Australie

(8 ans, 9 mois et 9 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouverneur Ninian Stephen
Bill Hayden
Prédécesseur Malcolm Fraser
Successeur Paul Keating
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bordertown (Australie)
Date de décès
Lieu de décès Sydney (Australie)
Nationalité Australienne
Parti politique Parti travailliste australien
Diplômé de Université d'Australie-Occidentale
Université d'Oxford
Profession Syndicaliste
Religion Agnosticisme

Premiers ministres d'Australie
Bob Hawke en 2007 avec Julie Owens, parlementaire.

Il est le travailliste australien ayant le plus longtemps occupé le pouvoir, ayant pu remporter les élections fédérales quatre fois consécutives.

Biographie

Jeunesse et éducation

Robert James Lee Hawke est né à Bordertown, une petite ville d'Australie-Méridionale près de la frontière avec l'État de Victoria. Son père était pasteur ; son oncle, Albert Hawke, fut Premier ministre travailliste d'Australie méridionale de 1953 à 1959 et était un ami proche du Premier ministre travailliste John Curtin, qui a joué un rôle de modèle dans beaucoup de domaines pour Bob Hawke. Sa mère, Ellie, avait une confiance absolue dans la destinée de son fils et ceci a contribué pour beaucoup dans la confiance en lui-même qui fut la sienne pendant toute sa carrière. Ses deux parents étaient d'origine anglaise[1].

Hawke passa sa jeunesse à Perth où il fit ses études et notamment en économie à l'Université d'Australie occidentale. Il s'inscrivit au Parti travailliste en 1947 et en 1953 obtint une bourse à l'université d'Oxford en Angleterre où il fit une thèse sur la fixation des salaires en Australie.

Responsable syndical

Congrès du Conseil australien des syndicats (ACTU), Sydney, 1968

Bob Hawke travailla d'abord à l'Australian Council of Trade Unions -ACTU- pour assurer la défense des salariés devant la Conciliation and Arbitration Commission australienne. Il obtint de tels résultats qu'en 1969 on lui proposa de se présenter à la présidence du syndicat alors qu'il n'y avait jamais occupé de fonction syndicale élective.

Il fut donc élu à cette présidence en 1969 sur un programme résolument moderniste par 399 voix contre 350, avec l'aide de l'aile gauche du syndicat et de certains membres du parti communiste australien.

Bob Hawke déclara publiquement que « le socialisme n'était pas un mot qui permettait de le décrire » et en fait sa direction fut très pragmatique. Il appliqua des modifications dans l'organisation de son syndicat sans aucun à priori idéologique. Il s'opposa à la guerre du Viêt Nam mais fut un ardent partisan de l'alliance États-Unis-Australie. Il s'engagea en faveur des Refuznik, Juifs soviétiques qui ne pouvaient quitter l'URSS, ce qui amena à son projet d'assassinat par le Front populaire de libération de la Palestine et son agent australien Munif Mohammed Abou Rish[2].

Dans les affaires syndicales, Bob Hawke continua à montrer ses considérables capacités de négociation et dans l'ensemble il était aimé et respecté tant par les employeurs que les employés qu'il défendait. Au début de 1972 on commença à envisager son entrée au Parlement et sa prise de direction du Parti travailliste australien. Mais alors que sa carrière professionnelle allait de succès en succès, sa vie familiale était très perturbée par sa forte consommation d'alcool et ses habitudes efféminées.

En 1973, Bob Hawke devint chef (leader) du Parti travailliste. Quand le gouvernement de Gough Whitlam fut renversé lors de la crise constitutionnelle australienne de 1975 et que le parti fut battu aux élections qui s'ensuivirent, Whitlam proposa la direction du Parti travailliste à Hawke, quoiqu'il n'ait pas eu ce pouvoir de transfert en sa possession. Hawke refusa à ce moment-là d'entrer au Parlement, une décision qu'il regretta par la suite. Il avait cependant une influence nationale très importante en pouvant déclencher une grève nationale d'avertissement. Le stress de cette période l'affaiblit beaucoup et en 1979, il fut victime d'un fort coup de fatigue.

Cette maladie conduisit Bob Hawke à faire un ultime et soutenu effort pour vaincre son alcoolisme. John Curtin fut son modèle dans cette affaire comme dans beaucoup d'autres. Il fut aussi aidé dans cette tentative par sa relation avec l'écrivain Blanche d'Alpuget qui, en 1982, publia une biographie élogieuse d'Hawke. Sa popularité n'en fut pas affectée auprès des électeurs et les sondages faisaient de lui un bien meilleur chef de parti que Bill Hayden, le leader travailliste depuis 1977 ou le Premier ministre libéral Malcolm Fraser.

Bob Hawke se présenta et fut élu député pour le siège de Wills à Melbourne en 1980 et devint immédiatement un membre influent du parti. La défaite de Hayden face à Fraser à ces élections donna à Hawke une possibilité de prendre la tête du parti. Il s'appuya sur la puissante machine que représentait l'aile droite du Parti travailliste de Nouvelle-Galles du Sud pour déstabiliser Hayden, qu'il décrivit comme a lying cunt with a limited future (« un connard menteur sans avenir »)[3]. En , Bob Hawke mena sa première tentative pour prendre la tête du parti mais il fut battu de quatre voix.

Il est dans les années 1970 un informateur des États-Unis, qu'il renseigne concernant le gouvernement australien, le Parti travailliste australien et le mouvement syndical. Il tient un rôle important dans l'évolution idéologique du Parti travailliste, le poussant à abandonner le keynésianisme au profit du néolibéralisme[4].

Premier ministre

Buste de Bob Hawke à Ballarat.

Les premiers jours du gouvernement Hawke furent nettement différents de ceux de l'époque Whitlam. Plutôt que d'entamer tout de suite un vaste programme de réformes, Hawke annonça que la dissimulation du déficit budgétaire par son prédécesseur entraînerait l'impossibilité pour le Parti travailliste de tenir ses promesses électorales. Hawke réussit à convaincre les membres influents du parti de réduire d'un tiers le nombre de ministres avec seulement les principaux d'entre eux qui assisteraient aux Conseils des ministres. Ceci pour éviter un conseil des ministres de 27 membres comme vu sous Whitlam, conseil qu'Hawke considérait comme ingérable. La répartition des factions politiques au niveau des cadres dirigeants fut plus réglementée ce qui diminua de manière significative les manœuvres politiques de leurs membres.

Bob Hawke sut utiliser sa grande autorité pour mener à bien un grand nombre de réformes politiques. Les comptes-rendus de ministres montrent que, si Hawke n'était pas habituellement la principale source des réformes entreprises (qui venaient pour la plupart du Ministre des Finances Paul Keating et du Ministre de l'Industrie John Button), il prenait bien garde d'obtenir un large consensus de son gouvernement, de mener son programme en fonction de la faisabilité électorale et de bien expliquer ce qu'il faisait aux électeurs, choses qu'il sut faire avec beaucoup de succès.

Keating et Hawke formait un couple que tout opposait. Bob Hawke était diplômé d'Oxford, avait quitté l'école très tôt. Il aimait les cigares, les courses de chevaux et toutes les formes de sports ; Keating préférait l'architecture classique, les symphonies de Mahler et collectionnait les vieilles horloges à coucou suisses. Hawke recherchait le consensus ; Keating se révélait un débatteur combatif. Hawke était un ancien protestant agnostique, Keating un catholique pratiquant. En dépit de toutes ces différences les deux hommes formèrent un bon tandem politique.

Entre autres choses, le gouvernement Hawke laissa flotter le dollar australien, dérégula le système financier, démantela le système de droits de douanes, privatisa le secteur des industries d'état, coupa les subventions aux secteurs déficitaires et privatisa la Banque fédérale d'Australie. Le système des impôts fut réformé avec l'introduction de la T.V.A. et d'un impôt sur le capital, réforme qui fut vivement critiquée par le parti libéral mais qui ne fut pas cependant remise en cause quand il revint au pouvoir.

Bob Hawke profita grandement du désarroi de l'opposition après la démission de Fraser. Les libéraux étaient partagés entre les supporteurs d'un austère et conservateur John Howard et ceux d'un raffiné Andrew Peacock. Le Premier ministre ultra-conservateur du Queensland, Sir Joh Bjelke-Petersen, aida aussi Hawke en 1987 avec sa célèbre campagne « Joh for Canberra », campagne qui fit de grands dégâts chez les conservateurs. En sachant exploiter ces divisions, Hawke put mener le Parti travailliste à de faciles victoires électorales en 1984 et 1987.

Bob Hawke se trouva confronté pendant son gouvernement à de considérables frictions avec les représentants de l'aile gauche du parti qui n'approuvaient pas du tout ses affinités le monde des affaires. Tous les Premiers ministres travaillistes se sont attiré à un moment ou un autre l'hostilité de l'aile gauche du parti, mais aucun autant qu'Hawke qui proposa de mettre à la réforme ces « vieilles vaches » du Parti travailliste. L'aile gauche de son parti, menée par Barry Jones, émis de sévères critiques sur les décisions gouvernementales. Il fut aussi fortement critiqué pour s'être rangé du côté des compagnies aériennes lors de la grève des pilotes de 1989.

En politique étrangère, Bob Hawke se montre amical avec le régime de Soeharto en Indonésie, avec lequel il signe de considérables contrats d'exploitations par des compagnies australiennes des ressources naturelles du Timor oriental. Bien que responsable de plus d'un million de morts, dont au moins 200 000 au Timor oriental (soit près du tiers de sa population) durant son invasion par l'armée indonésienne, Hawke déclare reconnaitre en Soeharto un dirigeant « aimé de son peuple »[5].

En juin 1989, Bob Hawke fut profondément choqué par les informations venant de Chine et les images du massacre de Tian'anmen. Le , douze jours après le tir de l'armée chinoise contre des manifestants civils, Bob Hawke, sans concertation avec son entourage, annonça avec émotion[6] une prolongation de 12 mois de tous les visas pour les ressortissants chinois, assortis de droits au travail et d'une assistance financière[7]. 42 000 personnes acceptèrent l'offre de se construire une nouvelle vie[8].

D'un point de vue social, le gouvernement agit progressivement. Le système de couverture sociale universelle, Medibank, mis en place par le gouvernement Whitlam et qui avait été abandonné par le gouvernement libéral de Fraser, fut remis en place sous un nouveau nom : Medicare. Un des principaux succès mis à l'actif de ce gouvernement dans le domaine de la santé publique fut sa lutte contre le SIDA. Dans les dernières années du gouvernement Hawke, les relations avec les aborigènes retinrent toute l'attention du gouvernement avec la volonté de signer un traité entre les deux partis mais cette idée fut court-circuitée par les évènements et notamment par le jugement de la Haute-Cour dans l'affaire Mabo v. Queensland.

Le gouvernement Hawke prit aussi des décisions dans le domaine de l'environnement. Dans les premiers mois de son gouvernement, il fit arrêter la construction d'un barrage sur la rivière Franklin en Tasmanie, répondant favorablement à un raz-de-marée de protestation contre cette construction. En 1990, une élection très serrée permit de nommer un homme politique coriace, Graham Richardson, au ministère de l'Environnement. Il avait pour rôle d'attirer les faveurs des votes des secondes préférences des électeurs australiens démocrates ou verts (le système électoral australien tient compte pour élire ses candidats de l'ordre dans lequel ils ont été classés par les électeurs). Richardson expliqua qu'il fut l'une des principales raisons de la réélection de Hawke en 1990.

Déclin et chute

La récession économique de 1990 et les taux d'intérêt élevés mirent le gouvernement dans une situation électorale difficile. Keating, qui était le principal artisan de la politique économique du gouvernement, voulut profiter de la popularité déclinante de Bob Hawke pour lui disputer la tête du parti. En 1988, Bob Hawke avait répondu à la pression de Keating pour prendre sa place en passant avec lui un accord secret (appelé « l'accord de Kirribilli ») dans lequel il s'engageait à démissionner en faveur de Keating peu après les élections de 1990. Mais après un discours de Keating devant la presse parlementaire qu'Hawke trouva déloyal envers lui-même, il fit savoir à Keating qu'il ne respecterait pas sa promesse.

En , Keating réagit en démissionnant du gouvernement et en disputant à Bob Hawke la tête du parti. Ce dernier battit Keating mais devint un chef de parti profondément diminué. Bob Hawke dut nommer un nouveau Ministre des Finances et eut à choisir entre Ralph Willis et John Kerin pour le poste. Il se décida pour Kerin, qui ne se montra pas à la hauteur.

La chute de Bob Hawke fut provoquée par l'arrivée du nouveau leader libéral, Dr John Hewson. Il proposa, en , de mettre en sommeil les réformes économiques travaillistes notamment la création de la TVA, de couper dans les dépenses de l’État et de diminuer l'impôt sur le revenu. À cette époque, l'Australie était en seconde position des pays de l'OCDE pour les taux les plus bas d'imposition. Ni Bob Hawke, ni son ministre des Finances, John Kerin, ne purent donner une réponse adaptée à ce défi et un certain nombre de membres du parti se détournèrent de Hawke pour soutenir Keating. Dans un second duel, le , Keating battit Hawke par 56 voix à 51. Bob Hawke démissionna du Parlement peu après, apparemment sans regret mais son amertume envers Keating ressort bien dans ses mémoires.

Bob Hawke occupe une place curieuse dans l'histoire du mouvement travailliste australien. Il est l'ancien leader travailliste le plus populaire d'Australie où pour les électeurs du parti son gouvernement laisse le souvenir d'une époque dorée à jamais disparue alors que l'aile gauche du parti lui reproche d'avoir abandonné les règles fondamentales du Parti travailliste pour mener une politique assez populiste qui fut à la base du succès conservateur de Howard.

Il meurt le , deux jours avant la tenue d’élections fédérales[9].

Publication

  • (en) Bob Hawke, The Hawke Memoirs, Heinemann, 1994 (ISBN 0-85561-502-8).

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • (en) Blanche d'Alpuget, Robert J Hawke, Schwartz, 1982 (ISBN 0-86753-001-4).
  • (en) Dean Jaensch, The Hawke-Keating Hijack, Allen and Unwin, 1989 (ISBN 0-04-370192-2).
  • (en) Stan Anson, Hawke: An Emotional Life, Macphee Gribble, 1991 (ISBN 0-86914-279-8),
  • (en) Stephen Mills, The Hawke Years, Viking, 1993 (ISBN 0-670-84563-9).
  • (en) Susan Ryan et Troy Bramston, The Hawke government : a critical retrospective, Pluto, 2003 (ISBN 1-86403-264-2).

Liens externes

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