Centre d'entraînement aux actions en zone urbaine

Le centre d'entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB) sert à la formation au combat urbain des unités de l'Armée de terre française. Il ouvre en 2006 dans le camp de Sissonne, dans le département de l'Aisne, à l'emplacement de l'ancien hameau de Jeoffrécourt. Il reprend, à compter du 1er juillet 2014, le nom et les traditions du 94e régiment d'infanterie[1].

Vue de la rue du MASTTAC.

Principe

On estime qu'environ 75 % de la population mondiale réside dans des zones urbaines en 2022. Forte de cette estimation et de l'expérience des conflits depuis les années 1990 (Somalie, Tchétchénie, Bosnie, Irak, Côte d'Ivoire, etc.), l'armée française entreprend en 2004 la construction d'un centre interarmes d'instruction au combat en zones urbaines. L'objectif de ce centre est de permettre à des troupes (jusqu'à 250 hommes) provenant de toutes les armes, de s'entraîner de façon réaliste et intégrée au combat dans les villes et villages. Ce centre d'entraînement est situé dans le camp de Sissonne[2].

Historique du CENZUB

Zone classée, centre religieux.
  • Années 1990 : réflexion sur la nécessité de la création d'un tel camp au sein de l'Armée de terre à la suite de l'engagement de la France dans le conflit des Balkans.
  • 1999 : décision de la création d'un centre d'entraînement unifié pour l'Armée de terre.
  • 2003 : choix du camp de Sissonne pour accueillir cette structure.
  • 2004 : début de la création du CENZUB, de l'agrandissement du village de combat existant.
  • 2006 (septembre) : ouverture du CENZUB avec passage de la première compagnie au centre (une compagnie du 1er régiment de chasseurs parachutistes).
  • début 2008 : début de la création de la ville de Jeoffrécourt.
  • 2011 : ouverture du CT ZUB.
  • 2012 : livraison de Jeoffrécourt.
  • 2015 : fin des travaux initiaux du CENZUB, pleinement opérationnel.

Moyens

Le centre opérationnel.
Un des quatre AMX-30B2 en camouflage urbain en 2016.

La FORAD force adverse ») est constituée d'une centaine de militaires en treillis noir jouant le rôle d'ennemi lors des exercices[2] ; l'unité est polyvalente, reconstituant soit une force conventionnelle, soit une milice, soit une population civile.

Cette compagnie FORAD interarmes s'articule autour de deux sections d'infanterie sur VAB ou AMX 10 P, d'un peloton de quatre chars (AMX-30 B2), Leclerc et ERC 90 D, et d'une section de génie équipée d'EGRAP et d'EBG, ainsi que d'une section commandement organisée autour d'un TC1. Cette unité, maîtrisant le combat AZUR, tirant profit de l'expérience acquise grâce aux retours de ses soldats projetés sur divers théâtres d'opérations, présente l'importance du principe de subsidiarité indispensable au combat urbain.

MASTTAC

Le MASTTAC (module d'acquisition des savoir-faire techniques et tactiques) est une rue où les maisons ont été construites sans toits. En lieu et place, des passerelles permettent aux instructeurs de se déplacer au-dessus des élèves afin d'apporter les corrections en temps réel et en ayant une bonne vision d'ensemble.

Des vidéastes sont aussi mobilisés[2].

Beauséjour

Le village de Beauséjour est constitué de 63 maisons, toutes différentes, d'obstacles (« barrières, barricades ou gravats »), les rues ayant différentes formes (« larges, étroites, en S ou dégagées »). Il a un objectif principal d'instruction. Il se compose de différents modules[2] :

  • le village ;
  • un bidonville inaccessible aux véhicules ;
  • un camping avec des caravanes ;
  • une rue aménagée avec des conteneurs ;
  • un hameau défensif.

Dépôt

Le dépôt de munitions, un ancien dépôt qui sert notamment aux restitutions des savoir-faire tactiques (progression en unité constituée).

Les Thuillots

Le quartier des Thuillots est un ancien quartier militaire situé dans le camp, encore partiellement occupé, notamment par les ateliers mécaniques du CENZUB, permettant de simuler les abords d'un village (bois, route, champs, voie ferrée) et la prise de plusieurs grosses bâtisses.

Jeoffrécourt

Jeoffrécourt reconstitue une petite ville de 5 000 habitants, avec des bâtiments élevés, des zones pavillonnaires et commerciales ainsi qu'un petit centre-ville. « Sa configuration permet d'engager simultanément des moyens humains, de la cavalerie, de l'artillerie, des savoir-faire du génie et des moyens aériens » explique un officier du 126e régiment d'infanterie[2]. Il a un objectif principal d'entraînement et de restitution. Il reprend le nom d'un ensemble de fermes qui se trouvait à cet endroit et fut détruit lors de la construction du camp en 1900[3].

CT ZUB

Le CT ZUB (complexe de tir en zone urbaine) est un champ de tir permettant la pratique du tir dans un environnement urbain, afin de rendre l'entraînement réaliste[2].

Déroulement d'un séjour

Le séjour au CENZUB est prévu pour un « S-GTIA » (sous-groupement tactique interarmes) correspondant à une compagnie d'infanterie renforcée d'un peloton de chars, d'une section du génie ainsi que d'autres éléments, le cas échéant (maîtres-chiens, patrouille d'hélicoptères, patrouille de chasse).

10 % des 22 000 militaires qui s'y forment chaque année sont étrangers (Belges, Britanniques, Allemands, etc.)[2].

Coûts

Le coût de construction du CENZUB est estimé à 80 millions d'euros. Il prend en compte l'édification des trois sites, mais aussi leur dépollution et leur préparation, ainsi que la construction des différents bâtiments de commandement et de soutien.

Pour des raisons financières et technologiques, l'instrumentation du site (permettant de simuler plus efficacement les tirs, de déterminer les dégâts, mais aussi de reconstituer les combats devant leurs acteurs pour analyse) est repoussée à 2015.

Afin de le faire vivre, 400 civils et militaires du 94e régiment d'infanterie travaillent quotidiennement sur le centre[2].

Galerie d'images

Notes et références

  1. Blog Zone militaire.
  2. Cyril Hofstein, « Camp militaire de Sissonne, à l'école du combat urbain », Le Figaro Magazine, , p. 52-57 (lire en ligne).
  3. Compte-rendu de fouilles archéologiques à Jeoffrecourt en avril 1960.

Bibliographie

  • Guillaume Greff, Dead Cities, Kaiserin Editions, Reykjavík , 2013.
  • Julie Ludmann et Pierre-Yves Nicolas, Pixel CENZUB : les engins en camouflage urbain du Centre d'entrainement aux actions en Zone urbaine., Model-Miniature (lire en ligne)
  • Dorothée Lobry, Les interventions militaires en zone urbaine : enjeux et défis, éditions du Cygne, Paris, mai 2019,130 pages, (ISBN 978-2-84924-577-4)
  • DSI, numéro 21, décembre 2006.
  • Képi blanc et Division de communication de la Légion étrangère

Article connexe

Liens externes

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