Château d'eau

Un château d'eau est une construction destinée à entreposer l'eau, elle est placée en général sur un sommet géographique pour permettre de la distribuer sous pression.

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Château d'eau en Finlande.

La réserve d'eau joue un rôle de tampon entre le débit demandé par les abonnés et le débit fourni par la station de pompage. Il permet ainsi d'éviter de démarrer trop souvent les pompes et de les protéger. Une telle réserve permet également de faire face aux demandes exceptionnelles en cas d'incendie et de manque d'eau.

Aspects techniques

Fonctionnement

L’eau est acheminée du point d'eau au réservoir. Si l'altitude du point d'eau est inférieure à l'altitude du réservoir, on utilise des pompes pour élever l'eau jusqu'à ce dernier. L’eau est ensuite envoyée dans un réseau gravitaire qui va assurer son acheminement vers l’ensemble des habitations.

La pression de l’eau qui est fournie au robinet des habitants est proportionnelle au dénivelé qui existe entre le niveau d’eau dans le château d’eau et l'habitation : 10 m de dénivelé équivalent à 1 bar de pression, 20 m à 2 bars de pression, etc.

Les plus grands châteaux d'eau peuvent contenir plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes d’eau.

Avantages et inconvénients

Plusieurs phénomènes principaux ont marqué une remise en cause des châteaux d'eau :

  • sur le plan technique, l'amélioration des techniques de mise sous pression des réseaux de canalisation d'eau[1] ;
  • sur le plan esthétique, le château d'eau a connu les attaques des défenseurs de l'environnement et des paysages ;
  • sur le plan financier, leur coût est élevé, en termes de construction comme d'acheminement de l'eau qui doit bien y être placée[1].

À l'inverse, les défenseurs des châteaux d'eau expliquent que :

  • ils forment un élément de sécurité d'approvisionnement : ils « peuvent assurer, en cas de problème à la station de production d'eau, la distribution d'eau pendant en général 12 à 24 heures[2]. » ;
  • ils assurent une pression constante sur le réseau[1] ;
  • ils constituent un élément de sécurité de l'eau, un bassin de décantation supplémentaire ;
  • ils servent de repères pour les promeneurs, les pilotes d'avions et les bateaux pour la navigation côtière ;
  • ils ne sont chargés en eau que lorsque l'énergie est disponible : bon marché, produite et peu utilisée[3].

Aspects historiques

Antiquité

Le château d'eau est le symbole de civilisations avancées sur le plan technique, mais aussi celui de l'organisation. Ainsi, « toutes les grandes civilisations s'y sont frottées. En 100 apr. J.-C., Rome compte 19 aqueducs, 250 châteaux d'eau et 1 352 fontaines »[1] qui apportent l'eau courante à la ville.

Apogée

Les anciens châteaux d'eau du dépôt de locomotives de Trappes.

Après une longue éclipse dans la civilisation européenne, remplacé par le système plus rudimentaire du porteur d'eau, le château d'eau réapparaît au XIXe siècle. L'exode rural s'accompagnait alors de la multiplication de ces équipements dans les villes aussi bien que dans les gares, pour l'approvisionnement des locomotives à vapeur : « On ne sait pas assez que l'essor des châteaux d'eau est intimement lié au développement des chemins de fer[1] ». L'un des premiers, l'ingénieur allemand Otto Intze découvrit, vers 1860 les avantages de l'acier dans la construction des châteaux d'eau. Il édicta le principe de réservoirs tronconiques, construit au sommet d'une pile en maçonnerie : dispositions qui équilibrent les pressions de l'eau sur la structure et économisent le volume de maçonnerie, donc de travaux[4].

En France, en 1930, 23 % des communes sont équipées d'un réseau de distribution d'eau à domicile[1]. En 1945, seulement 30 % des communes rurales sont équipées[1]. Selon Le Figaro, « c'est à la fin des années 1980 que la quasi-totalité des Français bénéficie de l'eau courante à domicile[1]. »

L'arrivée de l'eau courante dans la totalité des communes de France a été réalisée grâce à une intense activité de construction de châteaux d'eau durant les années 1950, 1960 et 1970 : une période correspondant à l'aménagement du territoire rural, symbolisant à l'époque l'accès ostensible au progrès.

Sur le plan technique, le château d'eau se justifiait par la faiblesse des techniques de mises sous pression. Dix mètres de hauteur donnaient ainsi une pression supplémentaire de 1 bar (un robinet correct a une sortie aux environs de 2 à 3 bars)[1].

Déclin

Dans les années 1980 se sont développées les implantations de réservoirs enterrés assortis de groupes de surpression.

Utilisation exceptionnelle

En France, à la fin de l'année 1999, les châteaux d'eau ont été remplis pour faire face à d'éventuelles conséquences de dysfonctionnements des systèmes informatiques dus au passage informatique à l'an 2000. Finalement, en raison des programmes de préparation, les quelques dysfonctionnements observés n'ont eu aucune conséquence notable sur le fonctionnement des systèmes de distribution d'eau potable.[réf. souhaitée]

Aspects patrimoniaux

Préservation et reconversion

Château d'eau transformé en appartements à Vandœuvre-lès-Nancy.
Un château d'eau transformé en maison à Thorpeness, dans le comté anglais du Suffolk.

Certains châteaux d'eau, spectaculaires ouvrages d'art, font aujourd'hui partie du patrimoine industriel. D'autres, désaffectés, ont été reconvertis :

Les photographes allemands Bernd et Hilla Becher, qui ont créé leur œuvre en photographiant par séries des constructions industrielles, ont notamment travaillé sur les châteaux d'eau.

Châteaux d'eau remarquables

Château d'eau du jardin du Peyrou à Montpellier.
  • Château d'eau du Peyrou sur la promenade de même nom à Montpellier (Hérault). C'est un château d'eau monumental (monument historique) construit en 1768, de forme hexagonale, orné de colonnes corinthiennes. Il est alimenté par un aqueduc de 14 km qui se termine par les « arceaux » de 21,5 m de haut, à double rangée d'arcades superposées.
  • Le château d'eau de Philolaos à Valence (Drôme), dû à l’instigation de l'architecte Gomis, présente des formes hyperboloïdes vrillées, créées par le sculpteur Philolaos. Édifié de 1969 à 1971, ce monument aux tours jumelles mesure 57 m de haut. Situé au cœur du parc Perdrix, il est désigné meilleure œuvre d'art urbain des années 1970 et le label "Patrimoine du XXe siècle lui est attribué. « L'art conjugue ici l'utile à l'agréable et plus encore ici, l'utile et le beau, l'utile et l'admirable » a écrit Jacques Lacarrière au sujet de cette authentique œuvre d'art géante, unique au monde.
  • Château d'eau de Toulouse, qui sert actuellement de musée.
  • Donjon de Houdan, tour fortifiée médiévale classée monument historique en 1840 et transformée en château d'eau en 1880.
  • Château d'eau de Sélestat, classé monument historique.
  • Château d'eau de Luçon, dôme à pans décoré de céramiques et classé monument historique.
  • House in the Clouds, dans un village anglais, dont la partie supérieure est en forme de maison.
  • Château d'eau de Palavas-les-Flots, aujourd'hui transformé en un grand complexe comprenant un centre de congrès de 200 places, de nombreux appartements et bureaux, mais surtout un restaurant panoramique tournant à la place du réservoir.


Galerie

Notes et références

  1. J.-L. Nothias, « Les châteaux d'eau vont-ils disparaître ? », dans Le Figaro, 28 novembre 2007, p. 12.
  2. J.-L. Nothias, op. cit., citant notamment le Syndicat des eaux d'Ile-de-France.
  3. Les centrales nucléaires (hors rubbiatron) disposent de peu de souplesse de variation de production.
  4. « Wassertürme: Bauformen », sur zagermann.de (consulté le )
  5. Exemple : Fabien Piliu, « J'habite une drôle de maison », dans L'Expansion, 27 mai 2003 : un loft de 280 m2, à Brasschaat, en Belgique.
  6. Exemple : château Saint-Charles, à Vandœuvre-lès-Nancy, en France, sur le site de Batigère, un bailleur social.

Voir aussi

Bibliographie

  • Fouquet P. et Bouchy A., Les Réservoirs d'eau, Dunod, 1963, 165 p.
  • Fontenas H., Stockages. Un trouble de l'esthétique architecturale, Les Cahiers du Musée national d'art moderne no 58, Centre Georges Pompidou 1996, p. 74-105
  • Despesse B.-M., La Sculpture-château d'eau de Philolaos à Valence, Mémoire de la Drôme, 2013, 156 p.

Article connexe

Lien externe

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