Chrétiens arabes

Les chrétiens arabes (arabe : المسيحيون العرب al-Masīḥiyyūn al-ʿArab) sont des Arabes qui suivent le christianisme. La majorité des chrétiens arabes vivent au Levant, en Égypte et en Irak. Les chrétiens arabes sont estimés entre 900 000 et 1 630 000 en Syrie, 1 640 000 à 3 500 000 au Liban, 140 000 à 152 000 en Jordanie, 7 500 000 à 8 000 000 en Égypte, 636 000 en Irak, 133 130 en Israël et 50 000 en Palestine. Il existe également des communautés chrétiennes arabes en Turquie.

Chrétiens arabes

Populations importantes par région
Liban 1 640 000 - 3 500 000[1]
Syrie 900 000 - 1 630 000[1]
Égypte 7 500 000 - 8 000 000
Jordanie 140 000 - 152 000[1]
Palestine
Israël
225 000[1]
Irak 636 000[1]
Autres
Régions d’origine Monde arabe
Langues Arabe, Araméen, Grec, Arménien
Religions Christianisme
Ethnies liées Arabes
Chaldéens
Syriaques orientaux

Les premières tribus arabes à adopter le christianisme étaient les Nabatéens[2], les Tanukhides, les Salihides et les Ghassanides[3]. Au cours des Ve siècle et VIe siècle, les Ghassanides, basés à Jabiya, ont d’abord adoptés le monophysisme et ont formé l’une des confédérations les plus puissantes alliées à l'Empire Byzantin, agissant en état tampon entre l'empire et les tribus d’Arabie[3]. En Irak, le dernier roi Lakhmide, Al-Nu’man III ibn al-Mundhir, vassal de l’Empire sassanide à la fin du VIe siècle, s’est également converti au christianisme[4]. Au XIXe siècle, les chrétiens arabes participent et contribuent énormément à la Nahda, mouvement de renaissance culturelle, littéraire et politique arabes et coexistent depuis des siècles avec les musulmans arabes et les juifs arabes[5].

Aujourd'hui, la moitié d'entre eux vit dans des pays du Moyen-Orient, l'autre dans des pays d'émigration sud-américains, ou d'autres pays occidentaux[6].

Les communautés les plus nombreuses résident au Liban et au Brésil.

Ils appartiennent à une Église orientale[7], catholique ou orthodoxe.

Histoire

Période préislamique

La présence arabe chrétienne est antérieure aux premières conquêtes musulmanes. À partir du Ier siècle, beaucoup de tribus arabes ont adhérés au christianisme[3],[8]. Les Arabes furent l'un des premiers peuples à se convertir au christianisme[9]. Le souverain arabe Abgar VIII, roi d'Édesse, est d'ailleurs considéré comme le premier souverain de l'histoire à se convertir au christianisme et à en faire la religion officielle d'un état[9],[10].

La première mention du christianisme en Arabie apparaît dans le Nouveau Testament lorsque l’apôtre Paul fait référence à son voyage en Arabie après sa conversion (Galates 1: 15-17). Plus tard, Eusèbe de Césarée discute d’un évêque nommé Béryllus sur le siège de Bosra, site d’un synode vers 240 et de deux conciles d’Arabie[11].

À partir du IIIe siècle, les Arabes contribuent grandement au développement du christianisme[9]. Selon Pline l'Ancien, à l’époque romaine, les habitants de l'Osroène et de la Commagène sont des Arabes[12]. La conversion du roi arabe Abgar VIII d'Édesse fut un facteur de la plus haute importance pour le destin du christianisme dans la région, notamment pour le christianisme oriental[9]. Cette conversion a immédiatement fait d'Édesse, capitale de la dynastie arabe des Abgarides, une forteresse du christianisme en Orient, rivalisant avec Antioche[9]. Édesse fut également le grand centre de la propagation du christianisme en Mésopotamie[9].

Selon Eusèbe de Césarée, l'empereur romain Philippe l'Arabe était chrétien[13]. Pour certains historiens modernes, la conversion de Philippe continue à être tenue comme douteuse, faute de preuves historiques. Cependant, si Philippe n'est pas, comme l'affirment certaines sources chrétiennes antiques, le premier empereur romain converti au christianisme, il semble néanmoins que cet empereur ait manifesté un intérêt et un respect à l'égard de cette religion[14].

Les Ghassanides, qui ont gouverné le Levant entre le IIIe siècle et le VIIe siècle ont joué un rôle important dans la diffusion et la défense du christianisme. Ces derniers ont permis la renaissance du monophysisme, ont protégé la terre sainte, ont diffusé le christianisme en Syrie et dans le nord de l'Arabie et ont construit plusieurs églises et monastères dans la région[15]. Les rois Ghassanides ont aussi présidé plusieurs conciles[15].

Au VIe siècle, en Mésopotamie, Al-Hira, capitale du royaume des Lakhmides est à son apogée. La ville, ornée de palais et de châteaux[16] et important centre de la culture arabe et de la poésie arabe, est également un centre important du christianisme en Orient[16].

Période islamique

Après l'expansion de l'islam, certaines communautés arabes chrétiennes ne se sont pas converties à la religion musulmane. En Mésopotamie, qui était déjà en majorité peuplée de groupes arabes depuis le IIe siècle av. J.-C.[17], les ʿIbād (arabe : عِباد), un groupe arabe chrétien nestorien aux origines tribales diverses (principalement Tamīm, Rabīʿa et Muḍar, Azd, Iyād et Lakhm)[18] autrefois gouvernés par la dynastie Lakhmide, ont joué un rôle important dans le développement des sciences. Tel est le cas de Hunayn ibn Ishaq par exemple. Au Proche-Orient, les Ghassanides qui avaient joué un rôle culturel, religieux et politique important durant la période préislamique, ont continué à exercer une grande influence dans la région[15],[19]. Leur culture de cour, y compris leur penchant pour les palais du désert comme Qasr ibn Wardan, a fourni le modèle pour les califes omeyyades et leur cour[19] : « Les cours Ghassanides étaient les centres les plus importants de la poésie arabe avant la montée des cours califales sous l’Islam[19] » Pendant la période islamique à partir du VIIe siècle, en tant que « Gens du Livre », les chrétiens de la région sont devenus des dhimmis et se sont vu accorder certains droits en vertu de la loi islamique pour pratiquer leur religion (y compris l’utilisation de la loi chrétienne pour les décisions, les règlements ou les peines devant les tribunaux). Contrairement aux musulmans qui payaient la zakat, ils payaient la jizya, une taxe obligatoire. La jizya n’était pas prélevée sur les esclaves, les femmes, les enfants, les moines, les vieux, les malades, les ermites ou les pauvres[20],[21]. En retour, les citoyens non musulmans étaient autorisés à pratiquer leur foi, à jouir d’une certaine autonomie communautaire, à avoir droit à la protection de l’État musulman contre les agressions extérieures, à être exemptés du service militaire et de la zakat[22],[23].

Comme les musulmans arabes, les chrétiens arabes se réfèrent à Dieu comme Allah, un mot arabe pour « Dieu ».

Les érudits et les intellectuels s’accordent à dire que les chrétiens du monde arabe ont apporté des contributions significatives à la civilisation arabo-musulmane[24].

Chez certaines communautés arabes, le copte, le syriaque et le grec demeurent parfois comme langues liturgiques.

Certaines communautés chrétiennes habitant des pays arabes ne sont pas arabes mais d'origine araméenne comme les assyriens. Ce peuple, présent dans la région depuis l'Antiquité[25] est à l'origine des syriaques occidentaux, déclinaison levantine du peuple Assyrien. Certaines Églises levantines ont conservé leur identité syriaque pendant les différentes dominations gréco-romaine puis islamique, et ce parfois jusqu'à nos jours (C'est le cas de Église syriaque orthodoxe, syriaque catholique, et dans une certaine mesure maronite)[réf. nécessaire].

D'autres descendent des communautés arabes déjà présentes avant la conquête islamique comme les tribus de Ghassan, Tanukh ou Iyad[26]. C'est le cas par exemple de la famille chrétienne Al-Chemor qui a gouverné deux émirats au Liban pendant la période Ottomane, Koura de 1211 à 1633 et la région de Zghorta de 1641 à 1747[27]. La lignée de la famille remonte au roi Abu Chemor, un chrétien Ghassanide qui a donné son nom à la famille. Ces cheikhs ont été les derniers princes Ghassanides à régner au 18e siècle[27].

Les syriaques occidentaux se différencient des syriaques orientaux (eux aussi assyriens/araméens) presque exclusivement présents en Irak et appartenant aux Églises, Catholiques Chaldéennes et Apostoliques assyriennes de l'Orient.

Époque contemporaine

Les chrétiens arabes ont joué un rôle actif dans la vie culturelle de leur pays, par exemple dans le contexte de la Nahda ou renaissance arabe, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. La plupart des pays arabes étaient alors soumis à l'Empire ottoman. Les chrétiens furent à la pointe de la défense de la langue arabe et de la réaction contre la tentative de "turquisation" des sujets de l'Empire ottoman sous Abdelhamid II, qui avait voulu substituer la langue turque à la langue arabe dans l’enseignement. « Les élites chrétiennes des principales cités du monde arabe avaient été formées dans de bonnes écoles confessionnelles, et on ne sera pas étonné de voir que le mouvement de la renaissance de la langue arabe tel qu’il émergea du milieu du XIXe siècle jusqu’à 1918, fut conduit principalement par des intellectuels chrétiens. Ainsi on voit à Beyrouth, se constituer, en 1847, la Société des Arts et des Lettres avec l’écrivain Nassif Alyazigi (1800-1871) et l’encyclopédiste Boutros Boustany (1819-1885) ou la « Société Syriaque » avec Ibrahim Al Yazigi. Les Chrétiens voulurent moderniser l’arabe pour que cette langue retrouve son élasticité, sa profondeur, sa laïcité. Ils voulurent en faire une langue de romans et non d’épopées, de journal et non de chroniques médiévales, de théâtre en langue presque populaire et non de prose rimée. On vit Chibli Chumayyel (1860-1917) présenter avec conviction le darwinisme, Francis Marrash (1836-1873) l’esprit laïque, Yaqoub Sarrouf le matérialisme, Farah Antoun (1874-1922) traduire La Vie de Jésus de Renan. Les publicistes Salim et Richard Taqla émigrèrent en Egypte pour y bénéficier d’une plus grande liberté de la presse et lancer le quotidien « Al Ahram » en 1876, à Alexandrie, qui est resté le premier journal égyptien. Le romancier Jurgi Zaydan (1861-1914) lança au Caire une revue littéraire « Al Hilal » et publia 14 romans historiques, rappelant les hauts faits de la civilisation médiévale arabe[28] ».

Les chrétiens arabes ont également joué, à la même époque un rôle politique important, par leur participation au mouvement du nationalisme arabe. "A Paris, le Palestinien chrétien Nabil Azouri fonde la « Ligue de la Patrie Arabe » et publie, à partir de 1905, le journal « le Réveil de la Nation Arabe ». En 1913, un premier « Congrès Arabe » est organisé à Paris par quatre chrétiens, dont le futur premier Président de la République libanaise, et quatre musulmans. Les deux communautés unissent leurs efforts pour la création de comités pour l’indépendance », et seront les premières victimes de la répression turque en Syrie et au Liban dès 1914[29]".

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les chrétiens arabes subissent les conflits du Proche et du Moyen-Orient. « Dans une région bouleversée par la violence, ils constituent, sauf au Liban et en Égypte, de petites minorités sans défense. Leurs voisins musulmans lorgnent parfois sur leurs biens et se laissent prendre par des discours de haine. Les djihadistes de Daech et d'Al-Qaïda les prennent régulièrement pour cibles. Les États sont trop déliquescents ou trop manipulateurs pour les protéger vraiment. Entamé souvent depuis des décennies, l'exode des chrétiens d'Orient se poursuit donc et s’accélère[30]. »

Principes Églises présentes au Levant
Église maronite
Église orthodoxe d'Antioche (Grecs orthodoxes)
Église grecque-catholique melkite (Catholiques de rite grec)
Église catholique syriaque (Catholiques de rite syriaque)
Protestants (toutes dénominations confondues)
Église syriaque orthodoxe (Église des Trois Conciles)
Église latine (Catholiques de rite romain)

Situation actuelle

Au Liban

Les membres de l'Église maronite sont tous originaire du Mont-Liban. Ils forment une communauté de rite syriaque, rattachée à Rome. Mêlés aux croisés à partir du XIIe siècle, ils jouissent de relations privilégiées avec l'Occident et notamment la France. Toujours aujourd'hui, une grande partie de la communauté demeure également francophone.

De nombreuses études ont été menées pour pouvoir déterminer l'origine exacte des maronites. L'hypothèse la plus probable est celle qui confirme que les maronites et l'ensemble des chrétiens libanais ne sont pas d'origine arabe[réf. nécessaire]. Un individu dit « d'origine arabe » plonge ses racines dans la péninsule arabique qui englobe notamment des pays comme l'Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis. Une personne arabophone n'est pas nécessairement une personne d'origine arabe. La langue parlée dès la naissance ne constitue pas l'origine de la personne donnée. Les maronites pratiquent leur rite en arabe mais cela ne signifie pas forcément que ce sont des arabes. Ainsi les maronites et les chrétiens libanais ne sont pas considérés des arabes par certains spécialistes[Qui ?].

Selon le démographe Gérard-François Dumont, "tous les Libanais sont arabes, à l’exception des Libanais arméniens ayant réussi à fuir les persécutions puis le génocide turc[31]". Les maronites s'inscrivent dans l'espace culturel arabe au même titre que leurs compatriotes adhérant à d'autres religions. Le même auteur rappelle que "ce sont souvent des Arabes chrétiens qui ont illustré les premiers le nationalisme arabe[32]".

Selon le politologie et sociologue Olivier Carré, spécialiste du monde arabe, "les maronites sont arabes, d'origine phénicienne et araméenne, comme la majorité des Arabes de Syrie de Liban et de Palestine[33]". Ils sont "de confession chrétienne rattachée à Rome, de liturgie antique de langue syriaque (de la famille araméenne) et arabe[33]".

« Le Patriarche Estefan Douwaïhi (1668-1704), diplômé du Collège maronite de Rome et ancien évêque d’Alep, affirme que les Maronites sont les descendants des Mardaïtes (venus d'Anatolie du sud) qui ont combattu au nom de Rome contre les hérésies orientales. Cette invention historique est défendue jusqu’à aujourd’hui par de nombreux Maronites qui y voient là un moyen d’affirmer une origine non arabe de la communauté (et sans doute aussi de renforcer l’idée de la perpétuelle fidélité à Rome)[34] ». En réalité, ils ont les mêmes origines que les autres habitants de la région ; ils "ont été sans doute arabisés assez tôt puisque leur littérature religieuse et profane est entièrement en arabe depuis le Xe siècle[35]".

Le pays compte également de nombreux chrétiens de rite et de tradition religieuse grec. Ce sont les Melkites, grecs-orthodoxes ou catholiques, originaires des villes de la côte. Le terme Melkite, signifie littéralement en araméen « royalistes », ou partisans de l'empereur byzantin. C'est pour cette raison que cette communauté sera très longtemps regardée avec suspicion par les Arabes[Lesquels ?].

Pays refuge pour les chrétiens orientaux (notamment arméniens)[36], le Liban est un véritable conservatoire du christianisme oriental et arabe. En effet toutes les communautés citées ci-dessus y sont représentées. Le pays des Cèdres regroupe également depuis le milieu du XVIIIe siècle des communautés arméniennes, catholiques et orthodoxes, mais dans des proportions bien plus importantes depuis le génocide arménien de 1915.

Églises présentes au Liban Année 1932 Année 2008
Église maronite 226 378 fidèles 905 512 fidèles
Église orthodoxe d'Antioche (Grecs orthodoxes) 76 522 fidèles 306 088 fidèles
Église grecque-catholique melkite (Catholiques de rite grec) 46 000 fidèles 184 000 fidèles
Église apostolique arménienne (Église des Trois Conciles) 30 000 fidèles 120 000 fidèles
Église arménienne catholique (Catholiques de rite arménien) 9 000 fidèles 36 000 fidèles
Église catholique syriaque (Catholiques de rite syriaque) 7 000 fidèles 28 000 fidèles
Protestants (toutes dénominations confondues) 3 000 fidèles 12 000 fidèles
Église syriaque orthodoxe (Église des Trois Conciles) 2 000 fidèles 8 000 fidèles
Église latine (Catholiques de rite romain) 1 000 fidèles 4 000 fidèles
Église catholique chaldéenne (catholiques de rite chaldéen) 1 000 fidèles 4 000 fidèles
Église apostolique assyrienne de l'Orient (Église des Deux Conciles) 463 fidèles 2 000 fidèles
Total des Chrétiens 402 463 fidèles 1 609 000 fidèles
dont total des Catholiques 290 378 fidèles 1 161 512 fidèles

Les chiffres de 2008 sont à prendre avec précaution. En effet le dernier recensement exact remonte à 1932. On estime cependant traditionnellement que les chrétiens représentent environ 40 % de la population du pays.

En Syrie

Les chrétiens de Syrie représentaient environ 15 % de la population du pays au début du XXe siècle (soit de l'ordre de 3 millions de personnes). Ils étaient 10 % de la population avant le début du conflit en 2011. Il s'agit d'une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde.

Plusieurs Églises se partagent le territoire syrien, notamment l'Église syriaque, catholique ou orthodoxe. Appelée Syriani en arabe, et Suryoyo en syriaque, elle se considère comme l'Église mère de toutes les Églises du "Levant" (Irak, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie): elle fut fondée en 37 après Jésus-Christ à Antioche par saint Paul, au cours de son voyage vers Rome. L'église est une petite grotte ornée d'un poisson et de l'alpha et l'oméga située au centre d'Antioche.

En 451, le concile de Chalcédoine divise l'Église syriaque entre l'Église orientale orthodoxe (Église Roum) (pour la théologie, voir Églises des sept conciles), et l’Église syriaque syrienne orthodoxe (pour la théologie, voir Églises des trois conciles). Une partie des fidèles se rattache à Rome en 1662, puis en 1783, par la conversion au catholicisme du patriarche Michel Jarweh.

Cette Église a eu très tôt de bons rapports avec les Arabes, mais conserve cependant jusqu'à nos jours son identité propre.

La Syrie compte également de nombreux Melkite, grecs-catholiques, ou grecs-orthodoxes, ainsi qu'une minorité maronite[37].

En Irak

Les chrétiens d'Irak sont l'une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde. Ceux-ci étaient encore au nombre de 636 000 environ en 2005. Soit 2 % de la population du pays. Ils étaient deux fois plus nombreux, soit un million, en 1980 ; leur survie n'est pas actuellement assurée. Leur nombre a constamment diminué depuis l'invasion américaine de 2003, à cause des exactions islamistes, et ils sont aujourd'hui en voie de disparition dans une quasi-indifférence générale, surtout depuis l'installation de l'État islamique en Mésopotamie, après 2014.

Ses membres font principalement partie des Églises Assyro-chaldéennes.

Église Année 2000
Église catholique chaldéenne 600 000 fidèles
Nestoriens (Assyriens) 150 000 fidèles
Église catholique syriaque 47 000 fidèles
Église syriaque orthodoxe 40 000 fidèles
Église latine 6 000 fidèles
Église arménienne catholique 5 000 fidèles
Église apostolique arménienne (Arméniens orthodoxes) 4 000 fidèles
Église orthodoxe d'Antioche (Grecs orthodoxes) 3 000 fidèles
Église grecque-catholique melkite 3 000 fidèles
Église maronite 1 000 fidèles
Protestants 1 000 fidèles
Total des Chrétiens 860 000 fidèles

En Égypte

Les chrétiens d'Égypte regroupent environ 11 % de la population. C'est le pays du Proche-Orient où la communauté chrétienne est la plus importante numériquement et la seconde en termes de pourcentage, derrière le Liban. Les Coptes, très majoritaires parmi les chrétiens, sont descendants des égyptiens antiques, comme le reste de la population égyptienne.

« Copte » signifie à l'origine « égyptien ». « Pratiquement tous chrétiens au moment de la conquête arabe, les Coptes passèrent progressivement à l'islam sous la pression musulmane. Le terme copte désigna à partir de cette époque ceux qui restaient chrétiens. Ainsi le mot perdant son acception ethnique – qui subsiste pour désigner leur langue (d'ailleurs morte aujourd'hui) – prit, d'une part, une signification ethnico-religieuse, pour désigner la communauté chrétienne indigène ; d'autre part, une signification purement religieuse, appliqué qu'il était au rite observé par cette communauté – par opposition aux autres liturgies chrétiennes – et que lui a emprunté l'Éthiopie chrétienne[38] ».

« Au Moyen Age, les chrétiens qui, lors de la conquête arabe (640-642 A.D.), représentaient en Égypte la totalité de la population sont peu à peu passés à l’Islam. Et dans la proportion de 90 % au moins, les musulmans d’Égypte sont des coptes islamisés. Aussi, du point de vue du sang qui coule dans leurs veines, doit-on dire que les coptes et les musulmans sont aussi égyptiens les uns que les autres. On pense que le nombre des musulmans a dépassé celui des coptes peu après l’arrivée des Fatimides qui dominèrent l’Égypte pendant deux siècles, à partir de l’an 969 A.D[39]. ».

« Les Égyptiens sont-ils des Arabes ? » demande Christophe Ayad. « S'ils sont pharaoniques par leur origine, les Égyptiens sont assurément arabes par la culture et la langue, quelle que soit la religion », écrit cet auteur[40].

Quel que soit le degré de pratique religieuse, il existe une véritable conscience communautaire d'être Copte. Locuteur de leur propre langage jusqu'à la fin du Moyen-Âge, ils sont désormais arabophones.

Le pays accueille également une importante communauté de chrétiens levantins, pour la plupart Melkite, mais également des orthodoxes d'origine grecque, ainsi qu'une communauté arménienne marginale.

Église présentes en Égypte Année 2000
Église copte orthodoxe 6 500 000 fidèles
Église orthodoxe d'Alexandrie 350 000 fidèles
Église catholique copte 210 000 fidèles
Protestants 200 000 fidèles
Église grecque-catholique melkite 10 000 fidèles
Église apostolique arménienne (Arméniens orthodoxes) 7 000 fidèles
Église catholique syriaque 5 000 fidèles
Église maronite 5 000 fidèles
Église latine 2 000 fidèles
Église arménienne catholique 1 500 fidèles
Église syriaque orthodoxe 1 100 fidèles
Total des Chrétiens 7 300 000 fidèles

Dans le monde arabe

En diaspora

En diaspora, les affiliations aux diverses dénominations chrétiennes n'ont pas toujours été conservées, en particulier en Amérique latine où beaucoup ont rejoint l'Église catholique romaine. L'affiliation familiale originelle n'est pas toujours mentionnée dans les biographies, seulement l'actuelle affiliation à l'Église catholique.

Dénomination

Si la dénomination "chrétiens arabes" ou "Arabes chrétiens" est usuelle (voir la bibliographie ci-dessous, les titres d'études de Antoine Fleyfel, Gérard Troupeau, Jean Corbon, Samir Khalil, Alfred Havenith, Louis Cheikho, Būlus al-Hūrī, Kenneth Cragg (en)), ou trouve aussi d'autres dénominations, comme "chrétiens du monde arabe". B. Heyberger l'utilise en alternance avec "chrétiens arabes" : " il ne faut pas s’en tenir à la figure de victime perpétuelle des chrétiens arabes. Au contraire, ils ont été, et sont encore, des acteurs dynamiques d’un monde dont ils partagent la langue, la culture, et un certain nombre de valeurs. Ils ont parfois vécu selon la même organisation tribale que leurs voisins musulmans, et partagé avec ceux-ci le même code de l’honneur, en particulier à l’égard des femmes. Ils ont su jouer des rouages des systèmes politiques et accéder à des postes de pouvoir"[42]. De même Christian Cannuyer, professeur de théologie : "Le professeur a insisté sur l’importante place des chrétiens en Égypte : « C’est le plus grand peuple chrétien du monde arabe. L’avenir du christianisme arabe est en Égypte[43]".

Notes et références

  1. middleeast.about.com
  2. « Hecht Museum - The Nabateans in the Negev », sur web.archive.org, (consulté le )
  3. Irfan Shahid, Byzantium And The Arabs In The Sixth Century, (1995), Volume 1, Part 1
  4. Philip K. Hitti, History of the Arabs. 6th ed, Macmillan and St. Martin's Press, p. 78–84
  5. Y. Courbage et Ph. Fargues, Chrétiens et Juifs dans l'Islam arabe et turc, Fayard, 1992, http://www.fayard.fr/chretiens-et-juifs-dans-lislam-arabe-et-turc-9782213028774
  6. « La diaspora chrétienne orientale en expansion autour du monde », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  7. « Diversité des églises Orientales – Histoire et description », sur L'Œuvre d'Orient (consulté le )
  8. « Sts. Peter and Paul Church - The Origins of Middle Eastern Arab Christianity », sur web.archive.org, (consulté le )
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  11. Parry, Ken, The Blackwell Dictionary of Eastern Christianity., Malden, MA : Blackwell Publishing., (1999), p. 37
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  13. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, t. VI, p. 34
  14. Luce Pietri, chap. IV « Les résistances : de la polémique païenne à la persécution de Dèce », dans Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez et Marc Venard, Histoire du Christianisme, vol. II : Naissance d'une chrétienté (250 - 430), Desclée, , partie 1, p. 156.
  15. Irfan Shahid, Byzantium And The Arabs In The Sixth Century Volume 2, Part 2, (2010), p. 340-46
  16. (en) « Al-Ḥīrah | ancient city, Iraq », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
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  24. Pacini, Andrea, Christian Communities in the Arab Middle East : The Challenge of the Future., Clarendon Press, (1998), p. 38, 55
  25. Clio, « André Lemaire, Les Araméens, un peuple, une langue, une écriture, au-delà des empires - Clio - Voyage Culturel », sur www.clio.fr (consulté le ).
  26. Eric. Cooper, Michael J. Decker, Life and Society in Byzantine Cappadocia, , p. 42
  27. Ignatios Tannous Al-Khoury,, Book Al-Sheikh Al-Chemor Al-Hakum Al-Akoura Al-Hakum Al-Zawyia, Beyrouth, (1948), p. 2
  28. Christian Lochon, ancien directeur des études du Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes, "Rôle et Culture des Chrétiens d’Orient ", Académie des Sciences d'Outre-Mer, 2005, http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/21/73/59/Documents-textes/Christianisme-arabe/D-R-le-et-Culture-des-Chr-tiens-d-Orient---Ch.-Lochon.pdf. Selon CH. Lochon, en 1914, un sujet sur quatre de l'Empire ottoman est chrétien.
  29. Christian Lochon, ancien directeur des études du Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes, "Rôle et Culture des Chrétiens d’Orient ", Académie des Sciences d'Outre-Mer, 2005, http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/3/21/73/59/Documents-textes/Christianisme-arabe/D-R-le-et-Culture-des-Chr-tiens-d-Orient---Ch.-Lochon.pdf.
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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  • Bernard Heyberger, Chrétiens du monde arabe : un archipel en terre d'Islam, Autrement (col. Mémoires), Paris, 2003, (ISBN 2-7467-0390-4)
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  • Gérard Troupeau, Études sur le christianisme arabe au Moyen Âge, Aldershot ; Brookfield (Vt.), Variorum, 1995.
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  • Samir Khalil, Bibliographie du dialogue islamo-chrétien : Auteurs arabes chrétiens (XIe – XIIe siècles), extrait de Islamochistiana, 2, 1976.
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  • Louis Cheikho (S. J., Le P.), Les vizirs et secrétaires arabes chrétiens en Islam, réédité aux éd Pontificio Istituto orientale, Rome, 1987.
  • Būlus al-Hūrī (1921-....), Textes des théologiens arabes chrétiens du VIIIe au XIIe siècle sur le verbe incarné T. 1. textes recueillis, classés et trad. par Paul Khoury, Altenberge : Oros Verlag, 2000.
  • Kenneth Cragg (en), The Arab Christians : a history in the Middle East, Lousville (Ky.), Westminster/John Knox press, 1991.

Liens externes

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