Congrès de Vienne

Le congrès de Vienne est une conférence des représentants diplomatiques des grandes puissances européennes qui a eu lieu à Vienne du au [1]. Les pays vainqueurs de Napoléon Ier ainsi que les autres États européens se réunissent pour rédiger et signer les conditions de la paix, et donc déterminer les frontières et tenter d'établir un nouvel ordre pacifique. Le congrès de Vienne permet également la discussion sur la libre circulation navale, l'abolition de la traite négrière (et non pas de l'esclavage, qui persiste cependant), et la mise en avant de la neutralité de la Suisse et de la neutralité de la Savoie.

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Ne doit pas être confondu avec Conférence de Vienne.

Pour les articles homonymes, voir Traité de Vienne.

Congrès de Vienne

Le Congrès de Vienne par Jean Godefroy d'après l’œuvre de Jean-Baptiste Isabey
(voir carte de l'Europe de Vienne)
1 Arthur Wellesley 2 Joaquim Lobo da Silveira (en) 3 António de Saldanha da Gama (en) 4 Carl Löwenhielm 5 Louis Joseph Alexis de Noailles 6 Klemens Wenzel von Metternich 7 Frédéric-Séraphin de La Tour du Pin Gouvernet 8 Karl Robert von Nesselrode 9 Pedro de Sousa Holstein 10 Castlereagh 11 Emmerich Joseph von Dalberg 12 Johann von Wessenberg 13 Andreï Razoumovski 14 Charles Vane 15 Pedro Gómez Labrador (en) 16 Richard Trench 17 Nikolaus von Wacken 18 Friedrich von Gentz 19 Wilhelm von Humboldt 20 William Cathcart 21 Karl August von Hardenberg 22 Talleyrand 23 Gustav Ernst von Stackelberg.

Type Diplomatique
Pays  Empire d'Autriche
Localisation Ballhausplatz 2, Vienne
Coordonnées 48° 12′ 31″ nord, 16° 21′ 50″ est
Date Du au
Participant(s) Empire d'Autriche

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande
Royaume de Prusse
Empire russe
Royaume de France
États pontificaux
Royaume de Sicile
Royaume de Sardaigne
République de Gênes
Royaume d'Espagne
Royaume de Portugal
Royaumes unis de Suède et de Norvège
Confédération suisse

Contexte

En 1813 se forme une alliance entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, l'Empire russe, le royaume de Prusse et l’empire d'Autriche, la Quadruple Alliance, mais officiellement datée du [2],[3]. Malgré une série de victoires (batailles de Champaubert, Montmirail…) remportées par Napoléon, Paris tombe le et les maréchaux forcent l'Empereur à abdiquer pendant que le Sénat proclame roi Louis XVIII. Le , une convention signée par le comte d'Artois livre cinquante-trois forteresses que les troupes françaises tiennent encore en Allemagne, en Italie et en Belgique, ramenant la France à ses limites d'avant [4]. Elle est suivie du traité de Paris du qui règle le sort de la France[1]. Conformément à ce traité, un congrès doit se réunir à Vienne pour régler le sort des territoires repris à Napoléon, congrès qui est convoqué en septembre avant de débuter officiellement (ouverture solennelle) le [1],[5]. Le congrès se poursuit pendant les Cent-Jours et prend fin seulement neuf jours avant la seconde abdication de Napoléon, les Alliés étant décidés à se défaire de lui définitivement[4]. Après la bataille de Waterloo, la France doit accepter un second traité de Paris plus rigoureux que le traité de 1814[6].

Participants

Toute l'Europe monarchique afflue à Vienne. Quinze membres de familles royales côtoient deux cents princes et deux cent seize chefs de missions diplomatiques[1]. De nombreux groupes de pression sont également présents : chevaliers de l’Ordre Souverain de Saint Jean de Malte[7],[8], représentés par trois délégués plénipotentiaires[9], mais aussi des représentants Juifs d'Allemagne, les abolitionnistes de la traite des Noirs, sans compter les inventeurs de recettes pour assurer la paix du monde. Beaucoup de congressistes n'en connaissent que la fête et les mondanités, car le « congrès s'amuse » dans des réceptions continuelles[1]. Il n'y a presque pas de séances plénières. Les discussions et les décisions se prennent ailleurs. Les quatre vainqueurs de Napoléon Ier (Autriche, Prusse, Royaume-Uni et Russie) avaient décidé de se réserver les « choses sérieuses ». La France, initialement isolée mais représentée par son habile diplomate Talleyrand, réussit à grouper autour d'elle les petits États inquiets des convoitises des grands[10] et elle fait entrer trois autres pays européens, l'Espagne, le Portugal et la Suède. Le congrès rassemble les grands diplomates de l'époque[11],[12] :

États participants Chef d'État Chef du gouvernement Représentants/Participants
Empire d'Autriche François Ier de Habsbourg-Lorraine Klemens Wenzel von Metternich Klemens Wenzel von Metternich[1], Johann von Wessenberg, le conseiller Nikolaus von Wacken, Friedrich von Gentz
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande George III de Hanovre Robert Jenkinson Robert Stewart, vicomte Castlereagh, puis Arthur Wellesley, duc de Wellington[1], puis Lord Clancarty, Charles Vane, Richard Trench, William Cathcart
Royaume de Prusse Frédéric-Guillaume III de Hohenzollern Karl August von Hardenberg le baron Wilhelm von Humboldt[1]
Empire russe Alexandre Ier de Holstein-Romanov Nikolaï Saltykov l'empereur Alexandre Ier de Russie et les comtes Charles Robert de Nesselrode et Ioánnis Kapodístrias[1], Andreï Razoumovski, Gustav Ernst von Stackelberg
États pontificaux Pie VII (Barnaba Niccoló Maria Luigi Chiaramonti) - le comte Filippo Magawly Cerati et Ercole Consalvi, cardinal secrétaire d'État
Royaume de Sicile Ferdinand III de Bourbon-Siciles - Luigi de’ Medici di Ottajano, Alvaro Ruffo della Scaletta, Antonio Maresca di Serracapriola et Fabrizio Ruffo di Castelcicala
Royaume de Sardaigne Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne - le marquis Antoine Marie Philippe Asinari de Saint-Marsan
République de Gênes Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne - le marquis Antonio Brignole Sale, pour la république de Gênes, annexée au royaume de Sardaigne.
Royaume d'Espagne Ferdinand VII de Bourbon Pedro Cevallos Pedro Gómez Labrador (en), ex-secrétaire d'État
Royaume de Portugal Marie Ire de Bragance - Pedro de Sousa Holstein, comte de Palmela, António de Saldanha da Gama (en), diplomate détaché en Russie, et Joaquim Lobo da Silveira (en), diplomate détaché à Stockholm, tous trois ministre plénipotentiaire du Portugal.
Royaumes unis de Suède et de Norvège Charles XIII de Holstein-Gottorp Louis De Geer le comte Carl Löwenhielm
Confédération suisse - - Hans Reinhard, député de la Diète fédérale, Frédéric-César de La Harpe, représentant de plusieurs cantons
Royaume de France Louis XVIII de Bourbon Talleyrand Talleyrand[10], les pairs Jean-Louis-Paul-François de Noailles et Frédéric-Séraphin de La Tour du Pin Gouvernet ; le plénipotentiaire français Emmerich Joseph de Dalberg

Ambitions et manœuvres des puissances européennes

Acte du congrès de Vienne du 9 juin 1815 (édition officielle).

Le congrès de Vienne est le « champ de bataille » diplomatique où les puissances européennes tentent de satisfaire leurs ambitions tout en contrecarrant celles de leurs anciens alliés contre Napoléon Ier. Deux grands antagonismes se manifestent : celui de la Russie et du Royaume-Uni, celui de l'Autriche et de la Prusse[13]. La France, alors vaincue, tente de retrouver une place de premier plan.

La Russie et la Prusse ont des visées expansionnistes tandis que le Royaume-Uni et l'Autriche cherchent la restauration de l'équilibre[10]. Le rêve séculaire du gouvernement russe de se rapprocher de l'Europe occidentale nécessite l'annexion d'une grande partie de la Pologne, au détriment du royaume de Prusse dans l'hypothèse où ce royaume ne parviendrait pas à annexer, à titre compensatoire, des territoires en Europe centrale. La Russie se verrait bien présider une fédération européenne et devenir de ce fait le géant européen[14]. La Russie est tentée de démembrer l'Empire ottoman afin de se rapprocher des détroits du Bosphore et des Dardanelles, solution qui offrirait l'accès à la Méditerranée, au grand dam de la marine britannique, maîtresse de cette mer. De plus les Russes mènent une politique très active dans le Pacifique, dont ils sont riverains en Sibérie, et en Alaska alors possession russe. Le Royaume-Uni veut conserver la suprématie maritime acquise pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, cela suppose le maintien de la division de l'Europe, qui permet d'affaiblir les prétentions russes. Le Royaume-Uni est également favorable à un renforcement de la puissance de la Prusse en Allemagne qui ferait obstacle à l'influence russe en Europe. Russes et Britanniques sont en concurrence dans l'Empire ottoman et en Asie centrale avec l'avancée russe vers la mer Caspienne et celle des Britanniques en Afghanistan.

La Prusse et l'Autriche se disputent la suprématie en Allemagne. L'Autriche ne veut pas d'un agrandissement du royaume de Prusse, qui se ferait au détriment du roi de Saxe, fidèle allié de Napoléon Ier : la Prusse, déjà maîtresse de la Silésie, encerclerait la province de Bohême autrichienne[10]. Pour l'Autriche, le morcellement de l'Allemagne est la condition de son ascendant sur la Prusse. Cette dernière, quant à elle, accepte un glissement russe en Pologne pourvu que la Saxe lui soit accordée (accord russo-prussien de Kalisz du ). L'Autriche est hostile à la politique russe dans les Balkans (protection des minorités slaves de l'Empire ottoman) qu'elle considère comme chasse gardée. Elle reçoit pour cette position le soutien du Royaume-Uni, qui lui aussi veut empêcher les Russes de s'installer en mer Méditerranée.

Puissance vaincue, la France tente d'alléger le coût territorial de sa défaite et de retrouver sa place dans le concert européen des souverains légitimes. Talleyrand obtient de pouvoir participer aux conférences initialement réservées aux quatre vainqueurs. Pour cela, il promet à Castlereagh de soutenir la position britannique sur l'interdiction de la traite des Noirs. Il est également favorable au rétablissement des Bourbons dans le royaume des Deux-Siciles[10] que défendent les Britanniques (l'Autriche souhaite le maintien sur le trône de Naples de son récent allié Joachim Murat). Talleyrand obtient la participation de la Suède, de l'Espagne et du Portugal aux réunions des Grands, cela lui permet d'avoir des alliés face aux vainqueurs. Il s'allie à Metternich pour soutenir le maintien d'un royaume de Saxe[15], contrecarrant les ambitions de la Prusse, en contrepartie de l'annexion par la Prusse de la Rhénanie (ce qui fait de la Prusse le voisin immédiat de la France). Pour cela, il signe le , avec l'Autriche et le Royaume-Uni un traité secret destiné à contrer la Russie et la Prusse en Allemagne[10].

Modifications territoriales

Les frontières de l'Europe redessinées en 1815.

L'Acte final du congrès de Vienne (document de 300 pages en français) signé le redéfinit les contours de l'Europe après la chute de Napoléon Ier[16]. Comme déjà stipulé dans le traité de Paris, la France est pratiquement ramenée à ses frontières de 1791, devant renoncer à des territoires de langue française comme la Savoie et la Belgique et de langue italienne comme le comté de Nice annexés par la France avant les guerres napoléoniennes :

De plus, la France est surveillée de près par une ceinture d’États tampons destinés à interdire toute reprise d'une politique révolutionnaire et expansionniste (royaume des Pays-Bas, royaume de Sardaigne, et possessions rhénanes du royaume de Prusse installé aux frontières mêmes de la France).

La Belgique, catholique, est intégrée aux Provinces-Unies, majoritairement protestantes, pour former le Royaume uni des Pays-Bas (le Benelux actuel, 1815-1830) reconstituant en partie les anciens Pays-Bas des époques bourguignonnes et de Charles Quint [18]. En échange de ses possessions allemandes (Fulda et Nassau), Guillaume Ier des Pays-Bas reçoit à titre personnel le grand-duché de Luxembourg. Le royaume des Pays-Bas perd les anciennes colonies du Cap et de la Guyane attribué à la Grande-Bretagne, mais conserve les Indes néerlandaises. Le prince de Ligne a décrit ce congrès comme « un tissu politique tout brodé de fêtes ».

La carte de la future Allemagne est simplifiée. La Confédération germanique (fin en 1866) regroupe les territoires de l’ancien Saint-Empire, divisés en 39 États (contre 350 en 1792) : la partie germanique de l’empire d’Autriche, cinq royaumes (Prusse, Saxe, Wurtemberg, Hanovre, Bavière), douze principautés, sept grands-duchés et quatre villes libres (Lübeck, Brême, Hambourg et Francfort). La Prusse obtient Dantzig, le grand-duché de Posen, la moitié nord, soit environ les deux cinquièmes, de la Saxe et une grande partie des provinces de Rhénanie et de Westphalie afin de constituer un rempart contre la France. L'électorat de Brunswick-Lunebourg, ou électorat de Hanovre, est restitué au roi d’Angleterre, agrandi et érigé en royaume[19].

L’Autriche recouvre la plupart des territoires qu’elle avait perdus et, en compensation de la perte des Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle), reçoit des territoires allemands (Salzbourg) et italiens (Lombardie et Vénétie), de même que la partie de la Dalmatie qui appartenait auparavant à Venise (Provinces illyriennes sous Napoléon)[20].

À titre accessoire, les dotations sur le mont de Milan bénéficiant aux militaires français furent supprimées et les biens grevés[pas clair] revinrent aux princes.

La Suisse perd définitivement Mulhouse, alors cité-État, pays allié (zugewandter Ort)[21] de la Confédération, rattachée à la France en 1798, la Valteline et la région de Bormio (rattachées à la Lombardie) ; sa neutralité perpétuelle est proclamée[19]. Les possessions jurassiennes de l'évêché de Bâle sont attribuées à Berne en compensation du pays de Vaud, dont l'indépendance comme canton est reconnue[22]. Les cantons de la république de Genève, de la principauté de Neuchâtel (qui reste néanmoins la propriété personnelle du roi de Prusse jusqu'en 1848) et du Valais (département du Simplon dans l'Empire napoléonien) se joignent définitivement à la Confédération suisse. L’indépendance et la neutralité de la Suisse sont garanties par la création d’une confédération. Chaque canton choisit sa constitution et presque tous reviennent au régime en vigueur avant la Révolution. Les cantons de Vaud, Argovie et du Tessin restent autonomes et ne redeviennent pas des colonies et bailliage, ceci grâce à l'influence du Vaudois Frédéric-César de La Harpe sur le tsar Alexandre Ier de Russie dont il a été le précepteur.

La confédération a, en cas de guerre, un droit d'occupation militaire sur le nord de la Savoie qui dispose alors du même statut de neutralité.

En Italie, la Lombardie et la Vénétie sont données à l'empire d'Autriche qui instaure le Royaume de Lombardie-Vénétie sous domination autrichienne. La maison de Savoie récupère le Piémont, Nice et la Savoie et entre en possession de Gênes. Le pape retrouve les États pontificaux mais, malgré les efforts de son représentant Consalvi, ne peut récupérer ni le Comtat Venaissin, ni Avignon. Le Bourbon Ferdinand Ier des Deux-Siciles retrouve son royaume des Deux-Siciles. Les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla sont attribués à l'épouse de Napoléon, Marie-Louise d'Autriche, de la maison des Habsbourg-Lorraine. Modène et la Toscane sont également attribués à des Habsbourg (Ferdinand III de Lorraine, grand-duc de Toscane et François IV d’Este-Lorraine, duc de Modène). Le retour des souverains légitimes s’accompagne partout du régime politique antérieur. L’Autriche tient garnison dans les citadelles de Plaisance, Ferrare et Comacchio[19].

La nouvelle dynastie suédoise (maison Bernadotte, issue du maréchal d’Empire), reçoit la Norvège, ancienne possession danoise au terme d’un accord garantissant à celle-ci une large autonomie et un gouvernement distinct (convention de Moss)[19]. La Poméranie suédoise est rattachée à la Prusse. La Finlande est annexée à la Russie. Le Danemark reçoit le Duché de Lauenbourg, depuis 1876 partie du Schleswig-Holstein.

La Pologne est partagée une quatrième fois. La Russie en est la principale bénéficiaire[18]. La Prusse ne conserve que la Posnanie et Dantzig. Cracovie devient une cité-république indépendante. Tout le reste de l’ancien duché de Varsovie passe sous l’autorité du tsar Alexandre Ier de Russie et forme le royaume de Pologne, ou du congrès, uni à la Russie avec pour vice-roi le frère du tsar, le grand-duc Constantin, mais possédant sa propre constitution, son gouvernement (Diète et Conseil d’État), son administration et son armée.

Le Portugal réclame à l'Espagne la restitution de Olivença. L'Espagne a ratifié l'accord de rétrocéder Olivença dans les plus brefs délais. Depuis, l'exécution est dans l'attente[réf. nécessaire].

Le Royaume-Uni ne réclame rien en Europe, ni pour lui ni pour ses alliés, le Portugal et l'Espagne, où les rois sont rétablis. En revanche :

  • il obtient la création du royaume des Pays-Bas, qui met définitivement Anvers, partenaire commercial et concurrent potentiel de Londres, à l'abri des convoitises françaises ;
  • à titre personnel, le roi d'Angleterre voit le Hanovre, qui lui appartenait, agrandi et transformé en royaume de Hanovre ;
  • il assure son objectif de maîtrise des mers, ce qui le prémunit de toute offensive à son encontre, et agrandit son empire colonial :
    • conservation de la Guyane enlevée aux Hollandais ;
    • conservation des îles de Tobago et Sainte-Lucie prises aux Français et Trinité prise aux Espagnols ;
    • acquisition de Heligoland (pris au Danemark) qui lui permet de contrôler la mer du Nord et l'accès à la mer Baltique ;
    • acquisition de l’île de Malte (prise à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem), et des îles Ioniennes qui appartinrent longtemps à Venise, ce qui lui permet de surveiller l'Empire ottoman et le passage entre Méditerranée occidentale et Méditerranée orientale ;
    • sur la route des Indes, le Royaume-Uni s'empare du Cap et de Ceylan (enlevés aux Hollandais) et de l'Île-de-France, aujourd'hui île Maurice, enlevée à la France[18].

Beaucoup de petits États princiers disparaissent, victimes des appétits des vainqueurs. Les idées libérales révolutionnaires ont cependant marqué les esprits et restent présentes malgré leur négation par les puissances conservatrices.

Conséquences du congrès

Caricature : « Le gâteau des rois, tiré au Congrès de Vienne en 1815 »

C'est la vision anglo-autrichienne qui l'emporte : la recherche de l'équilibre européen et le retour des rois légitimes, sans jamais donner satisfaction aux aspirations des peuples à l'unité nationale, par le biais de l'indépendance (en Belgique, en Pologne et parmi les chrétiens des Balkans). Est également ignorée l'aspiration à l'unification, (en Italie et, en partie, dans plusieurs États allemands), ou à un régime constitutionnel (revendiqué par des franges de la bourgeoisie progressiste européenne) [23]. La déception est importante pour nombre de jeunes Allemands appelés aux armes en 1813 par les souverains qui leur avaient promis une Allemagne libre et unifiée et dont le cri de guerre est « Vivat Teutonia ! »[18] (« Vive la Germanie ! »). Les sociétés secrètes, en particulier les carbonari italiens, prospèrent, elles aussi, sur ce refus des idées nouvelles.

On parle de l'instauration d'un « ordre de Vienne ».

Finalement, en consacrant les principes de légitimité et de restauration monarchique au mépris du droit des nationalités, les hommes de Vienne, à l'instar de l'Autrichien Metternich, jettent les bases des révoltes libérales qui, en 1848, secoueront l'Europe entière lors du Printemps des peuples.

La Sainte Alliance

La fondation de la Sainte Alliance, qui a été conclue le 26 septembre 1815, ne faisait pas partie des résultats officiels des négociations du congrès, mais est étroitement liée à son contenu et constitue une part décisive du système de Metternich émergeant en 1815. La Sainte Alliance comprenait initialement la Prusse, l’Autriche et la Russie. Ce manifeste des trois monarques appelait à la fraternité chrétienne et était donc en opposition directe avec la fraternité révolutionnaire des peuples. Metternich, qui était extrêmement sceptique quant à cette alliance, transforma le projet original, qui parlait d’une alliance de « peuples et d’armées », dans sa version finale en une « alliance de dirigeants » qui se tenait au-dessus des « peuples et des armées ». Le but de l’accord était, d’une part, de maintenir l’équilibre entre les princes et, d’autre part, d’intervenir auprès des peuples dans le cas des mouvements révolutionnaires. À l’exception de la Grande-Bretagne (où le Parlement a refusé d’y adhérer) et des États pontificaux restaurés par le Congrès sous le pape Pie VII, qui a rejeté le concept interconfessionnel, presque tous les États européens ont rejoint la Sainte Alliance[24].

Au cinéma

Le congrès de Vienne a été représenté cinématographiquement dans :

Notes et références

  1. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 404.
  2. (en) « Quadruple Alliance (Europe [1813-15]) » (consulté le ).
  3. (en) Merriam-Webster's Collegiate Encyclopedia, Merriam-Webster, , 1792 p. (ISBN 978-0-87779-017-4, lire en ligne), p. 1332.
  4. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 386.
  5. (en) Marjie Bloy, « The Congress of Vienna, 1 November 1814 – 8 June 1815 », The Victorian Web, (consulté le ).
  6. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 402.
  7. (it) Umberto Castagnino Berlinghieri, Congresso di Vienna e principio di legittimità: la questione del sovrano militare ordine di San Giovanni gerosolimitano, detto di Malta, Vita e Pensiero, (ISBN 978-88-343-1422-7, lire en ligne).
  8. (it) Barbara Innocenti, Marco Lombardi et Josiane Tourres, In viaggio per il Congresso di Vienna: Lettere di Daniello Berlinghieri a Anna Martini con un percorso tra le fonti archivistiche in appendice, Florence, Firenze University Press (lire en ligne [PDF]).
  9. Les délégués plénipotentiaires de l'Ordre Souverain de Malte avec rang d'ambassadeur étaient : Fr. Antonio Miari, Fr. Daniello Berlinghieri et Fr. Augusto Viè de Cesarini source.
  10. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 405.
  11. Die Welt, Die erste Party der modernen Diplomatie, .
  12. Christa Bauer & Anna Ehrlich, Der Wiener Kongress: Diplomaten, Intrigen und Skandale, 2014.
  13. Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire du XIXe siècle, édition Hatier, 1995, p. 9-10.
  14. Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire du XIXe siècle, édition Hatier, 1995, p. 9.
  15. Louis XVIII avait épousé une cousine germaine du roi de Saxe — Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 405.
  16. Acte du congrès de Vienne du 9 juin 1815, avec ses annexes sur Gallica.
  17. Jean-Baptiste Capefigue, Le Congrès de Vienne et les traités de 1815, t. 4, Amyot, Paris, 1864, p. 1 549-1 552.
  18. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 410.
  19. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 408.
  20. Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929, p. 407.
  21. « Congrès de Vienne » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  22. Meuwly, Olivier 1963-, Le Congrès de Vienne et le Canton de Vaud : 1813-1815 (ISBN 978-2-88454-144-2, OCLC 1007268461, lire en ligne).
  23. Denise Galloy, Franz Hayt, De 1750 à 1848, De Boeck Éducation, 1993, 96 pages, p. 69 (ISBN 2804111512).
  24. Wolfram Siemann, Vom Staatenbund zum Nationstaat. 1995, p. 330

Annexes

Bibliographie

  • Comte Victor-Scipion-Charles-Auguste de la Garde de Chambonas, Fêtes et souvenirs du Congrès de Vienne, Société typographique belge, Ad. Wahlen & Cie, Bruxelles, 1843, (5 tomes)
  • Leonard Chodźko, Le Congrès de Vienne et les traités de 1815, précédés et suivis des actes diplomatiques qui s'y rattachent, 1863 / 1864, éditeur : Amyot, Paris, 4 vol. Cet ouvrage qui comprend une introduction de Capefigue est publié sous le pseudonyme d'Angeberg..
  • Guillaume de Bertier de Sauvigny, Metternich et la France après le Congrès de Vienne, Hachette 1968.
  • Albert Malet et Jules Isaac, Révolution, Empire et première moitié du XIXe siècle, librairie Hachette, 1929.
  • Sédouy Jacques-Alain de, Le Congrès de Vienne, L’Europe contre la France 1812-1815, Perrin, 2003.
  • Stella Ghervas, Réinventer la tradition. Alexandre Stourdza et l'Europe de la Sainte-Alliance, Paris, Honoré Champion, 2008 (ISBN 978-2-74531-669-1).
  • Reiner Marcowitz, « Comment obtenir une paix durable ? Le congrès de Vienne de 1814/1815 et la conférence de paix de Paris en 1919/1920 – parallèles et différences », dans Revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, 43 (2011), p. 167-176.
  • Thierry Lentz, Le Congrès de Vienne : une refondation de l'Europe (1814-1815), Paris, Perrin, 2013, 385 p. (ISBN 978-2-262-03305-7).
  • (en) Mark Jarrett, The Congress of Vienna and its legacy : war and great power diplomacy after Napoleon, Londres, I. B. Tauris & Company, Ltd., , 522 p. (ISBN 978-1-78076-116-9)..
  • Vick Brian, The Congress of Vienna: Power and Politics after Napoleon, Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 2014 (ISBN 9780674729711).
  • Eric Leroy du Cardonnoy & Herta Luise Ott, Perceptions du congrès de Vienne : répercussions d’un événement européen (XIXe-XXIe siècle), Rouen, PURH, Austriaca, no 79, 2014 (ISBN 979-10-240-0492-1).
  • Michel Kérautret, « Quelques réflexions sur l’historiographie française du Congrès de Vienne. », Napoleonica. La Revue 1/2015 (no 22), p. 87-103.
  • Karin Schneider/ Eva Maria Werner, Europa in Wien. Who is who beim Wiener Kongress 1814/15, Wien, Böhlau, 2015.
  • Luca Zoppelli, «La musique au Congrès de Vienne d'après le journal d'Anna Eynard-Lullin», Annales fribourgeoises 79, 2017, pp. 73-80.

Articles connexes

Liens externes

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