Ghazi Al-Gosaibi

Ghazi Abdul Rahman Al-Gosaibi (en arabe : غازي بن عبدالرحمن القصيبي), né le à Al-Hufuf et mort le à Riyad, est un écrivain, poète, diplomate et homme politique saoudien.

Ghazi Abdul Rahman Al Gosaibi
Fonctions
Ministre du Travail (d)
-
-
Adel Fakeih (en)
Ambassadeur d'Arabie saoudite en Irlande
-
Nasser Almanqour (en)
Ambassadeur d'Arabie saoudite au Bahreïn
-
Ministre de la Santé
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 70 ans)
Riyad
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
غازي عبد الرحمن القصيبي
Nationalité
Formation
Université du Caire
Université de Californie du Sud
University College de Londres
University of Southern California School of International Relations (en)
Activités
Père
عبد الرحمن القصيبي (d)
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions

Biographie

Al-Gosaibi naît le à Al-Hufuf dans une riche famille de marchands nejdis. Sa mère, de la famille Kateb originaire de La Mecque, meurt alors qu'il a neuf mois : il est alors élevé par sa grand-mère. À l'âge de cinq ans, sa famille déménage à Bahreïn, protectorat britannique où il étudie de l'école primaire au lycée. En 1957, il obtient une bourse pour étudier le droit à l'université du Caire. Après avoir obtenu son diplôme en 1961, il part étudier les relations internationales à l'université de Californie du Sud d'où il sort diplômé en 1964[1].

En 1965, il est sélectionné par le comité de réconciliation saoudien comme conseiller légal pour négocier avec les forces égyptiennes au Yémen, pendant la guerre civile du Yémen du Nord. Quelques années plus tard, en 1970, il soutient sa thèse de doctorat en droit à l'University College de Londres sur ce thème[1].

Carrière politique

Dès 1965, après l'obtention de son diplôme en relations internationales, Al-Gosaibi devient maître de conférences à l'université du Roi-Saoud. Il devient ensuite professeur associé, doyen de la faculté de commerce et directeur du département de sciences politiques. En 1974, il est nommé à la tête de la Saudi Railways Organization (en), une des deux compagnies de chemin de fer saoudiennes[1] puis, en 1975, devient Ministre de l'Industrie et de l'Électricité.

En 1982, il est nommé Ministre de la Santé. En 1984, il constate que les appels d'offres pour la construction d'hôpitaux régionaux sont truqués en faveur de l'entreprise Saudi Oger. Alors que la bureaucratie saoudienne l'empêche d'entrer en contact avec le roi Fahd, il publie à son attention un poème intitulé Un stylo acheté ne vaut pas un stylo vendu (en arabe : لا يستوي قلم يباع ويشترى) sur la corruption des élites saoudiennes. Al-Gosaibi est démis de ses fonctions et envoyé comme ambassadeur au Bahreïn[2] où il reste huit ans. En 1992, après que l'ambassadeur saoudien au Royaume-Uni et en Irlande a publiquement exprimé son soutien à la fatwa contre l'écrivain britannique Salman Rushdie, Al-Gosaibi est envoyé à Londres pour le remplacer.

En 1999, il est candidat au poste de directeur général de l'UNESCO mais perd l'élection face au diplomate japonais Koichiro Matsuura[3], arrivant deuxième de l'élection parmi 11 candidats[4]. Il reste en poste comme ambassadeur au Royaume-Uni. En mars 2002, l'adolescente palestienne Ayat Al-Akhras (en) commet un attentat-suicide dans un supermarché israélien, tuant deux civils. Quelques jours plus tard, Al-Gosaibi publie dans le journal Al-Hayat un poème intitulé Les Martyrs (en arabe : الشهداء)[5] en l'honneur de l'adolescente, ce qui suscite une polémique[6]. Al-Gosaibi, farouche critique du terrorisme[7], précise sa position en faveur de la solution à deux États au conflit israélo-palestinien, assume ses écrits et accuse Israël de crimes de guerre, après quoi il quitte son poste d'ambassadeur et revient en Arabie saoudite.

Quelques mois plus tard, en septembre 2002, il est nommé Ministre de l'Eau et de l'Électricité et siège au conseil d'administration d'Aramco, la compagnie nationale saoudienne d'hydrocarbures. En 2004, il est nommé Ministre du Travail. Confronté à la fois au fort taux de chômage des jeunes et à leur réticence à s'engager dans des métiers peu prestigieux, il explique que ces métiers ne sont pas indignes et l'illustre en vendant lui-même des hamburgers dans un fast-food de Djeddah pendant trois heures en 2008[8]. Il milite également pour l'emploi des femmes et leur participation accrue à la vie publique.

Ghazi Al-Gosaibi meurt en 2010 d'un cancer de l'estomac.

Œuvre littéraire

Ghazi Al-Gosaibi est l'un des plus grands écrivains et poètes de langue arabe du XXe siècle. Il a publié une soixantaine de livres[8], dont des romans, des essais et des recueils de poèmes. Son roman le plus célèbre, Un appartement nommé liberté (en arabe : شقة الحرية), est publié en 1994 et contient des passages en partie autobiographiques[9]. Il décrit les années d'université de quatre jeunes gens venus de Bahreïn pour étudier au Caire pendant la période nassériste, de la fin des années 1950 au début des années 1960. Un autre roman, Sept (en arabe : سبعة), dénonce les élites arabes éduquées en Occident qui éprouvent un sentiment de supériorité par rapport à leurs concitoyens mais n'utilisent pas leur formation pour améliorer la situation dans leur pays d'origine[8]. En raison des thèmes abordés, dont la condition du monde arabe et ses tabous, et de son style souvent critique des élites religieuses, son œuvre a été interdite de publication en Arabie saoudite jusqu'à deux semaines avant sa mort, malgré une large diffusion dans le reste du monde arabe[10].

Al-Gosaibi a également écrit des œuvres de non-fiction, comme les essais Une vie d'administration (1999)[1] ou La crise du Golfe (2002) qui décrit la perspective arabe sur l'invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990[11].

Postérité

À la mort de Ghazi Al-Gosaibi en août 2010, plusieurs dizaines de journaux dans de nombreux pays lui consacrent une nécrologie[12]. Il laisse une œuvre littéraire parmi les plus riches du monde arabe et une empreinte de réformateur en politique. Il a été décrit comme « le seul grand homme d'Arabie saoudite »[13], le « parrain de la rénovation »[9] et « un symbole de modernité en Arabie saoudite »[7].

Notes et références

Voir aussi

  • Portail de la littérature
  • Portail de la poésie
  • Portail de la politique
  • Portail de l’Arabie saoudite
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.