Juanita Castro
Juana de la Caridad Castro Ruz, dite Juanita Castro, née à Birán en 1933, est une révolutionnaire cubaine puis opposante au régime communiste castriste et agent de la CIA, sœur cadette de Fidel Castro et de Raúl Castro, tous deux présidents de Cuba.
Pour les articles homonymes, voir Castro.
Castro Ruz est un nom espagnol. Le premier nom de famille, paternel, est Castro ; le second, maternel, souvent omis, est Ruz.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Juana de la Caridad Castro Ruz |
Surnom |
Juanita |
Nationalités |
Cubaine Américaine (depuis ) |
Activités | |
Père |
Ángel Castro Argiz (en) |
Mère |
Lina Ruz González (d) |
Fratrie |
A travaillé pour |
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Épousant la cause de la révolution cubaine, elle est une guérillera et soutient activement ses frères. Puis en désaccord avec l'orientation communiste du régime, elle s'oppose aux exécutions sommaires des opposants et aux expropriations ordonnées par Fidel et Raúl Castro. Elle travaille alors avec la CIA comme agent de renseignement et doit s'exiler en 1964.
En 2009, elle publie ses mémoires sous le titre Fidel y Raúl, mis hermanos.
Biographie
Révolution cubaine
Guérillera aux côtés de ses frères, elle participa aux combats dans la Sierra Maestra contre les forces du dictateur Fulgencio Batista. Elle fit aussi quelques missions aux États-Unis pour récolter des fonds au nom de la Révolution cubaine[1].
Désillusion et opposition clandestine
Elle dénonce le comportement de Che Guevara, nouveau directeur de la prison de la Cabaña depuis le . Selon Juanita Castro, « il y pratiquait une justice expéditive et envoyait des dizaines d'innocents au paredón [mur d'exécution] ». Elle fait la démarche de rencontrer le Che pour évoquer cette question et se déplace à la Cabaña. Avant tout début de dialogue, Che Guevara l'interpelle avec arrogance : « J'espère que vous ne venez pas ici pour défendre ces gusanos [vermine, fumier] ». Elle intervient directement auprès de son frère Fidel pour lui demander d'y mettre un terme. Il lui répond : « Ne t'inquiète pas, tout va s'arranger », elle lui a fait confiance « naïvement ». Par ailleurs elle estime que les guérilleros, une fois au pouvoir, ont abusé de celui-ci. Les biens de petits entrepreneurs respectables, les propriétés de commerçants ou de fermiers modestes sont confisquées sans explications. De plus la majorité de ces honnêtes personnes avaient, eux aussi, soutenu la révolution castriste[2].
L'évolution de plus en plus importante du régime castriste vers un régime communiste utilisant la terreur l'éloigna idéologiquement de ses frères. Elle est « choquée par les exécutions sommaires et les expropriations » et aide des « contre-révolutionnaires » à quitter Cuba après les avoir caché chez elle[1].
Approchée par l'épouse de l'ambassadeur du Brésil à La Havane, elle accepte, après l'épisode de la tentative anti-castriste de renversement de la baie des Cochons en 1961, de collaborer avec la CIA à la condition de ne participer à aucune conspiration visant à éliminer physiquement ses frères[3] et refuse d'être rémunérée[1].
Pendant trois années, sous le nom de code de « Donna », via une radio à ondes courtes, elle joua le rôle de boîte aux lettres faisant passer des messages et de l'argent aux agents de la CIA installés à Cuba. Elle aurait aussi aidé plus de 200 familles à partir vers les États-Unis et affirme avoir été l'une des premières à informer la CIA de la présence de missiles soviétiques sur l'île[3].
Exil et vie hors de Cuba
Le , sa mère, Lina Ruz González, considérée comme sa seule protectrice, meurt[4]. Ses activités pro-américaines sont découvertes, à la grande fureur de Fidel. Raúl l'aide alors à fuir définitivement l'île pour rejoindre le Mexique où elle annonce « qu'elle rompt avec la révolution » et dénonce la « trahison » faite au peuple cubain par Fidel. Puis, elle s'installe à Miami en Floride où elle dirige une pharmacie jusqu'en 2006[3].
En 1965, Andy Warhol réalise La Vie de Juanita Castro (en).
En octobre 2009, elle publie en espagnol puis en anglais, ses mémoires intitulées Fidel y Raúl, mis hermanos, éditée en mars 2011 en français sous le titre Fidel et Raul, mes frères, l'histoire secrète[5]. Elle décrit son frère Fidel comme un « être froid et égoïste », tout comme Che Guevara, mais garde une affection particulière pour son frère Raúl[1].
Au lendemain de la mort de Fidel Castro, survenue le , elle déclare : « Je ne me réjouis de la mort d'aucun être humain et je peux d'autant moins le faire avec une personne de mon sang et portant mon nom. (...) En tant que sœur de Fidel, je ressens en ces moments la perte d'un être humain de mon sang ». Elle annonce néanmoins qu'elle ne se rendra pas à Cuba pour les funérailles de son frère, dénonçant ainsi les rumeurs sur son éventuelle présence. Affirmant en outre, qu'elle n'avait pas l'intention de retourner un jour sur l'île[6].
Notes et références
- Juanita Castro, soeur de Fidel et agent "Donna" de la CIA Le Monde, 29 octobre 2009
- Juanita Castro: "Un demi-siècle de castrisme? Un désastre" L'Express, 5 mai 2010
- Charlotte Cieslinski, « Juanita Castro, soeur de Fidel et agent de la CIA », sur L'Obs, (consulté le )
- (es), La CIA entró en la familia Castro El Pais, 26 octobre 2009
- Juanita Castro, Cuba sœur enemie Courrier International, 4 novembre 2009
- « La soeur de Fidel Castro, Juanita, n'ira pas à ses obsèques », sur leparisien.fr, (consulté le )
Sources
- Mensuel Le Spectacle du Monde, n° 561, , page 13, Juanita Castro, l'espionne qui venait du chaud.
- Site Come 4 News
- Livre Fidel et Raul, mes frères, l'histoire secrète
Liens externes
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